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L’année du laboureur : Janvier

D’après La Nouvelle maison rustique

Le samedi 1er janvier 2005, par Thierry Sabot

Le magazine-web, www.histoire-genealogie.com entreprend la mise en ligne mensuelle d’un texte commenté, extrait de La Nouvelle maison rustique du sieur Liger, véritable best-seller agronomique édité à onze reprises de 1700 à 1790. Cet ouvrage est une source documentaire de premier ordre pour l’historien et le généalogiste.

Le XVIIIe siècle voit la multiplication des ouvrages de littérature agricole (1214 éditions sur le siècle), dont le plus répandu est La Nouvelle Maison rustique ou Economie générale des biens de campagne de Louis Liger, véritable best-seller agronomique (Moriceau 1996 page 44) édité à onze reprises de 1700 à 1790. C’est cette dernière édition, revue et augmentée, qui sera utilisée, chaque mois, pour la mise en ligne ici même de morceaux choisis et commentés.

Dès la page de titre, la finalité de l’ouvrage est clairement définie : «  Cet ouvrage contient tout ce qui concerne les biens de campagne, les moyens de les améliorer, augmenter, entretenir et faire valoir. Choix, acquisition, bâtisse, productions différentes, et tout ce qui est relatif ; terres, bois, prés, vignes, etc ; chevaux, bestiaux et autres animaux. La meilleure culture des terres et des jardins ; les matières les plus essentielles du droit rural ; la chasse ; la pêche, et amusements de la campagne ; un petit traité de botanique et d’apothicairerie, avec des remèdes simples et aisés, surtout en campagne et en voyage. Enfin des opérations et pratiques des arts et métiers les plus utiles à la campagne. Le tout enrichi de figures, et rendu plus utile, même indispensable aux propriétaires des terres, aux amateurs, administrateurs, régisseurs et cultivateurs ».

Véritable manuel d’agriculture, à la fois concret et d’utilisation immédiate, La Nouvelle maison rustique se propose de répondre à toutes les interrogations d’un propriétaire concernant l’entretien de son domaine et l’art de gouverner son personnel.

Pour l’historien et le généalogiste, c’est une source documentaire de premier ordre sur la vie rurale. L’ouvrage traite de sujets aussi variés que la céréaliculture, la viticulture, l’horticulture, l’arboriculture, l’élevage, le soin aux animaux, la chasse, la pêche, l’outillage agricole, la construction rurale, l’arpentage, la météorologie, le prix des fournitures et des denrées, les impôts ou la législation agraire.

Ainsi, ce livre nous donne un tableau détaillé de la gestion d’une exploitation agricole, des différents types de cultures, des espèces cultivées ou élevées, et notamment des cultures nouvelles (maïs, pomme de terre...) ou des procédés nouveaux (par exemple, les prairies artificielles : sainfoin, trèfle et luzerne).

S’y ajoute parfois des informations historiques (par exemple, sur le grand hiver 1709), des anecdotes régionales (pratiques locales), des dictons, des superstitions populaires, des recettes, des remèdes de bonne femme ou des données d’astrologie.

Publié à l’intention des propriétaires et des cultivateurs, l’ouvrage fut très largement diffusé chez les notables ruraux (gros fermiers, riches propriétaires, bourgeois-cultivateurs, curés, notaires.... D’après J.M. Moriceau « On le retrouve aussi bien chez les bourgeois cévenols que chez les laboureurs de l’Ile-de-France ou les petits nobles bretons ») qui ont parfois mis en pratique les conseils agronomiques donnés par ce manuel.

Si l’audience réelle de La Nouvelle maison rustique est largement ignorée, on peut avancer sans risque que la masse paysanne n’a jamais eu l’occasion de lire cet ouvrage, ou même d’en recevoir des échos par l’intermédiaire de la littérature de colportage (les almanachs). Le savoir des paysans et des vignerons, issu d’une longue pratique et d’une longue expérience acquise sur le terrain, restait largement tributaire de la tradition ancestrale, transmise oralement des pères aux fils...

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Le texte et son commentaire :

L’année du Laboureur : Janvier

L’année, les ustensiles et les présages de l’Agriculture.

Ce qui doit le plus appliquer le chef de la maison, après la connoissance des qualités de ses terres, est d’en bien connoître tous les ouvrages, & en quel temps ils doivent être faits, afin de les ordonner dans les saisons convenables, & occuper toujours ses domestiques [1] quelque temps qu’il fasse, fans cependant trop exiger d’eux : c’est le moyen que tout profite.

En Janvier. Dans tout le cours de l’hiver, pendant les gelées, on continue les charriages [2] de toutes sortes, des bois qu’on a fait couper, des bourrées [3], d’épines [4], de bruyère [5], de genêts pour le four [6], les matériaux pour les réparations à faire au printemps [7], de la marne [8], des terres neuves [9] Les terres neuves sont utilisées pour le jardinage. préférables au fumier pour les vignes, & des fumiers dans les terres [10]. On continue aussi les labours [11] quand il y fait bon, les plantations lorsque le temps le permet, & le battage des grains [12] ; on raccommode pendant les pluies tous les outils & les instrumens de labour. On aiguise les échalas, les meilleurs sont ceux de chêne , qui durent 20 ans, plus ou moins, selon les terres [13]. Ceux de saule ne durent que trois ans : on en fait d’assez bons de sureau & de marsault [14]. On élite les osiers [15], & l’on casse des noix [16] pour faire de l’huile, le soir à la veillée. Les servantes s’occupent à filer [17].

Bestiaux & volailles. Il faut tenir les agneaux [18] chaudement & leur couper le bout de la queue quand ils ont quinze jours.

Les cochons [19] s’engraissent bien pendant qu’il fait froid : leur chair prend mieux le sel & se conserve mieux.

Les poulets s’engraissent [20] parfaitement dans l’épinette [21], en leur donnant de l’orge moulue délayée avec du lait en consistance d’une pâte un peu épaisse [22], du maïs ou blé de Turquie moulu [23], ou des pommes de terre écrasées [24] après les avoir fait cuire. En Normandie, on leur donne de la farine de sarrasin [25], pétrie épaisse avec de l’eau grasse de vaisselle & un peu de son. On délaye de même le maïs ou les pommes de terre avec du gros son, qui fera faire passer & digérer cette pâte.

Les pigeons [26] ne doivent pas être oubliés pendant qu’il y a de la neige sur la terre. On sait que c’est la vesce qui est leur nourriture.

Il faut aux lapins [27], en hiver, une nourriture sèche de foin, avoine, son, bois de genièvre à ronger qui leur donnera du fumet , & point d’herbe dans cette saison.

La volaille [28] doit être fortifiée par une bonne nourriture de blé, de chenevis [29], ou de sarrasin, d’orge ou d’avoine entremêlés, si l’on veut , de pain de creton [30] ou de pain de chenevis, qu’on trouve dans les endroits où l’on fait de la chandelle ou de l’huile. Les poules étant ainsi nourries, ponderont de bonne heure. On donne de plus aux oies & aux canards, de l’eau dans des baquets, dans les endroits où il n’y a point d’autre eau. En nourrissant les canards pendant dix ou douze jours ou un peu plus, sous une cage à poulets avec du son mouillé pour toutes choses, & ne leur donnant d’eau que pour tremper leur bec, ils deviendront fort gras.

Il est parlé suffisamment du gouvernement des mouches à miel & des soins qu’elles exigent pendant tous les mois de l’année, au chapitre des abeilles, dans la premiere partie [31].

Ventes & achats. Achetez des futailles [32] pendant qu’elles sont à bon marché, & les gardez jusqu’à la saison de les faire relier pour mettre vos vins.

Vous vendrez avantageusement les dindons, chapons & autres volailles dont vous voudrez décharger la basse-cour, les oeufs amassés en Août [33], le beurre, les fromages, les veaux, les boeufs & les vaches engraissées.

Foires [34]. Il a paru utile de rassembler les foires de chaque mois ; cependant nous ne donnerons ici que les principales des environs, même un peu éloignés de Paris, quand elles sont un peu considérables. Chacun pourra voir, dans les provinces , celles de ses entours qui l’intéresseront le plus.

Le lendemain des Rois, foire franche à Calais pour les chevaux & bestiaux, dure huit jours. Il y en a une de même en Mai, & une en Octobre, qui est la mieux fournie.

Le 3, à Châtillon-sur-Loing.
Le 17, à Entrain en Gâtinois.
Le 20 , jour de S. Sébastien, à Nemours, Châtillon-sur-Seine & Fontenay.
Le 22, jour de S. Vincent , à Milly en Gâtinois.
Le 25, à Egreville près de Nemours , & à Blenau en Brie.
Le 30, jour de sainte Bathilde, à Chelles en Brie.

A Meaux il y a un marché pour les chevaux le premier samedi de chaque mois.

Source :

  • Louis Liger, La Nouvelle maison rustique, 11° édition, 2 volumes, Paris, 1790.

Bibliographie :

  • Georges Duby, Armand Wallon (sous la direction de), Histoire de la France rurale, Tome 2 : L’Age classique (1340-1789), 4 volumes, Paris, Editions du Seuil, 1975.
  • Gabriel Audisio, Des paysans, XV°-XIX° siècle, Paris, Armand Colin, 1993.
  • Jean-Marc Moriceau, Terres mouvante, Paris, Fayard, 2002 .
  • Jean-Marc Moriceau, article Agronome in le Dictionnaire de l’Ancien Régime (sous la direction de Lucien Bély), Paris, P.U.F., collection Quadrige, 1996.

[1Sur les domestiques, La Nouvelle maison rustique nous renseigne sur la considération que les propriétaires doivent porter à leurs domestiques : « Gouvernez vos domestiques comme vos enfants plutôt qu’en esclaves ; vous y gagnerez de l’affection, et l’affection n’a point de prix pour vos propres intérêts. Tenez-les toujours occupés, même les dimanches et fêtes, après les offices, si vous le pouvez, soit à la lecture de quelques livres édifiants ou de leur métier, qu’on laisse à leur portée, et ne souffrez point qu’ils se débauchent » (Page 83).

[2Action de voiturer une charge dans un chariot, une charrette.

[3Assemblage d’un volume, à peu près déterminé, de menues branches, de ramilles, « dont on tire quelqu’argent à compte des faux-frais, quand on est auprès des grandes villes ; on fait les bourrées plus courtes, mais bien plus grosses que les fagots » (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 760).

[4Arbres ou arbrisseaux dont les branches sont armées de piquants (par exemple, l’aubépine) et qui servent de clôture pour limiter et protéger un champ ou un jardin. On distingue la haie vive et la haie morte (ou haie sèche). Cette dernière est formée de fagots liés ensemble, entrelacés, soutenus par des piquets. Ces haies « ne sont bonnes qu’à contenir quelques bestiaux au plus, et elles ne rapportent rien, quoiqu’elles soient de grand entretien, puisqu’il faut clore de neuf tous les ans » (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 723). La coupe annuelle des haies mortes fournit du bois de fagotage (bois de feu) aux épines entrelacées.

[5Cette plante commune des lieux secs et incultes était utilisée pour la confection des balais et de brosses.

[6Cette plante sauvage était utilisée pour la confection des balais, d’où son nom usuel de genêt à balais. Coupé au bout de cinq ans, le genêt donnait des fagots excellents (M. Lachiver). La Nouvelle maison rustique précise que « les ventiers (bûcherons chargés de marquer les arbres d’une coupe) et les fermiers des bois taillis en font des fagots séparés qu’ils vendent aux boulangers pour chauffer le four, parce que le genêt chauffe bien et fait bonne cendre. (...) Le genêt sert encore aux paysans à couvrir des étables et des paillers (greniers à paille, à fourrage), à brûler et à chauffer le four » (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 721).

[7La Nouvelle maison rustique précise : en mars, « il faut songer de bonne heure à réparer les aires des granges qui sont en mauvais état, afin qu’elles aient le temps de sécher avant la récolte ».

[8Ce mélange naturel de calcaire et d’argile était utilisé pour amender et fertiliser certaines terres : « La marne est l’engrais le plus parfait des terres fraîches qui retiennent l’eau » (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 473).

[9Il s’agit de terres d’apport « qui n’ont jamais vu le jour, comme celles qu’on tire ou qu’on découvre à un, deux ou trois pieds en terre ; ou celles qui ne rapportaient rien du tout depuis très longtemps, comme un fonds sur lequel il y aura eu un bâtiment. Elles ont ordinairement beaucoup de sels et de substance » (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 467).

[10La Nouvelle maison rustique indique que le fumier doit être répandu que sur les champs et avant l’hiver (page 473). « Le fumier ne dure, dans les terres à grains, que les deux récoltes du blé et de l’avoine. La troisième année aux jachères, il n’y paraît plus. (...) Le transport des fumiers et des engrains se fait de plusieurs façons aux champs et dans les jardins. On se sert de charrettes ou de tombereaux, quand le trajet est long ; (...) Dans les villes, on porte les fumiers avec la brouette ou à la hotte, pour ne rien gâter » (page 474).

[11Il s’agit ici de la fin du premier labour donné sur la sole en jachère entre septembre et Noël.

[12Le battage des blés de garde a lieu trois mois après qu’il soit engrangé. « C’est ordinairement l’hiver qu’on bat en grange ; et on doit prendre garde que les batteurs, surtout ceux qui sont à la tâche, ne laissent pas de blé aux gerbes, et qu’ils ne fassent ni entrepôts, ni trous à la grange, pour en voler le grain ». (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 533).

[13Il s’agit de bâton de longueur variable auquel on attache un cep de vigne. « Le cent de bottes d’échalas de cœur de chêne, de 40 à la botte, se payait depuis 60 jusqu’à 80 livres. (...) Quand on a de gros chênes ou des châtaigners propres à faire des échalas, on donne au fendeur 12 livres par cent de bottes ». (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 87). Marcel Lachiver ajoute qu’un bon ouvrier fendait de 1200 à 1500 échalas par jour.

[14Sorte de saule utilisé pour faire des cercles, des échalas et des perches.

[15Il faut sans doute lire « on délire les osiers » : c’est-à-dire on les trie. « On met à part ceux qui sont gros, parce que pour l’être trop, ils ne sont point propres à être fendus ; on ne peut qu’en faire du plant ou les vendre aux vanniers, ou en ployons pièces de bois pour lier les chaumes) pour les couvreurs et pour les tonneliers. On ébranche et on épluche les autres osiers, et on les sépare en trois rangs, suivant leur grandeur et grosseur : au premier rang sont les scions les plus longs et les plus gros ; ils servent entr’autres à lier des cercles. Ceux de trois à quatre pieds de long composent le second rang : ils servent à lier de gros treillages et à d’autres ouvrages ; on les estime selon qu’ils sont minces. On fait le troisième rang de petits brins qui n’ont pas plus de deux pieds et demi de long, et on met au rebut ceux au-dessous d’un pied et demi. Les osiers étant triés et épluchés, on les lie par poignées pour ne les point mêler, et on les fend à loisir. (...) Tous ces petits ouvrages se font aux veillées, ou quand les domestiques n’ont rien de mieux à faire. » (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 712).

[16« On casse les noix, on en prend toute la substance ou chair, et on jette toutes les coques et les ailes, qui ne sont bonnes que pour teindre ». (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 775).

[17Filage du chanvre, du lin, de la laine ou de la soie, les soirs d’hiver, entre souper et coucher, lors des veillées alimentées par la lecture des almanachs ou des petits livres de la bibliothèque bleue.

[18Il s’agit ici d’agneaux primes, c’est-à-dire ceux qui naissent de Noël à début février et dont la valeur marchande est supérieure aux autres agneaux. Selon La Nouvelle Maison rustique, seuls les agneaux de lait peuvent être tués ou vendus pour être mangés, et cela n’est permis que depuis Noël jusqu’à la Pentecôte.

[19Gabriel Audisio précise que le porc « moins répandu qu’on ne l’a dit mais présent dans chaque village, constituait tout de même un petit capital relativement facile à entretenir grâce à l’usage du droit de glandée ». Et La Nouvelle maison rustique d’ajouter : « Bien des boulangers, aubergistes, et autres particuliers, qui ont de reste beaucoup de son et autres choses qui seraient perdues, en engraissent un cochon ou deux pour les envoyer au marché, ou les tuer pour la provision de leur maison. Les cochons ainsi engraissés dans les toits, ont la chair plus délicate et le lard plus ferme que ceux qu’on mène aux bois pour s’y engraisser » (page 320).

[20Selon La Nouvelle maison rustique, « le temps de la haute graisse est en janvier et en février, alors les poules engraissées valent presque les chapons » (page 118).

[21Cage en bois ou en osier qui sert à enfermer les volailles à engraisser. « Cette épinette doit être posée dans un lieu chaud et sombre ; et avant de placer chaque volaille dans sa loge, on lui plume la tête et les entrecuisses qui ne font qu’attirer nuisiblement de la pourriture et engendrer de la vermine » (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 118). Les épinettes étaient surtout en usage au Mans, au pays de Caux, en Bourgogne ou en Bresse (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 118).

[22« L’orge moulue et pétrie dans du lait, est la meilleure de toutes les nourritures pour engraisser la volaille et la rendre plus délicate, sans être obligé de les engraisser en leur faisant avaler avec la bouche, ou avec une pompe » (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 118).

[23Rappelons que le maïs, appelé aussi blé de Turquie, ou gros grain de Turquie par Olivier de Serres, pénètre en France par le sud-ouest au XVIe siècle. Sa culture resta longtemps limitée au sud de la Loire, puis à partir du XVIII° siècle, à la Bresse, la Bourgogne, la Franche-Comté, la Savoie et l’Alsace. « Son rendement considérable est sans commune mesure avec celui du blé (G. Audisio page 321). La Nouvelle maison rustique précise qu’il sert de nourriture à bien des animaux domestiques ainsi qu’à l’homme et qu’il fournit toujours un secours assuré dans les famines (page 513).

[24Tout au long du XVIIIe siècle, l’aire de culture de la pomme de terre ne cesse de s’élargir dans le royaume. Vers 1750, elle est signalée à Nancy, au sud du Massif central, à Valence et à Montélimar, dans les Pyrénées ariégeoises, en Livradois, en Forez et en Velay, puis en Bourgogne (vers 1770). Selon Marcel Lachiver, « son véritable succès date de la fin du règne de Louis XVI, grâce à la propagande de Parmentier ». Mais vers 1790, bien des réticences subsistent malgré les recommandations de La Nouvelle Maison rustique : « La pomme de terre est nourrissante, légère ; elle facilite le sommeil ; c’est un excellent anti-scorbutique. La preuve la plus certaine que ce légume est fain (sic) et de facile digestion, c’est que, malgré les excès que nos soldats en faisaient en Allemagne, ils n’en étaient point incommodés ». Utilisée encore principalement pour la nourriture des animaux, elle sert aussi à la confection d’un pain (mentionné à Rouen en 1762 et à Paris vers 1770 sous le nom de pain économique). Mais le sieur Ligier ajoute que « les gens de campagne, en beaucoup d’endroits, mangent les pommes de terre avec un peu de sel, après les avoir fait cuire simplement dans les cendres » (page 555).

[25Connu aussi sous le nom de blé noir, le sarrasin joua un rôle capital dans l’alimentation de la paysannerie (G. Audisio page 321). Il était souvent utilisé comme engrais ou comme nourriture pour le bétail.

[26Complément de nourriture ou de revenus, le pigeon est parfois un moyen de placement : « Nous observons au sujet des pigeons, qu’il y a des gens qui, au lieu de vendre leurs pigeons, afferment leur colombier à prix d’argent ou à croît, c’est-à-dire, moyennant telle part dans les pigeons qui en proviendront par an, ou bien encore à la charge d’en rendre tel nombre de paires à forfait » (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 426). Mais le pigeon possède aussi des qualités insoupçonnées : « Il nourrit beaucoup, resserre un peu le ventre, fortifie, excite les urines, nettoie les reins et chasse au dehors les manières grossières. » (La Nouvelle maison rustique, tome 1, page 458).

[27Marcel Lachiver précise que la domestication et l’élevage des lapins en clapiers sont tardifs et que cet animal est peu présent dans les fermes avant la Révolution.

[28Les diverses volailles représentent le « bas de gamme » du bétail selon Gabriel Audiosio (page 168) : « appréciables tout de même pour les œufs et les poussins ; tous les paysans propriétaires en possédaient et, plus largement encore, elles étaient le cheptel du pauvre ».

[29Il s’agit de la graine du chanvre.

[30Il s’agit d’un pain imbibé de graisses de bœuf ou de mouton.

[31Selon Gabriel Audisio, « les abeilles, ou « mouches à miel, ne sont pas à négliger. Jusqu’au XVIII° siècle, avec l’arrivée en quantité des productions antillaises, elles fournissent le seul sucre que connaissaient nos prédécesseurs. En effet, le sucre, jusque-là produit de luxe, était réservé aux riches et à la médecine. » (page 168).

[32Les futailles sont des tonneaux pour le vin ou éventuellement le cidre.

[33La Nouvelle Maison rustique nous apprend que les œufs « les plus propres à garder sont ceux qui viennent entre les deux Notre-Dame d’Août (15 août) et de septembre (8 septembre), et qui peuvent aller, sans se gâter, bien avant dans l’hiver. Pour les garder, les uns les mettent dans du son, du sel ou des sciures de bois de chêne ; les autres dans des cendres ou dans un tas de blé, d’avoine ou de millet, ce qui empêche l’air de les corrompre, à cause de la fraîcheur de ces grains. (...) Pour les conserver parfaitement frais pendant plusieurs mois, et même plusieurs années (sic), étendez sur vos œufs nouvellement pondus, une couche de vernis le moins coûteux ; ou bien mettez-les dans des pots, et versez dessus de la graisse de mouton fondue ; (...) Tous ces différents moyens de conserver les œufs toujours frais, peuvent être fort utiles aux malades dans les mois de décembre et de janvier, et en tout temps dans les hôpitaux. » (page 112).

[34Assemblées marchandes qui se tenaient toujours à dates fixes dans les communautés importantes, villes ou gros bourgs. Les foires avaient un rayonnement géographique bien supérieur à celui des marchés réguliers. Elles constituaient toujours un élément d’ouverture sur l’extérieur. Souvent, leurs origines étaient assez anciennes.

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