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Mettons nos pendules à l’heure....!

Les gaietés de l’Administration... pour faire bien les choses (« et pourtant c’est vrai... »).

Le jeudi 19 décembre 2013, par Jean-Pierre Bernard

L’Administration des Postes avait à cœur que le courrier soit distribué "à l’heure". Les horloges municipales n’affichaient pas toujours la même heure, d’un village à l’autre. Il fallait réglementer !

En 1839, l’horloge parlante n’avait pas encore vu le jour ; les chemins de fer aux horaires si précis non plus.

Cependant, le courrier devait être acheminé avec le plus de régularité possible. Il en allait de l’honneur des postiers.
Une anomalie subsistait, comme vous allez le voir, dans la mise à l’heure des horloges communales.

Une circulaire du 21 février 1839 donne la marche à suivre.

On expose tout d’abord le problème :

"L’Administration des postes vient, dans l’intérêt du service qui lui est confié, d’appeler l’attention de Monsieur le Ministre de l’Intérieur sur la nécessité de faire régler d’après un système uniforme toutes les horloges communales.
Les rapports des inspecteurs des postes constatent que ces horloges sont réglées aujourd’hui d’après un système mixte et que souvent même, on ne suit aucun système.

Ce défaut d’uniformité est cause qu’à une distance de quelques lieues, les horloges publiques présentent une différence de quinze, vingt et même trente minutes et plus.
De là, des retards extrêmement préjudiciables pour le service publique (sic) comme pour les particuliers notamment en ce qui concerne le commerce
."

Et voici donc ce qui résulte de ce manque d’uniformité dans la mise à l’heure des horloges :

"En effet, la régularité dans le service des postes repose essentiellement sur l’exacte coïncidence de l’arrivée et du départ des courriers.
Tous ont, pour accomplir leur course, un temps déterminé d’après la longueur et la difficulté du parcours et aussi d’après le mode d’exploitation des services.
Ils doivent partir et arriver à heure fixe
.

Si l’horloge du bureau expéditeur, réglée d’après l’horloge communale, est en retard de trente minutes sur celle de la commune du point d’arrivée, il en résulte nécessairement, alors même que le courrier n’a employé pour faire sa course que le temps qui lui est accordé, qu’il est en retard d’une demi-heure à son arrivée, et que le courrier avec lequel il devait correspondre pour la réexpédition des dépêches est parti quand il arrive.
Le même inconvénient se présente quand l’horloge du bureau d’arrivée est en avance sur celle du bureau expéditeur
."

C’est évident... mais il fallait le dire. Et cela ne peut plus durer !

"Il est donc désirable que toutes les horloges des communes que traversent les courriers soient réglées d’une manière uniforme.
Quant au système qu’il convient d’adopter, il résulte des renseignements donnés par des personnes compétentes pour décider la question que c’est d’après le temps moyen et non d’après le temps vrai, que les horloges communales doivent être réglées.
Reste à indiquer comment on pourra, dans toutes les communes du royaume, se procurer facilement et d’une manière certaine l’indication du temps moyen
.

Mais on a la solution :

"A cet égard, voici ce qui paraît le plus convenable.
Le Bureau des Longitudes publie chaque année un annuaire au prix très modique de un franc. Parmi les documens (sic) que contient cet annuaire, se trouve un calendrier qui indique pour chaque jour l’heure qu’une horloge, réglée sur le temps moyen, doit marquer à l’instant où le cadran solaire marque midi.
Ainsi, par exemple, pour le 20 février, on trouve page 10, dans l’annuaire de 1838, dans la colonne intitulée "temps moyen à midi vrai", le nombre 14’3", ce qui veut dire 14 minutes 3 secondes
."

Et le Ministre décide donc :

"En conséquence, Monsieur le Ministre de l’Intérieur a décidé, le 18 de ce mois, que toutes les communes qui possèdent des horloges et qui sont sur les routes que parcourent les courriers de l’Administration des postes, feront la dépense annuelle de l’Annuaire des Longitudes, et que la personne chargée de régler l’horloge sera tenue, sinon chaque jour au moins plusieurs fois par semaine, de rapprocher les indications du cadran solaire de celles de l’annuaire."

Et voilà ! Les courriers de l’Administration des postes seront ainsi à l’heure, et ne souffriront plus de retard. Il fallait y penser !

Les Administrations prennent-elles toujours autant de soin dans l’exécution des tâches qui leur sont confiées ?

Source :

  • D’après : En singeant et papotant, recueil d’anecdotes abraysiennes, par François Marchand (ancien secrétaire général de la commune de St-Jean-de-Braye (Loiret) - Elvire Editions - Beaugency - IDB Bellegarde - 1991 - ISBN 2-90668-34-6.

Le Bureau des Longitudes, après audition d’un rapport lu par l’abbé Grégoire, a été créé par une loi de la Convention Nationale du 7 messidor an III (25 juin 1795).
Au début, il s’agissait de reprendre "la maîtrise des mers aux Anglais", grâce à l’amélioration de la détermination des longitudes en mer.
En 1854, il a été doté d’une plus vaste mission.
Entre autres, il publie chaque année :

  • la connaissance des temps, éphémérides astronomiques annuelles créées en 1679,
  • l’Annuaire du Bureau des Longitudes, créé en 1795, qui donne des informations utiles à un large public : calendriers, fêtes légales, saisons, levers et couchers de soleil, de Lune et d’autres corps du système solaire, éphémérides astronomiques, phénomènes,
  • les Ephémérides nautiques (depuis 1889) à l’usage des marins, leur permettant de faire le point astronomique en mer,
  • les Ephémérides aéronautiques (depuis 1938) à l’usage de l’armée de l’Air.

Il publie aussi des ouvrages scientifiques et une encyclopédie, ainsi que des exposés scientifiques.

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4 Messages

  • Mettons nos pendules à l’heure....! 19 décembre 2013 12:28, par André Vessot

    Salut Jean-Pierre,

    Bravo pour l’information anecdotique que tu nous contes si bien dans cet article et qui met un peu de sel dans nos fastidieuses recherches généalogiques.

    J’en profite pour te souhaiter de passer de bonnes fêtes de Noël et du Nouvel An.
    Bien amicalement.

    André

    Répondre à ce message

  • Mettons nos pendules à l’heure....! 21 décembre 2013 09:48, par AUDOUY Alain

    Bravo !
    Nous sommes en 1839...
    Près de 90% de la population vit à la campagne. Peu de gens écrivent, et le travail commande. Or, les animaux, eux, vivent à l’heure solaire sans se soucier de l’heure légale, d’hiver ou d’été... (N.B. : idem de nos jours)
    L’état Français vient d’uniformiser les mesures & monnaies (après la révolution Française). Seule l’heure manque à l’appel des réformes, le besoin ne s’en étant pas encore fait sentir.
    Or, à cette époque, nous entrons dans l’ère industrielle, et le courrier se fait plus dense. La poste va prendre un nouvel essor et toute son importance dans les relations commerciales.
    N.B. : Le premier timbre-poste verra le jour en 1849...
    Le cachet apposé sur les lettres ne porte pas encore l’heure à laquelle le courrier a été posté...
    La mention "cachet de la poste faisant foi" n’a donc pas encore lieu d’être, et la préoccupation de notre postier est donc en avance (très en avance) sur son temps et sur les besoins. Seule la qualité du service rendu a motivé sa démarche.
    C’est ça, le SERVICE PUBLIC...
    Cordialement
    Alain

    Répondre à ce message

    • Mettons nos pendules à l’heure....! 21 décembre 2013 10:54, par Meillier Jean-Marie

      Bonjour à tous

      N’y avait-il pas à une époque des villes d’une certaine importance qui avaient des horloges qui sonnaient trois heures diférentes : la ville, l’église et le chemin de fer ?
      J’ai vu (mais je n’ai plus la référence) aux AD de l’Yonne, que cela se produisit à Auxerre.
      Merci pour votre réponse et joyeuses fêtes de fin d’année.

      Jean-Marie

      Répondre à ce message

  • Mettons nos pendules à l’heure....! 22 décembre 2013 09:53, par lucie

    C’est tellement évident aujourd’hui de connaître l’heure juste ! je ne m’étais jamais posée la question du comment.

    Merci, au passage, de mettre en valeur l’intérêt d’un vrai Service public au service du public... capable, quand il est écouté, d’avoir des idées géniales pour un coût très modéré.

    Répondre à ce message

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