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Quelques "anciens" de la Légion Etrangère française en Algérie - 2e partie et fin.

Emigration d’allemands des Provinces Rhénanes pour l’Algérie au milieu du 19e siècle. Article 3.

Le mercredi 23 mai 2007, par Jean-Pierre Bernard

Cette seconde partie de l’article concernant d’anciens de la Légion qui ont demandé à retourner en Algérie, va nous permettre de suivre un peu le parcours de quatre autres légionnaires, et d’un ressortissant Suisse qui, lui, avait peut-être l’intention, comme d’autres, de s’y engager.

- RUPPERT Gottlob :

Gottlob est un ancien soldat de la Légion Etrangère. Il a probablement été déjà en Algérie, à ce titre, mais les documents consultés de nous indiquent rien sur son parcours.

Il réside dans le pays de Bade, à Mundelfingen, d’où il écrit au Préfet du Bas-Rhin, à Strasbourg, pour demander à s’établir en Algérie comme colon.
Le 6 février 1851, une correspondance au Ministre de la Guerre transmet une lettre "du sieur RUPERT Gottlob, de Mundelfingen, Bade, par laquelle il demande divers renseignements concernant la colonisation de l’Algérie"
Il adresse également un certificat du Conseil municipal "de Mundelfingen, qui établit la fortune que possède le sieur RUPPERT, et qui indique la composition et l’âge de tous les membres de la famille.

Presque un mois plus tard, le 3 février, le Ministre écrit au Préfet :

"Concernant le dossier du sieur RUPERT Gottlob, ancien soldat de la Légion Etrangère, qui désire obtenir une concession de terres en Algérie.
Il sera traité sur le même pied que les émigrants français, et recevra une concession dont l’étendue sera proportionnée à ses moyens d’action.
Quant aux frais que nécessitera son installation, construction de maison, mise en culture des terres, achat de matériel, etc, ils peuvent s’élever à environ 300 francs par hectare, et c’est sur cette base que sera calculée l’importance de la concession dont je suis disposé à lui faciliter la remise, dès qu’il m’aura fait savoir ses intentions définitives à cet égard
..."

Le 12 mars, le Préfet adresse à Gottlob une lettre reprenant les termes de celle ci-dessus. Mais celui-ci ne semble pas satisfait de la réponse (qui part le même jour) en adresse en ces termes une nouvelle lettre au Préfet :

"J’ai reçu la lettre que vous m’avez adressée concernant ma demande pour obtenir la permission pour me coloniser en Algérie.
Dans cette lettre se trouvent les mots : "Quant aux frais que nécessitera l’installation, construction de maison, mise en culture des terres, achat de matériel, ils pourront s’élever à environ 300 francs par hectare."

"Ceci me laisse en incertitude ; je voudrais bien savoir les frais que nécessitera la construction de maison pour elle-même, de même que les frais de l’achat de matériel. Car je ne sais pas si les 300 francs se rapportent aux achats des terres par hectare, ou si les autres choses y sont aussi comprises.
Je prie d’avoir la bonté de me donner des éclaircissements le plut tôt qu’il sera possible.
Signé : Rupert Gottlob
."

La réponse du Préfet, le 31 mars, lui confirme que, dans la base de 300 francs par hectare, sont compris dans cette somme les dépenses résultant de la construction de maison, achat de matériel, etc.
Il précise que "...néanmoins, il est à remarquer qu’il faut posséder une fortune d’environ 2.000 francs pour obtenir une concession de terrain."

Aucun autre document ne nous permet d’en savoir plus. Avait-il la somme nécessaire demandée aux aspirants colons ? Est-il parti ?
Dans la base du C.A.O.M. (Centre des Archives d’Outre-Mer), on trouve 4 RUPERT, mais pas de Gottlob.

Musée Légion Etrangère Puyloubier

- KREPPIN Jean :

Jean, né en 1805, a servi en Algérie comme grenadier au 1er régiment de la Légion Etrangère. Il est libéré en 1842.

Est-il alors resté en Algérie ? En tous cas, 9 ans plus tard, il est à Marseille où il reçoit, le 25 février 1851, un passeport avec secours de route "pour retourner à Bruchsall (Allemagne)." Il est dit maçon. (le nom est orthographié : KREPPEN).

Venait-il alors d’Algérie, ou habitait-il à Marseille, depuis sa libération, en y exerçant sa profession. Il avait, du moins, son "petit mobilier" dans cette ville, comme dit dans l’extrait de lettre qui suivra.
Il part pour Bruchsall, mais 4 mois plus tard, le 30 juin 1851, il adresse une lettre au Préfet du Bas-Rhin :

"A Monsieur le Préfet du Département du Bas-Rhin.
Monsieur le Préfet,

A l’honneur de vous exposer très humblement KREPPIN Jean, ancien grenadier au 1er régiment Etranger au service de France suivant son congé et certificat de bonne conduite.

Sollicite... (1 mot illisible) de l’extrême bonté de Monsieur le Préfet à ce qu’il daigne lui accorder un passe-port gratuit pour retourner à Marseille, vu il a laissé son petit mobilier ayant eu l’intention de retourner à Bruchsal dans sa ville natale où il espérait faire un petit héritage et ayant appris que la démarche ne servait à rien, il sollicite retourner avec son épouse à Marseille et recevoir de votre bonté un passe-port gratuit.
Votre très humble et très obéissant serviteur.
Signé : Johann Kreppin.
"

En marge : "KREPPEN Jean, de Bruchsall, maçon, 46 ans. Libéré en 1842 de la Légion Etrangère. A reçu à Marseille, le 25/2/1851, un passeport avec secours de route pour retourner à Bruchsall."

Le Préfet n’accède pas à sa demande, car, au bas de la lettre, au crayon, est noté : "A été autorisé seulement à rester à Strasbourg."

Peut-être est-il reparti à Marseille, mais comme il n’obtient pas le passeport "à l’intérieur" nécessaire, traverser la France n’était guère facile.
Est-il retourné en Algérie ?

- GONDELACH Jean-Philippe, Guillaume :

Il n’est pas si facile de suivre le parcours de GONDELACH, qui avait "la bougeotte".
Le 29/11/1851, arrive à Strasbourg une lettre du Ministre de la Guerre, demande de renseignements concernant :

" GONDELACH Jean-Philippe, Guillaume, demeurant 14 rue de l’Epine à Paris, suite à sa demande du 22 novembre courant."

Le 1er décembre suivant, un document à entête de la Préfecture nous informe que :

"Le nommé GONDELACH Jean-Philippe, Guillaume, serrurier, originaire de la Prusse, a demeuré à Strasbourg durant les années 1849 et 1850.
Il est marié et a plusieurs enfants ; peut-être réside-t-il encore en cette ville, et y aurait-il erreur sur la lettre du Ministre qui le signale comme demeurant à Paris.
GONDELACH a travaillé, dit-on, chez Mr Waghette, marchand de houille. Monsieur Comte est prié de donner des renseignements sur cet étranger, notamment sur la conduite qu’il a tenue durant son séjour à Strasbourg.
"

et deux jours après, le 3 décembre, un certificat de la police de Strasbourg établit que :

"Le nommé GONDELACH Jean-Philippe, Guillaume, Frédéric, né en 1825 à Wesel (Prusse), ouvrier serrurier, sortant du 1er régiment de la Légion Etrangère, marié et père de deux enfants, dont l’un à 4 et l’autre 6 ans, était inscrit sur les registres de population du canton sud, rue Saint-Marc, N°15 (5/11/1844).

"Il a quitté Strasbourg, sans déclaration, au mois de septembre 1848, pour se rendre à Mutzig où il a travaillé trois mois, de là il est retourné dans son pays natal, dit-il.
Rentré en France au mois de mars 1849, il a laissé sa famille à Lauterbourg, lieu de naissance de sa femme.

"Depuis les deux ans et six mois d’un nouveau séjour en France, GONDELACH a travaillé chez plus de quinze maîtres.
Rentré à Strasbourg il y a trois mois avec sa femme et des deux enfants, il n’a pas d’occupation ni moyens d’existence et n’est pas inscrit.
Pendant son séjour à Strasbourg, sa conduite n’a donné lieu à aucune plainte."

Des recherches sont effectuées à la Préfecture de Strasbourg, et, le 17 décembre 1851, le Préfet écrit au Ministre de la Guerre, reprenant les termes de la lettre précédente, en précisant que :

"GONDELACH a obtenu au mois de décembre 1847, une autorisation de passage gratuit en Algérie, pour lui et sa famille, mais il en est revenu peu après en profitant des secours de route."

Après son séjour en Algérie, en tant que militaire, il y était retourné avec sa famille, mais sans doute que son établissement définitif n’a pu se faire.
Est-il quand même reparti ?
Aucun enregistrement sous ce patronyme n’existe dans la base du C.A.O.M.

- AUER Jean Toscan :

AUER est Hongrois d’origine. C’est un "maréchal de la Légion", un militaire important dans cette arme : il est sergent.

Libéré, il échoue à Strasbourg, où il fait une demande pour repartir non comme colon, mais comme ouvrier.
Le Préfet du Bas-Rhin écrit au Ministre de la Guerre le 4 juillet 1849 :

"Le sieur AUER Jean Toscan, originaire de la Hongrie, sergent libéré de la Légion Etrangère, vient d’être dirigé sur Strasbourg pour retourner dans son pays, mais il lui est impossible de traverser l’Allemagne quant à présent.

"Cet ancien militaire, âgé de 31 ans, se trouvant en cette ville sans moyens d’existence, je vous prie de m’adresser pour lui, le plutôt possible, une autorisation de passage gratuit en Algérie où il désire retourner comme ouvrier."

La réponse du Ministre ne tarde pas, et il précise au Préfet, le 14 juillet :

"Réponse négative, car "... d’après l’avis du Gouverneur général de l’Algérie et en raison du grand nombre d’ouvriers inoccupés en Afrique, je n’accorde actuellement d’autorisations d’embarquement qu’aux personnes justifiant d’une manière irréfutable avoir du travail assuré dans la colonie."

A cette époque, l’Algérie regorgeait d’ouvriers sans emploi, et les demandes de cet ordre étaient sévèrement contrôlées. Sa demande est donc refusée.

Est-il reparti plus tard ? Le C.A.O.M. nous livre 10 enregistrements d’actes sur le patronyme HEIM, dont 4 à Constantine. Mais s’agit-il de lui ?

- ANDRESET Jean :

Le dernier cas de cet article, Jean ANDRESET, n’est pas un ancien de la Légion. Peut-être un futur engagé.
Nous l’invoquons ici, car il veut manifestement être militaire. Parti de Suisse, il essaye d’intégrer l’armée Hollandaise, sans succès en apparence.
Il vient sur Strasbourg en décembre 1846, et y revient en janvier 1847 pour y recevoir un permis de passage gratuit.
Son passeport suisse, daté du 26/11/1846, délivré par le canton de Fribourg, comporte :

"Jean ANDRESET, originaire de la commune de... (? illisible)-sur-Morat, en ce canton, y domicilié, laboureur, allant dans la Hollande, dans l’intention d’y prendre du service.
Signé par le secrétaire en chef de la direction de la police centrale du canton de Fribourg, Antoine Stern.

"Taille (mesure de France) 4 pieds 8 pouces, âgé de 27 ans, cheveux châtains, sourcils châtains, nez moyen, bouche moyenne, menton rond, front couvert, visage ovale, barbe châtain, yeux bruns - Signe particulier : grêlé de petite vérole.

"En bas : "N°1320 - Vu pour légalisation du sceau de la signature ci-dessus de Mr Stern, secrétaire en chef de la direction de la police centrale. Fribourg, le 26 novembre 1846. Le chancelier - Signé : illisible.

Au dos :

  • N°1784 : Vu au consulat général des Pays-Bas en Suisse. Bon pour les Etats du roi. Berne, le 27/11/1846.
  • N°10431 : Gesehen in Bern den 1er décember 1846, nach Basel. Central Polizei Direktion.
  • N°17801 : Gesehen in Basel den 3 december 1846, nach Saint-Louis. Policey Direction.
  • Payé 75 centimes de Schlestadt à Colmar. Le 29/9/1846.
  • Le Préfet du Bas-Rhin accorde le secours de route au nommé "ANDRESET" Jean qui retourne dans ses foyers par Bâle. Strasbourg, le 22/12/1846.Pour le Préfet, le Secrétaire général. Signé : illisible.
  • A reçu le 2/1/1847 un permis d’embarquement pour l’Algérie."

Il a reçu l’autorisation pour partir. Est-il allé en Algérie pour s’engager dans la Légion Etrangère ?
La base du C.A.O.M. ne nous livre aucun enregistrement sous ce patronyme.

Sources :

  • ADBR, Strasbourg - Série III M, émigration, dossier individuels et collectifs.

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