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La petite vérole aux Roches en 1787

Le jeudi 17 mai 2012, par Michel Guironnet

Fleury ROULET, premier curé des Roches de Condrieu depuis la création de cette succursale de Condrieu en 1784, écrit à la fin du registre de l’année 1787 :

« Il y a au présent registre commencé le quatre janvier mille sept cent quatre vingt sept, cent et six actes ; scavoir vingt un baptêmes de garçons, vingt six baptemes de filles, sept mariages, trente deux enterrements d’hommes ou enfants males, et vingt sept enterrements de femmes ou filles [1]

Nota : il y a douze morts de plus que de baptêmes attendu que la petite vérole a été très mauvaise.

Fait aux Roches, succursalle de Condrieu, diocèse de Vienne en Dauphiné, le premier janvier mil sept cent quatre vingt huit Roulet, aumônier des vaisseaux du Roy le premier vicaire qu’il y ait eut aux Roches »

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Registres paroissiaux des Roches de Condrieu

Effectivement, sur les 59 enterrements recensés aux Roches, 40 ont lieu entre juin et septembre (c’est-à-dire les 2/3 des décès sur 1/3 de l’année) : 8 en juin, 10 en juillet, 15 en août, 7 en septembre.

Quelle est cette maladie ?

Il s’agit tout simplement de la variole ! Cette maladie très contagieuse avait déjà connu plusieurs poussées meurtrières, notamment en 1573 à Paris, en 1668 à Reims, en 1711 à Montpellier, puis de nouveau à Paris en 1670, 1716 (14 000 morts) et 1723 (20 000 morts). En 1774, elle emporte même le roi Louis XV. Vers la fin du XVIIIe siècle en Europe, environ 400 000 personnes mouraient encore chaque année de la variole.

En général, ce sont les enfants qui sont le plus touchés et cette maladie frappe indistinctement toutes les catégories sociales, les riches aussi bien que les pauvres.

Pour s’en prémunir, les remèdes sont peu nombreux :

  • l’isolement, mais cette solution extrême est toujours difficile à mettre en application, notamment auprès de la famille proche.
  • faire transpirer le plus possible le malade (méthode dite échauffante).
  • exposer le malade au froid (méthode dite rafraîchissante).
  • pratiquer des saignées ou faire vomir le malade pour expulser le mal.
  • l’inoculation, qui est importée d’Angleterre en France en 1755 (le jeune Louis XVI se fera inoculer en 1774)... mais il faudra attendre 1798 pour que Jenner mette au point la vaccination.

À noter : toujours aux Roches de Condrieu, à peine deux ans plus tard, en 1789, la mutation autoritaire du vicaire Roulet suscite une forte indignation chez ses paroissiens. Un "mémoire", au ton très révolutionnaire, est alors adressé à l’évêque de Vienne :

Sur le village des Roches à l’aube de la Révolution française, le lecteur curieux peut se rapporter à mon ouvrage « L’Ancien Régime en Viennois (1650-1789) »

Lire l’avis des premiers lecteurs

Cet ouvrage, étude inédite, se propose de vous faire découvrir quelques-unes de ces mentions insolites et de vous en montrer la richesse historique et généalogique. Il répond à bien des questions au sujet de ces textes insolites qui parsèment les registres paroissiaux : Pourquoi certains curés notent des mentions insolites ? Que nous apprennent-elles sur la vie quotidienne de nos ancêtres ? Comment repérer, déchiffrer, transcrire et commenter ces témoignages du passé ? Comment les utiliser pour compléter notre généalogie et l’histoire de notre famille ou de notre village ?

Il s’agit du premier numéro de Théma, la nouvelle collection d’histoire et de généalogie.


[1Fleury Roulet se trompe dans son calcul : le total est de 106 actes si l’on ne tient pas compte des 7 mariages. Sinon, il est de 113 actes !

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5 Messages

  • La petite vérole aux Roches en 1787 25 mai 2012 10:00, par Marie Malergue

    Bonjour,
    En effet, le terme "vérole" évoque plutôt une maladie vénérienne "la syphilis" qui était la "grande vérole".
    C’est très intéressant, je ne pensais pas que la variole pouvait provoquer des épidémies avec une telle mortalité.

    Dans un document d’archive d’un monastère, j’ai lu qu’une religieuse était dispensée de lecture des prières car la petite vérole l’avait rendue presque aveugle. Ceux qui survivaient pouvaient donc aussi garder des séquelles graves.

    Merci pour ce partage des découvertes toujours enrichissantes.

    Répondre à ce message

    • La petite vérole aux Roches en 1787 26 mai 2012 20:49, par y.guillot

      le vaccin cotre la variole a été découvert par un medecin qui s’est aperç u que les trayeurs et trayeuses n’avaient pas cette maladie en effet les vaches avaient des pustules sur les trayons qui étaient en fait une forme benigne de cette maladie et auto-vaccinnait ces personnes qui trayaient les vaches à la main biensur à cette époque !!!!!

      Répondre à ce message

  • La petite vérole aux Roches en 1787 25 mai 2012 14:26, par André Vessot

    Bonjour Michel,

    Bravo pour votre article, toujours bien documenté comme à l’ordinaire, qui nous dévoile un aspect de la vie de nos ancêtres. Je n’imaginais pas l’ampleur de ces épidémies de variole. Heureusement que cette maladie a été éradiquée.

    Bien amicalement.

    André VESSOT

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  • Merci pour ce message ! En faisant des recherches dans la commune de St-Martin d’hères (Isère) j’avais aussi constaté le grand nombre de décès pour cause de petite vérole ,mais 40 ans plus tôt . Je m’étais promis de faire des recherches sur cette maladie . J’ai déjà une partie de réponse ! Il n’y a pas si longtemps que la vaccination n’est plus obligatoire . Beaucoup de personnes nées pendant la seconde guerre mondiale ont au haut du bras une grosse cicatrice assez disgracieuse ;ce qui a poussé à tenter de faire le vaccin au pied . Pratique abandonnée car le gros bouton de réaction au vaccin s’infectait trop souvent . On a oublié cette maladie pas si ancienne !
    E. Hébert

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