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Des mentions insolites inattendues et un clin d’œil aux généalogistes

Le jeudi 13 septembre 2012, par Thierry Sabot

Si tous les prêtres ne rédigent pas des annotations dans leurs registres, ceux qui s’expriment autrement que par des notes ou des textes narratifs sont encore plus rares. Ainsi, seuls quelques desservants usent parfois d’autres formes d’expression comme le dessin, les expressions populaires ou les références littéraires.

Pour le plaisir, voici une maxime, à méditer, qui est peut-être un clin d’œil aux générations futures et aux généalogistes :

« Par deux cent ans d’ayeux on pense enfler son être. On aime à être grand pour s’empêcher de l’être. »
  • Courtes (01) - Tournade, curé - AD - BMS 1781-1785 - 2 E 12803- Vues 1/66 et 41/66.

Et enfin un poème pour évoquer les malheurs du temps en l’an 1709 :

Dans lan mil sept cent neuf et l’hyver et la guerre
firent beaucoup de malheureux
l’hyver rude et trop rigoureux
fit presque tous périr les arbres de la terre
la moisson et les vins périrent avec eux
 
Dans lan mil sept cent dix la moisson abondante
adoucit un peu nos malheurs.
Sans neanmoins tarir les pleurs
Que tira de nos yeux une guerre senglante.
mais la mortalité beaucoup plus affligeante
Sut enfin ce qui mit le comble à nos douleurs
 
Dans lan mil sept cent onze on vit croirre les eaux
et former un nouveau Deluge.
les maisons, tels furent nos maux,
ne furent pas pour tous un assuré refuge
 
De tous les revenus, par un tribut nouveau
le prince fit lever la dixième partie
Ce comble des impôts fut un pesant fardeau
Mais trop heureux encore, on nous laisse la vie.
  • Avoise - Caillay, curé - AD - BMS 1700-1721 - 1MI 864 R1 Vues 123, 133 et 145/259.

Note : Ces vers du curé d’Avoise (72) se trouvent tous à la dernière page de chaque année. À noter que le dernier quatrain, qui évoque l’impôt du dixième, est barré dans le registre. Notre poète a-t-il eu peur de sa liberté de ton et d’expression et craignait-il une sanction ?

Lire l’avis des premiers lecteurs

Cet ouvrage, étude inédite, se propose de vous faire découvrir quelques-unes de ces mentions insolites et de vous en montrer la richesse historique et généalogique. Il répond à bien des questions au sujet de ces textes insolites qui parsèment les registres paroissiaux : Pourquoi certains curés notent des mentions insolites ? Que nous apprennent-elles sur la vie quotidienne de nos ancêtres ? Comment repérer, déchiffrer, transcrire et commenter ces témoignages du passé ? Comment les utiliser pour compléter notre généalogie et l’histoire de notre famille ou de notre village ?

Il s’agit du premier numéro de Théma, la nouvelle collection d’histoire et de généalogie.

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7 Messages

  • Bonjour Thierry,

    Sympa ton article !

    Je te propose une hypothèse sur la raison du dernier quatrain du poème "barré dans le registre" (en fait, j’ai été voir le registre : le texte est soigneusement raturé, très proprement)

    l’année du registre où est ce quatrain est celle de 1711...Or, cette année là :

    Ayant échappé de la sorte à la capitation, le clergé ne s’en vit pas moins exposé l’année suivante à subir l’impôt du dixième sur ses biens, et afin d’écarter ce nouveau danger, l’assemblée de 1711 se hâta de voter un don de 8 millions de livres. Mais les officiers des finances, se fondant sur la généralité des termes de la déclaration du 14 octobre 1710, soutenaient que les biens d’église n’étaient pas exemptés, et cette interprétation avait reçu çà et là son application.

    Le clergé réclama énergiquement. Une telle opinion mettait plus en péril que jamais des immunités pour le maintien desquelles l’ordre ecclésiastique avait déjà fait tant de sacrifices. Vivement pressé, Louis XIV lui donna satisfaction ; il ne se borna point à enjoindre qu’on n’appliquât pas aux biens d’église l’impôt du dixième, il rendit le 27 octobre 1711 une nouvelle déclaration portant que les biens ecclésiastiques et ceux qui appartenaient aux communautés, fabriques et hôpitaux, ne seraient point compris dans la mesure, voulant, disait-il, que tous les biens qui appartiennent actuellement à l’église en demeurent exempts à perpétuité. L’autonomie ecclésiastique avait enfin triomphé, et le clergé semblait, à la mort du grand roi, plus indépendant que jamais.

    voir :
    http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Revue_des_Deux_Mondes_-_1880_-_tome_40.djvu/646

    Amitiés.
    Michel

    Répondre à ce message

  • Des mentions insolites inattendues et un clin d’œil aux généalogistes 15 septembre 2012 08:38, par Bruno DESMARQUEST

    Il est possible que la maxime rapportée ici soit une considération sur la noblesse en général, ou un noble particulier. En effet, sous l’Ancien Régime, l’évocation de ses ayeux étaient une manière de se parer de la gloire ou de la fortune de ses illustres ascendants. C’est une forme de vanité tirée non pas de ce que l’on est intrinsèquement ou de ce que l’on a fait, mais de ce que d’autres personnes de votre lignée ont été, fait ou obtenu. Un regard critique porté sur cette science du paraître était vraisemblablement la raison de la maxime, et peut-être que d’autres écrits du registre (un acte de mariage ?) pourraient consolider cette présomption. NB. : j’écris ces lignes par ressenti et non par érudition.
    Les vers et la maxime m’ont beaucoup intéressés, merci.

    Répondre à ce message

  • Des mentions insolites inattendues et un clin d’œil aux généalogistes 15 septembre 2012 09:39, par Bruno DESMARQUEST

    En complément à mon premier message, il me vient une hypothèse peut-être vérifiable. Les charges ecclésiastiques étaient souvent attribuées à des cadets de la noblesse. Peut-être l’auteur de la maxime aura-t-il été témoin de la nomination d’un prélat du fait de sa position et non de son mérite, ou l’aura-t-il rencontré dans sa paroisse ou lors d’un déplacement ("investiture"...). Ce ne serait donc pas tant la noblesse d’épée qui serait visée, mais la noblesse de robe...

    Répondre à ce message

  • Quel plaisir que de parcourir ces vers, et surtout de les savoir en conclusion, en fin d’année, sur les registres paroissiaux !
    Merci de nous faire partager ce moment de bonheur !

    Répondre à ce message

  • Bonjour,

    Cette maxime est tirée d’un long poème.
    Extrait :

    Ah ! prends plutôt, ami, la raison pour arbitre
    Où la vertu suffit, est-il besoin d’un titre ?
    Non : laisse au courtisan sa fragile grandeur ;
    Sans doute il a le droit d’adorer son erreur ;
    II peut impunément, sans honte & sans bassesse,
    A l’abri de son nom, languir dans la mollesse,
    L’éclat d’un sang fameux lui tient lieu de vertus.
    On chérit des honneurs sans efforts obtenus
    Par deux cents ans d’aïeux on pense enfler son être
    On aime à naître grand, pour s’exempter de l’être.
    Moins sévère pour toi, le destin, au berceau
    Ne t’à point, d’un vain titre, imposé le fardeau ;
    Mais tu reçus une âme au travail endurcie,
    Surtout contre l’orgueil dès l’enfance affermie,
    Une santé robuste, une mâle vigueur,
    La paix de l’innocence & le calme du cœur.
    Et tu pourrais, honteux d’un si rare avantage,
    De ces dons précieux nous dérober l’usage !
    De servir les humains qui te peut détourner ?
    Ils sont ingrats.... Eh bien ! il leur faut pardonner.

    Ce texte s’intitule "Epitre à un commerçant qu’on suppose acheter des Lettres de Noblesse" page 366 de "Elite des poésies décentes" Tome second, imprimé à Lyon chez les frères Perisse (1772)

    On retrouve ce texte avec un autre titre, et signé Le Prieur, dans une "Encyclopédie poétique" de 1779

    On peut consulter ces livres sur Google Livres.

    Cordialement.
    Michel Guironnet

    Répondre à ce message

  • Des mentions insolites inattendues et un clin d’œil aux généalogistes 22 septembre 2012 20:13, par Josiane MORLON-SANTGERMA

    Dans le même ordre d’idées : dessins ou mentions dans les registres paroissiaux, j’ai découvert un curé qui stigmatisait les enfants naturels en dessinant dans la marge une main fermée, l’index tendu, devant l’acte de baptême de l’enfant en question. Ce qui était amusant, c’est qu’il rédigeait l’acte en question en latin, alors que les autres étaient rédigés en français. Voulait-il atténuer l’effet que son dessin faisait ?

    Répondre à ce message

  • Bonjour,

    Je vous remercie de ces mentions fort intéressantes. Je voudrais seulement vous signaler qu’au dernier vers de la deuxième strophe du poème, il me semble qu’on devrait lire non pas « Sut enfin », mais « fut enfin ». Évidemment, je n’ai pas l’original sous les yeux, mais le S long est souvent confondu avec un f.

    Cordialement

    Catherine Broué

    Répondre à ce message

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