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Du pain sur la planche (quatrième épisode)

L’héritage de Guillaume

Le jeudi 7 mai 2015, par Martine Hautot

Guillaume meurt le 29 Décembre 1862 à Offranville, à l’âge de 71 ans. C’est son fils Frédéric-Alexis qu’on appelle communément Alexis, boulanger dans la même commune qui vient déclarer son décès, accompagné de son beau-frère, Pierre Boulet, cultivateur–jardinier et époux de Pélagie, la fille aînée de Guillaume : les femmes ne sont alors jamais témoins.

Mais ces deux-là, Alexis et Pélagie, ne sont pas les seuls enfants encore vivants de la nombreuse famille de Guillaume. Il y a encore deux fils restés célibataires, Henri, toujours à Offranville et Narcisse, installé à Manneville-ès-plains, à une vingtaine de kilomètres d’Offranville, où -exception dans la famille- il est maréchal-ferrant. Et puis la plus jeune des filles, Julienne, encore célibataire mais mère d’une petite Clémence. Après le temps des funérailles, tout ce beau monde va se retrouver bien vite chez le notaire d’Offranville, Maître Leclercq.

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Plaque de notaire sous le second empire, avec l’aigle impérial

Première étape de la succession : vente des meubles et outils

Le Dimanche 15 Janvier 1863, il est d’abord procédé à une vente au lieu du décès de Guillaume à la demande de ses héritiers, les cinq enfants que nous venons d’évoquer. La vente se fait par lots. Il y en a 65. On y trouve, pêle-mêle, du mobilier - bois de lit, matelas, armoire, coffre, pétrin- des outils - fléau, dents de herse - et divers équipements, brouette, selle de femme, futailles, bois et fagots … Rien d’étonnant à cela : nous nous souvenons que, dans les dernières années de sa vie, Guillaume était devenu cultivateur. Mais le bien le plus important est une voiture montée, voiture tirée par un cheval, adjugée à cent francs. L’ensemble de la vente s’élève à 826,95 francs, à répartir entre les cinq héritiers, dont certains se sont portés acquéreurs pour l’un ou l’autre lot. Le notaire fera les comptes.

Seconde étape de la succession : vente des propriétés

Seconde étape, le 25 Mars 1863. D’abord un acte de notoriété est établi comme quoi " monsieur Guillaume-Alexis Quilan, en son vivant cultivateur et ancien boulanger et sa femme sont décédés sans qu’il soit fait d’inventaire et qu’ils ont cinq enfants, seuls héritiers."

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Acte de notoriété. Registre de Maître Leclercq 25 Mars 1863.

Acte de notoriété. Registre de Maître Leclercq 25 Mars 1863

On passe ensuite aux choses sérieuses, la vente des biens immobiliers, propriétés et terres.

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Registre de Maitre Leclercq. Adjudication du 25 Mars 1863.

Registre de Maitre Leclercq. Adjudication du 25 Mars 1863

Ces biens racontent l’histoire de la famille,les uns situés au Thil-Manneville proviennent de la branche paternelle,des ancêtres Quilan, (Nous nous rappelons que le père de Guillaume est né au Thil.) ceux d’Offranville soit appartiennent à la branche maternelle des Aubé soit ont été acquis du vivant de Guillaume.
C’est ainsi qu’un premier lot est constitué d’une propriété, située à Offranville, dans le bourg, consistant en une maison d’habitation avec bâtiments, granges, écuries, étables, remises et verger.Cette propriété qui a ensuite été agrandie trouve son origine dans la famille Aubé. C’est à cet endroit, au carrefour de la rue d’Ouville et de celle de Genneville, que pendant plusieurs générations a existé la boulangerie Quilan. Une autre boulangerie lui faisait face et on appela, un temps, ce lieu le carrefour des boulangers. Cette configuration se maintient encore aujourd’hui.

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La boulangerie Quilan à Offranville.

La boulangerie Quilan à Offranville

D’autres lots sont constitués de différentes parcelles de terre de labour dispersées dans Offranville dont la plus importante n’est que d’1 hectare, 26 ares,30 centiares,le tout faisant moins de trois hectares.
Viennent ensuite les lots du Thil-Manneville comprenant notamment un herbage édifié de deux maisons d’habitation,avec four, provenant de la succession Quilan.On y trouve aussi deux parcelles de terre labourables,de moins d’un hectare,au total .

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Une importante maison du Thil-Manneville, le café-épicerie (n’appartient pas à la famille Quilan}

Enfin une rente annuelle et perpétuelle de 19 Francs 75 centimes.
La vente se fait aux enchères et à la bougie.
En premier lieu la maison d’Offranville. Voici comment se déroulent les opérations : un premier feu est allumé. Alexis Quilan, le fils aîné, boulanger, offre alors de ce lot 4000 francs. Pendant la durée de plusieurs autres feux, les enchères grimpent et la dernière bougie s’éteint sur une offre de 6800 francs d’Alexis. Encore deux autres bougies sans enchères et « du consentement des autres vendeurs, Monsieur Quilan, dernier enchérisseur a été déclaré adjudicataire. » La même procédure se renouvelle pour les autres lots. Parfois les enfants de Guillaume arrivent à racheter un lot, ainsi pour Alexis qui rachète des terres, parfois ils échouent : un autre prétendant s’étant montré plus généreux. Pierre Boudet intervient tantôt pour sa femme Pélagie, tantôt pour sa belle sœur Julienne. Pour la première, il obtient de la terre et pour la seconde la propriété du Thil-Manneville pour 3350 Francs.

Il faut que le notaire fasse à nouveau les comptes. Le total de la vente, tous lots confondus,s’élève à 22025 francs. On y ajoute l’estimation des lots non mis à la vente : 7500 francs. Total : 29 525 francs. Part par enfant 1/5 : 5905 francs.

Les enfants qui n’ont rien acheté reçoivent cette somme. Pour les autres le notaire établit la balance entre la part d’héritage à recevoir et le montant des sommes à régler en tant qu’adjudicataire. Alexis doit même mettre la main à la poche : il a acheté pour 12 205 francs et sa part s’élève à 5905 francs : il doit donc 6120 francs.

Quant à Julienne, elle n’a rien à ajouter mais la propriété du Thill constituera une bonne part de son apport quand elle se mariera deux ans plus tard avec Valentin Louis Grout, le 2 Février 1864 à Offranville, ainsi qu’il apparaît dans son contrat de mariage dressé chez Maître Leclercq, la veille du mariage (retrouver ce contrat de mariage nous a grandement été facilité par l’obligation, instituée en 1850, d’indiquer dans l’acte de mariage s’il a été conclu un contrat de mariage avec, en cas de réponse affirmative, l’indication du nom du notaire et du lieu de l’étude).

L’acte de mariage de Marguerite Julienne et de Valentin Louis nous apprend en outre que la petite Clémence, a dans la même cérémonie était légitimée.

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Dernière étape de la succession : vente des récoltes sur pied

Le 21 Juin 1863, vente de récoltes sur pied,seigle et colza, étant précisé qu’à partir de la vente, les récoltes adjugées seront aux risques et périls de l’acquéreur, le tout pour quelques centaines de francs. Cette fois, la succession de Guillaume et de son épouse est définitivement réglée.

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Registre de Maître Leclercq .Signature des enfants de Guillaume.

Les héritiers peuvent se disperser et retourner à leurs occupations. Mais Maître Leclercq sait bien qu’il reverra bientôt l’un ou l’autre à l’occasion d’un mariage, d’un décès ou tout simplement de l’acquisition ou de la vente d’un bien. Garant de la validité des contrats, dépositaire des secrets de famille qu’il enferme discrètement dans ses registres impeccablement tenus, le notaire de famille est un rouage essentiel de la vie villageoise et sans aucun doute un notable qui inspire le respect et qui ne risque pas de manquer de travail.

Ainsi, quelques années après Guillaume, c’est au tour de son fils Narcisse de disparaître, à Offranville, le 29 avril 1868. De la descendance de Guillaume, il ne reste plus alors, portant le nom de Quilan, que deux fils, Henri, célibataire et rentier et Alexis, le boulanger, père de famille nombreuse. C’est à ce dernier et à sa descendance que nous nous attacherons dans le prochain épisode.

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2 Messages

  • Du pain sur la planche (Quatrième épisode) 8 mai 2015 20:48, par JOURDAIN

    Bonsoir Mme HAUTOT,

    Très captivant , en attente de la suite non sans impatience.

    Il est vrai que ces deux boulangeries existent toujours et que ce village d’Offranville a un charme bien particulier.
    Cordialement

    Isabelle JOURDAIN

    Répondre à ce message

    • Du pain sur la planche (Quatrième épisode) 11 mai 2015 08:47, par Martine Hautot

      Bonjour,Isabelle

      Merci de votre passage.Etonnement certaines organisations de l’espace perdurent à travers les ans comme ces deux boulangeries offranvillaises que j’ai bien connues enfant, alors que les noms des rues changent : rue Jean Jaurès et rue Jacques Emile Blanche maintenant .De ce personnage je vous parlerai bientôt dans un autre épisode .
      Bien cordialement ,
      Martine Hautot

      Répondre à ce message

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