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Accueil » Articles » Histoire locale » Histoire du Viennois » La Révolution française en Viennois » Etienne Brut, prêtre réfractaire, et les " fanatiques "

Etienne Brut, prêtre réfractaire, et les " fanatiques "

Le mardi 1er octobre 2002, par Michel Guironnet

"L’abbé BRUT était, au début de la Révolution, vicaire à Condrieu.

" Jeune et ardent, il resta à son poste bravant tous les dangers, se cachant à Condrieu, à Poncin, à Chuyer, procurant des asiles à son archevêque Monseigneur d’AVIAU, et l’accompagnant dans ses courses apostoliques. Son jeune frère, Jean-Pierre BRUT, né en 1781... eût lui aussi, malgré sa jeunesse, un rôle actif dans ces luttes périlleuses. Placé chez M. PETITAIN, curé d’Ampuis, pour commencer sous sa direction ses études de latin, il devait dans les mauvais jours de la Terreur être son compagnon d’apostolat. Le vénérable M. PETITAIN resta longtemps caché dans sa paroisse, parcourant les hameaux de la montagne déguisé en colporteur, administrant les malades et célébrant la messe dans les granges. Il dut cependant s’exiler (en Suisse, à Constance) d’où il revint bien vite aux premières lueurs du calme, après 30 mois d’exil " [1].

En Thermidor an III (août 1795), malgré la fin de la Terreur et les premières mesures d’apaisement, le culte réfractaire est toujours aussi vivace sur les hauteurs de Condrieu.

Le Pilat et ses forêts fournissent un abri sûr. Mais la Convention thermidorienne n’entend pas laisser troubler la tranquillité publique.


Perquisition chez les insoumis [2]

Le 17 Thermidor (4 août) l’agent national près la commune de Condrieu écrit au procureur syndic du district de la Campagne de Lyon :
" Je vous envoye cy-joint citoyen, copie conforme du procès verbal de perquisition fait dans notre commune ce jourd’huy... salut et fraternité "

" ...A l’effet de faire la recherche des prêtres insermantés de notre commune, nous (nous) sommes transportés, assistés des citoyens BAUDET et GRIPPA père et fils, gendarmes de cette commune, jusque dans la maison du citoyen BRUT père, boulanger de cette commune, à qui nous avons demandés où était le citoyen Pierre BRUT, son fils, cy-devant prêtre insermanté. Il nous a répondu qu’il l’ignorait. Après avoir fait perquisition, nous avons trouvé une soutane de prêtre, que nous avons retiré par-devers nous pour estre déposé à la maison commune. N’ayant rien trouvé, nous sommes allés dans l’autre maison dudit BRUT, scitué à la Cote Bonnette, où nous avons fait pareilles perquisitions qui ont été infructueuses. N’ayant rien trouvé, delà (nous sommes allés) dans plusieurs autres maisons voisines de celle dudit père BRUT, où n’avons de même trouvé personne... Signé de Benoît CHANAL et Louis DONZEL, officiers municipaux "

Le même jour, 17 thermidor, PERRUSEL, lieutenant de gendarmerie nationale à la résidence de Condrieu envoie lui aussi son rapport à l’administration du district :

" (Procès verbal de perquisition) contre les prêtres réfractaires... établi par BOUDET et GRIPARD père et fils ; occupés de faire les recherches nécessaires... principalement du nommé Etienne BRU, natif de Condrieu, qui ne cessait, faites (fêtes) dimanches et jours ouvrables de dire la messe soit chez la citoyenne DUCHOL, où une vieille sœur d’hôpital de Lyon l’atirai avec une assemblée conséquente de peuples. D’après des deffenses par nous faittes à la citoyenne DUCHOL, cet homme est allé continué de dire ses messes chez la citoyenne LA HOUSSE (LA HOUSSAYE), ex-noble où il a dit sa messe encore le 15.

Nous y avons fait perquisition, nous y avons trouvé un espèce d’hotel (d’autel, bien sûr !). Cette femme a répondu que s’etait la loi dans le temps et que l’on était maître chez soit... Les représentants ayant pris un arrêté, elle s’y conformait. Ledit BRU a dit encore hier sa messe, 16 du courant, à la Chapelle, canton de Pellussain, département de Commune d’Armes (le nouveau nom révolutionnaire de Saint-Etienne) Les fanatiques et fanatisés ont fait sauvés ce réfractaire immancablement dans les montagnes voisines.

Nous avons été aussy faire perquisition chez les père et mère de ce prêtre. Nous n’avons trouvé que sa soutane, et ses dits père et mère nous ont dit, en ce moquant de nous, que si nous voulions lui écrire qu’ils porteraient la lettre. D’après une aussi sotte demande, nous nous sommes retirés. Cet homme a entièrement fanatisé ceux et celles du pays qui l’on voulu écoutés et ceux des environs... "


Les " fanatiques " dans la région de Condrieu

Le même dossier des archives du Rhône nous apprend que la commune de Longes, aux premiers contreforts du Pilat, abrite également des prêtres réfractaires.

" Longe et Tréve " alors réunies en une seule commune ont, après bien des troubles politiques en l’an II (1794), un maire républicain en la personne de Claude-François PAPIER.

" Sur injonction des représentants du peuple du 5 thermidor an III (23 juillet 1795) il atteste au directoire du district que le nommé Jourdan, y devant vicaire de Trèves, annexe dudit Longe, réside à notre connaissance depuis quelque temps dans notre commune... il exerce les foncions de son culte dans des maisons particulières, sans au préalable avoir fait aucune soumission par-devant la municipalité conformément à la Loi... "

La population est favorable aux réfractaires. Depuis plus d’un an la commune est agitée par des réunions clandestines de " fanatiques ". C’est ainsi que l’autorité désigne les fidèles catholiques partisans des prêtres insermentés ; auquel se mêlent des adversaires du régime républicain [3].

En août 1794, par exemple, la garde nationale arrête un nommé Jean DENUZIERE, " fameux intrigant qui bouleverse toute la commune, avec trois filles qui avaient été dans les cy-devant couvents, et qui n’ont jamais voulu se conformer (aux lois) ."

Mais le maire dissident Jean Antoine BRET " accompagné d’une multitude de ses adhérents et fanatiques, intolérables et extravagants, ont forcé la garde nationale et ont fait évader les prisonniers ."

La Contre Révolution n’en est alors qu’à ses débuts. En 1796-1797 les alentours et la ville même de Condrieu sont quotidiennement attaqués par des groupes armés noyautés par des royalistes. Nous y reviendrons.
 
A quelques kilomètres de là, pourtant, il semble que le village de Tupin-Semons soit plus calme. Du moins si l’on en croit le procès verbal dressé par le maire ce 23 thermidor an III (10 août 1795) : " Nous avons point de pretre sermanté nit pretre refratère dans notre commune... BERNARD maire ".


[1Notes tirées de "Persécutions contre l’église catholique", article par Odile FAIVRE dans le numéro spécial de Dan l’Tan (association Visages de Notre Pilat), " Le canton de Pélussin pendant la Révolution et la Terreur" (1989) - Albert-Maurice PETITAIN était curé d’Ampuis depuis novembre 1785. Il quitta sa cure le 26 juin 1791, obligé de laisser la place à un curé constitutionnel Etienne-Marie SIAUVE. Au départ de SIAUVE, le vicaire François PASCAL le remplace jusqu’à la Terreur. (voir Histoire d’Ampuis, par TRANCY, p. 47-48 et 61-62)

[23L 178. Archives du Rhône (Police des cultes-prêtres insermentés)

[3Voir notre série d’articles "Troubles politiques à Longes et Trèves " dans l’Indépendant du Viennois (n° 68 de février au n° 80 de mai 1994).

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