8 mai 1902

Catastrophe à la Martinique

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Le 8 mai 1902, au petit matin, l'éruption de la montagne Pelée, allait raser la ville de St Pierre en Martinique.

Bordé par la mer des caraïbes dans une baie magnifique, au flan du mont Pelée, St Pierre est la ville la pus riche et la plus peuplée de Martinique. Coquette, avec ses monuments datant du XVII siècle, ses églises, son théâtre, ses rhumeries, et le somptueux jardin botanique, en font la plus belles des villes des Antilles.

La montagne Pelée, semblait endormie, et n'inspirait pas la moindre inquiétude depuis deux siècles que les colons français occupaient la région.

 Pourtant déjà, le 5 août 1851, le cratère que l'on croyait bouché définitivement s'ouvre, un nuage de cendres s'en échappe et s'abat sur la ville de St Pierre.

 

 

La rue Victor hugo en 1900
Ce phénomène de courte durée n'inspirât nullement l'inquiétude. Moins d'une année après, le cratère présentait l'aspect d'une large dépression de boue solidifiée. Et l'on pouvait s'y promener librement. On le baptisa " l'Etang sec ".

Le 25 avril 1902, de légères fumerolles s'échappent de l'Etang sec. Le lendemain, elles augmentent d'intensités. Les ouvriers agricoles employés dans les plantations, se plaignent d'être incommodés par une forte odeur de soufre qui règne sur les flans de la montagne, et par le mauvais goût de l'eau de boisson puisée dans la rivière Blanche.

Le 27 avril, une expédition parvient à l'Etang sec pour y étudier le phénomène, et constater que de la fumée s'élevait de la bouche du volcan, et que de l'eau bouillonnante s'en échappait pour se déverser dans l'étang.

 

Le pont de pierre avant 1902

Dans le même temps il se passait des phénomènes inexpliqués au large des côtes de St Pierre. Le bateau Pouyer-Quartier qui effectuait des sondages dans le but rechercher un des câbles de liaisons avec les autres îles qui s'était subitement rompu, immergea une bouée indicatrice du lieu supposée de la rupture. A peine cette bouée mouillée, elle disparut dans un énorme tourbillon. Un courant inexpliqué, totalement inconnu des marins, entraîna le navire vers le Nord.

Depuis le 27 avril, la terre tremble sur la montagne Pelée, de fortes détonations se font entendre. La nuit, est illuminée par de rapides éclairs, des cendres s'échappent du cratère et se déposent en fine couche sur la ville.

Le 5 mai, les cours d'au qui descendent du volcan, se gonflent et déversent un torrent de boue. Le village du Prêcheur au nord de St Pierre est cerné par les eaux et la boue qui obstruent les voies de communications. Subitement la rivière Blanche, se transforme en véritable torrent, et en quelques minutes, engloutit sur son passage l'habitation Guérin, une des plus importantes usine de la région, et tout le personnel.

Tous ces événements ne semblent pas affoler les habitants. Ils se croient à l'abri. L'éruption de 1851 n'avait fait aucune victime. La disparition de l'habitation Guérin, est semble t-il due à une mauvaise situation, trop près de l'embouchure de la rivière.

Le professeur Landes, par l'intermédiaire de la presse, affirme que St Pierre, n'a rien à redouter de la montagne Pelée, pas plus que Naples du Vésuve.  

Pourtant, le capitaine d'un navire Italien qui chargeait du fret, inquiet, fit arrêter le chargement et manifesta son intention de partir immédiatement en montrant le volcan. Originaire de Naples, il avait connaissance de la perfidie des volcans. Appareillant immédiatement il sauva ainsi sa vie et celle de son équipage.

La douane avant 1902
Le 7 mai, le volcan se fait menaçant, les grondements redoublant d'intensité. Les habitants sont inquiets. Le maire prend alors la décision d'apaiser la population, et demande à ses administrés de ne pas céder à la panique et de continuer à vaquer aux occupations quotidiennes.

A Fort de France, le gouverneur M.Mouttet, informé de l'exode massif qui ne pouvait s'empêcher de se produire au sein de la population prise de panique, décide de se rendre sur place. Il amène avec lui Mme Mouttet, le colonel Gerbault et son épouse, président de la commission scientifique. Une réunion d'information est aussitôt provoquée, et là, pour rassurer les habitants, il est affirmé que s'il y avait éruption, la coulée de lave, suivrait comme le 5 mai le lit de la rivière Blanche. Donc sans danger pour St Pierre.

Dans la nuit du 7 au 8 mai, de violentes détonations accompagnées de saisissants jets de fumées, se font entendre, la nuit est illuminée de brefs mais puissants éclairs.

Vers sept heures au matin, une colonne de fumé gigantesque déchire le ciel assombri. Soudain la montagne Pelée ouvre son flanc, une nuée de cendres brûlantes et noires, dévale la montagne à une vitesse vertigineuse, emportant tout sur son passage et en quelques minutes St Pierre disparaît dans l'obscurité.

La température extrême, les gaz asphyxiants de cette nuée ardente ne laissent aucune chance aux habitants. Le bois brûle, le verre et les métaux fondent, la mer entre en ébullition. Ceux qui pensaient échapper à la mort en se jetant à la mer meurent ébouillanté. Les bateaux au large ne sont pas épargnés, et coulent dans la rade.

Ceux qui demeuraient en bordure de l'éruption sont brûlés et périssent après d'atroces souffrances.

 

La Rue monte au ciel avant 1902
Quelques jours après, les militaires chargés de fouiller les ruines, près du théâtre, sont alertés par des cris qui semblent provenir des profondeurs de la terre. Dégageant les décombres, découvrent dans un cachot de la prison, un rescapé. Celui ci, quelques jours auparavant avait été incarcéré. Ce fut le seul survivant. Cyparis était son nom.

M. Landes qui affirmait la veille qu'il n'y avait rien à craindre de la Montagne Pelée, avait passé la nuit dans la villa qu'il possédait au lieu dit Trois Ponts, au bord de la coulée de cendre, pris par les vapeurs brûlantes, il succomba quelques heures plus tard dans d'impensables souffrances.

Près de vingt mille habitants périrent à St Pierre ce 8 mai 1902.

La Montagne Pelée, allait encore se manifester.

Le 20 mai, une nouvelle éruption identique à la précédente recouvrit exactement les mêmes endroits. Elle ne fit pas de victime, sinon peut-être des pilleurs qui œuvraient la nuit dans les décombres.

Le 26 mai, un gigantesque nuage noir s'élève du cratère, se dirige vers le sud jusqu'à Fort de France. Les habitants sont pris de panique et s'attendent à une mort certaine. Heureusement ce phénomène ne fit aucune victime.

Le 30 août, le volcan allait encore faire des victimes. Cette fois -ci elle cracha avec force un nuage de vapeur accompagné de pierre, qui se dirigea cette fois à l'opposé de St Pierre sur les communes d'Ajoupa Bouillon et Morne Rouge. Deux mille personnes périssent.

Ruines à St Pierre
Depuis, sur les vestiges de la catastrophe, St Pierre a été reconstruit et est maintenant classé au patrimoine mondial .

La montagne Pelée quant à elle s'est apaisée, et dort paisiblement. Jusqu'à quand ?

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