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J’avais un camarade

10 ème anniversaire

Le mercredi 1er février 2006, par Jacques Auguste Colin †

Le texte qui suit fut inséré en exergue du second numéro d’une "Lettre d’artiste" créée par l’auteur en décembre 1995. Le premier numéro avait été adressé le 6 janvier 1996 , jour du décès du Président de la République, à ses correspondants amis.
En ce dixième anniversaire, j’offre ce témoignage, sans aucune correction, en constatant avec une pointe de frayeur, que

...c’est déjà de l’HISTOIRE...

J’avais un camarade...

Le hasard malencontreux a voulu que le postage de la première lettre du “Roi Guillaume” soit effectué le jour du décès de l’ancien président de la République, François Mitterrand.

Très respectueux des opinions de tous mes correspondants, je conçois fort bien que certains d’entre vous aient pu être frappés par le côté un peu dérisoire de notre lettre, face au retentissement mondial de cette disparition.

A quelques jours près, et bien que ce n’en fusse pas le lieu, je n’aurais pu m’empêcher d’adresser ici un adieu, peut-être un au revoir, non pas à l’homme public, au politique, au chef d’état. brusquement encensé, mais au simple camarade de résistance, et à travers lui, à tous mes amis de la “Chaîne” qui ont eux aussi pris le chemin de la Connaissance, comme nous le ferons un jour...

Prisonniers évadés, soldats refusant la défaite, jeunes fuyant le STO, rescapés d’Espagne, juifs, communistes, jocistes, agnostiques, issus de tous milieux, nous ne sommes plus, hélas, qu’une vingtaine au plus de vivants qui, en 1943, avons côtoyé “Morland”, mangeant à la même table dans la grande salle du château de Montmaur, discutant passionnément du devoir et de la philosophie de résistance, sous la houlette de ce chevalier des temps modernes qu’était l’inspirateur du réseau : Antoine Mauduit.

J’avais dix-huit ans, il en avait vingt-six... j’étais un “bleu”, lui un ancien...

Je faisais les pluches au Beylon, et lui lisait Platon et Virgile dans le texte...

Quoiqu’en aient pu dire contempteurs ou thuriféraires, l’ambition d’alors, pour François Mitterrand comme pour nous, n’était pas la carrière politique, l’appartenance à un camp ou à un autre, le triomphe d’idées sur d’autres idées ou l’opposition droite gauche qui ne voulait pas dire grand-chose...

Seules comptaient : La survie du groupe, la préparation psychologique et matérielle au combat, la libération de la Patrie, et, pour Mauduit surtout, la lutte contre le “mal absolu” dont le nazisme était incarnation.

C’est le croisement indéchiffrable des situations et des qualités naturelles qui forge le destin des hommes. Ces dernières devaient être grandes chez Morland puisque ce fut lui qui fut choisi parmi plusieurs candidats, et non des moindres, par le comité de notre mouvement pour aller chercher de l’aide au gouvernement de la France libre à Alger.

A partir de là sa voie était tracée, sa rencontre difficile mais néanmoins positive avec De Gaulle en faisait un homme de gouvernement incontournable pour les temps futurs... Mais cela est une autre affaire, celle du demi-siècle écoulé, qui appartient à l’Histoire.

Pour un ancien de Montmaur, c’est donc un adieu à “Morland” mais aussi, à travers lui, à ceux que le destin n’a pas comblés de la même gloire, bien qu’ils en fussent dignes.

Leurs noms vrais ou de guerre étaient : Mauduit, De Monjoie, Lumière, Defrêne, Roussel, Chalmey, Belleval, Hardy, Zazou, et combien d’autres compagnons disparus... ?

Au soir d’une vie bien remplie, je me surprends à penser que c’est aussi un adieu à notre jeunesse ardente et passionnée, temps de la fraternité vraie et de l’amitié sans calcul..

Que reste-t-il de tout cela ???

quelques photos,... vieilles photos,... de ma jeunesse...

JPEG - 55.9 kio
Fondation de la Chaîne
Hiver 42-43 à Montmaur (H.A.). Avec François Mitterand. Collection de l’auteur. Droits réservés.
JPEG - 41.4 kio
Maquisards à Montmaur
Collection de l’auteur. Droits réservés.
JPEG - 22.9 kio
Réunion de Groupe aux SAUVAS - août 1943
Collection de l’auteur. Droits réservés.

Tournus le 6 janvier 2006


P.S. La "lettre du Roy Guillaume" qui devait devenir "Les Cahiers de la Pêcherie" a paru trimestriellement (32 numéros) juqu’en janvier 2004. La collection complète est consultable à la Bibliothèque Municipale de Tournus et chez l’auteur "Atelier de la Pêcherie" à Tournus.

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3 Messages

  • > J’avais un camarade 21 février 2006 08:35, par René Lenoir 2 rue Bayard 34200 SETE

    Quel beau témoignage du garçon de dix huit ans à celui qui en avait vingt six...Avec la rage au coeur et le risque encouru, de rendre au pays sa Liberté...
    Je les ai suivis tous les deux au château de Montmaur et au Beylon avec tant d’émotion et de fierté. J’aimerais demander à celui qui est encore pami nous s’il a rencontré l’abbé Henri Perrin, prêtre du diocèse de Grenoble, qui avait découvert Mauduit à l’Oflag VA de Weinsberg, qui lui avait donné un peu de lumière et de force après qu’il aient libérés tous les deux et chacun continuant la lutte sur le sol de France, a main armée pour Mauduit, avec les armes de l’esprit pour Perrin, diffuseur du Témoignage Chrétien clandestin... Et si le garçon de dix-huit ans accepterait que je lui envoie la brochure de Perrin : "Le capitaine Darreberg" s’il veut bien me donner son adresse postale ou électronique. Voici la mienne René Lenoir 2 rue Bayard 34200 SETE 04 67 74 1163 - lenoir.rene chez neuf.fr...D’avance un grand merci !

    Voir en ligne : J’avais un camarade

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  • J’avais un camarade 25 décembre 2007 18:09

    Bonjour,

    Je suis le neveu de Louis Defrene-Chaigneau frère de ma mère. Je connais la photo que vous mettez sur votre page pour l’avoir vue à la maison ainsi que des documents sur le château de Montmaur.

    Pouvez vous me parler de Louis Defrene disparu à la gare de Gap.

    Cordialement.

    Répondre à ce message

    • J’avais un camarade 12 janvier 2008 12:11, par J.A.Colin

      Oui j’ai bien connu Defrene. Je n’étais plus à Montmaur quand il fut arrêté à Gap. Mais un ami, arrêté en même temps, était avec lui aux Baumettes à Marseille.Rescapé de la déportation, il m’a dit qu’il fut torturé et déporté par bateau pour l’allemagne... Selon cet ami, le bateau a été torpillé à son arrivée à Hambourg et on n’a plus de nouvelle de lui.

      Je possède 2 photos de madame Defrêne, avec qui j’ai fait (à pieds) le pélerinage de la Salette avec d’autres maquisards, aujourd’hui disparus...Nous ne sommes plus que 3 anciens de Montmaur...Comme le temps passe...

      Cordialement

      J.A.Colin

      Toute réponse par E.mail, SVP

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