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L’Histoire d’une jeune fille sauvage trouvée dans les bois à l’âge de dix ans

Le mercredi 7 novembre 2007, par Thierry Sabot
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L’enfant sauvage de Truffaut

Nous nous souvenons tous de Victor, l’enfant sauvage de l’Aveyron, décrit en 1801 et 1806 par le médecin Jean Marc Gaspard Itard (voir le rapport ci-dessous), une histoire rendue célèbre au cinéma par la superbe adaptation de François Truffaut (L’Enfant sauvage, 1969).

Ce que l’on sait moins, c’est qu’il y a eu d’autres cas d’enfants sauvages, privés de toute relation sociale depuis leur plus jeune âge, la plupart du temps découverts par des paysans dans une forêt.

C’est au cours d’une recherche documentaire sur le savant Charles Marie La Condamine que j’ai trouvé, par hasard, sur Gallica, l’histoire incroyable de Marie Angélique Le Blanc, une sauvageonne découverte dans les bois de Songy (Marne). J’ai voulu en savoir plus...

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L’ouvrage attribué à La Condamine

Voici le récit de sa découverte relaté au début de l’ouvrage Histoire d’une jeune fille sauvage, Trouvée dans les Bois à l’âge de dix ans, livre publié et signé, en 1755 ou 1761, par Marie-Catherine Hecquet, mais dont l’écriture semble attribuée à La Condamine : « Au mois de septembre 1731, une fille de neuf ou dix ans pressée par la soif, entra sur la brune dans le Village de Songi, situé à quatre ou cinq lieues, de Châlons en Champagne, du côté du midi. Elle avoir les pieds nuds, le corps couvert de haillons et de peaux, les cheveux sous une calotte de calebasse, le visage et les mains noirs comme une Négresse. Elle étoit armée d’un bâton court et gros par le bout en forme de massue. Les premiers qui l’apperçurent s’enfuirent en criant, voilà le Diable ; en effet, son ajustement et sa couleur pouvoient bien donner cette idée à des Païsans. Ce fut à qui fermeroit le plus vîte sa porte et ses fenêtres. Mais quelqu’un croyant apparemment que le Diable avoit peur des chiens, lâcha sur elle un dogue armé d’un collier à pointes de fer ; la Sauvage le voyant approcher en fureur l’attendit de pied ferme, tenant sa petite masse d’armes à deux mains, en la posture de ceux, qui pour donner plus d’étendue aux coups de leur coignée, la lèvent de côté, et voyant le chien à sa portée, elle lui déchargea un si terrible coup sur la tête qu’elle l’étendit mort à ses pieds ».

Qui était la sauvageonne ? Pour La Condamine, qui la rencontra et l’interrogea, elle serait née en 1712 chez les Esquimaux du nord de l’Amérique (voir sa version sur Gallica). Selon l’étude historique et généalogique de Jean-Paul Denise, qui se fonde sur les sources d’archives disponibles (voir le lien ci-dessous), la jeune fille serait une autochtone, ayant une certaine habitude de son environnement, « une enfant connaissant le milieu où vivent ses parents (bûcherons par exemple) ». Enfin, selon les travaux d’un chercheur anonyme (ce qui est pour le moins curieux, voire douteux ! ndlr) cité dans l’article de la revue Historia (voir ci-dessous), Marie-Angélique serait née « en 1712 dans la tribu indienne des Renards entre le lac Michigan et le Mississippi. En 1718, elle est offerte comme butin de guerre à une riche Française du Canada, Mme de Courtemanches, qui vit au Labrador. Le 12 septembre 1720, la famille embarque, avec une petite Noire, sur un morutier, l’Aventurier, pour la France. Pris dans la tempête, attaché par les barbaresques, le navire accoste à Marseille le 20 octobre, en pleine épidémie de peste. En novembre 1721, pour une raison mal connue (peut-être un viol) Marie-Angélique et la petite Noire s’enfuient. Dix ans plus tard, on les retrouve à Songy. Un chasseur les découvrant tire sur elles, tuant la jeune Noire. La survivante est capturée. »

Quoi qu’il en soit, à défaut de sources et de références fiables connues, le mystère des origines de la sauvageonne reste entier.

Le baptême de la sauvageonne :

Extrait des Registres des Baptêmes de l’Eglise Paroissiale de St. Sulpice de la Ville de Châlons en Champagne.

L’An de graçe mil sept cent trente-deux, le 16e jour de Juin, a été baptisée par moi soussigné, Prêtre, Chanoine-Regulier, Prieur, Curé de St. Sulpice de Châlons en Champagne, Marie-Angelique-Memmie, âgée d’environ onze ans sous la plume de Jean-Paul Denise.]], dont le père et la mère sont inconnus, comme ils le font portée à cette fille, qui est née ou qui a transportée dès son bas âge dans quelque Isle de l’Amérique ; d’où par les soins d’une Providence pleine de miséricorde, elle est venue débarquer en France, et conduite encore par la même bonté de Dieu en ce Diocèze ; placée enfin sous les auspices de Monseigneur notre Illustrissime Evêque, de l’Hôpital-Général de St. Maur, où elle est entrée le 30 Octobre de la précédente année. Son Parrein a été M. Memmie le Moine, Administrateur dudit Hôpital ; et la Marreine, Damoiselle Marie-Nicole d’Halle, Supérieure du même Hôpital de S. Maur ; lesquels ont signé les jours et an que dessus. Ainsi signé, Memmie le Moine. D’Halle. F. Couterot, Chanoine-Reg. Prieur, Curé.

Je, soussigné, Prêtre, Chanoine-Regulier, Prieur, Curé de St. Sulpice, certifie le présent Extrait conforme à son original. Délivré à Châlons ce 21 Octobre 1750. Signé DANSAIS, Prieur, Curé de Saint Sulpice.

Voici un extrait concernant la sauvageonne de Songy dans l’ouvrage L’énigme des enfants-loups de Serge Aroles :

« Alors que les archives assurent qu’elle était âgée d’environ 19 ans lors de sa capture, un texte imprimé lui attribua la moitié de cet âge, cette erreur monumentale, infiniment reprise, ayant empêché, depuis trois siècles, les enquêteurs de découvrir son origine, attendu qu’il fallait chercher sa naissance et sa venue en France dans les registres antérieurs d’une décennie. »

L’original de son acte de baptême et la copie de la collection du greffe donnent, l’un « vingt ans » , l’autre « dix-neuf ans ». Le livre Histoire d’une jeune fille sauvage (1755) ne fut pas l’œuvre de La Condamine, mais d’une vieille dame presque aveugle, Marie-Catherine Homassel, veuve Hecquet. L’erreur sur son âge fut infiniment reprise...

Selon Serge Aroles, Marie-Angélique est, sur ces 700 dernières années :

  • l’unique enfant sauvage dont la survie en forêt durant une décennie puisse être authentifiée par un vaste corpus d’archives,
  • l’unique enfant sauvage qui, en apprenant à lire et écrire, eût présenté une résurrection intellectuelle majeure.

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