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Les vendanges (6e épisode)

Le samedi 1er juin 2002, par Josiane Laurençon-Kuprys

Le Pépé Machot avait un arpent de vigne pour faire son vin, juste en contrebas de sa maison.

Guyte et moi profitions des derniers jours de vacances pour regarder pousser quotidiennement, ces grappes noir-bleuté, dont on croquait la graine juteuse et ferme, à la pulpe verte et au jus acide ou sucré.

Je revoie encore ces petites grappes à vin serrées les unes aux autres... graines bien rondes qui se mettaient à briller lorsque nous frottions dessus avec notre doigt.

Enfin le jour "J" arrivait... J’avais déjà repris le chemin de l’école, mais c’était avec un plus vif plaisir que je venais pour les vendanges, comme pour exorciser cette rentrée tellement redoutée, et faire de ces 2 ou 3 jours un surplus de vacances.

Toute la famille était au complet. Même les voisins, les Vessot, étaient là pour un coup de main... Encore une belle chose en voie de disparition ça... "l’entraide".

Nous commencions tôt le matin, pleins d’entrain, après un copieux petit déjeuner comme seule la race paysanne sait le faire.

Puis Pépé Machot distribuait les rôles ainsi que les paniers, aux hommes forts, Tatane, Riri, etc... Bien sûr je restais avec Grand-père et on s’éparpillait à travers les rangées bien alignées.

Nous commencions toujours par le bas de la "balme" (rangée), et la cueillette commençait en remontant.

Les hommes allaient et venaient avec, sur leurs épaules, les lourds paniers débordant de raisins qu’ils vidaient, si mes souvenirs sont fidèles, dans une cuve placée sur une charrette, tirée par le cheval du Père Vessot.

Puis les garçons foulaient les grappes avec leurs pieds nus, et dans les rangées ce n’étaient que rires, appels et chansons. Nous nous interpellions ainsi de rang en rang jusqu’à ce que le soir se mette à l’heure mauve, selon l’expression si jolie de ma grand-mère. Une heure où les fleurs embellissent encore, où les teintes s’intensifient, comme pour un dernier feu d’artifice avant de disparaître dans l’ombre.

Nous étions fourbus, le dos douloureux d’être restés courbés, les doigts gourds d’avoir répété tant de fois le même geste, mais nous étions heureux. Heureux d’avoir accompli quelque chose en commun, un geste rituel perpétué par nos pères depuis la nuit des temps.

Maguy, Suzon la raisonnable et moi, aidions la Mémé à mettre la table. Ha ! Mes amis quelle tablée. Les grands tréteaux soutenant les plateaux recouverts de draps blancs, entourés de bancs et de chaises pour que tout le monde y trouve sa place, nous rassemblaient par l’amitié, devant les bons plats de salade et de charcuteries.

Et le verre levé, nous clamions :

Allez Tonton Pierre une chanson !

La journée avait été chaude, mais la soirée était fraîche. Les étoiles brillaient comme nos regards et nous avions du mal à nous séparer.

C’était toujours un peu triste la fin d’une fête, mais Grand-père savait bien vite me consoler.

Il ne faut pas pleurer, mon Pinpin, on reviendra très bientôt pour tirer le vin nouveau.

Et sur cette belle promesse nous repartions nous coucher d’un pas léger, pour pouvoir, sagesse oblige, reprendre l’école le lendemain. Il fallait alors, et sans faire la grimace, descendre à Lyon par le train, tôt le matin, et accepter d’être enfermée pendant une semaine, pour apprendre des choses inintéressantes à mon gré.

Sacré Charlemagne avec ta barbe fleurie, tu aurais mieux fais de conter fleurette au lieu de nous inventer les dictées.

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2 Messages

  • Les vendanges (6e épisode) 18 février 2020 09:52, par Mike MORICE

    Salut,

    Pour comprendre ce "silence", il faut savoir que c’est moi qui ai publié les souvenirs de jeunesse de Josiane avec son accord (Josiane est ma cousine préférée).

    Mais depuis la date de cette publication, Josiane n’a rapidement plus eu d’accès à Internet et il était hors de question d’indiquer ici son n° de téléphone ...

    Elle vient de m’autoriser à indiquer son adresse postale pour celles (ceux) qui voudraient la joindre, ce qui lui ferait très grand plaisir ; donc voici :

    Mme J. KUPRYS
    55 ? PLACE DES Pins - lot St-Martin
    83570 CARCES, Var

    (elle est d’une santé acceptable pour ses 76 ans, ma cadette de 12 ans)

    Répondre à ce message

  • Les vendanges 5 août 2012 13:54, par André Vessot

    Bonjour,

    J’aime beaucoup l’vocation de vos souvenirs de vacances Curis-au-Mont-d’or et notamment des vendanges. Les "VESSOT" dont vous parlez sont mes cousins. Joseph VESSOT, qui correspond probablement au "Pre VESSOT" de votre article, vient de nous quitter l’ge de 100 ans.

    Amitis.

    Andr VESSOT

    Répondre à ce message

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