- "La Petite Gironde" du 8 mai 1891
« A la Compagnie des chemins de fer du Midi »
L’article dit que Joseph G travaillait « ces temps derniers au chemin de fer en construction de Fustérouau » et a été « renvoyé par son patron le 1er mai ». « Pour se consoler, il fit un brin de noce et avant-hier, ayant bu plus que de raison », il insulte les gendarmes venus l’arrêter. Ces faits se sont passés le 5 mai.
Joseph travaille donc "au chemin de fer en construction". Cette future ligne doit rejoindre Condom à Riscle. Elle est concédée pour la construction de la section comprise entre Eauze et Riscle en 1875. Fustérouau sera une des gares sur ce parcours. Encore en travaux en 1891, cette ligne sera ouverte à l’exploitation le 10 décembre 1893.
- Fustérouau est situé sous la lettre G du mot Gers.
Sur Gallica : "Carte du réseau des chemins de fer du Midi" [1] |
Peut-on retrouver ce Joseph G ?
A Condrieu, dans le registre des naissances entre 1845 et 1847, il n’y a qu’un seul Joseph dont le nom de famille commence par un G : Joseph Etienne Giraud, né le 3 décembre 1845, fils d’Etienne Giraud, serrurier de 34 ans, et de Rose Lentillon [2].
En 1856, la famille Giraud est recensée « rue Saint Martin » à Condrieu, une petite rue tout près de la place du Marché [3].
Rose Lentillon, la mère de Joseph, est native de Saint Michel sur Rhône, petit village sur les hauteurs de Condrieu. Le 17 août 1871, elle meurt à 52 ans à son domicile « rue Saint Martin » à Condrieu.
Dans le recensement de 1872, Joseph est indiqué « en voyage ». Le 5 février 1873, à Condrieu ; Jean Jules, son frère « ouvrier serrurier », épouse Caroline Béyégaz [4]. Dans l’acte de mariage, rien ne dit que Joseph Etienne est présent...ni l’inverse !
Le 2 mars 1878, son père Etienne Giraud meurt à Condrieu. Joseph, « mécanicien », est présent avec son frère pour déclarer le décès. Il habite alors « Lyon Vaise »
Marié et jeune père
Deux ans plus tôt, le 14 juin 1876, Joseph, domicilié au au 60 rue de la Claire, à Lyon a épousé, à la mairie du 5e arrondissement de Lyon, Pierrette Julie Fromont, 21 ans, sa voisine du 45 rue de la Claire, venue avec ses parents de Bourg en Bresse [5] où elle est née le 14 novembre 1855, rue Mercière.
Lors de son mariage, Joseph Giraud est « Chauffeur à la Compagnie du Chemin de Fer Paris Lyon Méditerranée » (le fameux P.L.M) [6].
- Les signatures au bas de l’acte
Dans le recensement de 1876, nous retrouvons le jeune couple au 56 rue de la Claire.. En 1879, le 14 mai, à cette même adresse, nait Marthe Jeanne, leur fille. Joseph est « chauffeur ».
A noter que Simon Fromont, 53 ans, le « grand-père de l’enfant », est « employé au chemin de fer » alors qu’il était « cordonnier » au mariage de sa fille. Ces deux indications ne sont pas incompatibles !
Dans le recensement de 1881, au 56 rue de la Claire, est mentionné le couple avec leur petite fille. Simon Philippe Fromont et Jeanne Marie Michel, les parents de Pierrette Julie, eux, sont toujours au numéro 45 de cette rue. Est-ce à dire que, de 1876 à 1881, le couple nage dans le bonheur ?
Disparition et divorce
En 1898, le 18 février, est retranscrit dans les registres des mariages le divorce de Joseph Giraud et de Julie Fromont. Il date en fait d’un an auparavant, du 17 février 1897 par jugement du Tribunal civil de Lyon.
Pierrette Julie Fromont est "femme de chambre, demeurant à la Préfecture de Mâcon" . Peut-être s’est-elle réfugiée dans sa famille ? Rappelons qu’elle est native de Bourg en Bresse, pas si loin de Mâcon.
Pour défendre ses droits, elle a obtenu l’assistance judiciaire de Maître Chapuis le 19 juin 1895.
"Le Sieur Etienne Joseph Giraud, demeurant autrefois à Lyon Vaise, rue de la Claire 60, actuellement sans domicile ni résidence connus, défendeur défaillant faute de constitution d’avoué...", ne s’est pas présenté à l’audience ni fait représenter pour sa défense.
Le divorce est prononcé "aux torts et griefs du mari". La communauté "ayant existé entre les époux Giraud" est liquidée.
Le juge "confie la garde de d’enfant à la mère et condamne Giraud à payer à sa femme, tant pour elle que pour son enfant, une pension de vingt-cinq francs par mois, payable d’avance mensuellement"
Un huissier est mandaté pour lui signifier ce jugement. A t-il pu retrouver Etienne Joseph ?
La petite Jeanne...
En 1886, Simon Philippe ayant 60 ans, les parents Fromont ont quitté le quartier de Vaise. Ils sont maintenant à Chessy les Mines, au nord-ouest de Lyon, dans la vallée de l’Azergues. Simon est "rentier", c’est-à-dire qu’il est retraité ! Avec eux vit leur fille Clémentine, 23 ans...Jeanne Giraud, leur petite fille de 7 ans, est hébergée chez eux.
- En 1886 à Chessy les Mines
- Recensement aux archives départementales du Rhône
Vers 1890-1891, les époux Fromont sont retournés habiter à Bourg en Bresse. Dans le recensement de 1891, ils sont domiciliés au 45 rue des Potiers...Simon est redevenu cordonnier...et Jeanne habite toujours avec eux [7]
C’est là que le 21 juin 1892 meurt Simon Philippe, le grand-père, 65 ans, cordonnier. En 1901, Jeanne Marie Michel habite au 75 rue Charles Robin. Elle décède à 72 ans au N° 77 de cette rue le 7 janvier 1903.
Le 21 avril 1900, Marthe Jeanne Giraud se marie à Paris 15e avec Henri Pierre Barthélémy, « contrôleur des Mines » né le 19 juin 1872 à Saint Germain en Laye. Elle est "domiciliée à Angers (Maine et Loire) avec sa mère , fille mineure de Joseph Etienne Giraud, disparu, et de Pierrette Julie Fromont,...ici présente et consentante"
Marthe a eu besoin de présenter un acte de notoriété du juge de paix du 5e canton de Lyon, rédigé le 14 avril précédent, "constatant la disparition du père de la future". Leur fille Marguerite nait à Vesoul le 14 avril 1901 [8].
Lyon, Mâcon, Angers ! La mère et sa fille changent de domicile, probablement pour des raisons professionnelles.
Et Joseph Etienne ?
Et pendant ce temps, que devient Joseph Etienne ? Il n’y a rien dans les recensements de Fustérouau et d’Aignan pour 1891. Il habite peut-être un petit village du Gers...ou ailleurs !
Dans "La Dépêche" du 17 avril 1894, un article parle de "Joseph Giraud...48 ans...originaire de la cité lyonnaise" [9]. Ce doit bien être "notre homme" !