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L’Enfant trouvé à la Boucle d’Oreille en or, aux francs or et au Collier d’Infamie

Le vendredi 29 novembre 2024, par Daniel Dumoulin

Ce qui est rapporté ci-dessous concerne principalement mon arrière-grand-père, enfant trouvé.
Il y avait, à mon humble avis, deux façons d’aborder cette étude, en rappelant qu’au début des recherches, internet n’était pas en encore répandu : ce qui d’ailleurs en faisait le sel ! et l’intérêt. Découvertes de régions, etc.

1.) L’ordre chronologique des évènements.
2.) L’ordre chronologique de mes recherches avec une kyrielle de questions à élucider.

Bourguignon abandonné,
Parisien très éphémère,
Gâtinais vite adopté
Et regretté de sa mère.

(Cet épitaphe aurait pu être inscrit sur sa tombe).

En guise d’introduction

Si j’avais un conseil à donner … :
« Écoutons attentivement nos aînés, ils ont des choses très intéressantes à nous transmettre !  »

Au crépuscule des années soixante-dix ou à l’aube de la décennie suivante, j’ai été le jouet d’un grand manque d’intérêt et de … mon incrédulité. Il faut dire qu’à cette époque, j’étais peu disponible, trop accaparé par mon travail.

Mon oncle Georges, le plus jeune frère de mon père [ le “roculot” de la fratrie, c’est-à-dire le dernier-né en parler gâtinais ; c’était un mot employé avec bienveillance, car il était souvent chouchouté par ses parents et ses frères et sœurs ; en aparté, j’étais aussi un roculot ], étant né à Triguères (Loiret) le 10/09/1904, il avait “émigré” en Normandie, vers 1925, où il avait rejoint l’une de ses sœurs, Marguerite. Il s’y était marié, en 1927, et exerçait le métier d’artisan transporteur.

Lorsqu’il a été à la retraite, n’ayant plus de véhicule, il prenait le train et rendait visite à ses frères et sœurs et ses neveux et nièces du Loiret et de l’Yonne. Nous le prenions à la gare et nous le véhiculions vers la destination suivante. Il passait un ou deux jours chez chacun de nous …

À chacune de ses visites, il se faisait un devoir de me parler de son grand-père paternel (mon arrière-grand-père). Il ressassait quelques mots, quelques bribes, quelques courtes phrases, toujours les mêmes. Je l’écoutais respectueusement mais, je l’avoue, tout cela était oublié après son départ.

Pourtant, sans m’en rendre compte, certains de ces mots, « passant par une oreille et ressortant par l’autre », avaient été captés par mes neurones. Oui, dans mon inconscient, mon oncle avait, peu à peu, enfoncé le clou, je dirais même un “clou à ferrer les ânes”, probablement.

Où avait-il glané ses informations ? Pas auprès de son grand-père décédé le 21/02/1904, mais peut-être auprès de sa grand-mère paternelle, qui décédera le 18/10/1918 ou encore de ses parents (précision : mes parents, décédés en 1967, qui n’étaient pourtant pas avares de parler de la famille, n’ont jamais évoqué ce pan d’histoire familiale devant moi).

Le 20 juin 1986, l’oncle nous a quittés. C’est quelques mois plus tard que je me suis souvenu de quelques fragments, gravés, ancrés dans ma mémoire, qui pouvaient être – toutefois sans grande conviction – des pistes à creuser.

Peu à peu, le déclic s’est fait. Cela devenait impératif, je devais faire des recherches : l’oncle Georges m’avait laissé quelques indices et quelques pistes... Quelle valeur leur attribuer ? Mon enquête, qui n’était pas celle d’un “fin limier”, allait commencer.

Cette chronique familiale, j’aurais pu l’appeler « Le Fil d’Ariane » ou encore « De Fil en aiguille » (dans une botte de foin). Mais, je devais privilégier le personnage principal qui était mon arrière-grand-père.

Ainsi, les pages qui suivent vont traiter du cheminement qui m’a amené à écrire ce pan de “mon histoire familiale”, qui, ensuite, va m’entraîner beaucoup plus loin.

Nombreux étaient ceux dont le destin était très incertain, quelques-uns arrivaient à “survivre” dans la misère. Très peu, à mon avis, ont eu la chance de pouvoir vivre normalement.

Dans cette chronique, familiale avant tout, je vais tenter de faire revivre l’un de mes aïeux à travers sa propre histoire, en reprenant ce que j’ai glané depuis une quarantaine d’années : une histoire et un parcours peu banal.

Entre autres souvenirs d’adolescent, il s’y trouve encore les visites faites par des membres de la famille, oncles, tantes, cousins, cousines, et celles rendues.

Il y a également les discussions de mes parents, ma mère surtout, parlant des liens familiaux avec tel ou tel. Quant on a douze ou quinze ans, vous écoutez attentivement mais tout cela vous passe sinon à travers les oreilles, souvent tout à côté.

Immanquablement, l’oncle Georges parlait surtou de son grand-père, Paul Louis Dumoulin, qu’il n’avait pas connu, et de la Bourgogne, “les origines de notre famille” disait-il.
Invention ou glane auprès de ses parents

Un jeu de mots ? Il parlait de Bagneux qui se trouve dans la région parisienne.

1. Rebondissement

À quelques temps de là, discutant avec un généalogiste amateur et “éclairé”, Jean-Marie V., j’ai évoqué l’histoire, certainement banale et courante, de Paul Louis, enfant abandonné par sa mère et voué, vraisemblablement, comme bien d’autres, à un triste sort.

Il m’écoutait attentivement et … me quittait avec un sourire. Deux mois plus tard, il me remettait une photocopie et deux pages de notes, le tout glané dans les dossiers d’assistance aux Archives de Paris, où il allait fréquemment.

Du grain à moudre … pour l’avenir !

À défaut, les actes d’assistance ci-dessous ont été recopiés sans corrections :

1. Paroisse de Saint-Germain-des-Prés, registre des baptêmes :

L’an 1826 le 14 janvier a été baptisé Paul Louis né d’aujourd’huy de Benigne Françoise Dumoulin couturière rue Taranne n° 21 ; le parain Nicolas Houzelot garçon de bureau, la maraine Annette Petit, le parain a signé avec nous.
Amelin Houzelot.

2. Archives de Paris – Cote « Enfants assistés 974 »

Registre des baptêmes du 17 oct. 1823 à 31 oct. 1826.
Le 15 janvier 1826, j’ai baptisé sous condition
N° 238 – Trubert Paul Louis, garçon, né le 14/01/1826
Le parrain soussigné et la marraine
Sr Victoire Seigner, ptr.

3. Archives de Paris – Cote « Enfants assistés 263 »
Registre matricule des enfants trouvés année 1826 – folio 48, n° 238
Dumoulin Paul Louis Truber
Annoncé être né le 14 janvier 1826 à Paris, rue Taranne n° 21, fils de Benigne Françoise Dumoulin, couturière, demt au dit lieu et de père non dénommé
Déclaration à la mairie le 14 janvier
Date du baptême à l’hospice 15 janvier
Papiers trouvés sur l’enfant

Note :
Une boucle d’oreille en or pendue à une gance de soie cramoisie.
Description des vêtements : 1 chemise, 1 brassière rouge dessins blanc et bleu – 2 béguins, 1 bonnet rouge dessin blanc – 1 fichu à carreaux bleus et rouges – 2 couches marquées : E (?) F. M. – 2 langes piqués, 1 lange de molleton
Confié le 19 janvier 1826, à Marie Jeanne Villaine, Lingère, domiciliée à Triguères (Triguerre),
Canton Châteaurenard, S. préfect. Montargis
Le 2 juin 1853, certificat d’orig.
Dé à l’adon pr le dit Dumoulin
Ddé par le S. Inspr de Montargis.

4. Archives de Paris – Cote « Enfants assistés 2257 »
Procès-verbaux d’abandons janvier 1826 : n° 238

 ? de la Merie Begnine Françoise Dumoulin née à Bagneux département de la cote d’Or agée de 19 ans, couturière rue tarane n° 21
L’enfant se nomme paulle louis né le 14 janvier 1826 a une heure du matin rue Tarone n° 21 il a été enregistré le meme jour à la Merie du 10e arondisement et Batise a la Beyie St Germin des Pré
Enregistre à la Méri, registre 92, n° 901 10e arrondisement
Il est porteur d’une boucle d’oreille pandu a son cout avec les lettre f.B.
Garçon
238 Truber.

Mes premières notes, questions ou … réponses :

• Selon l’acte de mariage, Paul Louis est un enfant de l’hospice des enfants trouvés de Paris. – Mon oncle m’avait parlé d’un “Enfant du Grand Bureau”. La piste était donc valable. À voir sur place.

• Q. Paul Louis porte un surnom, Truber. – S’agit-il d’un sobriquet donné lors de son arrivée à Triguères ? Quelle signification ?

• Q. Paul Louis est le fils de Françoise Bénigne Dumoulin, couturière. – Qui était cette mère “contrainte” ou non à abandonner son enfant ?

• Q. Un contrat de mariage a été dressé par Me Doin, notaire à Douchy. – Pourrait être intéressant. Que pourrait-il contenir ?

• Q.Les témoins sont Nicolas Pingrin et Cyprien Cachon, amis de l’époux ; Louis Cachon, grand-oncle et François Chambault, oncle de l’épouse. — Tous habitent dans les hameaux voisins. Qui sont-ils ?

• Paul Louis est né de père inconnu. – Piste paternelle irrémédiablement rompue !

• Paul Louis était domestique au hameau de la Barre, alors que sa future épouse, Victoire Angélique, habitait au hameau des Donons. – Ces deux hameaux sont voisins. Simple supposition : Paul Louis labourait tandis que dans le champ voisin, Victoire Angélique gardait les vaches !

Mes notes et questions complémentaires concernant Paul Louis :

Décidément, l’oncle Georges en savait beaucoup. Pourquoi l’avoir distillé au compte-goutte ?
Pour éveiller mon intérêt sans doute ! Il n’a pas eu la récompense qu’il était en devoir d’attendre.

La dernière information, celle qui m’est revenue en finale, aurait dû éclairer totalement l’affaire. J’en reparlerai plus tard. … Pourtant, il restera des zones d’ombres.

• Le 14 janvier 1826, il naît à 1 h. du matin, au 21, rue de Taranne, Xe arrt. de Paris.

• Ce même jour, il est déclaré à la mairie du Xe arrt.

• Puis, il est baptisé à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

• Ensuite, il est “apporté” à l’Hospice des Enfants trouvés.

• Le 15 janvier, il est été baptisé une seconde fois, “sous condition”, à l’Hospice.

• Le 16 janvier, il est à nouveau enregistré à la mairie du XIIe arrt.

• Le 19 janvier, il est confié à une famille de Triguères (Loiret).

• Françoise Bénigne, la mère de Paul Louis est originaire de la Côte d’Or, à Bagneux. Cette commune n’existe pas dans ce département, par contre il existe celle de Baigneux-les-Juifs, celle indiquée par mon oncle. Une précision très intéressante à creuser.

• Les vêtements laissés à l’enfant semblent être de bonne qualité.

• À remarquer un détail très important à mes yeux : une boucle d’oreille en or, marquée des lettres F. B. était pendue au cou de Paul Louis par une ganse de soie. Cela voulait, certainement, exprimer le désir, pour Françoise Bénigne, de garder un lien de cœur avec ce fils qu’elle était contrainte d’abandonner.

• Q. Ce surnom de Truber semble lui avoir été donné à l’Hospice. Que signifie-t-il ?

• Q . Qui était Marie Jeanne Vilaine, la future nourrice : à rechercher à Triguères.

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I. La première piste gâtinaise

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Je pensais que ma famille était établie, depuis bien longtemps dans ce village du Loiret, à l’est du Gâtinais, nommé Triguères.

Une première piste m’était donc très facile à suivre : je devais me rendre à la mairie que je connaissais bien, ayant été élève dans l’école située à l’extrémité de la cour intérieure.

Triguères est un charmant village (vous ne m’en voudrez pas, c’est le mien !). Il fait partie de l’arrondissement de Montargis et, depuis 2015, du canton de Courtenay. Auparavant, il s’agissait de celui de Château-Renard.

C’était une ancienne ville celte, avec oppidum, avant de devenir une ville gallo-romaine d’une certaine importance pour posséder plusieurs thermes et un imposant théâtre pouvant contenir jusqu’à 9 000 spectateurs selon certains textes. Ses habitants sont les Triguerois.

Sa population était, en 2 021,de 1 275 habitants. Elle s’élevait à 1 098 hab. en 1793 ; à 1 231 en 1800 ; à 1 439, en 1851 ; à 1 542 en 1901 ; à 1 223 en 1954 ; à 1 312 en 2006. Nota : le maximum a été atteint avec 1 640 en 1886 et le minimum est descendu à 1 086 en 1982.
Son altitude varie de 112 à 192 m., sa superficie s’élève à 35,78 km2.

1 a. Mariage Paul Louis Dumoulin et Victoire Angélique Cachon

Ci-dessous, l’acte de mariage de mes arrière-grands-parents : 05/09/1853. N° 8 . Mariage entre Dumoulin Paul Louis et Cachon Victoire Angélique :

« L’an mil huit cent cinquante trois, le cinq Septembre, à huit heures du matin ; par devant nous maire, officier de l’Etat-civil de la commune de Triguerres, canton de Chateaurenard, arrondissement de Montargis, département du Loiret ; sont comparus :
Dumoulin Paul Louis, dit Truber Paul, enfant de l’hospice des enfants trouvés de Paris, non reconnu, domestique, âgé de vingt sept ans, demeurant au hameau de la Barre de cette commune, né à Paris, dixième arrondissement, le quatorze Janvier mil huit cent vingt-six ; majeur, fils de Benigne Françoise Dumoulin, couturière et de père non dénommé ; ainsi que le constatent le certificat d’origine délivré à Paris le deux Juin dernier par le Directeur de l’hospice des enfants trouvés et l’extrait d’acte de naissance délivré le vingt-neuf août dernier au greffe séant au palais de Justice, à Paris ; ces deux pièces étant annexées au présent acte ; d’une part ;
Et Cachon Victoire Angélique, domestique, âgée de dix neuf ans, née en cette commune, le dix février mil huit cent trente quatre ; mineure, fille de défunt Cachon Jacques Louis, en son vivant, manœuvre, décédé en cette commune le vingt six août mil huit cent quarante ; et de Cachon Anne, sans profession, avec laquelle elle demeure au hameau des Donons de cette commune ; la dite Cachon Anne, mère de la future, ici présente et consentante ;
D’autre part ;
Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux et dont les publications ont été faites devant la principale porte d’entrée de notre maison Commune les dimanches quinze et vingt deux mai dernier, à l’heure de midi. Les dit comparants, sur notre interpellation, nous ont déclaré que leur contrat de mariage a été reçu par Me Jean Joseph Doin, notaire à Douchy (Loiret) le quatorze mai dernier, ainsi qu’il résulte du certificat dressé au présent acte.
Aucune opposition au dit mariage ne nous ayant été signifiée, faisant droit à leur réquisition, après avoir donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées et du chap. VI du titre du code civil intitulé : Du mariage, avons demandé au futur époux et à la future épouse s’ils veulent se prendre pour mari et femme. Chacun d’eux ayant répondu séparément et affirmativement, déclarons, au nom de la loi, que Dumoulin Paul Louis dit Truber Paul et Cachon Victoire Angélique sont unis par le mariage.
Dequoi avons dressé l’acte en notre maison commune, les portes ouvertes et publiquement en présence de Pingrin Nicolas, manœuvre, âgé de soixante deux ans, demeurant à la Moutinière de cette commune ; Cachon Pierre Cyprien, propriétaire, âgé de cinquante neuf ans, demeurant à la Barre de cette commune ; tous deux amis du marié ; Cachon Louis, manœuvre, âgé de soixante quatorze ans, Chambault François, manœuvre, âgé de trente neuf ans ; tous deux demeurant aux Donons de cette commune ; le premier grand oncle de la mariée et le second oncle de ladite mariée à cause de sa femme Cachon Françoise ; et le sieur Cachon Pierre Cyprien, second témoin du côté du marié, signé avec nous le présent acte ; quant aux autres parties, elles ont déclaré ne le savoir de ce requis après lecture faite. » w
Signatures : Cachon Cyprien et Fouet, maire.

Source : Triguères, acte mariage n° 8, année 1853 – A.D.L. 1853 – EC 4687 – folios 7 & 8/133.

1 b. Cheminement

• Il retracera mon parcours à la recherche de mes ancêtres. En marge, à celle des enfants abandonnés, et tous n’avaient pas le chance de tomber chez des familles nourricières dignes de ce nom.

II. La seconde piste “capitale”

II a. Naissance Paul Louis Dumoulin, dit Truber Paul

Dans les années 1990, lors d’un déplacement professionnel à Paris, j’en ai profité pour me rendre à la mairie du XIIe arrondissement. Là, j’ai été dirigé vers les Archives Nationales où j’ai obtenu la copie de l’enregistrement à l’hospice des enfants trouvés.

1826. 14/01. N. Paul Louis DUMOULIN (Paris 12e)

Ci-dessous copie de l’acte reconstitué en 1873.

Préfecture du Département de la Seine.
EXTRAIT du Registre des Actes de Naissances du 12e arrondt de Paris.
En marge : 14 janv. 26 – Dumoulin 341.
« Du seize Janvier mil huit cent vingt-six, à midi, Acte de Naissance de Paul Louis, du sexe Masculin, enfant apporté le quatorze de ce mois, sans acte de naissance à l’hospice des enfants trouvés dans les langes duquel a été trouvée une note contenant Paul Louis, né le quatorze de ce mois chez sa mère à Paris rue Taranne n° 21, fils de Bénigne Françoise Dumoulin, couturière.
Les Témoins sont : Alexis Charles D’Orge, âgé de quarante-neuf ans, et Augustin Jean Baptiste D’Orge, âgé de quarante-trois ans, employés au dit hospice.
Sur la déclaration conforme à l’extrait du procès-verbal d’abandon, faite à nous Maire du douzième arrondt par Jean Alexandre Gobert, employé au dit hospice y demt qui a signé avec les Témoins et avec nous, lecture faite, signé D’Orge, D’Orge, Gobert & Delvincourt. »

(Acte de naissance – Paris – Archives nationales).

Notes :

• Q. Paul Louis avait été “apporté”, sans acte de naissance, le jour de sa naissance, à l’hospice. Une note dans ses langes indiquait que sa mère, Benigne Françoise Dumoulin, était couturière, 21, rue de Taranne, à Paris. – Où est située cette rue ?

• Q. Mon oncle avait parlé à plusieurs reprises d’une mère originaire de Côte d’Or. S’agissait-il d’une “histoire” bâtie dans la cabine de son camion, lors de ses déplacements ?

• Q. Paul Louis a été abandonné bien rapidement. – D’où venait réellement la mère ? Pas de père dénommé, j’en déduisais que, venant de je ne sais où, elle était venu accoucher à cette adresse et que mon enquête ne pourrait aller plus avant.

• Trubert, surnom ne figurant pas dans l’acte. – Il aurait pu être donné à Triguères.

III. La troisième piste bourguignonne

III a. Premier indice … inattendu

Rappelez-vous, la piste à la recherche de mon arrière-grand-père s’arrêtait donc à Paris, en 1826, sans autre issue…

Quelques temps après, lors de courtes vacances avec mon épouse, nous décidons de changer de région et d’aller faire un tour en Côte-d’Or … sans grande conviction.

L’oncle Georges avait précisé, en son temps, que la mère de Paul Louis était originaire de Baigneux-les-Juifs, en Côte d’Or.

Même en faisant “chou blanc”, cela devrait nous permettre de visiter un joli coin de la Bourgogne.

Partis très tôt, nous sommes arrivés à Baigneux-les-Juifs, bien avant l’ouverture de la mairie. Comme nous devions patienter jusqu’à 10 heures, quelque peu dépités, nous avons décidé de faire un tour dans le village et de pousser jusqu’au cimetière.

En entrant dans ce cimetière, nous sommes vite attirés par trois monuments en forme de chapelles. Instinctivement, c’est bien le cas, nous nous dirigeons vers elles. Et tout à coup, nous pouvons voir sur le fronton de l’une les mots Famille ROTY – DUMOULIN.

« — Tu vois ce que je vois, aucun doute, tu as eu des homonymes dans ce village !
— Cela ne prouve rien, Dumoulin est un patronyme assez courant. Si nous allions voir à l’intérieur du monument !
— Tu crois que nous pouvons ! »
Sans plus réfléchir, certainement fébriles et le cœur battant, nous poussons la porte … grinçante : la dernière visite devait remonter à bien longtemps !

Et là, bingo ! Sur les murs, plusieurs plaques. Dans l’ordre :

1. Marguerite JACOT, Vve DUMOULIN 1766 – 1858 (la mère de Bénigne).
Denise DUMOULIN, Vve de Philippe ROTY 1795 – 1881 (la sœur de Bénigne).

2. Jean ROTY 1794 – 1870 (le mari de Bénigne).
Bénigne DUMOULIN, Vve de Jean ROTY 1806 – 1889 (Bénigne elle-même).

3. Louise ROTY, Vve de Claude LÉPINE 1830 – 1901 (la fille de Bénigne).
Sur l’autel un vase en métal contenant un bouquet artificiel dont les couleurs sont défraîchies.
Et enchâssé sur le mur du fond, un magnifique vitrail d’environ 50 x 30 dédié à saint Bénigne, le patron de Dijon.

Je n’en revenais pas, à tomber sur le c…
Mon cœur battant la chamade, il me fallait, humblement, battre ma coulpe. Georges, mon oncle en savait beaucoup. …

III b. À Jamais dans le cœur de sa Mère

♥ 1824, le 29 juin. Aignay-le-Duc. Mariage de Philippe Bénigne ROTY & de Denise Marguerite DUMOULIN.
« L’an 1824, le 29 juin, pardevant nous maire … d’Aignay-le-Duc, sont comparus :
Époux : le Sr Philippe Benigne Roty, né le 19/10/1792 à Quemigny, propriétaire, demeurant à Quemignerot, commune de Quemigny, fils majeur de feu Louis Roty, qui était propriétaire audit Quemignerot, décédé le 8 prairial an IV (27/05/1796), à Quemigny et de Marie Rouget, ses père et mère, cette dernière ci présente et consentante,
Témoins : les Srs Pierre Roty et Jean Roty, propriétaires, dt à Quemignerot, tous deux frères du futur.
Épouse : la Delle Denise Marguerite Dumoulin, née le 28 vendémiaire an V à Frolois, fille majeure du Sr Pierre Dumoulin, huissier royal, demeurant audit Aignay et de De Marguerite Jacot, ses père et mère, ci-présents et consentants, d’avec lesquels elle demeure,
Témoins : les Srs François Lebrot, propriétaire et cordier, oncle maternel de la future & Nicolas Michelot Billeaut, propriétaire et greffier de la Justice de paix du canton, dt tous deux audit Aignay.
♥ Signatures : Ph. Roty ; P. Dumoulin ; D-M. Dumoulin ; M. Rouget, J. Roty ; M. Jacot, f. Dumoulin ; N. Michelot Billeaut ; Lebrot ; Simon (?), maire

(Acte de mariage n° 30 du 29/06/1824 – FRAD021EC 7/004 – 42/566)

Notes : lors du mariage, Pierre Dumoulin est huissier royal à Aignay, père de l’épouse, il a apposé, semble-t-il, sa dernière signature. – François Lebrot, propriétaire, cordier, oncle maternel de Denise Marguerite – Nicolas Michelot Billeaut.

1889. 12/03. Baigneux-les-Juifs. Décès de Bénigne Françoise DUMOULIN, veuve de Jean Roty.

« L’an 1881, le 13 mars, à midi, par devant nous : Étienne, Rémond Arnault, maire … ont comparu : Pierre-Hippolyte Olivier, âgé de 49 ans, ferblantier, neveu & Louis-Jean-Baptiste Gauthrot, âgé de 52 ans, huissier, voisin, tous deux domiciliés à Baigneux
– lesquels nous ont déclaré que : Bénigne-Françoise Dumoulin, âgée de 83 ans moins 1 jour, rentière, domiciliée à Baigneux où elle est née le 13/03/1806, fille légitime des défunts Pierre Dumoulin, en son vivant instituteur, décédé à Aignay-le-Duc, et Marguerite Jacot, en son vivant sans profession, décédée à Baigneux le 13/01/1858, veuve de Jean Roty, marchand de vins en gros, décédé à Baigneux le 2/12/1870, est décédée à son domicile sis audit Baigneux, le jour d’hier 12/03, à 9 h. du soir… » ♠
Sign. Arnault, maire ; Gauthrot ; H. Olivier

(Acte décès de Baigneux-les-Juifs, n° 5 du 13/03/1889 – FRAD021EC 7/004 – 59/566).

Mes notes et questions concernant Paul Louis :

• Le 14 janvier 1826, il naît à 1 h. du matin, au 21, rue de Taranne, Xe arrt. de Paris.

• Ce même jour, il est déclaré à la mairie du Xe arrt.

• Puis, il est baptisé à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

• Ensuite, il est “apporté” à l’Hospice des Enfants trouvés.

• Le 15 janvier, il est été baptisé une seconde fois, “sous condition”, à l’Hospice.

• Le 16 janvier, il est à nouveau enregistré à la mairie du XIIe arrt.

• Le 19 janvier, il est confié à une famille de Triguères (Loiret).

• François Bénigne, la mère de Paul Louis est originaire de la Côte d’Or, à Bagneux. Cette commune n’existe pas dans ce département, par contre il existe celle de Baigneux-les-Juifs, celle indiquée par mon oncle. Une précision très intéressante à creuser.

• Les vêtements laissés à l’enfant semblent être de bonne qualité.

• À remarquer un détail très important à mes yeux : une boucle d’oreille en or, marquée des lettres F. B. était pendue au cou de Paul Louis par une ganse de soie. Cela voulait,
certainement, exprimer le désir, pour Françoise Bénigne, de garder un lien de cœur avec ce fils qu’elle était contrainte d’abandonner.

• Q. Ce surnom de Truber semble lui avoir été donné à l’Hospice. Que signifie-t-il ?

• Q. Qui était Marie Jeanne Vilaine, la future nourrice : à rechercher à Triguères ?

III c. Naissance de Bénigne Françoise DUMOULIN

Nous n’avons pas tardé à nous rendre en mairie, car nous n’étions que de passage. Nous avons été aimablement accueilli par la secrétaire de mairie. Dès notre requête annoncée, elle nous a mis en mains les registres d’état civil.

Rapidement nous avons trouvé l’acte de naissance de Françoise Bénigne :

(Acte de naissance – Baigneux du 13/03/1806 : FRAD021EC 46/011 – 576/592)
• 13/03/1806. Baigneux. Naissance de Bénigne Françoise DUMOULIN [ Fille de Pierre Dumoulin et de Marguerite Jacot ].

« L’an mil huit cent six, le Treize du mois de Mars, à six heures du soir, pardevant nous, Maire Officier de l’État civil de la Commune de Baigneux, Canton dudit Baigneux, Département de la Côte d’Or ; est comparu le Sr Dumoulin (Pierre) âgé de quarante six ans, Instituteur de l’École primaire dudit Baigneux, y demeurant, lequel nous a présenté un enfant du sexe féminin, né Cejourdhui à Cinq heures du soir, du mariage contracté à Aignay – Côte d’Or, le vingt deux Avril mil sept cent quatre vingt treize entre lui déclarant et Delle Marguerite Jacot, son épouse, et auquel il a déclaré donner le prénom de Bénigne Françoise.
Lesdites déclaration et présentation faites en présence du Sr Nicolas Girardot, Greffier de la Justice de paix de ce Canton, demeurant audit Baigneux, âgé de Cinquante-trois ans, et du Sr Louis Madeleine Renardet, horloger, demeurant au même lieu, âgé de vingt huit ans. Et ont les père et témoins signé avec nous le présent acte de naissance, après qu’il leur en a été fait lecture.
 »
Le mot Adjoint ratturé comme nul.

Heureux comme une poule venant de trouver un couteau, nous lui avons demandé une photocopie de l’acte, en disant que nous reviendrions l’année suivante pour poursuivre les recherches qui s’annonçaient fructueuses.

Elle sort le registre des concessions et nous remet la copie d’acte de concession du monument de la Famille, chapitre suivant.

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III d • TRIDON Louise, qui était-elle ?

16/10/1850. Naissance de Tridon Louise-Marie-Marguerite, à Billy
L’an mil huit cent cinquante, le seize du mois d’octobre (16/10/1850), à onze heures du matin, pardevant nous, Jean Baptiste Daud, maire, officier de l’état civil de la Commune de Billy, canton de Baigneux, département de la Côte-d’Or, est comparu Tridon Jean, âgé de 32 ans, maçon, demeurant à Billy, lequel nous a présenté un enfant du sexe féminin, née à Billy, l’an 1850, le 16 du mois d’octobre à neuf heures du matin, du mariage contracté à Aignay, le 14/09/1846
entre lui déclarant et Louise Marguerite Roty, son épouse et auquel il a déclaré donner les prénom de Louise-Marie-Marguerite. Lesdites déclarations et présentation faites en présence de Jean Bret, âgé de 51 ans, laboureur, demeurant à Billy et de Antoine Tailfert, âgé de 45 ans, laboureur, demeurant au même lieu, et dont le père et les témoins ony signé avec nous le présent acte de naissance, après qu’il leur en a été fait lecture.
Signatures : Antoine Tailfert, Jean Bret, Jean Tridon & Jean-Baptiste Dant, maire.

En marge : Suivant arrêt de la Cour d’appel de Dijon du 25/11/1897, transcrit à la mairie de Baigneux-les-Juifs, le 6 janvier 1898, Tridon Louise Marguerite a été adoptée par Made Roty, veuve Lépine, dt à Baigneux-les-Juifs. – Mention faite au Greffe, le 8 Avril 1898. Le Greffier : X…
16/10/1850. Acte n° 15. Naissances de Billy – FRAD021 EC 78/004 – 682 & 683/720.

1901. Concession TRIDON ROTY Marie
• Acte de janvier 1901. Concession dans le cimetière de Baigneux à la demande de Mlle Marie Tridon Roty
« Nous, Maire de la commune de Baigneux-les-Juifs :
« Vu :
« Le décret du 23 prairial an XII (12 juin 1804), … l’ordonnance royale du 6 décembre 1843, … les délibération du Conseil municipal en date du 12 mai et 15 août 1861, portant fixation d’un tarif …
« La demande a nous présentée par Mlle Marie Tridon Roty, fille adoptive de madame veuve Lépine, née Denise Roty, dite Louise.
« et tendant à obtenir la concession perpétuelle de deux mètres superficiels de terrain, dans le Cimetière de cette Commune, pour y fonder à perpétuité de Sépulture particulière de ladite dame Roty Denise, dite Louise, veuve Lépine, décédée à Baigneux, le 10 janvier 1901.
« et par laquelle le pétitionnaire s’engage à verser immédiatement, dans la caisse du Receveur municipal, pour prix de cette concession, la somme de Deux cent cinquante francs.
« dont cent soixante-six francs, 67 centimes au profit de la Commune, et quatre vingt trois francs 33 centimes au profit des Pauvres ou du Bureau de Bienfaisance, … »
• 1898, 6 janvier, Trancription de l’Arrêt d’Adoption, mairie de Baigneux-les-Juifs, par Mme Denise Roty, propriétaire, veuve de Claude Lépine, de Mlle Louise-Marguerite Tridon, née à Billy-Source-Seine, 48 ans, demeurant au même lieu.
— Vu, notamment l’acte d’adoption en date du quinze Septembre mil huit cent-quatre-vingt-dix (Acte de transcription – Baigneux-les-Juifs du 06/01/1898 : FRAD021EC 46/015 – 60 & 61/121).

Nous : Léonard Cordier, Maire et Officier de l’État-civil de la commune de Baigneux-les-Juifs, chef-lieu de canton, département de la Côte-d’Or, avons, sur la demande de Madame Denise Roty, veuve Claude Lépine, domiciliée audit Baigneux, transcrit l’arrêt d’adoption dont la teneur suit :

— République française — Au nom du Peuple français —
La Cour d’Appel de Dijon a rendu l’arrêt dont la teneur suit :
— Vu la requête présentée par madame Denise Roty, veuve de monsieur Claude Lépine, ladite dame, propriétaire, demeurant à Baigneux-les-Juifs, ayant maître Rouget pour avoué constitué ;
— Vu les pièces et documents produits, à l’appui de ladite requête, et relatifs à l’adoption par la veuve Lépine, susnommée, de Mademoiselle Louise-Marie-Marguerite Tridon, née à Billy-Source-Seine, le seize octobre mil huit cent cinquante (16/10/1850), sans profession, demeurant à Baigneux-les-Juifs ;
— Vu, notamment l’acte d’adoption en date du quinze Septembre mil huit cent-quatre-vingt-dix-sept (15/09/1897) et le jugement rendu le vingt-six octobre (26/10) suivant par le Tribunal de première instance de Châtillon-sur-Seine, portant homologation dudit acte d’adoption, reçu par monsieur le Juge de paix du canton de Baigneux-les-Juifs ;
— Ouï, en la Chambre du Conseil, monsieur le Conseiller Febvret, en son rapport, et monsieur l’Avocat général Abord, en ses conclusions ;
— Après en avoir délibéré conformément à la loi – La Cour : Attendu que toutes les formalités prescrites par la loi ont été régulièrement accomplies ;
— Dit que le Jugement rendu par le Tribunal de première instance de Châtillon-sur-Seine, le vingt-six Octobre mil huit cent quatre-vingt-dix-sept (26/10/1897) est confirmé, et, en conséquence, qu’il y a lieu à adoption par madame Denise Roty, veuve de Claude Lépine, propriétaire, demeurant à Baigneux-les-Juifs, de mademoiselle Louise-Marie-Marguerite Tridon, sans profession, demeurant au même lieu ;
— Ordonne que le présent Arrêt sera imprimé au nombre de douze exemplaires, et affiché tant à Dijon, Châtillon-sur-Seine, Baigneux-les-Juifs, qu’à Billy-Source-Seine ;
— Ainsi délibéré, fait et jugé en la Chambre du Conseil de la Cour d’Appel de Dijon, et prononcé à l’audience publique de ladite Cour, le Jeudi Vingt-cinq Novembre mil huit cent quatre-vingt-dix-sept (25/11/1897), par la Chambre civile où siégeaient Messieurs : Mailhe, chevalier de la Légion d’honneur, Premier Président, Bernard, chevalier de la Légion d’honneur, Président ; Clerget, Vaucouleur, Fèvre, Febvret, Chevalier et Cordier, conseillers ;
— Présents : monsieur Abord, avocat général et Poulain, commis greffier ;
— La minute est signée : Jules Maillet et Poulain ;
— Enregistré à Dijon, bureau des Actes judiciaires, le Treize Décembre mil huit cent quatre-vingt-dix-sept (13/12/1897), folio trente-neuf, case neuf. Reçu cent cinquante francs, décimes trente-sept francs cinquante centimes. Total : cent quatre-vingt-sept francs, cinquante centimes, signé Péchin ;
— En conséquence, le Président de la République française mande et ordonne à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent arrêt à exécution ;
— Aux Procureurs généraux et aux Procureurs de la République près les Tribunaux de première instance d’y tenir la main ;
— À tous commandants et officiers de la force publique de prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis ;
— En foi de quoi la minute du présent arrêt a été signée conformément à la loi ;
— Pour expédition conforme délivrée à madame Veuve Lépine, sur la demande de maître Rouget, son avoué. Le Greffier en Chef. – Signé Bonneviot ;
— Transcrit et certifié conforme à l’expédition que nous avons annoncée au présent registre, par Nous, Officier de l’État-civil de la commune de Baigneux.
Signé : illisible.

Constatation : Dans ce cimetière, trois concessions ont été demandées à la suite, avec à chaque fois une augmentation de la superficie initiale.
— La dernière a été formulée par Marie Tridon Roty, fille adoptive de la fille de Bénigne Françoise.
Question : Qui a fait ériger le monument (dont la photo figure plus haut) ?
À mon avis, Marie Tridon Roty, mais sans certitude aucune.
Marie Tridon serait-elle à l’origine de cette affirmation faite par l’oncle Georges ? Mais, il reste encore tellement de zones d’ombre à éclaircir !

III e. Compléments

L’année suivante, nous voulions en savoir plus. Outre Baigneux, nous avons découvert Aignay-le-Duc, Frôlois, Seurre, etc, sur la piste de Pierre Dumoulin, père de Françoise Bénigne Dumoulin, l’un de mes ascendants méritant une étude approfondie.

Ci-dessous quelques dates concernant Françoise Bénigne Dumoulin et sa famille proche :

• 1806, le 13 mars. Naissance de Françoise Bénigne Dumoulin, à Baigneux-les-Juifs.

• 1825, le 20 août. Décès de Pierre Dumoulin, 68 ans, père de Françoise Bénigne Dumoulin, à Aignay-le-Duc : recteur d’école, instituteur, secrétaire de mairie, etc. Marié 3 fois, veuf 2 fois, 10 enfants.

• 1826, le 14 janvier. Naissance de Paul Louis Dumoulin, dit Truber, à Paris, fils de Françoise Bénigne Dumoulin : enfant trouvé de Paris.

• 1829, le 16 nov. Mariage de Françoise Bénigne Dumoulin, 23 ans, à Aignay-le-Duc, avec Jean Roty, 34 ans, marchand à Quémignerot (ce dernier deviendra marchand de vins en gros à Baigneux-les-Juifs).

• 1830, le 16 août. Naissance de Denise Roty, dite Louise, à Baigneux-les-Juifs. Fille de Jean Roty et Bénigne Francoise Dumoulin.

• 1846, 14 sept. Aignay-le-Duc. Mariage entre Jean TRIDON, maçon, 29 ans, né et domicilié à Billy & Denise Louise Marguerite ROTY, fille de Philippe Roty, née à Aignay, le 06/09/1825.

• 1847, 29 nov. Mariage de Claude Lépine, à Baigneux-les-Juifs, 23 ans (né le 19 nov. 1824, à Fontaine-les-Dijon), domicilié à Fontaine-les-Dijon, défenseur agréé au Tribunal de Commerce de Dijon, avec Denise Roty, dite Louise.

• 1858, 13 janvier. Décès de Marguerite Jacot, veuve de Perre Dumoulin, 89 ans, à Baigneux-les-Juifs, mère de Françoise-Bénigne Dumoulin.

• 1861. Recensement de Baigneux-les-Juifs. Louise Tridon demeure avec le couple Jean Roty et Bénigne Dumoulin, depuis 1861, alors qu’elle n’a que 10 ans.

• 1870, le 3 déc. Décès de Jean Roty, 75 ans, époux de Françoise Bénigne Dumoulin, à Baigneux-les-Juifs.

• 1870, le 3 déc. Concession dans le cimetière de Baigneux, demandée par Denise Roty, dite Louise, épouse Lépine, pour son père Jean Roty. Concession à perpétuité de deux mètres superficiels : 150 francs.

• 1876, Marie Tridon (recensement), 26 ans, demeure à Baigneux-les-Juifs, au domicile de Françoise Bénigne Dumoulin.

• 1883, le 8 oct. Décès de Claude Lépine, 60 ans, à Marseille, époux de Denise Roty, dite Louise.

• 1889, le 12 mars. Décès de Françoise Bénigne Dumoulin, 83 ans, à Baigneux-les-Juifs, rentière, veuve de Jean Roty.

• 1889, le 15 mars. Concession dans le cimetière de Baigneux, demandée par Denise Roty, dite Louise, veuve de Claude Lépine, demeurant à Baigneux.

• 1901, le 10 janvier. Décès de Denise Roty, dite Louise, à Baigneux-les-Juifs, 71 ans, veuve de Claude Lépine.

• 1901, janvier. Concession dans le cimetière de Baigneux, demandée par Marie Tridon Roty, fille adoptive de Denise Roty, dite Louise.

« Nous, Maire de la commune de Baigneux-les-Juifs :
« Vu :
« Le décret du 23 prairial an XII (12 juin 1804), … l’ordonnance royale du 6 décembre 1843, … les délibération du Conseil municipal en date du 12 mai et 15 août 1861, portant fixation d’un tarif …
« La demande a nous présentée par Mlle Marie Tridon Roty, fille adoptive de madame veuve Lépine, née Denise Roty, dite Louise.
« et tendant à obtenir la concession perpétuelle de deux mètres superficiels de terrain, dans le Cimetière de cette Commune, pour y fonder à perpétuité de Sépulture particulière de ladite dame Roty Denise, dite Louise, veuve Lépine, décédée à Baigneux, le 10 janvier 1901.
« et par laquelle le pétitionnaire s’engage à verser immédiatement, dans la caisse du Receveur municipal, pour prix de cette concession, la somme de Deux cent cinquante francs.
« dont cent soixante-six francs, 67 centimes au profit de la Commune, et quatre vingt trois francs 33 centimes au profit des Pauvres ou du Bureau de Bienfaisance, … »

(Acte de concession provenant de la Mairie de Baigneux-les-Juifs.)

Obervation : Dans ce cimetière, trois concessions ont été demandées à la suite, avec à chaque fois une augmentation de la superficie initiale.
— La dernière a été formulée par Marie Tridon Roty, fille adoptive de la fille de Bénigne Françoise.

Question : Qui a fait ériger le monument (dont la photo figure plus haut) ?
À mon avis, il s’agit de Marie Tridon Roty. Qui était-elle ?

IV gâtinais promptement adopté

Paul Louis Dumoulin, qui n’avait que quelques jours, arrive à Triguères, avec sa nourrice, Marie Jeanne Villaine.

Dès le début de mes recherches, les mots retenus commençaient à s’accompagner de détails enfouis dans ma mémoire, et à prendre une tournure tout à fait intéressante.

L’oncle Georges m’avait donné une première piste facile à explorer. Son grand-père, Paul Louis Dumoulin, était un enfant abandonné ayant “atterri” à Triguères. La première des choses était de me rendre à la mairie de cette commune pour y dénicher quelques informations.

Sans m’en douter, c’était le premier de mes pas à la recherche de mes racines.

Et vous comprendrez aisément que Triguères est cher à mon cœur. J’y suis né, j’y ai vécu mes vingt premières années. Et comme je suis resté quelque peu chauvin, c’est l’un des plus beaux villages du Gâtinais !

Il est difficile de retracer tous les endroits où a vécu Paul-Louis.

Mais en reprenant les recensements de la commune, on pourra s’en faire une idée.

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➢ Triguères, commune du Loiret. Canton de Courtenay. Arrt de Montargis.

— Population : Triguerois & Trigueroises. En 1793, le nombre d’habitants s’élevait à 1 098 ; en 1831 à 1 286 ; en 1901 à 1 542. En 2018, il était de 1 288. Son plus bas niveau était descendu à 1 086 en 1982 et le plus haut avait atteint 1 640 en 1886.

— Altitude : 112 à 192 m. — Superficie : 35,78 km2. — Cours d’eau : l’Ouanne.

Cette commune, dépendant de l’ancien canton de Château-Renard (actuellement Courtenay) et de l’arrondissement de Montargis, était une importante agglomération gauloise. Elle possédait, outre des thermes et un imposant théâtre pouvant contenir jusqu’à 9 000 spectateurs, un oppidum surplombant les environs.

Elle aurait vu naître sainte Alpaix, sainte gâtinaise, patronne de la Nasa.

Comme on le voit sur cette carte, la commune s’étend, de façon presque égale, de chaque côté de l’Ouanne, cette rivière qui prend sa source dans la commune d’Ouanne, à une cinquantaine de kilomètres de là, dans l’Yonne.

Quand j’étais enfant et que, sur la rive droite de l’Ouanne, on parlait d’une personne de la rive gauche, on disait qu’ « elle était de l’autre côté de l’eau (de l’autre couté de l’iau »).

Notes : Marie Jeanne VILAINE est née le 27/07/1791, La Selle-en-Hermois
Elle se marie à Saint-Germain, le 28/01/1823, avec Nicolas Pingrin, né à Triguères en 1792 et décédé en 1857. Le père de Marie Jeanne était décédé à Triguères, le 26/01/1823, manœuvre à Triguères, la Moutinière.

♣♣ Recensement de 1836 : (Pop. 1 291 habitants, dont 134 au chef-lieu).
Ce registre étant incomplet, et me basant sur le recensensent suivant, j’en déduit les informations suivantes (à tort ou à raison), que la famille Pingrin demeurait déjà aux Brangers :

•• Pingrin Nicolas, manœuvre, 46 ans, • Villaine Marie, sa femme, 47 ans,
•• Pingrin Auguste, leur fils..
•• Dumoulin Paul dit Truber Paul, 10 ans, en nourrice • Margain Adèle, en nourrice.

Secteur de Triguères où Paul Louis a vécu plusieurs années.

♣♣ —Recensement de 1841 : 1 (Pop. 1 395 habitants, dont 279 au chef-lieu), en cette année 1841, Hameau des Brangers, situé sur la sur la rive gauche de l’Ouanne Triguères compte 1 395 habitants, soit 662 du sexe masculin (400 garçons, 237 hommes mariés et 25 veufs) et 733 du sexe féminin (431 filles, 242 femmes mariées et 60 veuves).
Hameaux de la rive gauche de l’Ouanne

♣♣ 2. Année 1841, 15/26.
•• Pingrin Nicolas, manœuvre •Villaine Marie, sa femme
•• Pingrin Auguste, leur fils
•• Paul Dumoulin, dit Truber Paul, en nourrice, enfant trouvé, • 15.2. Adèle Margain, en nourrice, enfant trouvé,

3. En cette même année 1841, il a été recensé 35 enfants trouvés, garçons et filles.
Ils portent tous la mention « enfant trouvé », sauf un seul « enfant du domaine » ou « en nourrice ».

Parmi cette liste, nous avons :
François Davilliers berger chez, chez Olivier Gamet, fermier à Courtoiseau,
Esther Discoride, domestique chez chez Jean-Baptiste Imbert, propriétaire à la Barre,
Pierre Corby, domestique chez François Baratin, fermier aux Perrets,
Madeleine Lacour, bergère chez Toussaint Jolly, manœuvre à la Caille, enfant du domaine,
Auguste Collet, domestique chez François Cachon, propriétaire aux Bourgoins,
Anne-Caroline Manceau, domestique, chez François Gallois, fermier aux Petits-Salmons,

♣♣ Année 1846, 14/29, La Moutinière (1 490 habitants, avec 195 maisons et 313 ménages).
• Pingrin Nicolas, 56 ans, manœuvre, • Villaine Marie, 57 ans, sa femme
• Trubert Paul, 20 ans, enfant trouvé.

♣♣ Année 1851, 25/51, La Moutinière (1 439 habitants, dont 15 métayers ou colons).
•• Pingrin Nicolas, 62 ans, colon fermier*, • Vilaine fme Pingrin, Marie-Anne, 63 ans
•• Dumoulin Paul, 25 ans, domestique,

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Note : Colon, fermier partiaire. Fermier qui partage avec le propriétaire les récoltes, le cheptel et les produits fermiers.
• Métayage, c’est un type de bail rural dans lequel un propriétaire, le bailleur, confie à un métayer le soin de cultiver une terre en échange d’une partie de la récolte.
(En 1851, Triguères comptait 15 métayers ou colons.)

♣♣ Année 1856, 13/28, Les Donons ( supposé) [ Pop. 1 457 habitants, dont 337 maisons et 355 ménages ],
•• Cachon Anne, veuve Bailly, 50 ans, manœuvre,
•• Bailly Élisa, 20 ans, sa fille
•• Dumoulin Paul, 30 ans, son gendre • Bailly (Cachon) Angélique, femme Dumoulin, 22 ans, sa fille
•• Dumoulin Paul, 2 ans • Dumoulin Émile, 3 mois, leurs enfants
►Note : Cachon Anne, veuve Bailly
•• Mariée le 11 juillet 1848, à Étienne Bailly, de Montcorbon • Mariée le 12 juillet 1831 avec Cachon Jacques Louis • Mariée le 8 nov. 1858, à Bourdin François Pavace, 1793, de Chuelles
•• Décédée le 22/08/1883 à Triguères, 77 ans

♣♣ Année 1859, 14/27, les Donons [ non renseigné ],
•Dumoulin Paul, 33 ans
• Dumoulin Paul, 5 ans, • Dumoulin Émile, 3 ans, ses enfants.
Note : Victoire Angélique n’y figure pas.

♣♣ Année 1861, 12/30, Avallon [ Pop. 1 534 habitants, dont 212 agglomérée ],
• Dumoulin Paul, 35 ans, journalier, • Cachon Angélique, 27 ans, sa femme
• Dumoulin Paul, 7 ans, • Dumoulin Émile, 5 ans, leur fils, • Dumoulin Eugène, 2 ans, leurs enfants

♣♣ Année 1866, 9/30 Fontaine-le-Beau : [ Pop. 1 601 habitants ],
• Dumoulin Paul, 40 ans, cultivateur • Cachon Victoire Angélique, 32 ans, sa femme,
• Dumoulin Paul Louis, 12 ans • Dumoulin Émile Désiré, 10 ans • Dumoulin Eugène Hippolyte, 7 ans, leurs fils
• Rameau Adèle, 19 ans, domestique

♣♣ Année 1872, 7/30 : Avallon [ 1572 habitants, 237 au bourg ]
• Dumoulin Paul, 46 ans, cultivateur, chef de ménage • Cachon Angélique, 38 ans, sa femme
• Dumoulin Eugène, 1 an ½, leur fils
► En marge, les trois noms sont rayés, et il est mentionné « hors du départ. » Quelle signification ?

♣♣ Année 1876, 17 /31 : les Brangers, [ Pop. 1 626 habitants, dont 272 au chef-lieu ],
• Dumoulin Paul, 50 ans, cultivateur, chef de ménage, • Cachon Angélique, 43 ans, sa femme,
• Dumoulin Paul, 23 ans, • Émile, 20 ans, • Eugène, 19 ans, • Marcel, 5 mois, leurs enfants,
• Cachon Anne, 70 ans, belle-mère, mère d’Angélique,
• Chaton Claire, 15 ans, domestique.

♣♣ Année 1881, 28/30, les Brangers [ Pop. 1 616 habitants, dont 272 au chef-lieu ],
•• Dumoulin Paul, 55 ans, cultivateur fermier, ch. de ménage • Cachon Angélique, 47 ans, sa femme,
•• Dumoulin Désiré, 25 ans, • Dumoulin Marcel, 5 mois, leurs fils
•• Cachon Anne veuve, 75 ans, leur mère,
•• Godon Louise, 14 ans, cultrice, domestique.

♣♣ Année 1886, 28/30, aux Brangers : [ Pop. 1 640 habitants, dont 274 au chef-lieu ],
• Dumoulin Paul, 60 ans, cultivateur fermier, ch. de m., • Cachon Angélique, 52 ans, sa femme,
• Dumoulin Désiré, 30 ans, culivateur, • Dumoulin Marcel, 9 ans, leurs fils,
• Berthelot Sidonie, 15 ans, domestique.

♣♣ Année 1891, 27/30, aux Brangers [ Pop. 1 588 habitants, dont 275 au chef-lieu ],
• Dumoulin Paul Louis, 65 ans, cultivateur fermier, ch. de m., • Cachon Angélique, 57 ans, sa femme,
• Dumoulin Arsène, Aldre , 14 ans, cultivateur, leur fils,
• Chabasoult Marie, 15 ans, domestique.

♣♣ Année 1896, 27/29, aux Brangers [ Pop. 1 551 habitants, dont 301 au chef-lieu ],
• Dumoulin Paul, 70 ans, cultivateur, chef, • Cachon Angélique, 62 ans, sa femme,
• Dumoulin Marcel, 19 ans, culivateur, leur enfant,
• Couilleaux Valentine, 16 ans, domestique.

♣♣ Année 1903, à Avallon :
Dumoulin Paul, 78 ans, décède en son domicile, le 21/02/1904,
( Cachon Angélique, 67 ans, sa femme, demeure au même lieu. )

♣♣ Année 1904, le 23 août, Liquidation – Partage Dumoulin – Étude de Me Lombardat, notaire à Douchy (Loiret) (voir copie de l’acte au chap. 5).

V. L’énigme va-t-elle être résolue ?

Un Dernier Tour de PISTE !

Rappelez-vous les indications données par mon oncle Georges précédemment !
Cerise sur le gâteau (et là j’étais bien dubitatif) il avait donné une conclusion improbable et énigmatique à mes yeux.

« Juste après le décès de mon grand-père, Paul-Louis, il est arrivé une certaine somme d’argent qui lui était destinée, et qui a été remise à Victoire Angélique, ma grand-mère.

Cette somme, quatre mille francs-or, était arrivée à la cure de Triguères et avait transité par celle de Baigneux-les-Juifs. Elle a été distribuée aux quatre enfants du couple. »
Si elle provenait de Françoise Bénigne, il faut préciser qu’elle était décédée en 1886. Il y aurait un mystère à éclaircir … si c’était possible.
Et l’affaire en est restée là !

Il y a peu de temps, par curiosité, j’ai mis le nez dans des papiers de famille.
J’avais en main, l’acte après décès de Paul Louis. La vérité allait-elle surgir.

— 23 Août 1904
Liquidation – Partage Dumoulin – Étude de Me Lombardat, notaire à Douchy (Loiret)
Note : l’acte recopié ci-dessous ne reprend que les parties qui nous intéressent.

Ont comparu :

1ent Madame Angélique Cachon, propriétaire, demeurant à Sablons, commune de Triguères, veuve de M. Paul Dumoulin D’une Part
2ent Monsieur Paul Dumoulin, propriétaire, demeurant aux Grands Marteaux, commune de Triguères.
3ent Monsieur Désiré dit Émile Dumoulin, cantonnier, demeurant aux Glaudins, commune de Triguères.
4ent Monsieur Alphonse Désiré Pâtureau, clerc de notaire, demeurant à Douchy ;
« Agissant au nom et comme mandataire de :
1° Monsieur Eugène Dumoulin, marchand de vins, demeurant à Montmorency, Place de la Mairie aux termes des pouvoirs qu’il lui a donnés suivant procuration reçue par Me Paul Dupont, notaire à Montmorency,…
2° Monsieur Arsène Alexandre Dumoulin, négociant, demeurant à Forges-les-Eaux (Seine Inférieure) , aux termes des pouvoirs qu’il lui a donnés suivant procuration reçue par Me Georges Videcoq, notaire à Forges les Eaux,…
Ensemble d’autre Part
Lesquels préalablement à la liquidation et à la donation libre de partage anticipé, objets des présentes ont exposé ce qui suit :

Exposé :
I. Monsieur Paul Dumoulin en son vivant propriétaire demeurant à Vallon (Avallon), commune de Triguères est décédé en son domicile le vingt et un février mil neuf cent quatre laissant :
Made Dumoulin, sa veuve comparante :
“ Commune en biens aux termes de leur contrat de mariage reçu par Me Doin, notaire “ à Douchy, le quatorze mai mil huit cent cinquante-trois ;
“ Donataire de son défunt mari d’une somme de Deux cents francs, aux termes dudit “ contrat de mariage, à prendre sur les plus clairs biens et deniers de la succession de “ M. Dumoulin.
“ Ayant droit en vertu de la loi du neuf mars mil huit cent quatre vingt onze à l’usufruit du quart des biens de la succession de son mari.
Et pour seuls héritiers chacun pour un quart :
M. M. Paul Dumoulin, Désiré dit Émile Dumoulin, Eugène Dumoulin et Arsène Dumoulin sus nommés.
Ses quatre enfants issus de son union avec son épouse survivante.
Ainsi que ces qualités sont constatées par un acte de notoriété au décès de M. Paul Dumoulin dressé par Me Lombardat, notaire soussigné, le quinze mai mil neuf cent quatre.

4°. La somme de Quatre mille francs due par M. Eugène Dumoulin, montant de plusieurs prêts verbaux, ci … 4 000,00
Et les intérêts de cette somme à quatre pour cent courus du premier Janvier mil neuf cent quatre au décès, soit vingt deux francs soixante dix centimes, ci .. ; 22,70
Ensemble : Quatre mille vingt-deux francs, soixante-dix centimes, ci … 4 022,70
5°. La somme de Deux mille francs due par M. Paul Dumoulin fils sus-nommé, montant de plusieurs prêts verbaux, … 2 000,00
Et les intérêts de cette somme à quatre pour cent courus du premier Janvier mil neuf cent quatre au décès, soit Onze francs, trente-cinq centimes, ci … 11,35
Ensemble : Deux mille onze francs, trente-cinq centimes, ci … 2 011,35
6°. La somme de Deux mille deux cent cinquante francs due par M. Arsène Dumoulin sus-nommé, montant de plusieurs prêts verbaux, … 2 250,00
Et les intérêts de cette somme à quatre pour cent courus du quinze Juillet mil neuf cent trois au décès, soit Cinquante-neuf francs, quatre-vingt centimes, ci … 59,80
Ensemble : Deux mille trois cent neuf francs, quatre-vingt centimes, ci … 2 309,80
7°. La somme de Mille francs, due par M. Émile Dumoulin, sus-nommé, montant d’un prêt verbal, ci … 1 000,00
Et les intérêts de cette somme à quatre pour cent courus du Quinze Juillet mil neuf cent trois au décès, soit Vingt-trois francs, quatre-vingt-dix centimes, ci … 23,90
Ensemble : Mille vingt-trois francs, quatre-vingt-dix centimes, ci … 1 023,90

Dans cet acte, des pistes intéressantes. Mais est-ce que ce sont les bonnes ?

• 1826. 25/01. Paris. Naissance de son fils Paul Louis
— Il s’agit de Paul Louis, né le 14 janvier 1826, dont nous avons déjà parlé au chapitre II. II b.

Il est impossible de faire la vérité sur les circonstances qui ont “contraint” Bénigne à gagner Paris pour mettre son enfant au monde et de l’abandonner.

Une hypothèse : Bénigne était chez ses parents à Aignay-le-Duc et son père était huissier royal. Il était inconcevable pour une famille de notable qu’elle compte une fille-mère. La suite qui en découle s’imagine aisément.

† Après le décès de son père l’année précédente, le 25 août 1825 et la naissance de Paul Louis, le 14 janvier 1826, Bénigne a dû regagner Aignay-le-Duc, avec l’assentiment de sa mère Marguerite qui, nous allons le voir, était présente et consentante lors du mariage de sa fille le 16 novembre 1829 (voir plus loin IV 4 c).

VI. L’enfant trouvé

Le but de cette mini-chronique familiale a été de mieux connaître mon arrière-grand-père, à travers les différentes sources possibles, et de le transmettre à ses descendants et, pourquoi pas, à tous les passionnés de généalogie.

L’histoire de cet aïeul, monnaie courante au dix-neuvième siècle, n’est pas banale, même s’il s’est présenté, à travers notre pays, des cas plus ou moins similaires.

Ce que je retenais, sans plus, c’est que cet aïeul était un “enfant trouvé” dont la mère était native de Côte-d’Or et que le père de celle-ci était “notaire royal”.

Au dix-neuvième siècle, les enfants abandonnés, appelés enfants trouvés à Paris, enfants exposés à Montargis, étaient monnaie courante. Leur espérance de vie était très aléatoire : l’hygiène manquait, les maladies nombreuses et les conditions déplorables dans les foyers, souvent misérables, où ils étaient en nourrice.

Mes observations et interrogations :

• Nous arrivons à l’affirmation de l’oncle Georges. Il m’avait indiqué que son aïeule – et la mienne – était originaire de Baigneux-les-Juifs (et non Bagneux) en Côte-d’Or. Il connaissait ce village pour y être passé. Cela devenait une nouvelle piste à explorer.

• Dans cet acte, on découvre un indice fort intéressan. Paul Louis portai, suspendue à son cou, une boucle d’oreille en or pendue à une ganse de soie, où figuraient les lettres F. B., soit Françoise Bénigne. On peut penser que sa mère n’avait pas abandonné son fils de gaieté de cœur et qu’elle désirait garder un lien, dans l’espoir, peut-être de le récupérer un jour .

• Elle l’avait fait baptiser…

VII. Derniers clins d’œil !

Rappelez-vous la boucle d’oreille, avec les initiales de François Bénigne. Ce qui, vraisemblablement, signifiait qu’un lien devait perdurer entre la mère et son fils.

Les actes de naissances comportent souvent la transcription des billets laissés dans les langes des enfants remis à l’Hospice de Montargis. En voici deux consultés parmi des dizaines) et qui, à mes yeux sont très parlants.

Louis Auguste Cantemio « Une enfans malle enregitré à la Mairie portant le nom de Louis Augute ge désire que l’on lui donne les meme nom ayant intention de ne pas l’abandonné je désire que ce soit le portier et sa famme qui soit le parain et la maraine je les irait voir un plus plus tard ».

Henriette Joséphine Clémentine Bacq : « Pauvre infortunée puisse le ciel exaucer mes vœux les plus chers en me permettant bientôt de jouir des prérogatives accordées à une mère par la possession de celle qu’elle a porté dans son sein. »

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— Victoire Angélique Cachon et Paul Louis Dumoulin se sont mariés le 5 septembre 1853.

Les médaillons ci-dessous proviennent de photocopies adressées par l’un de mes cousins, Daniel.

J’émet une hypothèse : les intéressés étaient “endimanchés” et les photos originales peuvent avoir été prises lors de leurs noces d’or, le 5 septembre 1903.

« Bourguignon de souche, trop vite abandonné,
Parisien trouvé de naissance, très éphémère,
Gâtinais confié et localement ancré,
À jamais demeuré dans le cœur de sa mère. »

(En guise d’épitaphe qui aurait pu figurer sur la tombe de Paul Louis Dumoulin, mon arrière-grand-père).

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7 Messages

  • Oui, c’est un travail remarquable et bien traduit. La lecture en est aisée.
    Les "légendes familiales" : à ne jamais évacuer rapidement. Elles sont souvent un peu dénaturées, mais il y a toujours un fond de vérité. Il faut prendre la pelote de laine, trouver un fil, puis deux ... puis continuer à remonter pour tout démêler. Beaucoup de travail, beaucoup de recherches, mais le résultat est là, bravo !
    Parfois on trouve "un secret de famille", et on comprend pourquoi seules quelques bribes sont passées. C’est toujours passionnant.

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  • Ce travail remarquable de Daniel Dumoulin est donc une forme de testament : Daniel Dumoulin nous a quittés le 7 septembre à l’âge de 85 ans. Passionné d’histoire locale, il a édité son premier livre "Les Chroniques Insolites de Triguères" en 1993. C’était la transcription des cahiers de son grand-père, oubliés au fond de son grenier depuis 50 ans. Il offrira aux lecteurs en 2007 "Alauda, esclave celte", paru aux éditions de l’Écluse. Mais la grande affaire de sa deuxième ou troisième vie, c’est en 1996 la création de l’association Epona, dont il assurera la présidence jusqu’en 2010, prenant en charge aussi la fabrication du bulletin. Il se dépensera sans compter pour faire grandir cette association d’art et traditions populaires du canton de Château-Renard – à une époque où les cantons étaient de taille humaine… On se demandait parfois où Daniel puisait autant d’énergie. Peut-être dans cette note de son grand-père : « Mon secret du bonheur : respecter autrui, apprécier le moindre petit rien, ne jamais se lamenter, ne pas se prendre au sérieux. » Ne pas se prendre au sérieux ? Daniel a avoué un jour que les cahiers de son grand-père n’existaient pas, qu’il avait inventé toutes les chroniques de Triguères. Elles n’en sont que plus vraies, parce que profondément humaines. Comme Daniel.
    G. Baumgartner, président de la Société d’Emulation de Montargis

    Répondre à ce message

  • Je connais bien le sujet des enfants assistés pour y avoir consacré 3 ans de ma vie et écrit un livre.
    Cet enfant n’est pas un enfant trouvé puisque sa mère est connue en 1825. C’est un enfant abandonné.
    Un enfant trouvé est un enfant déclaré de père et mère inconnus.
    décret impérial du 19 janvier 1811

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  • Merci pour cette passionnante histoire que j’ai lu tout de go ! Et quel travail de fourmis vous avez effectué. Mais cela vaut le coup et bien heureux à vous d’avoir gardé les paroles de l’oncle quelque part dans votre mémoire.
    J’ai dans ma famille du côté paternel, une enfant abandonnée en 1805 à Lyon, j’aurais bien aimé que Vous lisiez son histoire. Malheureusement un membre de ma famille n’a pas souhaité qu’elle reste dans la gazette.
    Je trouve très beau de faire revivre L’histoire de ces aïeux à la vie, quelque peu mouvementé dès leur naissance.
    Merci encore et bien cordialement.
    Sandrine 🌸

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  • Bel article lecture passionnante, merci

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  • Certains départements ont gardé les déclarations de grossesse
    de plusieurs siècles rendues obligatoires par l’édit d’Henri II puis confirmées par Louis XIV et toujours en application à cause d’infanticides..J’ai moi-même cherché mais malheureusement elles n’ont pas été toutes gardées dans le PdC...On y trouve le nom du père parfois...

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  • Tout à fait passionnant ! bravo pour ces recherches !

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