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L’abbé Simon Lominy, aumônier des mendiants

Le vendredi 3 février 2023, par Michel Guironnet

Dans l’enclos de la famille Faure, au cimetière de Saint Clair du Rhône, une modeste croix m’a intrigué.
« Ici repose l’abbé Simon Lominy décédé à Saint Clair le 10 mai 1899 à l’âge de 78 ans ».
Qui était ce prêtre et pourquoi est-il inhumé avec la famille Faure ?

Simon Marie Lominy nait le 21 août 1822 à Saint Rambert l’Ile Barbe ; fils d’Antoine « fabricant d’étoffe de soye », 27 ans, et de Jeanne Joséphine Mulin, 20 ans. Il est l’aîné de la famille.

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Naissance de Simon Lominy

Ses parents se sont mariés à Saint Rambert l’Ile Barbe le 15 novembre 1821 [1].
Le couple Lominy est voisin de la famille Brédy. Joseph Bredy a épousé Anne Mulin, la sœur de Jeanne Joséphine, le 23 juin 1818 à Saint Rambert.

La soeur de Simon, Claudine Françoise, nait à St Rambert l’Ile Barbe le 13 septembre 1823 ; elle meurt à presque 8 ans le 12 mai 1831.
Sa deuxième soeur, Andréa Joséphine, naît à St Rambert l’Ile Barbe le 23 février 1828. Son père « Sieur Antoine François Lominy » est toujours « fabricand detoffe de soie » mais il est dit « demeurant à la Croix Rousse, faubourg de Lyon »

Dans le recensement de 1836, Antoine François est « cabaretier » à St Rambert l’Ile Barbe. Simon, 14 ans, vit encore avec ses parents et sa sœur. En 1846, Antoine est dit « aubergiste ».

Ordonné prêtre

Simon n’est plus présent en 1846 car il est entré au séminaire, vraisemblablement le Petit Séminaire de Saint-Jodard puis au Grand Séminaire Saint-Irénée à Lyon. Il est ordonné prêtre en 1847 à 25 ans.
Pour sa première affectation, il est envoyé comme vicaire à Chazelles sur Lyon. Il exerce sa mission aux côtés du curé Henry Thevenet et du vicaire Antoine Bras.

Son père François Antoine Lominy « aubergiste » meurt « en son domicile à cinq heures du soir » à Saint Rambert l’Ile Barbe le 18 mai 1852. Il n’a que 57 ans. C’est son « beau-frère » Joseph Brédy, 63 ans, jardinier, et son neveu Simon Brédy, 33 ans, menuisier, qui déclarent le décès le lendemain.

Le 11 avril 1853, à St Rambert, Andréa Joséphine Lominy épouse Louis François Danguin.
Sont témoins au mariage :

  • « Simon Marie Lominy, âgé de trente ans, vicaire demeurant à Chazelles sur Lyon (Loire) frère de l’épouse »
  • François Barriot, 40 ans, « fabricant d’étoffes de soie demeurant à la Croix Rousse »
  • Joseph Brédy, 64 ans, jardinier, « oncle de l’épouse »
  • Simon Brédy, 34 ans, menuisier, « cousin germain de l’épouse »

En 1858, Simon Lominy remplace comme vicaire à Pélussin Pierre Marie Dechelette, vicaire nommé en juin curé d’Estivareilles. Il aide Jean Baptiste Laurent, vicaire du curé Jean Baptiste Vial « curé de canton » à l’église Saint Jean.

« Aumônier du dépôt de mendicité »

La "Semaine religieuse de Lyon" du 2 janvier 1864 annonce que "M. l’abbé Lominy, vicaire de Saint-Jean, à Pélussin, a été nommé aumônier du Dépôt de Mendicité, à Albigny".

Dans son livret [2], Ennemond FAYARD indique qu’en 1829 le nombre de mendiants à Lyon a beaucoup augmenté. Le ralentissement des activités industrielles et commerciales et le chômage de la Fabrique en sont la cause.
« Des hommes, des femmes et des enfants, la plupart étrangers à la ville et couverts de haillons, étalaient sur les places publiques, sur les ponts et surtout aux abords du sanctuaire de Notre-Dame de Fourvières, des infirmités le plus souvent simulées. Ils poursuivaient les passants de leurs importunités, et elles étaient d’autant plus persistantes qu’elles n’étaient point réprimées. »
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Albigny sur Saône, le dépôt de mendicité
Photographes en Rhône-Alpes

Robert Perradin dans son livre [3] explique : l’ouverture prochaine du Dépôt est annoncée officiellement par un décret du Sénateur Vaïsse en date du 1er mars 1860 :

  • « Article premier : A partir du 16 août 1860, le Dépôt de Mendicité d’Albigny remplira, pour le département du Rhône, la double destination indiquée par le décret du 5 juillet 1808.
    En conséquence, cet établissement sera ouvert :
    1. Aux individus qui auront subi une condamnation pour délit de mendicité.
    2. A ceux qui, sur leur demande, et après que leur indigence absolue aura été régulièrement constatée, seront autorisés par nous à y rentrer.
  • Article 2 : A partir de la même époque, la mendicité est interdite dans toute l’étendue du département du Rhône, et tout individu valide ou non, qui aura été surpris mendiant, sera arrêté et mis à la disposition de l’autorité judiciaire. »

Concernant cette interdiction, l’arrêté indiquait « qu’il sera placé aux principales entrées de chaque commune, sur les panneaux indicateurs des routes et aux limites du département, une inscription portant : « La mendicité est interdite dans le département du Rhône »

Dès le 20 juillet 1860, un nouvel arrêté du préfet Vaïsse, précisait aux communes dans quelle proportion elles auraient à contribuer au prix de journée pour leurs ressortissants admis volontairement. Le dit prix était fixé à 0,75 franc, participation calculée d’après leurs revenus.
Il précisait aussi que : « l’interdiction de la mendicité aura pour effet de faire disparaître les mendiants de profession qui exploitent la charité privée au préjudice de la véritable indigence. On ne verra plus ces individus nomades exercer, en société ou isolément, leur honteuse industrie et détourner à leur profit, par des obsessions ou des menaces, les ressources de la bienfaisance particulière qui doivent être employées exclusivement en faveur des indigents sédentaires ».

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Extrait du recensement d’Albigny pour 1866
6 M 223 récapitulatif aux archives du Rhône
En 1866, au dépôt de mendicité, sont recensés "159 garçons (des célibataires de tous âges), 37 hommes mariés, 87 veufs" soit 283 hommes. Du côté des femmes, elles sont 195 : "113 filles (célibataires de tous âges) 31 mariées, 51 veuves". La population du dépôt de mendicité est au total de 478 personnes sur 910 habitants à Albigny sur Saône.

Dans le recensement d’Albigny sur Saône de 1866, dans la "population éparse" [4], sont mentionnés le directeur du dépôt, Alphonse Dominique Meyssonnier, 70 ans ; Louise Chantron, son épouse, 60 ans.
Sont recensées également les employés du dépôt et leurs familles : domestiques, concierge, receveur économe, surveillants, receveur des ateliers...
Sont nommées également les 18 Soeurs de la Congrégation de Saint Joseph de Lyon, sous la direction de leur Mère Supérieure, dans le civil Victoire Epitalon (40 ans). Elles sont chargées de l’assistance et des soins aux mendiants.

Recensé aussi, bien évidemment :

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"Lominy Simon, aumônier"

Simon Lominy assiste les mourants et célèbre les funérailles dans la chapelle du dépôt. La mortalité est très élevée parmi les vagabonds et mendiants hébergés. Durant quatre ans et demi, de janvier 1864 à fin juillet 1868, plus de 600 pensionnaires décèdent.
Beaucoup des actes de décès rédigés en mairie sont indiqués "sans domicile fixe". Les déclarants sont, pour la plupart, Jean Antoine Souche et Jean Baptiste Gay "tous deux employés au dépôt de mendicité".
Tous sont enterrés dans le cimetière communal, dans un carré particulier. Au fil des ans, malgré des agrandissements, le cimetière ne suffit plus ! En 1882 est ouvert un cimetière réservé aux inhumations du dépôt.

Curé à Pouilly sous Charlieu

Dans le recensement de 1866 de Pouilly sous Charlieu sont inscrits Pierre Léon Alesmonière « desservant chef », 58 ans, et Jean Claude Hebrard, son vicaire de 34 ans. Jeanne Simon, « rentière, mère du chef » 75 ans (veuve Alesmonière) vit avec eux au presbytère. Françoise Marens, 52 ans, est à leur service comme « domestique ».

En juillet 1868, Simon Lominy est nommé curé de Pouilly sous Charlieu en remplacement de Pierre Alesmonière…et ce dernier prend sa place d’aumonier au dépôt de mendicité d’Albigny ! [5].

Dans le recensement de Pouilly sous Charlieu pour 1872, après « Lominy Simon Marie, chef, (curé) desservant », est inscrite « Mulin Jeanne Josèphe, mère du chef » la mère du prêtre. Elle décède, âgée de 75 ans, à Pouilly sous Charlieu le 25 septembre 1874.

Un poète nourri de la lecture de la Bible.

En 1869, l’abbé Lominy écrit "La Rome des Gaules et le Concile du Vatican" pour le recueil de poésies « La France à Rome. Album de la poésie catholique à l’occasion du concile œcuménique ». L’album, après avoir été offert au Souverain Pontife, est édité sous la direction de Adrien Péladan, à Lyon, en 1870 [6].

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Poème

Noces d’Or sacerdotales

Le 15 juin 1897, Simon Lominy célèbre ses noces d’or sacerdotales, 50 ans de prêtrise, à Fourvière :
« Le mardi, 15 juin, Son Eminence le cardinal archevêque de Lyon…à 10 heures 1/2, préside solennellement dans la basilique les noces d’argent des prêtres ordonnés en 1872.
A cette cérémonie s’unissaient de cœur et d’âme les vénérables jubilaires des noces d’or. Nous en retrouvons cinq de survivants à l’ordination de 1847 :
1er Sa Grandeur Mgr Gouthe-Soulard, archevêque d’Aix,
2e M. le chanoine Vettard, aumônier des sœurs de Saint-Charles, ancien supérieur des Minimes et de Montbrison,
3e le R. P. Antoine Martin, supérieur général de la Société de Marie,
4e M. J.-Cl. Genillon, curé de Grandris,
5e M. Lominy, curé de Pouilly-sous-Charlieu, qui se trouvait seul présent à la cérémonie de la basilique. Les autres, qui nous ont précédés, nous attendent au ciel pour le jubilé sans fin »

Joseph Guy le remplace en 1897 à la tête de sa paroisse .

"Chapelain privé"

Il devient alors « aumônier » ou « chapelain privé » (selon les sources) de « Monsieur Jullien ». Né à Lyon le 23 juillet 1823, Alexandre Jullien est un personnage considérable dans toute la région [7], il habite son château de Virieu, en haut de Pélussin. Les deux hommes s’apprécient depuis que Lominy a été vicaire de la paroisse Saint Jean et sont restés en contact.

Alexandre Jullien réside de plus en plus souvent au château de Burieu, à Saint Clair du Rhône, propriété de sa famille par héritage de son cousin Emile Faure. C’est là qu’il meurt le 4 février 1898.

L’abbé Simon Lominy décède à l’âge de 76 ans le 10 mai 1899, « dans le château de Mr Jullien situé au hameau de Burieu, sur Saint Clair du Rhône ».

« L’an mil huit cent quatre vingt dix-neuf, et le dix mai, à trois heures du soir, par devant nous Antoine Valin, maire, officier de l’état-civil de la commune de Saint Clair du Rhône, canton de Roussillon, département de l’Isère ; sont comparus Joseph Levet, âgé de quarante neuf ans, régisseur ; Jean Genevrier, âgé de trente cinq ans, jardinier ; tous deux domiciliés en notre commune, non parents mais voisins du défunt ; lesquels nous ont déclaré que Simon Marie Lomigny, âgé de soixante seize ans, ex-desservant, domicilié à Saint Clair du Rhône, né à Saint Rambert l’Ile Barbe (Rhône), fils des défunts Antoine Lomigny et de Jeanne Joséphine Mulin, de leur vivant fabricants d’étoffes de soie en cette dernière ville, célibataire ; est décédé aujourd’hui à six heures du matin, dans le château de Mr Jullien situé au hameau de Burieu, sur Saint Clair du Rhône.
Après nous être personnellement assuré du décès, nous avons dressé le présent acte que nous avons signé avec les déclarants après lecture à eux faite. Le Maire Valin, Levet, Genevrier »

L’abbé Simon Lominy repose aux côtés des Faure, bienfaiteurs de la paroisse et de la commune.

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La croix sur la tombe de l’abbé Lominy

[1Antoine Lominy est né à Belleville sur Saône le 27 germinal An III (16 avril 1795) et Jeanne Mulin est née à Couzon le 27 germinal An X (18 avril 1802)

[2Le Dépôt de Mendicité d’Albigny", publié en 1860

[3"Le dépôt de mendicité ; brève histoire de l’hôpital d’Albigny, de 1857 à 2017" publié en 2017

[46 M 223 Archives du Rhône

[5Pierre Léon Alesmonière, né à Charlieu le 2 avril 1807, fils de François Alesmonière et Gabrielle Simon, finira sa vie à « l’hospice des prêtres » de Vernaison le 30 octobre 1884.

[6Consultable sur Gallica : Identifiant : ark :/12148/bpt6k5699007m

[7Maire de Pélussin (Loire) pendant plus de vingt ans, Chevalier de la Légion d’Honneur depuis août 1865, ancien député et membre du conseil général de la Loire...entre autres !

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2 Messages

  • L’abbé Simon Lominy, aumônier des mendiants 4 février 2023 11:34, par Mathieu Françoise

    Merci monsieur Guironnet pour votre contribution à cette gazette. Vos histoires sont toujours intéressantes à lire et j’imagine le plaisir que vous prenez à faire ces recherches. Cordialement.

    Répondre à ce message

    • L’abbé Simon Lominy, aumônier des mendiants 4 février 2023 12:41, par Michel Guironnet

      Bonjour Françoise,

      Merci pour votre sympathique commentaire.
      Vous imaginez bien : les recherches historiques et généalogiques sont un vrai plaisir pour moi...et aussi d’en rédiger le résultat pour le faire partager à d’autres passionnés !

      Cordialement.
      Michel Guironnet

      Répondre à ce message

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