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La marine à voile en mode "Jeu d’ l’oie"

Les "Jeux de la Marine"

Le jeudi 30 mars 2017, par Philippe de Ladebat

La Marine à voile française, son histoire, ses grands hommes, ses vaisseaux et son vocabulaire particulier sont amplement décrits et expliqués aujourd’hui dans des livres et sur le web ; quant au jeu de l’oie, sa généalogie, sa pratique et ses milliers de représentations, il est aussi l’objet de nombreuses études et commentaires de la part de collectionneurs « ocaludophiles », d’amateurs ou de joueurs.

On recherchera vainement par ailleurs des exemples ou des évènements rapprochant les oies des bateaux de mer sauf à évoquer, pour nos lecteurs voileux ornithologues, la présence souvent constatée en hiver d’oies bernaches cravant migratrices sur le pont de voiliers au mouillage dans le golfe du Morbihan ou le bassin d’Arcachon.

C’est donc à la rencontre insolite et improbable de ces deux univers qu’il sera question ici, celle de la Marine à voile et de l’oie dans ce qu’il est convenu d’appeler les « Jeux de la Marine ».

Brève généalogie du « noble jeu de l’oie »

Les origines encore incertaines et discutées du jeu de l’oie, remonteraient pour certains à l’Égypte ancienne avec son « jeu du serpent », pour d’autres aux Romains qui l’auraient élaboré pour honorer les oies du Capitole qui les avaient avertis de l’assaut imminent des Gaulois ; pour d’autres enfin les origines du jeu de l’oie remonteraient à la Grèce antique dont les généraux auraient inventé ce jeu pour tuer le temps sur la plage devant Troie pendant les dix années du siège. Peut-être trouve-t-on une confirmation de cette hypothèse dans les intitulés des jeux de l’oie au XVIIIe siècle : « Nouveau jeu de l’oie, inventé par les Grecs, renouvelé et corrigé de nos jours » Sic.

En fait la première trace incontestable se trouverait à Londres en 1597 où un registre de jeux conservé au British Museum, répertorie « A new and most pleasant game of goose » (Un nouveau et très divertissant jeu de l’oie). Ensuite on note la référence du jeu de l’oie dans des catalogues de jeux italiens et c’est à Venise en 1640 que l’on trouve la première preuve matérielle visible de l’existence de ce jeu. Dès lors le jeu se répand en Europe occidentale, d’abord pour le divertissement des Princes, où il aurait même supplanté un temps les jeux d’argent. À l’origine les jeux sont réalisés en dominoterie par des graveurs sur bois qui une fois les dessins reproduits en noir et banc, les coloriaient au pochoir à la main ; ensuite les éditeurs passèrent à la taille-douce permettant de plus grands tirages ; enfin au début du XIXe siècle c’est la lithographie qu’utilisent les éditeurs et les jeux de l’oie pourront être reproduits en série et rendus ainsi accessibles à toutes les couches de la société.

On voit alors se multiplier les éditions de ce jeu imprimées sur papier fort ou carton, plus ou moins richement imagées et décorées, mais toujours sur un fond de parcours désormais immuable : une spirale centripète en trois larges spires superposées et divisées en 63 cases dans le sens antihoraire. Bénéfiques, dangereuses ou hasardeuses ces 63 cases se succèdent en ordre numérique croissant à raison de 7 séries de 9 cases. Toutes les cases multiples de 9 représentent classiquement une oie, ou « le vent en poupe » ou encore « un phare » pour les jeux de la Marine, toujours associées à une consigne ou un évènement favorable au joueur. Le jeu se pratique avec deux dés et des pions représentant une petite oie ou une figurine évoquant le thème du jeux comme un petit bateau pour les jeux de la marine. Les pions indiquent les places et les mouvements des joueurs qui avancent, stagnent ou reculent suivant les résultats des dés, les consignes données sur les cases ou dans les règles du jeu. Enfin on peut prévoir pour chaque joueur une dotation égale de jetons de payement ainsi qu’un pot commun de jetons. Le pot paiera les récompenses ou primes éventuelles et encaissera les pénalités ou amendes des joueurs.

C’est dans cette forme canonique et désormais fixe que les jeux de l’oie se développent, notamment en France dès le début du XVIIIe siècle, sous le vocable de « Nouveau jeu de l’oie, inventé par les Grecs, renouvelé et corrigé de nos jours ». Renouvelé et corrigé il l’a été de multiples fois au cours de trois siècles pour donner lieu à des compositions à visées de divertissement mais aussi éducatives, humoristiques, politiques ou de propagande. Le musée du Jeu de l’oie de Rambouillet avec ses 2500 jeux atteste cette diversité des présentations. Un historien des jeux, Henry d’Allemagne, recense et classe pour sa part 10.000 variantes !

Citons pour mémoire les grandes catégories de sujets faisant l’objet de jeux de l’oie telles que les recense René Poirier dans son ouvrage « Iconographie des jeux de l’oie de 1628 à 1950 » : la vie humaine, le droit, la morale, la religion, l’occultisme, la mythologie, les beaux-arts, la littérature, les spectacles, l’histoire, la géographie, les voyages, les sciences, les modes, les costumes, les aliments, les animaux, la flore, la publicité, les sports, l’héraldique, l’armée, la marine, etc. C’est donc parmi ces catégories encyclopédiques ajoutées au fil du temps en fonction des préoccupations du moment, que l’on trouve les jeux de l’oie prenant la Marine comme base de leurs illustrations et désignés sous les termes génériques de « Jeux de la Marine » ou « Nouveaux jeux de la Marine » royale ou impériale suivant l’époque. Précisons enfin que ces jeux concernent la Marine à voile, et principalement la Marine de guerre.

Les jeux de la marine

Le premier jeu de l’oie prenant comme sujet la Marine à voile française est daté de 1713. Parmi les sept « jeux de la marine » répertoriés (Voir références ci-dessous : Giochi dell’Oca par Luigi Ciompi & Adrian Seville), les six premiers élaborés entre 1713 et 1820 comportent des contenus des cases identiques ; seuls varient les motifs de décorations autour et au centre des spirales, ainsi que les commentaires sur les règles du jeu ou les ajouts à visées éducatives ou d’information inscrits au milieu du jeu.

Le septième et dernier « Jeu de la Marine » créé en 1860 par les imprimeries Pellerin à Épinal, reprend bien entendu la structure et les règles de base des jeux de la Marine précédents, mais il en diffère totalement quant aux contenus des cases et aux motifs des décorations.

= Deux visions de la Marine différentes mais complémentaires :
Les six jeux créés entre 1713 et 1820 privilégient surtout :

  • la navigation en général (situation du bateau, état de la mer, vents, marées, etc.) : 25 cases
  • les types de bateaux (vaisseau, galion, frégate, etc.) : 12 cases
  • les fortunes de mer (échouage, écueils, démâtage, naufrage, corsaire, etc.) : 7 cases.

Les autres cases sont vides de dessins ou représentent des figures différentes.

Les cases favorables multiples de 9 marquent « Vent en poupe » et la 63 marque « Bon port ».
La boussole et le Quart de cercle sont les deux seuls instruments de navigation présentés.

= Le jeu de 1860 privilégie surtout :

  • des personnages remarquables de la Marine (d’Estrées, Duquesne, Tourville, Suffren, etc.) :18 cases
  • des faits historiques maritime. (Calais 1558, La Rochelle 1628, Lorient1746, etc.) : 13 cases
  • des fonctions à bord (vigie, quartier-maitre, lieutenant, capitaine de vaisseau, etc.) : 7 cases.

Les autres cases sont vides de dessins ou représentent des figures différentes.

Les cases favorables multiples de 9 marquent « Phare » et la 63 marque « Port ».
La boussole est le seul instrument de navigation signalé.

Observons que bien peu reconnaissants à l’oie qui leur fournit pourtant leur support, aucun des jeux de la marine ne cite ou ne représente cet oiseau. Aucune référence dans leurs titres ni d’allusion dans les commentaires, notre humble palmipède n’a pas paru digne d’être associé un tant soit peu à notre Marine ; nous nous sommes efforcés ici de réparer cette ingratitude.

Outre les 7 jeux ci-dessus, René Poirier dans son ouvrage « Iconographie des jeux de l’oie 1838 – 1950 » signale un « Nouveau jeu de l’oie renouvelé des enfants et des Grecs, pour l’amusement des marins et la tranquillité des grands chefs » par Pierre Leconte, peintre de la marine. Edition : Cherbourg, au Pèlerin (1930), gravure au trait coloriée au pochoir, 30/42.5. Il s’agirait d’une satire de la vie des fonctionnaires du Ministère de la Marine. Nous n’avons pas trouvé trace de ce jeu.

La marine en représentation : deux exemples détaillés à l’appui

= Le « Nouveau jeu de la Marine » de 1713. Auteurs Daumont (Rue Saint Martin à Paris et Crépy (Rue Saint Jacques à Paris). Dimensions 49.8/73. Dépôt : British Museum

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Copie des textes figurant au milieu du jeu (Sic) :
"L’Objet du jeu de la Marine est d’instruire en amusant de tous les termes Marins, on y a joint un vaisseau du premier rang portant pavillon d’amiral, avec les noms par renvoys de toutes les parties qui composent le dit vaisseau on y a aussi joint des boussoles avec les noms de tous les vents tant de la mer océane que méditerranée et autres particularités nécessaires à l’instruction.

Règle du Jeu :

Convenir du prix du jeu, et de ce que l’on payera aux rencontres et accidents. On joue à ce jeu avec deux dés, on tire au sort a qui commencera, et celuy qui à le plus haut point prend les deux dés, les jette une fois, porte une marque sur le nombre qui correspond aux dés. Celuy qui est à sa droite joue ensuitte ainsy des autres, en observant qu’il faut que chaque joueur ait une marque differente. Il faut remarquer que les vents en poupe sont placés de 9 en 9 et que si l’on tombe sur un des vents en poupe il faut recommencer a compter le même nombre, mais puisque les vents en poupe sont placés de 9 en 9 celuy qui en commencant tireroit à point nommé le nombre 9 qui peut se faire de deux manieres iroit de 9 en 9 au nombre 63 et gagneroit la partie sans aucunes difficultés. On à donc jugé d’envoyer celuy qui du premier coup fera 6 et 3 ira au n°28 et celuy qui fera 5 et 4 ira au n°53.
Qui ira au n°6 ou est le cap de doubler payera le prix convenu et ira à la marée n°12.
Qui ira à l’aiguade n°19 payera le prix convenu et y restera pendant que les autres joueront chacun 2 fois.
Qui ira au vent contraire n°25 payera le prix convenu et ira se mettre à l’abry au n°7.
Qui ira ou le vaisseau est échoué n°32, payera et y restera jusqu’à ce qu’un autre le relève.
Qui ira à la tempête n°40 payera le prix et ira au n°30 se faire radouber.
Qui ira au corsaire n°52 payera le prix et restera prisonnier jusqu’à ce qu’un autre le relève. Qui ira au Naufrage n°58 payera le prix et recommencera le jeu.

Celui qui sera rencontré par un autre payera le prix convenu et ira à sa place.

Celui qui arrivera précisément à Bon Port n°63 gagnera la partie et emportera tout ce qu’il y aura au jeu. Mais si l’on fait quelques points de plus on retournera en arrière en subissant les hazards qui se rencontreront."

Le jeu présente enfin, à l’appui du dessin central représentant un vaisseau de premier rang sous voile, une liste de 80 renvois aux noms de toutes les parties qui composent le vaisseau : détail de sa mâture, de son gréement, de son accastillage, etc. Le même jeu a été édité en 1804 sous le nom de « Nouveau jeu de la Marine Impériale » et en 1820 sous le nom de : « Nouveau jeu de la Marine Royale ».

= Le « Jeu de la Marine » de l’imagerie d’Épinal de 1860
Auteur : Jean-Charles Pellerin. Édition : Imagerie d’Épinal, N° 1738, 1860. Dimensions : 43.5/59

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Copie des textes figurant au milieu du jeu (Sic) :

Jeu de la marine

"Premièrement pour jouer à ce jeu qui est composé de 63 cases, à prendre du n°1, où est représenté le Pilote, jusqu’au nombre 63 où il y a un Port, qui est l’endroit où il faut arriver pour gagner la partie, il faut que chaque joueur ait une marque distinctive afin de ne pas se tromper avec celle de son adversaire pour marquer sur la case le nombre de points que l’on aura amenés ; mais il n’est pas facile d’arriver au nombre 63, car plusieurs empêchements se présentent avant qu’on puisse y parvenir. Pour jouer à ce jeu il faut avoir deux dès que chaque joueur jettera à son tour, et autant de points que les dés amèneront il les marquera sur le jeu avec sa marque. Il faut bien faire attention que l’on ne peut s’arrêter sur les phares qui sont disposés de 9 en 9 ainsi donc si vous arrivez à un phare, redoublez le nombre des points que vous avez amenés jusqu’à ce que vous n’en rencontriez plus. Si en marquant les points que vous amenez vers la fin de la partie, vous excédez le nombre 63, vous redoublez vos points et retournez en arrière ; et enfin celui qui arrivera juste au nombre 63 gagnera la partie."

Observations :

Qui sera désemparé au n°6, paiera le prix convenu et ira au bassin de carénage au n°12 pour s’y faire radouber.
Qui ira se mettre à l’ancre au n°19 paiera le prix convenu et y restera pendant que chacun de ses compagnons aura tiré deux fois.
Qui du premier coup fera 6 et 3, ira s’arrêter au n°26 où il y a une digue.
Qui tombera dans le casse-tête au n°31, paiera le prix convenu et y restera jusqu’à ce qu’un autre faisant le même point vienne l’en retirer et lui ira à la place de ce dernier.
Qui perdra la boussole au n°42 paiera le prix convenu et ira refaire sa route au n°30 où il y a une bouée.
Qui ira à la cale au n°52 paiera le prix convenu et restera là, jusqu’à ce qu’un autre vienne l’en retirer.
Qui du premier jet fera 5 et 4, ira s’asseoir sur le banc de quart au n°53.
Celui qui rencontrera un écueil au n°57, paiera le prix convenu et retournera prendre un pilote au n°1.
Et qui sera rencontré paiera le prix convenu et ira au n° de son compagnon."

Aller plus loin avec le jeu de l’oie ?

= Développements symboliques ou ésotériques

Les rubriques gastronomiques et les étals nous rappellent en fin d’année combien l’oie donne de sa personne pour nos réjouissances des fêtes, alors qu’elle subit par ailleurs le lourd tribut des épidémies sporadiques de grippe aviaire. Heureusement de savants auteurs ignorent ces préoccupations bassement culinaires en évoquant de leur côté la contribution abstraite du jeu de l’oie à nos réflexions.

Certains auteurs attribuent ainsi le succès du jeu de l’oie à son langage caché, codé et symbolique, voire au caractère ésotérique du parcours qu’il propose. Il faudrait donc donner aux images et aux numéros des cases des significations au second ou troisième degré. Le jeu permettrait ainsi, sans en avoir l’air, de faire ressentir les réalités obscures du monde en approchant une vérité universelle autrement inaccessible. Le tracé en spirale centripète serait une métaphore de la vie humaine avec ses aléas, ou même, en rappelant le labyrinthe des Grecs, évoquerait le long chemin à parcourir pour parvenir à la vraie connaissance, voire à la sagesse, en surmontant des épreuves successives comme le suggérait les fâcheuses rencontres avec le Minotaure.

Outre ces prétendues références à des concepts philosophiques ou mythologiques, les figures du parcours auraient même leurs correspondances ésotériques dans les images et les chiffres cabalistiques du tarot. Certains numéros des cases et leurs multiples auraient même des significations climatériques (sic) plus ou moins signifiantes ; ainsi les âges de la vie correspondant à des multiples de 7 ou 9 seraient considérés comme critiques…Nous nous garderons bien d’explorer plus avant ces arcanes, mais profitons bien de nos chances de succès quand notre âge correspondra à un nombre premier !

= Philosophie pratique : une anecdote pédagogique

Bien loin de ces hautes réflexions, on constatera seulement que le jeu de l’oie place les idées morales tout bonnement dans la pratique commune : cheminement obstiné, hérissé d’obstacles et de dangers, coupé d’accidents et de coups de chance, avec des retours arrière et des recommencements ; le jeu ne donne-t-il pas ainsi des leçons de vie et de persévérance ? Dans ce sens, un article du Magasin Pittoresque (tome XIII, décembre 1845, p 393) consacré au « Noble jeu de l’oie renouvelé des Grecs », relatait l’enseignement qu’un vieux chirurgien de marine donnait à ses petits-enfants en jouant avec eux au jeu de l’oie de la marine au début du XIXe siècle :

« Vous avez dans ce jeu, expliquait-il, une représentation de la vie à bord avec tous ses aléas heureux ou malheureux : les dés seuls décident où votre pion va se poser et de ce qui va vous arriver. En mer, comme dans la vie, on ne maitrise pas ce qui nous arrive : tempêtes, écueils, tornades, rencontres imprévues, fortunes de mer comme disent les marins. Si l’on peut en déduire un certain fatalisme devant tous les évènements qui peuvent ainsi survenir et qui ne dépendent pas de nous, il nous appartient en revanche d’y faire face quand ils surviennent et d’être « à la hauteur ». Ce n’est pas le fatalisme ni la résignation qui nous sauveront mais la chance et plus surement notre volonté et notre bon sens.

— Alors Pierre, poursuivit le grand-père en se reportant au jeu en cours, te voilà parvenu case 32 avec ton vaisseau échoué sur un banc de sable ; que pourrais-tu faire si cela t’arrivait ?

— J’attendrais d’abord la marée haute, répondit Pierre, à la satisfaction de son grand-père ».

Médiocrement en faveur de nos jours, le jeu de l’oie ne semble pas être l’objet d’applications informatiques, sauf quelques jeux en ligne : à l’heure de l’interactif et des jeux numériques son principe vieux de plus de quatre siècles ne tente pas les concepteurs et développeurs informatiques, ni les éditeurs même si des jeux de parcours et de plateaux contemporains s’en inspirent, tel le Monopoly. Aussi bien, l’anecdote nous suggère une conclusion.

Le jeu de l’oie peut constituer un support d’étude et de réflexion pour les amateurs d’histoire de France. Depuis son origine les milliers de jeux différents répertoriés témoignent du moindre évènement : découvertes des sciences, progrès des techniques, évolution des mœurs et des coutumes, régimes politiques, guerres, etc. Ils illustrent et concrétisent notre histoire tel un Wikipedia en images du passé. Rien de tel pour raviver des souvenirs et développer le sens critique.

De même les plus imaginatifs peuvent tirer profit de cette base de jeux en créant un parcours original sur un thème de leur choix ; les cases et les gages ou récompenses sont alors spécifiques et personnalisées. On trouve à cet effet sur le web des modèles de spirales vides qu’il suffit de remplir : un « Jeu de la généalogie » avec ses pièges et ses heureuses découvertes pourrait tenter un de nos lecteurs ?

Les jeux de la Marine, comme tous les jeux de l’oie, malgré la simplicité de leurs règles, de leurs combinaisons et de leurs illustrations, offrent plus de distraction et d’occasions de conversation et d’enseignements que beaucoup d’autres jeux en offrant des ouvertures variées sur des univers souvent extérieurs et étrangers aux joueurs. Ils présentent en outre le grand avantage de procéder du hasard et d’égaliser par conséquent les chances des joueurs, quels que soient leurs âges, leurs sexes, leurs compétences, leurs connaissances et leurs statuts. Un(e) élève de cours élémentaire peut gagner la partie face à sa grande sœur énarque et son cousin polytechnicien ! Quoi de mieux pour favoriser le dialogue, les échanges entre générations et relativiser les différences. Quant aux « Jeux de la Marine » ils peuvent susciter des vocations de marins.

Bibliographie et références

Curieusement les ouvrages sur l’imagerie maritime ou sur les antiquités de Marine, ne daignent pas citer « Les jeux de l’Oie de la Marine » (cf. notamment : Au bonheur du marin, par Berthier - L’antiquaire de marine, par Randier – The art of nautical illustration, par Leek- etc). De même le savant ouvrage de M. Sadion sur les Images d’Épinal, ed. de la Martinière, qui comporte huit pages sur les jeux de l’oie ne mentionne ni ne reproduit un « Jeu de la Marine », pourtant bien répertorié Pellerin N° 1738 , dès 1860.

Les livres et sites web sur les « Jeux de l’Oie » sont très nombreux et nous ne citons ici que ceux, très rares, qui évoquent les jeux de la marine :

  • Le noble jeu de l’Oie en France de 1640 à 1950 - Quarante-huit tableaux et notices, Henry-René d’Allemagne, Grund, Paris 1950 – Préface de Guillaume Janneau et Histoire et iconographie du Jeu de l’Oie, par René Poirier.
  • Iconographie du Jeu de l’Oie. Catalogue descriptif et raisonné, Baron de Vinck, Bruxelles, 1886
  • La troublante simplicité du Jeu de l’Oie, José-Alain Fralon, Archives Le Monde, 12-08-2001
  • Le jeu qui fait loi, Centre Expérimental de Recherches de Psychologie Collective, CERPC, 27 rue des Deux-Ponts, Montpellier (Hérault)
  • L’Oie réhabilitée, par Ch. Bataillard, 1865 (Extrait des Mémoires de l’Académie impériale des sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen). Publication par : Bibliothèque Municipale de Lisieux, S. Pestel, 2001.
  • Un remarquable site web italien sur les Jeux de l’Oie : Giochi dell’Oca e di Percorso, Luigi Ciompi & Adrian Seville. Voir : http://www.giochidelloca.it/index.php
  • Le musée de Rambouillet (78120) possède une collection de 2500 jeux de l’oie allant du XVIIe siècle à nos jours. Cet ensemble avait été rassemblé par un éditeur d’art parisien, Pierre Dietsch.

N.B.

  • On peut trouver aujourd’hui la reproduction sur papier fort du « Le jeu de la Marine » créé par Pellerin/Épinal, à l’Imagerie d’Épinal, 88000 Épinal ou dans certaines librairies des Musées de la Marine. En outre l’éditeur de jeux Ravensburger avait édité en 1982 un coffret du « Jeu de la Marine » (Modèle Épinal) dont on peut encore trouver des exemplaires d’occasion sur le web (Ref. 601 5 4554, Éditions Ravensburger, Attenschwiller, France). Ce sont des photos de ces jeux que je possède qui illustrent le présent article.
  • Une curiosité : « Le Testament d’un excentrique », Jules Verne, Hetzel, 1899. L’auteur relate une gigantesque partie de jeu de l’oie à l’échelle des États-Unis qu’un milliardaire avait organisée pour désigner son héritier.
  • Pour mémoire : rappelons un autre jeu strictement maritime, en souvenir des mauvais élèves du fond de la classe au XXe siècle : « La bataille navale », désignée le plus souvent comme le « Touché-Coulé ».
  • À signaler enfin : un atelier d’art parisien (Galerie Ducha, 12 rue des Saints Pères, 75007) qui réalise de superbes tables basses gravées et laquées sur la base de Jeux de l’Oie originaux et, notamment, de Jeux de la Marine. Voir ce site...

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3 Messages

  • La marine à voile en mode "Jeu d’ l’oie" 5 avril 2017 22:11, par Streicher

    Offenbach et se librettistes avaient-ils connaissance d’une origine de ce jeu dans la Grèce antique ? Ils ont en effet inséré, dans La Belle Hélène, une scène au cours de laquelle la cour et les rois se livrent à ce jeu.

    Répondre à ce message

    • La marine à voile en mode "Jeu d’ l’oie" 7 avril 2017 08:27, par Philippe de Ladebat

      Bonjour.
      Vous avez parfaitement raison : l’acte II, sous-titré "Le jeu de l’oye" comporte la fameuse scène V du jeu de l’oie entre les principaux protagonistes (Calchas et Paris). L’humour et la légèreté de cet opera-bouffe que j’apprecie beaucoup,ne garantissent cependant pas la vérité de cette référence "historique".
      Bien cordialement
      Philippe de Ladebat

      Répondre à ce message

  • La marine à voile en mode "Jeu d’ l’oie" 31 mars 2017 20:47, par boyer

    Cet article sur "les jeux d’l’oie" remarquablement documenté est fort intéressant et instructif. A recommander .

    Répondre à ce message

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