www.histoire-genealogie.com

----------

Accueil - Articles - Documents - Chroniques - Dossiers - Album photos - Testez vos connaissances - Serez-vous pendu ? - Entraide - Lire la Gazette - Éditions Thisa


Accueil » Documents » Témoignages » Le roman de Céline » Le premier Paris-Brest-Paris à vélo et... en auto en 1891 (6e extrait)

Le premier Paris-Brest-Paris à vélo et... en auto en 1891 (6e extrait)

Le jeudi 28 mars 2013, par Alain Morinais

Ce récit est un extrait du roman de Céline « Au prix du silence ». L’histoire de la vie d’une femme dont le silence laissera croire un siècle durant qu’elle était sans histoires. Cette fiction-documentaire d’Alain MORINAIS, dans l’esprit des « Laboureurs d’espoirs », met en scène des personnages nous faisant revivre le siècle de Céline, héroïne malgré elle d’une histoire pour l’Histoire de la condition féminine.

La rue Saint-Honoré était en effervescence. Les clients désertant les boutiques s’attroupaient envahissant la chaussée, le bruit courrait, les habitants du quartier sortaient de toutes parts, des domestiques en livrées aussi, même les ouvrières abandonnaient les ateliers pour entourer cet étrange équipage. Arrivé à son rendez-vous aux commandes d’une voiture sans chevaux, Armand Peugeot avait fait sensation en stationnant son engin devant les ateliers Fashionworld.

— Grace à mes premiers prototypes, j’ai acquis la certitude que seul le moteur à pétrole permettra de construire des automobiles légers [1] et fiables. J’ai conclu un accord avec Panhard et Levassor qui détiennent la licence Daimler pour la construction d’un bicylindre en V de 565 cm3. Rendez-vous compte ! Développant 2 chevaux-vapeur, il entraine mon quadricycle de quatre places en vis à vis à la vitesse incroyable de 18 kilomètres par heure ; et pour prouver sa robustesse, début septembre, je rejoindrai Paris en partant de Valentigney [2], puis je suivrai la course de bicyclettes Paris-Brest-Paris, une première, organisée par Le Petit Journal. De retour à l’usine, j’aurai parcouru un peu plus de deux mille kilomètres. La voiture sera révisée avant d’être livrée au premier acheteur du premier automobile qui sera construit en série [3]. Imaginez, Monsieur Fashionworld, le retentissement colossal d’un tel exploit auquel votre nom pourrait être associé ? Toute la presse s’en fera l’écho. Les vélos seront plombés car les participants ne seront pas autorisés à en changer pendant l’épreuve. Le manufacturier Michelin équipera un concurrent de pneumatiques en caoutchouc gonflables que l’on dit démontables en un quart d’heure, sa dernière invention. Plus de deux cents vélocipédistes s’élanceront sur les Champs Élysées où j’aurai présenté mon véhicule avant le départ de la course, accompagné de trois mannequins merveilleusement habillées Fashionworld, si vous en étiez d’accord, bien évidemment.

§§§

Les jours d’août défileront rue de Varenne dans l’excitation générale des préparatifs de l’événement, la griserie de la découverte des créations d’une nouvelle mode que Monsieur disait vouloir oser quand elle paraissait inconcevable aux autres, et l’exaltation décuplée par des nuits d’ouvrage sans sommeil… avec le façonnage de cette collection d’exception « sport d’automne » 1891…

… Les travaux nocturnes se multiplieront fréquemment jusqu’en septembre, … Monsieur, débordant de créativité et de plus en plus fébrile à l’approche de la présentation de son grand œuvre…

§§§

Le 6 septembre, dans le hall du siège du Petit Journal de la rue d’Enghien d’où partiront les cyclistes, madame Berthe assistée de Céline installera un véritable atelier de couture où elles assureront les finitions, retouches, ajustements et réparations des éventuelles dégradations accidentelles, jamais admissibles et encore moins en cette circonstance, des toilettes créées spécialement, — en raison du nouveau marché que représente l’essor de la pratique de la bicyclette dans les milieux bourgeois, avait dit Monsieur, et de l’arrivée prochaine chez ses plus riches clients, c’est certain tant ils raffoleront de la liberté de mouvements et de la vitesse, du quadricycle à moteur présenté ce jour-là.
Flanelle vert sapin, drap de laine à rayures obliques de fils contrastés, tissu écossais orange et vert, fine gabardine vert forêt chinée noir soulignée d’une guipure ondulée tabac, d’un galon lustré vert olive ondoyant, lainage ocre et noir tissé à chevrons, les belles demoiselles modèles Fashionworld seront vêtues de culottes courtes et froncées aux genoux, portées avec des jambières ou des bas et un corsage cintré à encolure dégagée et manches bouffantes, une jupe courte sur la culotte sera ajoutée pour l’une, la troisième portant un pantalon-jupe, toutes appariées à des vestes-jaquettes flottantes à larges revers avec ou sans cravate bouffante, donnant à l’ensemble une note de masculinité troublante, renforcée par les cheveux coupés courts dégageant les oreilles, malgré les bouclettes indéfrisables échappées de dessous la capote à damier garnie d’un choux de rubans en velours ou en peluche brodée de fleurs, avec des brides assorties nouées en rosettes élégantes sous le menton.

Le succès au départ n’égalera pas celui de l’arrivée en solitaire de « Charley » [4], le champion équipé de pneumatiques Michelin vainqueur au petit matin du troisième jour sans repos et ce malgré cinq crevaisons, le second arrivera huit heures plus tard [5], quand dix mille spectateurs en folie l’attendront depuis la veille sur le boulevard Maillot où Armand, en l’apparente galante compagnie de ces jeunes femmes chics aux allures libres et sportives, renouvellera la présentation de son automobile Peugeot [6], pari tenu, avant de reprendre la route pour Valentigney.

Dans les mois qui suivront, la Maison Fashionworld se découvrira une nouvelle clientèle, plus jeune, sportive, pratiquant le vélo bien sûr, mais aussi découvrant le tennis et la montagne, épouses d’ingénieurs, de polytechniciens enrichis récemment dans les mines et la métallurgie, les forges et les aciéries, la construction mécanique de machines à vapeur et de matériels ferroviaires, la chimie, l’imprimerie, la filature et la teinturerie, ce nouveau monde industrieux fait de technologie.

"La promenade du pont d’Arcueil au moulin de Cachan" est un extrait du roman de Céline "Au prix du silence". Cent ans d’Histoire à travers l’histoire d’une femme dont le silence laissera croire un siècle durant qu’elle était sans histoires. Cette fiction-documentaire d’Alain MORINAIS, dans l’esprit des "Laboureurs d’espoirs", met en scène des personnages nous faisant revivre le siècle de Céline, de 1865 à 1967, héroïne malgré elle d’une histoire pour l’Histoire de la condition féminine.

J’ai le plaisir de mettre à votre disposition, ci-joint, un bon de commande imprimable du roman de Céline, "Au prix du silence", avec réservation d’ouvrage dédicacé, à un prix spécial qu’Alain Morinais vous réserve exceptionnellement avant la parution chez Édilivre APARIS éditions, prévue en avril prochain. "Au prix du silence" à 21€ (au lieu de 26€ prix public) :

PDF - 110 kio
Bon de commande à imprimer

[1Automobile, adjectif depuis 1861, le nom est forgé en 1875 lorsque l’Académie française se prononce sur son genre masculin, ce n’est qu’en 1901 qu’elle entérinera l’usage du féminin, les deux genres subsisteront jusqu’en 1944.

[2Valentigney, où se trouvait l’usine de la famille Peugeot, se situe sur la rive gauche du Doubs dans le Pays de Montbéliard.

[3Cette première vraie Peugeot de série équipée d’une mécanique moderne pour l’époque sera fabriquée à 64 exemplaires dans l’usine de Valentigney, et ce jusqu’en 1894. L’élan est donné, l’aventure Peugeot peut commencer.

[4Charley : Charles Terront (1857 -1932) dit « Charley », est un coureur cycliste considéré comme la première star française du cyclisme. Charles Terront gagne la première course Paris-Brest-Paris en 71h22m à la vitesse moyenne de 17,6 km/h à l’aller et de 16,8 km/h sur le retour. Il sera embauché par la famille Michelin car cette victoire permit le succès commercial de l’invention du pneu démontable.

[51er Paris - Brest – Paris, 206 participants amateurs et professionnels, 16 points de contrôle, moins de 100 cyclistes termineront, Charles Terront gagne la course, Jiel Laval est second, Henry Coulliboeuf est troisième, les derniers arriveront après dix jours en s’arrêtant dans des auberges la nuit.

[6La voiture effectuera sans ennuis majeurs le parcours Valentigney-Paris-Brest et retour, soit 2.045 kilomètres parcourus à 14,710 km/h de moyenne.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

1 Message

  • Le Paris Brest Paris cyclo existe toujours, organisé par l’Audax Club Parisien (FFCT). Un engouement considérable :
    plus de 5000 partants, majoritairement étrangers. Prochain en 2015. Périodicité : tous les 4 ans.
    Je l’ai réalisé 7 fois et espère, déraisonablement, repiquer 1 fois encore.
    Départ de St Quentin en Yvelines ; lundi de la dernière semaine d’août. A voir.

    Répondre à ce message

https://www.histoire-genealogie.com - Haut de page




https://www.histoire-genealogie.com

- Tous droits réservés © 2000-2024 histoire-genealogie -
Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Mentions légales | Conditions Générales d'utilisation | Logo | Espace privé | édité avec SPIP