À la croisée de l’histoire sociale et de la généalogie, cet ouvrage retrace le destin de Marie-Adrienne Dijoux (1833-1871), institutrice libre à Limoges. Issue d’une famille mêlant artisans tailleurs, bouchers, tenanciers et policiers, elle parvient à s’imposer dans une société où l’éducation féminine reste fragile et dépendante du contrôle religieux. Mariée à 16 ans, elle réussit par son travail à fonder deux écoles situées entre le quartier populaire du Cheval-Blanc et le quartier plus aisé de Manigne, notamment dans les rues Haute-Vienne et des Petites Pousses. Elle incarne l’une de ces femmes du XIXᵉ siècle qui, par le travail et la volonté, ont ouvert la voie à une forme d’émancipation discrète. On pourrait qualifier aujourd’hui son parcours de transfuge de classe.
L’enquête, menée sur plusieurs années, s’appuie sur une reconstitution généalogique minutieuse : dépouillement des registres d’état civil, des recensements, des archives de police, des sources notariales et scolaires, mais aussi sur l’étude des cartes et plans anciens qui permettent de redonner chair aux rues disparues de Limoges, notamment celles du quartier de la Mothe, détruit en partie par l’incendie de 1864, et des rues Haute-Vienne et des Petites Pousses dont la numérotation a été entièrement reconstituée en croisant recensement et cadastre. Le livre comprend également une riche bibliographie et de très nombreuses notes, renvoyant directement aux sources consultées, en particulier aux archives, ce qui permet de suivre pas à pas la méthode de recherche.
Cette démarche relève de la micro-histoire, dans la lignée de Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, d’Alain Corbin : il s’agit moins de raconter une existence isolée que de faire revivre un monde social, celui des institutrices libres, des familles modestes, des quartiers en marge, où se croisent éducation, pauvreté, morale et contrôle policier notamment envers les prostituées.
À travers Marie-Adrienne, c’est tout un réseau familial et professionnel qui se dessine : un grand-père agent de police, une grand-mère tenancière de maison close, des voisins artisans et ouvriers, des prêtres et inspecteurs de l’académie. Ce tissage de liens permet de comprendre comment une jeune femme de condition modeste a pu se construire une place dans un univers contraint, en s’appuyant sur l’école comme instrument d’émancipation.
Les chemins d’une institutrice libre propose, au travers d’une enquête historique, une plongée dans le Limoges du XIXᵉ siècle, à la fois urbaine, sociale et intime — un récit fondé sur les archives et sur une méthodologie rigoureuse, mais animé par la volonté de restituer la complexité d’une vie ordinaire, entre silence et mémoire retrouvée.
Éditeur : La Geste
Réf. : DUP028
Année d’édition : 2025
Edition : Brochée
Format : 14 x 21 cm
Isbn : 978-2-490839-49-0
Nombre de pages : 336
Prix : € 20,00











