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Promenade à l’exposition universelle de Paris en 1889 (suite) (3e extrait)

L’esplanade du Champ de Mars

Le jeudi 7 février 2013, par Alain Morinais

Ce récit est un extrait du roman de Céline « Au prix du silence ». L’histoire de la vie d’une femme dont le silence laissera croire un siècle durant qu’elle était sans histoires. Cette fiction-documentaire d’Alain MORINAIS, dans l’esprit des « Laboureurs d’espoirs », met en scène des personnages nous faisant revivre le siècle de Céline, héroïne malgré elle d’une histoire pour l’Histoire de la condition féminine.

Malgré la fraîcheur de la nuit, l’atmosphère s’échauffe des frémissements et vibrations de sons confus formant comme un halo bruyant au-dessus de la ville, clameur lointaine s’apaisant en s’éloignant des Invalides et s’intensifiant à nouveau graduellement à l’approche des pavillons des arts et de l’industrie occupant l’esplanade du Champ de Mars et le palais du Trocadéro [1].

Insensiblement, l’on perçoit un ronronnement permanent, s’amplifiant progressivement à chaque enjambée allongée en se pressant machinalement, curieusement entraîné par l’étonnante attirance d’un bourdonnement étrange, grondant plus sourdement en avançant vers le croisement de la Bourdonnais.

Surgie de l’univers de fiction de Jules Verne [2], une cathédrale de verre et d’acier rayonne d’une intense lumière électrique intérieure, filtrée par de gigantesques verrières. L’immense ogive de fer de la galerie des machines [3], aux proportions jamais égalées, paraît légère et souple tant l’élégance des courbes métalliques et la transparence vitrée des parois et de la voûte donnent à l’architecture de la nef un profil d’une audace invraisemblable.
Céline et Orazio restent plantés-là, face au monumental gable dont le faîtage culminerait au quinzième étage d’un immeuble haussmannien si un bâtiment d’une telle dimension avait pu exister dans Paris.
Ce pignon d’entrée en arc de cloître, d’une largeur plus de deux fois supérieure à sa hauteur, est dessiné par de minces poutraisons parallèles aux courbures harmonieuses, boulonnées et reliées entre elles par des croix de saint André. L’armature de l’ouvrage est posée sur des portants de fer forgé divisant la façade en vitraux croisillonnés d’un fin treillis jaune-orangé, couleur d’ensemble de la structure métallique.
La porte d’accès au « Palais des Machines » est surmontée d’un panneau de faïence beige rosé, démesuré, aux lettres entrelacées d’une branche de laurier, qu’enveloppe une arche de rinceaux émaillés, sous les vitrages imposants d’une rosace verticale profilant les écussons colorés des principales puissances du monde occidental.

Le portail franchi, le bruit infernal des machines fait oublier, l’espace d’un instant, le gigantisme de l’édifice à pans de fer. Dans le vacarme des énormes machines à vapeur en action exposées par dizaines, le vrombissement de centaines de moteurs électriques, les coups assourdissants des marteaux atmosphériques, le va-et-vient des pistons, le claquement des courroies, les grincements d’engrenages, les sifflements et les chuintements d’engins à raboter, à perforer, à tourner, à fraiser les métaux, les craquements de la titanesque grue allemande en mouvement, dans ce boucan d’enfer aux odeurs chaudes de graisses et d’huiles mécaniques des turbines, mêlées aux saveurs acides des arcs électriques, aux suffocantes fumeroles de charbon et de métal en fusion, aux émanations des encres d’impression des rotatives, dans cette débauche d’innovations techniques, l’industrie d’aujourd’hui présente tout ce qu’elle est capable de produire de plus grand, de plus gros, de plus beau. De puissants générateurs, d’impressionnants alternateurs, des transformateurs géants alimentent en électricité la plus grande installation de la planète jamais conçue et réalisée avant cette fête pharaonique de la technologie de l’ère industrielle.

La vue en perspective intérieure de la galerie révèle le profil hardi et grandiose des poutres de grande portée et la beauté singulière des grands arcs rehaussés de nervures. La couverture de zinc et de verre de la grande nef est supportée, à intervalles réguliers, par de vertigineuses voûtes d’acier en ogives surbaissées, dont les assises vont en s’amincissant à la base, donnant à l’ensemble une allure aérienne et gracieuse malgré les tonnes de fer forgé, riveté et boulonné constituant l’ossature de cet immense hall des machines.

Orazio a promis à Paul de le rejoindre chez Volpini, avant la fin de la nuit. Il entraîne Céline dans les allées, à travers les espaces réservés aux exposants regroupés par pays ou par activités, l’Angleterre face aux matériels de papeterie, de teinture et d’impression, l’exploitation des mines et la métallurgie, les États-Unis en vis-à-vis des équipements d’usines agricoles et des industries alimentaires, puis la Belgique et la Suisse, l’électricité industrielle, la mécanique générale et les machines-outils. Ils prennent à droite par la galerie des industries diverses conduisant au dôme central, dans l’axe du Champ de Mars, face à la Tour de 300 mètres [4].
Parvenus au cœur de la rotonde, nos promeneurs d’un soir sont saisis de stupéfaction par l’arrogante richesse du décor au ton de bronze rehaussé d’or, fait d’un amoncellement d’ornements architecturaux, d’emblèmes, d’inscriptions, d’écussons, de cartouches couvrant les piliers et les arcs, logés dans des niches ornées de guirlandes et de frises portées par des colonnettes mordorées. D’immenses peintures sur des toiles dorées, collées entre des pilastres élancés, font tourner la tête des visiteurs découvrant une ronde de peuples du monde en douze tableaux polychromes, au-dessus d’un chemin de promenade suspendu à vingt mètres du sol en un balcon intérieur à balustre ouvragé. La coupole prend appui sur des boucliers pourpres aux armes de la République supportant des frontons cintrés et des sculptures voluptueuses de corps dénudés symbolisant les éléments de la force, l’air, l’eau, la vapeur et l’électricité. Tombant du centre du dôme rayonnent des flèches d’or zigzagant en se détachant sur un fond de lumière tamisée aux sources invisibles, éclairant latéralement par des frises de vitraux aux couleurs chaudes et dorées les écus aux motifs de l’Europe, l’Afrique, l’Amérique et de l’Océanie.

Dans la nuit des jardins, la verrière éclairée dessine sur un ciel d’encre un cordon de feu soulignant la silhouette bulbeuse dressée au-dessus des fontaines…

… Céline, médusée, s’arrête un instant devant le spectacle du mariage que l’on croyait impossible, celui de l’eau et du feu, ces pluies de lumières jaillissant en gerbes colorées du cœur de nénuphars en biscuit flottant sur la transparence rayonnante d’un grand bassin d’eau de roses, baigné de bruines étincelantes.
La fontaine lumineuse est au pied de la grande tour de fer, là où s’étale la longue file des visiteurs excités et angoissés dans l’attente de ces ascenseurs inimaginables qui, paraît-il, peuvent les transporter jusqu’à 300 mètres au-dessus des toits de Paris ; les plus anxieux n’oseront monter dans les cabines et rejoindront les plus courageux des impatients qui entreprennent l’ascension à pied.

"La promenade du pont d’Arcueil au moulin de Cachan" est un extrait du roman de Céline "Au prix du silence". Cent ans d’Histoire à travers l’histoire d’une femme dont le silence laissera croire un siècle durant qu’elle était sans histoires. Cette fiction-documentaire d’Alain MORINAIS, dans l’esprit des "Laboureurs d’espoirs", met en scène des personnages nous faisant revivre le siècle de Céline, de 1865 à 1967, héroïne malgré elle d’une histoire pour l’Histoire de la condition féminine.

J’ai le plaisir de mettre à votre disposition, ci-joint, un bon de commande imprimable du roman de Céline, "Au prix du silence", avec réservation d’ouvrage dédicacé, à un prix spécial qu’Alain Morinais vous réserve exceptionnellement avant la parution chez Édilivre APARIS éditions, prévue en avril prochain. "Au prix du silence" à 21€ (au lieu de 26€ prix public) :

PDF - 110 kio
Bon de commande à imprimer

[1L’ancien Palais du Trocadéro fut construit pour l’exposition universelle de 1878 sur les plans des architectes Gabriel Davioud et Jules Bourdais, avec des jardins de l’ingénieur Alphand. Lors de l’exposition universelle de 1937, le bâtiment fut détruit et remplacé par le Palais de Chaillot, qui en garda une partie de l’ossature et la configuration de deux ailes en demi-cercles.

[2Jules Verne : richement documentés, les romans de Jules Verne se situent aussi bien dans le présent technologique de la deuxième moitié du XIXe siècle : Les Enfants du capitaine Grant (1868), Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1873), Michel Strogoff (1876), L’Étoile du sud (1884) ...), que dans un monde imaginaire : De la Terre à la Lune (1865), Vingt mille lieues sous les mers (1870), Robur le conquérant (1886).

[3La Galerie des Machines était considérée comme le plus beau des pavillons. Elle était l’œuvre de l’architecte Ferdinand Dutert. Sa nef principale avait 115 m de large par 420 m de long, et 43,5 m de hauteur. Elle fut la plus importante structure de fer d’Europe, jusqu’à sa démolition en 1909. Le coût de sa réalisation a été de sept fois supérieur à celui de la Tour Eiffel.

[4La Tour de 300 mètres : nom donné à la tour qui deviendra la Tour Eiffel, après l’exposition.

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