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Trois soldats de la 14e Compagnie du 206e Régiment d’Infanterie (1916)

Le jeudi 29 mars 2018, par Michel Guironnet, Michel Martin

"Parmi toutes les photos que m’a laissé mon grand-père sur la guerre 14-18, il y a des photos de tombes sur les champs de bataille. Certains noms sont lisibles. Peut-être que cela pourrait intéresser vos lecteurs généalogistes ?"

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Coupure d’Esnes

"A la Coupure d’Esnes, cimetière du Poste N°3"

Cette photo de trois tombes de soldats du 206e Régiment d’Infanterie m’a été communiquée par Michel Martin, un de nos lecteurs. Elle a été prise par son grand-père en juillet 1916, "à la Coupure d’Esnes, cimetière du Poste N°3". Il a fait d’autres clichés de ces sépultures, sous des angles légèrement différents. Avait-il un lien particulier avec ces soldats ?

Cette photo est tirée d’une collection de plus de 200 photographies, sur papier et plaques de verre, prises sur le parcours du 206e Régiment d’Infanterie. C’est mon père qui me les a données. Il les tenait de son père Gabriel « dit Raymond » Martin, soldat brancardier au 206e RI.
Né le 29 mars 1886 à Marsais en Charente maritime, Gabriel est de la classe 1906 au recrutement de La Rochelle [1]. Cité à l’ordre du régiment le 30 juillet 1917, il est décoré de la Croix de Guerre avec étoile de bronze et de la Médaille militaire.

Chacune de ces simples croix de bois porte le nom et le prénom du Poilu ainsi que son grade. Au dessous est inscrit son régiment et sa compagnie ainsi que la date de sa mort. Ils faisaient tous trois partie de la 14e Compagnie du 206e RI, régiment de réserve du 6e RI.
La petite croix décorée d’une fleur s’appuie sur une plus grande croix qui semble plus ancienne et où on distingue des inscriptions. Au pied de la croix, une bouteille en verre, le goulot fiché en terre, doit conserver sur papier les mêmes informations.

Deux de ces Poilus sont natifs de Charente Maritime, le troisième est né en Vendée.

Pour commenter cette photo, j’ai utilisé leurs fiches de "Morts pour la France" et le "Journal de Marche et Opérations" du 206e RI [2] ainsi que ceux de la 135e Brigade [3] et de la 68e Division [4] sur "Mémoire des Hommes". L’Historique du 206e Régiment d’Infanterie. Campagne contre l’Allemagne 1914 – 1918 [5] et les fiches matricules en ligne ont été mises à contribution.
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Mallet Emmanuel, sergent

Classe 1906 N° 112 Saintes.
Né le 19 février 1886 à Salignac de Pons (Charente maritime), il est instituteur à Saintes en 1904. A la mobilisation de 1914, il est affecté au 323e RI, régiment d’infanterie de La Rochelle. Après sa dissolution, il passe au 206e où il arrive le 21 juin 1916. "Tué à l’ennemi" le 28 juin 1916 au lieu-dit Coupure d’Esnes (Meuse) il est inhumé à Montzeville, arrondissement de Verdun. Sa fiche matricule précise : "tombe isolée, groupe N°1".

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{{Drapeau Delphin Gabriel, soldat}}

Classe 1904 N° 123 La Rochelle.
Né le 24 octobre 1884 à La Rochelle (Charente maritime) il est cultivateur à Nuaillé (canton de Courçon) en 1904. Lui aussi est mobilisé au 323e RI et passe au 206e. Il est "tué à l’ennemi" le 26 juin 1916 au "Camps des Civils" (Meuse).

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{{Monnereau Fulgent Auguste Jules, caporal}}

Classe 1903 N° 1322 La Roche sur Yon.
Né le 28 février 1883 à St Fulgent (Vendée) il est sabotier à Saint André Goule d’Oie (canton de St Fulgent) en 1903. Arrivé comme les deux autres au 323e RI, il est nommé caporal le 17 avril 1916. Passe au 206e le 21 juin 1916. Il est "tué à l’ennemi" le 26 juin 1916 à Esnes (Meuse). Sa fiche matricule précise : "inhumé cimetière de Montzeville, tombe isolée N° 2".
Aujourd’hui, il repose à la nécropole d’Esnes tombe N° 2020.

En juin 1916 au 206e RI [6]

  • Le 7 juin, le régiment est transporté en camions à Tronville où il est mis au repos.
  • Le 21 juin, le 323e RI est dissous : son 5e bataillon et sa 4e C.M (compagnie de mitrailleuses) sont versés au 206e pour compléter ce régiment à 3 bataillons comprenant chacun trois compagnies et une compagnie de mitrailleuses [7].
    Ainsi les 17e, 18e et 19e Compagnies du 5e Bataillon du 323e RI deviennent les 13e, 14e et 15e Compagnies du 4e Bataillon du 206e RI.
    Nos trois soldats étaient donc ensemble à la 18e Cie du 323e RI et le resteront, peu de jours hélas, à la 14e du 206e.
  • Le 22 juin, la 68e Division d’Infanterie relève dans le secteur de Verdun la 34e DI.
  • Ce même jour, le 4e bataillon du 206e RI est transporté en camions près de Récicourt et cantonne au camp sud de Verrières, à 2 kms au Nord Est de Recicourt.
  • Le lendemain, il relève un bataillon du 85e R. I. en 2e ligne dans le bois d’Esnes et la ligne de soutien du bois d’Avocourt.
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Relève du 23 juin JMO du 206e RI

Fin juin, les combats sont meurtriers.
" les pertes sont très lourdes...Les cadavres restent le plus souvent abandonnés sur le terrain où les obus les déchiquettent, empêchant ainsi toute identification ultérieure. Les blessés graves, incapables de bouger, attendent sur place la venue des brancardiers qui viennent les chercher la nuit, lorsque les bombardements d’artillerie et les tirs de l’infanterie s’atténuent. Ces blessés sont ramenés au prix d’efforts inouïs, par des boyaux dévastés, dans une zone chaotique défoncée de cratères de projectiles. Arrivés aux postes de secours, après quelques soins sommaires, ils expirent en grand nombre. Le Service de Santé procède alors à leur ensevelissement à proximité du poste. Ces petits cimetières s’agrandissent de jour en jour, au rythme des décès. Ainsi, comme à Avocourt, à Esnes près de la cote 304, à Chattancourt au pied du Mort-Homme..." [8]

Ce doit être au "Poste de Secours N°3" de la Coupure d’Esnes" qu’est prise cette photo. Les dépouilles de ces trois soldats, et de leurs nombreux camarades, seront transférées plus tard au cimetière de Montzeville, à quelques kilomètres de leurs derniers combats.

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Pertes du 26 au 28 juin 1916
Extrait du JMO du 206e RI

[1Fiche matricule N°553, vues 75 à 77/707 sur le site des archives de Charente maritime

[226 N 714/4

[326 N 531/12

[426 N 390/1

[5Ouvrage consultable sur le site de Jean Luc Dron http://tableaudhonneur.free.fr/206eRI.pdf numérisé par P. Chagnoux en 2012

[6D’après l’historique du 206e RI et les JMO cités plus haut.

[7Le 6e Bataillon du 323e RI est versé au 234e RI.

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9 Messages

  • Trois soldats de la 14e Compagnie du 206e Régiment d’Infanterie (1916) 28 novembre 2018 21:57, par mallet philippe (40)

    Bonjour,

    Emmanuel MALLET est mon arrière grand-père paternel, né à Salignac de Pons (17) le 19/02/1886.

    Il était instituteur au Bois Plage en Ré (17)

    Un monsieur de la Vienne adepte de la détection de métaux a déterré en 2018 sa plaque de service militaire de 1905, dans les vignes derrière le lycée Georges Desclaudes à Saintes, et me l’a dernièrement adressée. Elle est en bon état et incroyablement lisible pour ses 113 ans !

    Ces hommes ont terriblement souffert...

    Répondre à ce message

  • Savez-vous si ces tombes existent toujours ou si elles ont été regroupées ailleurs et où ?
    MA

    Répondre à ce message

    • Bonsoir,

      Comme indiqué dans l’article, le Caporal Monnereau repose aujourd’hui à la nécropole d’Esnes tombe N° 2020.
      Si vous cliquez sur le lien dans la note 8, vous lirez que tous ces petits cimetières ont été regroupés après guerre dans de grandes nécropoles.
      A cette occasion, des familles ont demandé la restitution des corps de leurs Poilus.
      Ce fut peut être le cas pour les deux autres soldats qui ne sont pas répertoriés dans "Sépulture de Guerre"

      Cordialement.
      Michel Guironnet

      Répondre à ce message

  • Bonjour, cette parution me ramène en mémoire lorsque j ’étais tout enfant avec ma grand-mère nous allions en période Toussaint dans des villages aux alentours (chaque année différents) dans les cimetières à la recherche des tombes abandonnées de soldats 14/18. Avant nous avions préparé de petits bouquets avec les fleurs de notre jardin celles qui restaient avant le gel et des feuillages...c ’était tout un temps d ’émotion, on mettait cela dans eau dans voiture. On partait dans ces cimetières de campagne déposer un petit bouquet sur les tombes dans l’oubli, non entretenues, brisées... Je détestais aller dans les cimetières cela m ’angoissait beaucoup mais étrangement j’aimais beaucoup déposer ces petits bouquets, j’ étais très consciente de ces vies sacrifiées car ma grand mère née en 1899 m’expliquait les horreurs. Je me souviens devant chaque nom encore parfois lisible sur des plaques émaillées souvent en forme de cœur ou de simple bois ; ; ; je m’imaginais un visage de ce soldat....certains diront ridicule je ne l’avais pas connu, je ne pense pas c ’était certainement un réflexe d’enfant de faire remonter en mémoire ces hommes, de matérialiser la Vie. Faut dire que dans mon quartier il y avait beaucoup d’ handicapés suite à la Grande Guerre plus jambes ou bras , de défigurés des gueules cassées comme on appelait. de la part de B.C

    Répondre à ce message

  • Merci pour ce travail de mémoire précieux. Quelle hécatombe ! Les familles sont encore traumatisées et cherchent toujours la tombe de leur proche. Ces trois croix permettront à certains de pouvoir, enfin, identifier le lieu où repose ces soldats.

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  • Merci grandement pour toutes ces informations qui sont si précieuses pour ceux qui sont apparentés à ces Braves.
    Bien sincèrement,
    Michel Gouzou

    Répondre à ce message

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