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Un peu d’héraldique appliquée

Le jeudi 29 octobre 2015, par Jacques Gérome

François Timoléon de Choisy, né en 1644, fameux abbé dont on se souvient surtout par le fait que sa mère l’habillait en fille, fut un immense personnage qui écrivit beaucoup et merveilleusement. Il fit aussi couler beaucoup d’encre. De mœurs équivoques, mais aussi académicien et ambassadeur du roi au Siam, cet homme a été décrit dans L’Abbé de Choisy, de Dirk Van der Cruysse, paru chez Fayard en mars 1995. Précédemment était paru L’Abbé de Choisy ou l’ingénu libertin, de Geneviéve Reynes, Presses de la Renaissance, Paris 1983.

Ces éminents historiens n’avaient pas de connaissance particulière en héraldique (on ne peut pas tout savoir) et ne pouvaient pas, si l’occasion se présentait :

  • définir de quel « Choisy » était originaire le nom de notre ecclésiastique. Car des Choisy il y en quelques uns (Choisy le Roi, Choisy au Bac, Choisy en Brie, Choisy Hte Savoie, Choisy la Victoire…).
  • vérifier les affirmations héraldiques de leurs prédécesseurs ni les fausses conclusions qu’ils en tiraient.

La science héraldique permet pourtant de répondre ou de rectifier ces deux points.

1 - François Thimoléon de Choisy …en Brie :

Notre personnage se nomme Choisy et porte, comme toute sa famille "d’azur au sautoir engrêlé d’or, cantonné d’un croissant et de trois besants d’argent".

Une autre famille, inconnue des historiens, se nommait tantôt Choisy tantôt Hiérosme de Choisy et portait "d’azur au sautoir engrêlé d’argent, cantonné d’un croissant et de trois besants d’argent".

Ces deux blasons sont identiques puisque la seule différence est une brisure dans la couleur du sautoir (or ou argent).

Même nom et mêmes blasons induisent une conclusion : c’est la même famille.

Or, dans les comptes de fabriques des Koeurs, à St Mihiel (55), un manuscrit 1588-1660 relate " En 1588, Charles HIEROSME de CHOISY fait faire à ses frais le mesurage des terres autour de l’église et offre une verrière à ses armes de CHOISY et de Lorraine." En marge se trouvent les dessins : celui de Choisy est bien celui décrit ci-dessus. Quant à décider de quel Choisy il s’agit, nous avons de nombreuses preuves documentées que c’est Choisy en Brie.
Sans risque on peut conclure que l’abbé tient son nom de Choisy en Brie.

2- Fausses déductions d’historiens :

Geneviéve Reynes et Dirk Van der Cruysse répètent le commentaire de Glanville, un historien qui les a précédés :"Cet écusson prouve à quel degré de présomption et d’oubli des convenances hiérarchiques en étaient arrivés, à cette époque, les abbés commendataires". Pour cela ils s’appuient sur les ornements du blason de l’abbé qui est "timbré d’une crosse et d’une mitre" : Manifestement ces historiens considéraient que la mitre et la crosse étaient réservées aux évêques.

En fait, l’examen de ces armes démontre que l’abbé ne faisait qu’utiliser le timbrage normal de sa fonction et de son titre. En effet, en héraldique, la mitre est identique pour un abbé et pour un évêque. Par contre, la crosse est tournée à dextre pour un abbé, ce qui est bien le cas des armes de l’abbé de Choisy, tandis quelle est tournée à senestre pour un évêque. En outre, le sceau de notre abbé est surmonté d’une couronne de baron. Or, son père était couramment nommé comte par flagornerie alors qu’il n’avait qu’un titre de baron. L’abbé aurait pu aisément en profiter… surtout lorsque l’on sait qu’il était capable de se faire passer pour une comtesse !

Au contraire, on ne peut que constater qu’il fut très scrupuleux dans le dessin de ses armes ... et l’on pourrait dire, à travers cet exemple : "Cet écusson prouve que les abbés commendataires, à cette époque, étaient restés parfaitement respectueux des convenances hiérarchiques" .

C’est tout le contraire de l’opinion exprimée par les historiens qui font l’histoire !

Parce que la généalogie est toujours source de surprises cocasses, ajoutons que cette branche des Choisy est sans descendance légitime. Seul l’abbé eut une fille ! Et de plus dans des circonstances peu banales. En 1676, l’abbé se travestissait sous le nom de "comtesse des Barres". "Elle" approcha aisément une actrice, Roselie, qui rapidement, fut en situation de comprendre la supercherie, sans toutefois s’en offusquer outre mesure. Puisque Timoléon (l’abbé) était habillé en comtesse, Roselie s’habilla en comte... Et c’est ainsi que la comtesse mit enceint le comte...

Mais là nous sortons de l’héraldique.

Sceau de l’abbé de choisy (cf - L’abbé de Choisy ou l’ingénu libertin de Geneviève REYNES. Page 277) :

Comparaison aux armes d’abbé et d’évêque décrites dans L’encyclopédie de Diderot et d’Alembert - Blason Arts héraldique - Planches XIII et XIV :

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2 Messages

  • Un peu d’héraldique appliquée 30 octobre 2015 12:29, par Vincent de Walque

    Bonjour,

    Très bon article.

    On pourrait préciser que la crosse des abbés (toutes catégories confondues) est tournée à dextre, vers l’intérieur de l’écu, parce que sa juridiction est restreinte à son abbaye.

    L’abbé d’une abbaye régulière ne porte pas de chapeau, au contraire de son abbé commanditaire.

    La crosse des évêques est tournée vers l’extérieur, car leur juridiction est en théorie l’ensemble du diocèse.

    Certains auteurs ajoutent un voile blanc, flottant vers l’extérieur, au haut du manche de la crosse. Je n’y ai jamais porté attention.

    La mitre peut être très légèrement tournée vers dextre, comme le montre l’illustration. Elle peut être aussi de face.

    Jamais une mitre ne porte de croix, jamais. Cette décoration est strictement réservée à Saint Nicolas, patron des écoliers sages, des jeunes filles à marier, ainsi que des marins.

    Répondre à ce message

  • Un peu d’héraldique appliquée 30 octobre 2015 14:05, par Martine Hautot

    Bonjour,

    Une histoire cocasse vivement racontée .Mas qu’est devenue la fille de l’Abbé ,comment s’est -elle appelée ? je brûle de savoir. Cordialement
    martine

    Répondre à ce message

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