Louis HIERLE est un artiste-peintre français. Ses œuvres sont connues, recherchées. Une simple visite sur Internet satisfera les plus curieux.
Mais là n’est pas le propos.
Je m’intéresse à Louis HIERLE car il a peint les portraits de Joseph Émile Magne CHAR et de son épouse Marie Thérèse Armande ROUGET. Ce sont les parents de René CHAR, le poète, le résistant.
Au cours de cet exposé, il s’agira de retrouver la date et le lieu de son décès, et de là, confirmer que c’est bien le même qui est né à L’Estréchure en 1856.
Voyons ce que nous avons pour relever ce défi.
1 - Acte de naissance [1]
Donc, un certain Louis Frédéric Lucien HIERLE est né à L’Estréchure (Gard), le 16 Avril 1856. Madame le Maire de L’Estréchure ignore si ce concitoyen est le fameux artiste-peintre. La suite, que nous allons découvrir, m’a permis de le lui confirmer.
2 - Généalogie
A partir de cet acte, nous avons pu élaborer un embryon d’arbre généalogique de la famille HIERLE.
3 - État-Civil
3.1 - Naissance
Son acte de naissance est en notre possession. Voir le § 1.
3.2 - Mariage
Son acte de décès nous apprend qu’il était resté célibataire. Donc, à priori, sans enfant.
3.3 - Décès
Il est mort à Paris Xe, le 20 Août 1906 [2]. Pour obtenir la copie intégrale de cet acte, j’ai dû le réclamer aux 20 arrondissements parisiens. Et c’est une retranscription, effectuée par la Mairie du 8e arrondissement de Paris, qui m’est parvenue !
Transcription
L’an mil neuf cent six, le premier Septembre, à neuf heures du matin, a été faite la
Transcription suivante : Extrait des minutes des Actes de décès du 10e arrondissement de Paris :
“L’an mil neuf cent six, le vingt août à quatre heures du soir, acte de décès de Louis Hierle, âgé de cinquante ans, artiste peintre, faubourg Saint-Honoré 231, né à Lestréchure (Gard) décédé faubourg Saint-Denis 200, le vingt août à Deux heures du matin, fils de père et mère dont les noms nous sont Inconnus. Célibataire. (Sans autres renseignements) Dressé par nous, Félix Girardin, adjoint au maire, officier de l’Etat-Civil du 10e arrondissement De Paris. – Sur la déclaration de Léon Rousset, âgé de trente-cinq ans et de Maurice Bruzeau, vingt-sept ans, employés, faubourg St-Martin 69, qui ont signé avec nous, Après lecture.” Suivent les signatures. Transcrit par nous, Joseph Sansboeuf, adjoint au Maire, officier de l’Etat-Civil du huitième arrondissement de Paris, Officier de la Légion d’Honneur. Sur le vu du sus-dit extrait, qui va demeurer ci-annexé – Le Maire – Sansboeuf
4 - Traces nîmoises
GALLICA signale Louis HIERLE comme étant issu de l’École Normale de Nîmes [3].
"NÎMES JOURNAL" nous indique qu’il a fréquenté l’École des Beaux-arts gardoise.
Il a été aussi lauréat du Silon (?).
5 - Traces parisiennes
5.1 - Gallica
Cette collection nous confirme qu’il est mort à Paris en 1906 et qu’il est né à L’Estréchure (Gard).
Peintures, Tableaux, Portraits (Sur toile et sur bois) 170. - Portrait de jeune femme, peinture sur bois, par M. HIERLE, - originaire du Gard, élève de - l’Ecole des Beaux-arts. Mort - à Paris en 1906. Don de l’auteur.48 - 39 271. - La Cueillette de la feuille de 1 mûrier, par M. Mallet, de la Drôme. Exposé au Salon de 1877. Don de M. Mathurin [Thome, 95 -140
5.2 - Salon de 1844 [4]
Il expose 2 œuvres et nous notons qu’il habite au 27, rue de Seine à Paris 6°. Il est dit encore qu’il est natif de L’Estréchure (Gard).
De plus, il est donné comme étant un élève d’Alexandre CABANEL. Mais il n’est pas cité dans la longue liste de ses élèves.
5.3 - Salon de 1885 [5]
Un autre ouvrage intitulé : Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture gravure et lithographie des artistes vivants... : Exposition du 1er mai 1885. Il y expose également 2 œuvres.
Sa naissance à L’Estréchure (Gard) ne peut plus être mise en doute grâce à cette dernière révélation. Nous notons, dans ce passage, qu’il réside au N° 5, place Saint Michel dans le 5e arrondissement de Paris.
- La Place Saint Michel vers 1930
- Collection Roland MONGAÏ.
Le N° 5 est le gros bâtiment à droite de cette photo. Il est aujourd’hui occupé, en partie, par la Librairie GIBERT-JEUNE.
6 - Recensement
Grâce au dernier document (§4.3), nous apprenons qu’il habitait, en 1885, dans le 5e arrondissement de Paris. Un recensement, celui de 1901 par exemple, aurait été un bon moyen pour en savoir davantage sur ce personnage. Mais Paris n’a effectué son premier recensement qu’en 1926 !
7 - Contribution amicale
Ses amis, à sa mort, on fait dresser un monument. Son buste le domine.
- Ce buste, en bronze, est signé Félix CHARPENTIER, sculpteur.
- Le monument est de Max RAPHEL, architecte.
Ce monument est dans un cimetière protestant, près de Nîmes, sur la route d’Alais (Alès).
8 - Le buste
Il a été répertorié sur un mémoire de Maîtrise présenté par Guillaume PEIGNÉ [6]
- Plâtre : ?
Localisation : inconnue. - Bronze : ?
Localisation : Nîmes, cimetière.
8.1 - Le cimetière
Ce cimetière protestant est situé route d’Alès.
Un CADEREAU [7], celui d’Alès, passe à proximité. Il y a également celui d’Uzès pas très loin.
L’inondation qui a eu lieu le 3 Octobre1988 n’a pas touché le monument "Louis HIERLE".
8.2 - Adresse [8]
Cimetière Protestant de Nîmes.
17 bis, Avenue du Pasteur Paul BRUNEL
30000 NÎMES -.
8.3 - Coordonnées de la tombe
Cette concession porte le n° 3183, en feuille 10bis, section 2bis, zone 26.
8.4 - Propriétaire de la concession
C’est un certain Auguste ROGER qui a acquis cet arpent du bon Dieu. Il habitait, en 1908, au N° 4, Rue CART à Nîmes.
A noter que cet achat est fait pour Louis HIERLE [9]. La dépense totale se monte à 677,60 francs (1908). Selon l’INSEE, en 2014, le convertisseur nous indique : 2620,40 euros !
Ce qui est déjà une somme importante.
- L’acte d’achat de la concession.
Il semble que cette grande maison "ROGER" soit devenue une multipropriété11, les boutons d’appel y sont nombreux.
9 - Le monument
Nous avons deux photos de celui-ci :
- A gauche, Collection BACCHI-CHARPENTIER - A droite, Photo Bruno FOULAIN (Extrait).
9.1 - Détail de la plaque
- Photo Bruno FOULAIN.
Nous lisons, très facilement : A LOUIS HIERLE - 1856-1906 - SES AMIS -14
Mais là ne s’arrête pas notre intérêt. En effet 1856 est l’année de naissance, qui figure sur l’acte de naissance récolté à L’Estréchure, de Louis Frédéric Lucien HIERLE.
10 - L’inauguration du monument
Une coupure de journal (NÎMES-JOURNAL, numéro 1583) nous renseigne, peu à vrai dire, sur cet événement. L’article consacré à Louis HIERLE est intitulé "Nos Concitoyens". Voici cette coupure, qui ne fournit pas le lieu exact de la cérémonie, ni la date précise :
Mais maintenant, nous connaissons l’endroit : il s’agit du cimetière protestant qui est situé Avenue du Pasteur Paul BRUNEL à Nîmes.
Il est dit, dans cet extrait, que la cérémonie a eu lieu le lundi 28 septembre 1908.
11 - Crues cévenoles à Nîmes
Nous avons pensé, un moment, qu’une crue cévenole [10] du fameux cadereau, voisin du cimetière, aurait emporté quelques tombes dont ce monument par la même occasion. Fort heureusement, il n’en fut rien.
12 - Les portraits
- Joseph Émile Magne CHAR et Marie-Thérèse Armande ROUGET
- Photo issue de : L’éclair au front - Laurent Greilsamer - Fayard - 2004.
Initialement le portrait d’Émile CHAR était dans le salon de la maison natale de René CHAR, aux Névons (ici au dessus de ces dames, en haut et à gauche de la photo).
Par la suite, on le retrouve [11] dans son bureau qui avait été reconstitué au Musée CAMPREDON de L’Isle-sur-lla-Sorgue.
13 - Troisième œuvre de Louis HIERLE
En compulsant les différentes publications consacrées à René CHAR, on découvre, dans la famille CHAR, un autre portrait de ce peintre :
Il s’agit de Julia19 CHAR, dite "Lily", qui épousera plus tard José DELFAU [12]
14 - Que sont devenus ces portraits ?
Le premier portait est la propriété de Marie Claude CHAR, veuve de René CHAR.
Celui de la mère de René CHAR est entre les mains de la municipalité de L’Isle-sur-la-Sorgue [13] (Hôtel Campredon).
Quant à ce dernier portrait, il est également la propriété de Marie-Claude CHAR.
15 - Trace Posthume [14]
Le jeudi 26 février 1914, l’Hôtel DROUOT met en vente deux tableaux signés Lous HIERLE :
- 52 - Torse de Femme.
- 53 - Tête de Femme.
La signature de l’artiste :
16 - Remerciements
Je tiens à remercier :
- Nella BUSCOT, Sculpteur
- Marie-Claude CHAR, veuve de René CHAR
- Nadine DERÔME-BEUGON, Le Fil d’Ariane (entraide généalogique)
- Madame le Maire de L’Estréchure
- Daniel BACCHI, descendant de Félix CHARPENTIER,
- Bruno FOULAIN, conservateur du cimetière Protestant de Nîmes
- Guillaume PEIGNÉ qui a soutenu un mémoire de Maîtrise sur le statutaire Félix CHARPENTIER,
qui m’ont aidé dans ces recherches...
A ceux-ci, je me dois d’ajouter :
- Madame Magdeleine MAZERT, Brozer - téléarchives,
- Jean COLL, Responsable Service Culture de L’Isle-sur-la-Sorgue.
Et je ne peut pas oublier Cathy BRAVO et Odile ROUX, des archives municipales de L’Isle-sur-la-Sorgue, qui contribuent, avec gentillesse et compétence, à mes entreprises généalogiques.