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Le cahier d’Émile Vieu

Le vendredi 5 décembre 2025, par Françoise Carreras

C’est un cahier d’écolier de 200 pages découvert dans un vide-grenier et acheté 3 francs 6 sous, sa couverture cartonnée est un peu défraîchie mais reste élégante. Je n’ai pas pu résister à l’envie de l’ouvrir et je suis aussitôt tombée sous le charme. La page de garde en papier reliure indique E Vieu à la plume et à l’encre, j’ai déjà le nom du propriétaire. Et la lecture de la cinquantaine de feuilles écrites ou dessinées à la plume, vont me livrer les secrets d’Emile Vieu.

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C’est un cahier-souvenir comme on peut faire un album-souvenir. Il est rédigé par les amis d’Emile Vieu entre avril et mai de sa première année à l’École Normale d’Instituteurs de Montpellier, promotion 1901-1904. La première page, magnifiquement calligraphiée, indique le nom de ses camarades de promotion :

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Ils sont dix neuf à s’adresser à lui, deux le font à deux reprises, accompagnant une poésie d’une lettre ou d’une dédicace plus personnelle. Les poètes sont ceux de leur temps à l’exception de Racine et Ronsard, on trouve Lamartine, Victor Hugo, José Maria de Hérédia, Alfred de Musset, Sully Prudhomme, Leconte de Lisle, Charles Grandmougin, Frédéric Bataille, Félix Arvers.

Celui qui écrit le premier est A. Delmas, c’est aussi lui qui a réalisé le dessin de la première page :

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Bien cher ami

C’est à moi que revient l’honneur de commencer ce recueil de souvenirs de tes camarades de boîte. Je préside en quelque sorte à tous les souhaits qu’ils vont te faire. C’est un honneur dont je suis en droit d’être fier.

Tu connais mes sentiments à ton égard. Tu connais mon amitié pour toi comme je connais la tienne. J’espère quelles ne se démentiront jamais, ces deux amitiés réciproques. Pendant les six mois que nous avons passés ensemble à l’École Normale, nous avons eu le temps de nous connaître, elles en sont le résultat.

Plus tard, dans quelques années, tu ouvriras un jour ce recueil, oublié sur les rayons, couverts de poussière, d’une bibliothèque. A la première page, tu y verras un faible souvenir que j’ai osé signer, à la deuxième, tu liras plus ou moins rapidement ces quelques lignes. Je voudrais qu’alors, ton imagination aidant, elles te fassent revivre notre amitié telle qu’elle est aujourd’hui. Elle aura le temps pendant trois ans de se resserrer. Mais il y aura longtemps que nous ne vivrons plus côte à côte, et les années auront passé leur éponge sur le souvenir, qui ne sera plus que faible.

Je te souhaite un bon avenir. Je m’arrête sur ces mots car je crains de te lasser.

Un camarade et ami de promotion
A Delmas
élève-maître de 1re année
Promotion 1901-1904

Il nous apprend qu’ils sont dans cet école depuis 6 mois, l’année scolaire à cette époque débute le 1er octobre, c’est donc début avril 1902 que débute ce cahier.

Les pages suivantes sont celle de J. Cug qui exécute un dessin d’églantine et une magnifique calligraphie pour illustrer deux pages de Victor Hugo (je ne reproduis pas la seconde), suivie d’une lettre :

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Mon cher ami,

A la fin ta poésie est enfin copiée ; ce n’est pas je l’avoue sans force supplications de ta part mais ce qui est fait est fait.

Mon cher ami tu sais bien que ce n’est pas pour te refuser que je me suis fait si souvent prier, c’est que j’avais la flème.

Après six mois passés ensemble à l’école normale nous n’en sommes pas Dieu merci à notre première boutade, mais jamais notre amitié ne s’est démentie et j’espère bien que cela continuera pendant les … 3 ans que nous passerons à la boîte.

Je n’ai pas la prétention de t’écrire une dissertation sur l’amitié. Entre personnes qui s’aiment il est inutile de revenir si souvent sur le même sujet.

Victor Hugo dans sa magnifique poésie donne la fleur à l’amour, moi je donne mon cœur à mon bon camarade.
Ton ami de promotion
Cug J

Le copiste suivant est Louis Vergnes, il fait un dessin à la plume et au crayon de couleur et recopie un poème de Sully Prudhomme, la lettre qui l’accompagne détaille le programme de cette rentrée de Pâques ce qui laisse à penser que Émile n’est pas présent :

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Mon cher ami,

C’est pendant un moment d’ennui qu’il m’a pris envie de te copier ces 4 strophes de Sully Prudhomme.

Ces quelques vers s’accomodent (sic) beaucoup avec la journée qu’il fait aujourd’hui 10 avril 1902, trois jours après la rentrée des vacances de Pâques. C’est qu’en effet nous comptions qu’il y aurait sortie aujourd’hui, premier jeudi après la rentrée, et nous devions en profiter pour aller visiter la foire qui comme le feuillage de la poésie doit pleurer sous l’averse.

Inutile de te demander ton avis sur la perspective de 3 ans qui se dresse devant nous comme une muraille infranchissable. Sully Prudhomme dit dans son dernier vers : « Oh que la pluie est triste » Laisse-moi te dire à mon tour, et je doute que tu ne sois pas de mon avis « Oh que la boîte est triste ». Peut-être deviendra-t-elle plus agréable à mesure que nous diminuerons le temps qu’il nous faut rester. Je l’espère.

Je n’ai pas envie de faire le poète, cela me serait bien difficile, car mes talents en versification sont très restreints, je dirai même nuls, aussi je termine presto et subito ce petit speech.

Un camarade de promotion qui comme toi est venu s’échouer à l’Ecole Normale

Vergnes Louis

Les pages suivantes sont de P. Bellet qui écrit une lettre et la fait suivre d’un poème de Lamartine dont je ne reproduis que la première page. La photo d’un jeune homme était glissée entre ces pages, titrée Beef, surnom de Bellet ? La pose altière et la mise élégante correspond assez peu à la modestie que Bellet semble manifester dans sa lettre, mais qui, à mieux regarder, pourrait bien être de la fausse modestie !. Sa lettre est signée « un gascon », j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’une référence à sa province de naissance, Montpellier n’en est pas si loin, mais on retrouve ce qualificatif pour d’autres personnes et on finit par comprendre que c’est le qualificatif des élèves de 1re année comme il y a des « bleus » dans l’armée. Faut-il penser que la tradition de cette école considère gentiment les nouveaux élèves un peu hâbleurs, vantards ?

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Mon cher Émile

J’aurais voulu, en mettant mon nom sur ce cahier, pouvoir y placer un petit dessin ; mais je me résigne devant mon incapacité et j’espère que tu ne m’oublieras pas quand même. Je ne savais que te donner comme souvenir, tu as l’âme si élevée,et dame ! il est difficile de contenter un poète, je ne sais si mon choix est réussi, si oui j’en serais très heureux, sinon je t’en copierai une autre plus tard et à ton goût. Je ne me fais pas prier quand il s’agit de rendre un petit service ; pour cela je crois que nous avons les mêmes idées, comme d’ailleurs nous avons les mêmes idées sur les élections et nos députés et sur l’affaire Dreyfus ; j’espère qu’il en sera de même demain quand nous serons sortis de cette boîte
Un gascon
Bellet. P

Puis c’est une lettre de E. Villebrun accompagné d’un magnifique dessin et de deux poèmes de Victor Hugo « Toulon » et « Extrait des Contemplations » :

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A mon ami Vieu

Je profite d’un moment de loisir pour te copier cette poésie qui te sera d’autant plus chère qu’elle vient d’un véritable ami. Puisse-t-elle te rappeler plus tard dans ta laborieuse carrière les bonnes journées que nous avons passées ensemble à l’Ecole Normale. J’ajoute à ma poésie ce dessin qui pourra lui aussi aider ta mémoire et à cause du nom qui se trouve en dessous du ménestrel te faire souvenir d’un de tes meilleurs amis.

E. Villebrun

Puis c’est G Conte, qui se qualifie lui aussi de gascon, sa dédicace ne nous éclaire en rien sur leur relation amicale mais est pleine de sous-entendus : « rappelle-toi, rappelle-toi », accompagnée d’une photo collée sur un poème de Lamartine : « Le poète mourant ». Tous ces garçons si jeunes, Emile a 17 ans, baignent dans la poésie romantique mais ce choix-ci est prémonitoire :

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Cher ami

Je ne coucherai pas sur ces pages sacrées par l’amitié une longue et plus ou moins sentimentale déclaration ; tu sais pourquoi !............ Rappelle-toi en relisant les beaux vers de Lamartine un gascon qui bien qu’un peu taquin t’estime beaucoup …

Rappelle-toi … Rappelle-toi...
G Conte

On aimerai en savoir plus sur ces souvenirs partagés et qu’il vaut mieux ne pas écrire …...

Bellet reprend ensuite la plume pour copier un long poème de Lamartine « Premier regret », on se souvient qu’il était assez peu sûr de son choix et qu’il avait proposé à Émile de lui en recopier un autre à son goût, celui-là est-il une demande d’Émile ou bien un « rattrapage » spontané de Bellet ? Je penche plutôt pour cette deuxième explication, d’abord parce que le cahier tourne auprès des élèves et Émile ne l’a sans doute pas encore lu, et puis un autre de ses camarades le dit « Hugolâtre », Lamartine serait donc le poète préféré de Bellet. C’est seulement dédicacé sobrement « à mon ami Vieu Émile ».

Puis c’est au tour de Jean Lazès, un gascon, donc en 1re année, qui copie « Soleil couchant » de Victor Hugo accompagné d’une lettre :

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Cher ami

Pardonne-moi si je ne t’ai pas donné quelque fleur, car je n’y entends rien. Aussi au lieu de te salir le cahier j’aime mieux ne pas en mettre. Souviens-toi seulement lorsque plus tard, dans tes moments de loisirs, tu liras ces quelques recueils du gascon qui a partagé avec toi les 3 fameuses années de boîte.

Tu penseras aussi que c’était la veille de l’Ascension et que par conséquent tous étaient heureux en songeant au lendemain.

Un gascon 1901-1904
Lazès Jean

La dernière phrase est mystérieuse, l’Ascension est toujours un jeudi et ce jour est un jour sans cours, c’est peut-être la satisfaction d’un repos, sans doute rien à voir avec la fête chrétienne dans cette école laïque !

La page suivante est celle de A. Delmas qui copie « La Poésie » d’Alfred de Musset accompagnée d’une dédicace laconique mais qui nous apprend qu’Émile écrit des poèmes :

Avec le copiste suivant, on voit arriver des camarades qui ne sont pas de la promotion d’Émile mais de la 2e et 3e année. On ne retrouve pas leur nom sur la première page, ce qui confirme que la liste qui y est calligraphiée concerne seulement les seize élèves de première année, certains de ceux-ci ne se retrouvent pas dans ce cahier qui concerne essentiellement ceux qui se considèrent de ses amis. Le premier à écrire est Poncey Paul qui se surnomme Oenobarbus et recopie le poème « Désir » de Sully Prudhomme :

Voilà l’idéal. Cherche-le mon vieux, et quand tu l’auras trouvé, saisis l’occasion aux cheveux. C’est tout ce que te souhaite ton ami et ancien

Poncey Paul
Oenobarbus

Puis c’est J. Isal, peut-être en 3e année, qui copie « Stances à Ninon » d’Alfred de Musset sur trois pages, je ne reproduis que la première et la dernière, et une dédicace :

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Si je te disais qu’il me tarde de partir qui sait mon cher gascon ce que tu me répondrais
Souvenir d’un ancien
J Isal

On ne sait pas s’ils s’opposent sur le terrain de la politique, mais sûrement sur le terrain de la poésie, E. Segui à la page suivante laisse entendre qu’il y a les férus de Lamartine et les férus de Victor Hugo, pour ne pas trancher, il opte pour un poème de Félix Arvers et signe :

Encore un poème de Lamartine copié par C. Bergonier, un ancien :

11 .5 . 02
7h du matin
Cher Vieu
Reçois cette poésie comme témoignage d’une affection tendre et sincère
Un moyen
C . Bergonier

Le même jour, le cahier passe dans les mains de J. Hus, un moyen, en deuxième année donc, qui copie un poème de José Maria de Hérédia, la calligraphie du titre rend hommage à la pompe des Parnassiens :

Cher Gascon

Que cette poésie d’inspiration toute attique te rappelle le moyen qui l’a transcrite pour toi J. Hus
du 11 mai 1902

Ces élèves instituteurs ont parfois deux façons d’écrire bien différenciées, l’une académique et professionnelle et l’autre plus personnelle dont le suivant use immodérément pour sa dédicace. C’est un moyen, Aussenac, qui copie « Nox » de Leconte de Lisle, il n’est sans doute pas un intime d’Émile puisqu’il éprouve le besoin de se décrire « petit blond » :

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Le suivant, F. Roubien, un moyen, se distingue par le choix d’un poète un peu oublié aujourd’hui, qui était aussi instituteur, Frédéric Bataille, et à ce titre sans doute mis à l’honneur dans les écoles d’instituteurs :

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Dorchamp manifeste avec humour et talent sa lassitude de devoir écrire pour des amis :

Cher Gascon je ne veux pas cependant te laisser une mauvaise impression et je m’empresse de te copier un morceau sentimental. J’ai vu que c’était une règle dans ton album
Dorchamp

Heureux qui peut passer sans s’interrompre un jour de l’amour de sa mère à l’amitié sereine et de l’amitié sainte à son premier amour .

S. Curquais, un ancien de 3e année, recopie « La Rose » de Ronsard, sa dédicace se veut sans doute encourageante, mais on sent un tel soulagement que ce n’est pas sûr qu’elle soit entendue comme telle par Émile :

Pense q.q.f. a celui qui t’a copié cette poésie. Songe qu’il a fait ce que tu as à faire et que dans 60 jours il te dira un adieu fraternel qui lui causera la plus grande joie. Non parce qu’il se sépare de toi, mais parce qu’il quitte la boîte S. Curquais

Mais tout n’est pas que pensum dans la boîte, en témoignent les pages suivantes. C’est Vergues, un camarade de sa promo qui a déjà dessiné et écrit au début du recueil, il avait alors une petite déprime en revenant de vacances de Pâques. Cette fois, il raconte, avec un vrai talent de narrateur et en tentant de le versifier un peu façon rap un chahut nocturne dans le dortoir : « LA NUIT DU 11 MAI ». C’est une description réjouissance qui nous en apprend beaucoup sur la vie d’une bande d’internes de 17 ans, intellectuels par ailleurs : faire voler c’est vider de son lit son occupant de préférence endormi, ouvrir ou lever le gaz c’est allumer ou augmenter la lumière, le dortoir n’est pas équipé de l’électricité qui est fort chère et s’installera vraiment après la première guerre mondiale, « le vieux » est peut-être le directeur ou un surveillant général puisqu’il y a un élève nommé surveillant par dortoir, une position réglementaire dans le lit est prescrite tant l’époque stigmatise la masturbation, mère de toutes les maladies psychiques croit-on, et il n’oublie pas la plaisanterie grivoise « une fessée superbe digne d’une chambrière » . Est-ce lui qui poursuit avec cet amusant dessin page suivante ? Est-ce la concierge ?

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Les deux dernières pages du cahier paraissent un peu fades après un tel récit, malgré la fantaisie de la première et les deux illustrations au crayon qui les accompagnent :

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On ne peut qu’être surpris de la qualité des illustrations, c’est que le concours d’entrée à l’École normale comportait une épreuve de dessin consistant en un exercice de dessin à vue, ou un arrangement décoratif tiré du programme du cours supérieur des écoles primaires, il y avait aussi une épreuve d’écriture comprenant une ligne en grosse bâtarde, une ligne en grosse ronde et en cursive, deux lignes en gros, deux en moyen et quatre en fin. ((Décret du 18 janvier 1887, reconduit jusqu’en 1905)

Ce cahier commencé en avril 1902 au retour des vacances de Pâques se termine en mai . Je pense que Émile est tombé malade chez ses parents et l’école en a informé ses camarades, Delmas le premier parle « ...des souhaits qu’ils vont te faire » et « je te souhaite un bon avenir ». Je ne crois pas que ces jeunes gens aient mesuré la gravité et l’issue fatale un an plus tard, le concours d’entrée prévoyait avant l’examen d’entrée une enquête de santé pratiqué par le médecin de l’école assisté d’un médecin assermenté : « ils ne peuvent prendre part aux épreuves que s’il est constaté qu’ils ont été vaccinés ou qu’ils ont eu la petite vérole (c’est la variole), qu’ils ont été revaccinés, et qu’ils ne sont atteints d’aucune infirmité, maladie ou vice de constitution qui les rende impropres aux fonctions d’enseignement. » (Décret du 18 janvier 1887, reconduit jusqu’en 1905).

Émile décédera un an plus tard le 25 avril 1903 à 18 ans et 2mois1/2. Ce qui emportait les jeunes à cette époque était la tuberculose et c’est sans doute son cas, je n’ai pas de renseignements plus précis. J’ai recherché des descendants de ses frères et sœur pour essayer de raviver des souvenirs de famille, en vain. Le cimetière de Saint-Chinian possède de nombreuses tombes au nom de Vieu mais je n’ai pas trouvé la sienne. Les archives de l’École Normale de Montpellier ont bien conservé sa date d’entrée et de décès dans ses registres matricule mais n’apportent aucune précision.

Je ne pouvais laisser ce cahier à l’abandon d’un vide-grenier, son décès à 18 ans rendait encore plus précieux ce témoignage de celui qui n’a pas eu le temps de devenir « un hussard noir » de la République.

Courte biographie d’ Émile Vieu

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« l’an mil huit cent quatre vingt cinq et le sept fevrier, trois heures du soir, par devant nous Irenée Couderc, adjoint au maire de la commune de St Chinian, délégué aux fonctions d’officier de l’Etat Civil, a comparu le sieur Izidore Victor Vieu, taillandier agé de trente ans révolu, né et domicilié à St Chinian, lequel nous a presenté un enfant de sexe masculin né à St Chinian le cinq février courant, huit heures du matin, de lui déclarant et de Rosalie Granier, son épouse, sans profession, agée de vingt deux ans, née et domiciliée à St Chinian, auquel enfant il a déclaré vouloir donner le prénom de Emile Victor, les dittes présentation et déclaration ont été faites en présence des sieurs Pierre Affre, cultivateur, agé de trente ans, et Roch Senescal, maçon, agé de quarante sept ans, domiciliés à St Chinian, et lecture faite du present acte nous l’avons signé avec le comparant et les deux témoins.

VIEU ISIDORE, ROCH SENECAL, l’officier de l’Etat Civil COUDERC AFFRE PIERRE »

Ses parents se sont mariés le 26 novembre 1880 (AD Hérault, 5MI 72/18, p248), il a un frère aîné de quatre ans, puis viendra une sœur neuf ans après lui et deux frères jumeaux treize ans après lui. Son père est taillandier, c’est un forgeron qui fabrique et répare les outils de l’agriculture coupants et tranchants : faux, serpes, haches...

Il entre à l’École Normale d’Instituteurs de Montpellier à 16 ans ½ L’entrée s’est faite après concours, il faut être titulaire du Brevet élémentaire et s’engager à servir pendant dix ans dans l’enseignement public et n’être atteint d’aucune infirmité ou maladie rendant impropre inapte au service de l’enseignement.

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Il décède chez ses parents le 25 avril 1903 (5MI 72/20, p21), il a 18 ans et 2 mois 1/2 :

« Vieu Emile Victor 18 ans célibataire 25 avril

L’an mil neuf cent trois et le vingt-cinq avril cinq heures du soir, par devant nous Auguste Azéma premier adjoint au Maire de la commune de St Chinian délégué aux fonctions d’officier de l’Etat Civil ont comparu les sieurs Cordier Louis, appariteur, âgé de soixante quatorze ans et Guiot Louis, préposé d’octroi, âgé de trente-six ans, voisins du décédé, domiciliés à Saint-Chinian ;lesquels nous ont déclaré que le nommé Vieu Emile Victor, élève à l’Ecole Normale de Montpellier, âgé de dix-huit ans, né et domicilié à Saint-Chinian, fils légitime de Izidore Victor Vieu, taillandier et de Rosalie Granier, son épouse, sans profession, mariés et domiciliés ensemble à Saint-Chinian, est décédé dans le domicile de ses pere et mere, à St Chinian, ce jourd’hui à quatre heures du soir. Après nous être assuré du décès et avoir donné lecture du présent acte, nous l’avons signé avec les deux déclarants.

CORDIER, GUIOT LOUIS, l’officier de l’Etat Civil A AZÉMA ».

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1 Message

  • Le cahier d’Émile Vieu 5 décembre 09:20, par Nicole Agullo

    Merci pour ce partage très intéressant et émouvant, ainsi que pour les compléments. Un beau document qu’il aurait été dommage, en effet, de négliger.
    Nicole

    Répondre à ce message

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