Dans « Le journal de Lyon » N° 193 du 3 Floréal an V (samedi 22 avril 1797) [1] parait l’annonce d’une demande de paix faite « à Buonaparte » par le général autrichien Bellegarde « confident de l’archiduc Charles » [2], nouvelle connue grâce à un courrier « Au quartier général d’Indemburg, le 19 Germinal » (8 avril) :
« La paix, c’est la paix que je vous annonce, mon cher ami, et c’est avec bien du plaisir. Hier, le général Bellegarde, confident de l’archiduc Charles, accompagné d’un de ses collègues, est venu en parlementaire demander la paix à Buonaparte ; celui-ci les a comblés d’honnêtetés, leur a fait des propositions sans doute raisonnables, et leur a accordé 4 jours d’armistice, pour donner le temps de les faire accepter à Vienne [3]. Nous ne pouvons pas douter de l’acceptation, cette capitale étant dans la plus grande fermentation ; le peuple révolté demande la paix et l’Empereur n’a pas de forces pour faire la guerre et contenir les mutins. »
Dans le N° 194 du 7 Floréal an V (mercredi 26 avril 1797), des « nouvelles de paix » sont diffusées mais avec une part d’incertitude :
« Grenoble. On ne peut nullement douter de la paix avec l’empereur : une lettre d’Italie, du 12 avril, annonce que l’empereur vouloit se sauver, mais que les habitans de Vienne l’ont forcé à se défendre en personne ou à faire la paix ; il a accepté ce dernier parti.
Le général Clarke est parti le 15 de Turin pour se rendre auprès de l’empereur & conclure les conditions. On présume qu’une des conditions sera la démolition des forts de Mayence & qu’une partie de l’Italie sera donnée au roi Sarde »
« Chambéry, 6 floréal. Je vous annonce l’importante nouvelle de la paix faite avec l’Empereur. Un courrier extraordinaire arrivé ce matin de l’armée d’Italie porte cette nouvelle officielle à Paris. »
« Au quartier général de Chambéry le 6 floréal an 5. Le général en chef de l’armée des Alpes au général de division Canuel.
Un courrier qui passe à l’instant, mon cher Général, répand la nouvelle de la paix avec l’Empereur ; il est dépêché par la république Lombarde & dit porter à son envoyé à Paris la certitude que cette république est reconnue par le traité de paix. L’obtention de cette condition doit faire augurer de la manière la plus favorable de celles qui sont plus directement relatives à la république française. Je m’empresse de vous transmettre cette heureuse nouvelle, quoiqu’elle n’ait encore rien d’officiel. Signé Kellermann »
Courrier d’Alexandre Berthier du 29 Germinal an V (18 avril 1797). Reproduit le 30 avril 1797 dans les « Nouvelles politiques nationales et étrangères », dans « La Quotidienne ou feuille du jour » et bien d’autres journaux datés du même jour : Armée d’Italie. Au quartier-général près de Keiss, près Léoben, le 29 germinal, an 5. Le général de division, chef de l’état-major, au général en chef, commandant l’armée de Sambre et Meuse [4]. Général, Le général en chef Buonaparte me charge de vous prévenir qu’aujourd’hui, à deux heures du matin, les préliminaires de la paix entre la république française & S. M. l’empereur, viennent d’être signés à Léoben, par MM. le major-général Morveldt, le baron Vincent & le marquis de Gallo, chargés de pouvoirs de l’empereur, & par le général en chef du l’armée d’Italie, Buonaparte, pour la république française. Je ne perds pas un seul instant, général, pour vous faire part officiellement de cette nouvelle, afin que vous fassiez vos dispositions en conséquence. Le général en chef Buonaparte enverra demain un officier au directoire ; cet officier vous fera connaitre les conditions des préliminaires. Salut & fraternité, Signé, Alex. Berthier. |
- "Victoires et conquêtes des Français".
- Préliminaires de la paix de Léoben. Paris Musée Carnavalet G.29186
Les « préliminaires de paix » entre la France et l’Autriche sont signés par Bonaparte le 29 germinal an V (18 avril 1797) au château d’Eckenwald, à côté de Leoben. Pour en savoir plus sur cette gravure. |
Dans « Le journal de Lyon » N° 196 du 14 Floréal an V (mercredi 3 mai 1797) on lit en page 6 (seulement) cette « Adresse de l’administration départementale du Rhône, à ses concitoyens, sur la signature des préliminaires de la paix avec l’Empereur. »
« La municipalité cantonale de Condrieu » décide que...
Par sa délibération du 15 Floréal an V (4 mai 1797) [5] « l’administration municipale du canton de Condrieu, vu l’avis qui lui a été transmis par l’administration du département du Rhône de la signature des préliminaires de paix entre la république française et l’Empereur,
- Considérant qu’une nouvelle aussi importante doit être transmise à ses administrés avec toute la célérité et la solennité dont elle peut être susceptible,
- Considérant que tous les bons citoyens doivent manifester leur joie à l’occasion d’un événement qui rend des enfants à leur père, des bras à l’agriculture, des citoyens à leurs foyers, et le repos à l’Europe arrosée trop longtemps du sang humain, arrête :
- (Article 1) que la nouvelle de la signature des préliminaires de la paix avec l’Empereur sera annoncée aux habitants de Condrieu par une salve d’artillerie et proclamée solennellement dans toutes les rues et places de cette commune,
- Article 2 : les agents municipaux de Condrieu et Tupin, communes les plus à portée, le juge de paix et ses assesseurs, les commandants de la garde nationale, de la gendarmerie et de la garnison seront de suite invités à se rendre auprès de l’administration municipale pour assister à la cérémonie de cette proclamation,
- Article 3 : tous les citoyens de la commune de Condrieu seront invités, et en tant que de besoins, requis d’illuminer à la tombée de la nuit, les fenêtres de leurs maisons qui donneront sur les rues et places,
- Article 4 : le présent arrêté sera publié immédiatement après la délibération de l’administration départementale du Rhône relative à la paix et avec la même solennité,
- Article 5 : extrait du présent arrêté sera adressé à l’administration du département du Rhône.
Fait en administration municipale du canton de Condrieu, le quinze floréal cinquième année républicaine. Signé à la minute Vuillemin Président et Burdel ? secrétaire. »
« Procès-verbal de la publication des préliminaires de paix »
- Procès verbal de la publication des préliminaires de paix
« L’an cinq de la république française et le quinze floréal à deux heures après midi, ensuite de l’arrêté de l’administration municipale du canton de Condrieu en date de ce jour portant que la nouvelle officielle de la signature des préliminaires de paix entre la république française et l’Empereur serait annoncée aux citoyens de la commune de Condrieu avec toute la solennité que comportait une publication aussi intéressante ; le président de l’administration municipale, l’agent municipal de la commune de Tupin et Semons, le juge de paix et ses assesseurs, les commandants de la garde nationale, de la gendarmerie, et du détachement de la quarantième demi-brigade cantonnée au dit Condrieu, et le citoyen Targe, chef de brigade des troupes à cheval s’étant rendus à la maison commune ; le cortège s’est mis en marche au son de la cloche et au bruit d’une salve d’artillerie et du tambour, précédé et suivi d’un détachement composé de la garde nationale, de la gendarmerie et de la garnison et s’est successivement porté dans les différents rues et places de la partie de la commune appelée la Ville et dans les faubourgs appelés du Port, du Raffour et de La Maladière.
Le secrétaire de l’administration municipale a donné dans tous les carrefours et places de ces différents lieux lecture de la délibération prise le quinze floréal par l’administration centrale du département du Rhône à l’occasion de la signature desdits préliminaires de paix, ainsi que de l’avis officiel de cette signature, et de l’arrêté de l’administration municipale portant invitation aux citoyens d’illuminer les fenêtres et leurs maisons qui donnent sur les rues et places.
Le cortège a trouvé sur sa route une foule considérable de citoyens de tout sexe et de tout âge qui ont fait entendre les cris répétés de « Vive la République » et nombre de chants civiques qui manifestaient d’une manière non équivoque la sensation agréable que faisait sur tous les esprits l’attente d’une paix prochaine durable.
Le cortège, après environ une heure de marche, était revenu dans la maison commune dans le même ordre qu’il en était parti. Il a été de tout ce que dessus, dressé le présent procès-verbal qui a été indistinctement présenté à la signature de tous les assistants. Condrieu, les jour et an susdits, suivent un grand nombre de signatures. »
Etienne Targe, héros militaire de Condrieu (1746-1827)
Un Etienne Targe nait à Condrieu le 25 décembre 1746, fils de Pierre Targe et de Jeanne David…mais ce n’est pas « notre » Etienne.
La bonne date nous est donnée par le « Répertoire alphabétique des dossiers d’officiers (1791-1847) » de la sous-série GR 2YE au Service Historique de la Défense : « 2Ye 3873-44 TARGE Etienne 12 juillet 1758 à Condrieu (Rhône) Colonel Troupes à cheval »
- Acte de baptême d’Etienne Targe
- Registre B.M.S de Condrieu 4 E 836 archives du Rhône
"Etienne Targe, fils légitime de Sr Pierre Targe, marchand voiturier, & de Dlle Jeanne David, né hier, a été baptisé par moi vicaire soussigné ce treizième juillet mil sept cent cinquante huit. Son parrain a été François Targe & sa marraine Marie David, en présence de Benoit Bonnet & Pierre Bigot soussignés. Brossard prêtre" |
Il ne nait donc pas en janvier 1770 comme l’affirment plusieurs ouvrages, se recopiant les uns les autres. D’ailleurs, il n’y a aucune naissance Targe en janvier ni dans toute l’année ! D’où vient cette grossière erreur ?
Marié le 5 avril 1785 avec Madeleine Gay, fille de Gabriel Gay et de Madeleine Robert [6].
Etienne Targe meurt à Condrieu le 1er juin 1827 « âgé de soixante-huit ans »
Sur les exploits militaires d’Etienne Targe :
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En guise de conclusion
Le 29 Germinal an V (18 avril 1797) : signature des Préliminaires de Paix à Léoben
Le 15 Floréal an V (4 mai 1797) : célébration de la Paix à Condrieu
Entre les deux événements : 17 jours seulement !