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« Ma pauvre femme, ce que je viens de passer est terrible mais enfin, j’en suis sorti indemne… »

Le jeudi 27 novembre 2008, par Bernard Dreyer, Michel Guironnet

Cette lettre très émouvante de Georges Grandjean adressée à sa femme Eugénie le 22 juillet 1916 évoque les combats de la Bataille de la Somme.

Mon grand-père maternel se prénommait officiellement Armand Georges Grandjean. Il était né le 23 avril 1877 à Tigy (45). Au moment où il a été mobilisé, il était employé comme chef-jardinier à Champigny-sur-Marne (94) chez M. et Mme Desvillette qui possédait une entreprise en bâtiment et travaux publics.

Il est mort le 24 janvier 1968, chez lui à Tigy (45) où il s’était retiré pour sa retraite en 1942.

Sur son livret militaire (classe 1897, matricule 1174 ) il est écrit sur la couverture qu’il a été incorporé au 151e régiment d’infanterie, 5e compagnie. Ce qui semble confirmé par cette photo, prise probablement au moment de son incorporation.

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Georges Grandjean en 1897

En mai 1915, Georges Grandjean est au 131 régiment d’infanterie.

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En 1915 au 131e RI

Puis il rejoint le 236e Régiment d’Infanterie.

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Au 236e RI

Cette lettre très émouvante de Georges Grandjean adressée à sa femme Eugénie le 22 juillet 1916 évoque les combats de la Bataille de la Somme.

Le 22 juillet 1916 - 9h. matin

Ma chère Eugénie, Mes chers enfants

J’ai reçu hier ton aimable lettre du 19 qui m’a fait bien plaisir d’un côté de te savoir en bonne santé mais qui m’ennuie pour ma petite mimi s’il faut lui bricoler les yeux. Mais enfin fait pour le mieux et fait ce qu’il faut car la vue c’est tout.

Je te dirai que j’ai été 2 jours sans pouvoir t’écrire mais je n’ai peut car tu vas t’en rendre compte, ma pauvre femme ce que je viens de passer est terrible mais enfin j’en suis sortit indemne.
Comment se fait-il je n’en sais rien et je n’y comprend rien le (hasard) la chance pour cette foit. comme tu le sais depuis le 30 juin nous étions sous les bombardements des_______en 1re ou réserve de 1re. Tu sais que j’étais ordonnance du Lieutenant Ct. la compagnie.

Le 20 (juillet) au matin j’ai participer à l’attaque sur les boches. Nous avons fait du bon travail mais quel spectacle. Cependant tout le monde à la compagnie y a été carément grace à l’élan et le courage de notre Lieutenant qui s’est conduit d’une façon admirable pour la bravoure et le sang froid dont il a fait preuve pour enlever sa Cie à l’assaut sur la 1re tranchée boche qui a été franchie en une segonde fessant des prisonniers et réorganiser la compagnie pour pousser plus loing ver leur 2e ligne.

Mais on a trouver de la résistance car ceux qui était devant nous c’était le 69° régiment de la garde prussienne et je t’assure qu’il metait tout ce qu’il pouvait à se déffendre.
A un moment donner j’ai vu mon patron chanceler. Il était traverser par une balle. Je me suis porter à son secours mais il a peut se retirer seul et gagner le boyau. Il n’a pas voulu que je l’emporte. Ça m’a fait beaucoup de peine qu’en je l’ai embrassé avant de le quitter. Il a réussit à gagner l’ambulance et il est maintenant en lieu sur.

Je viens d’avoir de ses nouvelles. Mais je n’ai pas revu Vessine cependant je sais par son voisin qu’il a été blessé à un bras et au côté mais blesure légère. J’écrit à sa femme.
Mon caporal a été blessé à la tête. Enfin de mon escouade nous restont 2. Mais les boches on pris aussi quelques choses.

Nous avons été relever à minuit et bien comtemps de sortir de cette enfer. Mais ce n’était pas fini car les salauts ils ont fait un tir de barrage avec des obus lacrimogeine ce qui nous a servi de dessert avant de manger la souppe.

Enfin m’en voilà quitte pour cette fois. Je suis au repos bien gagnée.
Surtout ne te fais pas du mauvais sang. Ma santé est très bonne et je désire que cette lettre te trouve de même.
Au revoir ma chère Eugénie et mes chères enfants. Je termine en vous embrassant de tout mon cœur. Ton mari qui t’aime. Georges.

Bien des choses de ma part à Rosalie et à tout les amis.

Au revoir ».

Quelques précisions :

  • La petite Mimi est ma mère, Emilienne Rosalie Grandjean née le 1er novembre 1912 à Champigny sur Marne (94). Elle va avoir 95 ans. Effectivement, très jeune elle a du porter des lunettes.
  • Il y avait deux autres enfants : Georges Emile, né le 13 mars 1904 à Gif-sur-Yvette (91), et Marcelle Eugénie, née le 10 juin 1905 à Bures-sur-Yvette(91).
  • Rosalie Grandjean était la soeur de mon grand-père. La fraterie était de cinq enfants, mon grand-père étant l’aîné.
  • Je ne sais rien concernant « Vessine et son voisin ». Son nom ne figure pas dans le fichier des soldats morts pour la France.
Si l’on tient pour acquit que Georges Grandjean était déjà en juillet au 236e RI, la lecture de l’historique de ce régiment de la 53e division d’infanterie confirme les faits évoqués par le courrier. L’armée allemande qui combat dans cette région est essentiellement composée par des régiments de la Garde Prussienne.

Extrait de l’historique du 236e Régiment d’Infanterie :



« …/… Le 236e n’a pas terminé sa mission ; il reste en secteur et se prépare à l’exécution de l’attaque principale.

Les hommes étaient bien fatigués, le 20 (juillet 1916) ils le sont encore bien d’avantage. Malgré cette fatigue bien générale, due à la prolongation du séjour au contact avec l’ennemi et aux corvées de transport des torpilles, il va remplir son devoir avec un entrain et un esprit de sacrifice auxquels les chefs rendent hommage.

Sa mission consiste à encercler Soyécourt par le sud-est pendant qu’un bataillon du 273e doit l’appuyer à droite.

Le 20 à 5 heures les deux bataillons en ligne se portent en vagues d’assaut vers leurs objectifs qui pour le bataillon Deportes est bientôt franchi ; mais le bataillon Broyelle ayant à faire à plus forte partie conquiert la moitié du bois de Soyécourt qu’une contre-attaque ennemie, très forte en nombre, l’oblige à évacuer.

La lutte est terrible, les Allemands se sont ressaisis, leur artillerie nombreuse appuie leurs mitrailleuses. Les contre-attaques massives se déclanchent de toutes parts obligeant nos héroïques soldats à se replier.

Dans la soirée une partie du terrain conquis restait entre nos mains. Les pertes étaient lourdes…./…Quoique élevées elles le sont moins que celles des Allemands.

Le régiment est relevé de ses positions par le 262e et, après un repos de quelques jours…, il remonte en ligne où il reste jusqu’au 6 août 1916 ».

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