www.histoire-genealogie.com

----------

Accueil - Articles - Documents - Chroniques - Dossiers - Album photos - Testez vos connaissances - Serez-vous pendu ? - Entraide - Lire la Gazette - Éditions Thisa


Accueil » Articles » Entraide généalogique ou historique » Sur les traces effacées d’un paysan isérois devenu infirmier algérois au milieu du XIXe siècle

Sur les traces effacées d’un paysan isérois devenu infirmier algérois au milieu du XIXe siècle

Le chaînon manquant entre l’Etat-Civil d’Isère et celui d’Alger

Le jeudi 29 septembre 2016, par Joachim Guimet

Pierre-André Guimet naquit le 20 mai 1820 [1], à Saint-Barthélémy-de-Séchilienne (acte n° 10, vue n° 109 ; coll. Départementale ; doc. 9NUM1/5E365/4), en Isère. La filiation de ce paysan-infirmier est restituable de manière certaine jusqu’au 9 mars 1690 en la personne d’Antoine, fils de feu Claude Guimet et parrain du nouveau né Claude Barnau.

Pierre-André fut l’avant dernier enfant d’une fratrie de sept enfants, l’aîné et le cadet étant par ailleurs des garçons. A l’orée de sa vingtième année, tout destinait son frère aîné, alors âgé de 37 ans, à assumer la succession du patrimoine familial.

Son absence sur les listes du tirage au sort de la conscription militaire et Conseil de Révision pour les années 1840 et 1841 suggère qu’il quitta le département de l’Isère, peu avant ses 20 ans, au plus tard en 1839. Une recherche étendue sur les localités où se marièrent les plus âgées de ses sœurs s’est avérée négative. Dans la vie professionnelle, son prénom d’usage était Pierre, ses proches utilisaient le prénom André et ses petits-enfants ainsi que ses arrières petits-enfants nés après son décès le connaissent indirectement sous le pseudonyme « Pierre André le Croquemort ».

État des lieux récent :

A tout le moins, sait-on qu’en mars 1850, Pierre-André était terrassier à Alger et qu’il demeurait à la Cantéra, aux confins du faubourg de Bab-El-Oued. Sa demande de mariage civil [2] fut accompagnée d’un mystérieux document annexé le 18 avril 1850 (folio 192, R° Case 6 pour le prix de 1 franc). Cette mention se caractérise par le fait que contrairement à celles présentes sur d’autres actes de mariage de 1850 du registre impair (consultable sur le site des ANOM), elle fut rayée par l’Officier de l’état-civil.

JPEG - 226.7 kio
La mention rayée dans l’acte de mariage de 1850

L’affaire devint cocasse lorsque l’agent de l’état-civil d’Alger me communiqua la copie intégrale de l’acte de mariage de 1850 (non présent sur le site des ANOM) en me disant qu’il y eut antérieurement un mariage avec une autochtone devant un Qadhi (avec tout ce que cela implique : choix d’un nouveau prénom musulman et conversion à l’Islam). Hélas, la copie de ce contrat devant le Qadhi se trouve dans le double des registres d’état-civil conservé au Tribunal de Grande Instance d’Alger. Il m’est impossible d’accéder à ce document. J’ignore donc la date exacte de ce primo mariage, le lieu et l’identité de l’épouse algérienne. S’il avait été un simple civil, lors de cette première union, rien ne l’aurait empêché de se marier aussi devant le maire. Je suppose qu’en l’absence d’accord de son supérieur hiérarchique militaire, il se contenta d’un mariage officieux.

A partir d’août 1858, et ce jusqu’en 1866, il apparaît 2100 fois sur les actes d’état-civil d’abord comme employé puis en qualité de garde malade de l’hôpital civil d’Alger et 700 fois avec le titre d’infirmier. A cela, il faut ajouter quelques actes de mariage où on le retrouve en tant que témoin. Par ailleurs il fut possible de retrouver 16 de ses amis.

Le 29 juillet 1861 [3], soit trois mois après le décès de son épouse Adélaïde Mougin des suites du choléra, il se remaria (toujours devant le maire mais pas devant le curé) avec Eliza Mougniot, à Mustapha, commune d’Alger (acte n° 32, vues n° 35/36, coll. Anom).

Il décéda [4] à l’hôpital civil de Mustapha le 9 décembre 1872, à l’âge de 52 ans (acte n° 608, vue n° 161, coll. Anom) sans avoir laissé sa femme et ses enfants dans le dénuement. Ainsi certains actes d’état-civil font l’écho de la Maison Guimet, à Mustapha Supérieur. Deux d’entre eux concernent la naissance d’enfant de parents ayant loué une partie de cette maison figurant sur certains plans de la commune de Mustapha, dont un dressé en 1872 et révisé en 1883. La veuve de Pierre-André décéda en 1884. Ladite maison fut cédée par voie notariale en 1887, quelques mois après la majorité civile du cadet des enfants de Pierre-André. Elle prit le nom de Maison Constantin à l’instar du patronyme du négociant en vin qui s’en porta acquéreur.

JPEG - 113.9 kio
La maison Guimet serait le rectangle juste au dessus du M de “hameau”. Plan d’Alger. Agha-Mustapha publiée par Adolphe Jourdan, ... ; Gravé par E. Corny, 1888 – Echelle 1 mm = 5 mètres.
  • Pourquoi, quand et dans quelles conditions, « celui par qui tout avait commencé », s’installa-t-il dans ce qui n’était pas encore un département français mais une « possession française dans le nord de l’Afrique » de 1830 à 1848 (Arrêté du Président du Conseil des 9 décembre 1848 et 16 mars 1849 (article 1), relatif à la création d’un département sur le territoire civil de chacune des provinces d’Oran, d’Alger et de Constantine) ?
  • Pourquoi, cette mention marginale fut-elle rayée ?

Problématique :

Le terminus post-quem de son absence de visibilité est fixé au cours de l’année 1839 au hameau de Belle-Loze, commune de Saint-Barthélémy-de-Séchillienne tandis que le terminus ante-quem se positionne de manière plus précise au 3 mars 1850 avec les premiers bans de publication de son mariage civil connu avec certitude (acte de mariage n° 74 ; registre pair non microfilmé et numérisé) accrochés sur la porte de la Maison Commune d’Alger, sise au 17 rue du Vieux-Palais.

Au plus tard, en 1935 toujours à Alger, soit 17 ans après le décès d’Alexandre Joachim, fils aîné de Pierre André, la bru de ce dernier entama des recherches généalogiques dont quelques traces ont été conservées dans les archives familiales. Il s’agit de la réponse du service Pension-Travail de la mairie de Grenoble du 10 janvier 1935, d’une note manuscrite rédigée par mon grand-père maternel (fils cadet d’Alexandre Joachim et de Léontine Ratel) : « lettre du 10 mai 1935, Monsieur le procureur, Grenoble, Isère » sur le troisième du dos de couverture d’un calendrier édité par une parfumerie d’Alger et enfin de l’extrait du second mariage civil avec Elisa Mougniot (mariage du 29 juillet 1861), délivré le 4 juin 1935.

Une lecture attentive de l’extrait de ce mariage de 1861 s’avère être corrompue. En effet, les quatre témoins cités correspondent à ceux du mariage antérieur contracté le 20 avril 1850 avec Adélaïde Mougin. Il est fort probable que l’agent de l’état-civil rédigea un extrait du mariage de 1850 en inscrivant les quatre témoins du mariage de 1861. Étant donné le caractère bien trempé de Léontine Ratel, le courrier au procureur de la république pourrait simplement s’expliquer par son refus de payer 7 francs 75 centimes auprès de la mairie de Grenoble, alors qu’à celle d’Alger, la somme à débourser était de 6 francs.

Méthodologie :

Les trois ports d’embarquement de militaires et de civils volontaires pour l’Algérie étaient alors Toulon, Marseille et Hyères. Confronté aux réalités pratiques régissant toutes recherches archivistiques et habitant successivement à Paris puis à Berlin, je m’étais attaché à explorer les pistes les plus faciles d’accès avant d’explorer les moins accessibles géographiquement. La probabilité d’un engagement militaire dans l’armée de terre fit l’objet d’une consultation (SHD de Vincennes) de quelque 200 registres matricules militaires sur 400 recensés comme potentiellement intéressants. Celle-ci s’avéra plutôt décevante. L’examen des Listes des colons disponibles ne fut guère plus concluant. Les archives du SHM de Toulon constituent donc la dernière piste à explorer selon la procédure suivante :

1 M 1 160-174 Tables alphabétiques

Table alphabétique 1 M 1 161, couvrant les noms de famille de F à M, pour la période 1825-1857.
Si la recherche est concluante, elle devrait renvoyer à l’un des registres des Equipages de Ligne (2e série) ou aux Mécaniciens et chauffeurs.
 
1 M 1 10-67 Équipages de Ligne (2e série)
1 M 1 10-40 (30416 à 31415) 1839-1840
1 M 1 10-41 (31416 à 32410) 1840
1 M 1 10-42 (32411 à 34400) 1840
 
1 M 1 1-9 Mécaniciens et chauffeurs
1 M 1 1-1 (1 à 243) 1831-1840
1 M 1 1-2 (1 à 1000) 1840-1843

Perspectives et prospectives :

L’objectif de l’intervention d’un bénévole au SHM de Toulon va au-delà d’une simple reconstitution du départ de l’Isère et de l’arrivée sur les côtes barbaresques de Pierre-André Guimet. A l’instar de l’obtention de la copie conforme et certifiée de l’acte de mariage n°74, du 20 avril 1850 en Alger (absent des archives microfilmées et numérisées des ANOM) auprès du service de l’état-civil de la commune d’Alger-Centre, en Algérie - ce fut l’occasion d’apprendre la présence d’un document annexe « en si mauvais état qu’il ne peut être photocopié sans subir de dommages » et par ailleurs que l’intéressé « se serait marié trois reprises, à deux occasions à la même mairie et une autre fois ailleurs » - cette recherche par délégation est susceptible de contourner les obstacles administratifs liés à la consultation de ce probable contrat de mariage, signé par-devant un Qadis selon les lois coraniques, conservé dans le double du registre des mariages au Greffe du Tribunal d’Alger d’une part, et de reconstituer dans les grandes lignes sa carrière militaire (Marine puis Armée de Terre), d’autre part. Il serait alors possible de cerner les conditions de ce mariage religieux et les raisons de cette absence de validation devant un officier de l’état-civil. S’agit-il d’une soumission à un avis défavorable de ses supérieurs militaires ? Est-ce une volonté de satisfaire les désirs de sa belle-famille ou bien à l’instar d’Ismaÿl Urbain, conseiller personnel de Napoléon III, a-t-il agi par convictions personnelles ?

Quelle que soit l’issue de cette ultime démarche, celle-ci clôturera huit années de recherches organisées sous la forme d’un tapuscrit - agrémenté de quelque 650 pages et d’environ 500 illustrations - intitulé : Mémoires algéroises et histoires familiales retrouvées - A l’ombre des derniers ficus de la Place du Cheval ou « B’last el oud ». Ce document chronologique - de 1219 à 1962 et un aparté jusqu’en 2014 - contient 1382 entrées patronymiques, 650 entrées répondant au patronyme Guimet dont celles de 63 personnes ayant séjourné ou vécu en Algérie. Les entrées patronymiques et les diverses illustrations sont recensées de manière raisonnée sous la forme d’index spécifiques. Le premier de manière alphabétique avec le nom, le prénom, la filiation sommaire, les dates de naissance/baptême, de mariage, de décès) et le second de manière chronologique avec une miniature, la date et le lieu de l’événement s’y rapportant.

Qui pourrait m’aider à chercher mon arrière-arrière-grand-père Pierre André GUIMET, né le 20 mai 1820 à Saint-Barthélémy-de-Séchillienne, en Isère. Ses parents étaient Jean GUIMET et Marie Suzanne COUSSET ?

Répertoire des documents collectés :

1 - Acte de naissance de Pierre André Guimet
2 - Acte de mariage de 1850 de Pierre André Guimet et d’Adélaïde Mougin
3 - Acte de mariage de 1861 de Pierre André Guimet et d’Elisa Mougniot
4 - Acte de décès de Pierre André Guimet


[1Acte de naissance de Pierre André Guimet

[2Acte de mariage de 1850 de Pierre André Guimet et d’Adélaïde Mougin

[3Acte de mariage de 1861 de Pierre André Guimet et d’Elisa Mougniot

[4Acte de décès de Pierre André Guimet

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

9 Messages

https://www.histoire-genealogie.com - Haut de page




https://www.histoire-genealogie.com

- Tous droits réservés © 2000-2024 histoire-genealogie -
Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Mentions légales | Conditions Générales d'utilisation | Logo | Espace privé | édité avec SPIP