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Pierre Simon FANGET capitaine sous la Révolution et l’Empire (2/3)

Le vendredi 11 mars 2022, par Philippe Leymarie

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Pierre Simon Fanget naît à Saint-Chamond (paroisse Saint-Pierre) le 17 décembre 1769 (Napoléon Bonaparte est né le 15 août 1769), fils de Claude Fanget, maître boulanger et d’Antoinette Duchesne.

1815

Ardisson, premier adjoint (le second adjoint est Gaspard Clemaron) sous la municipalité Fleury Grangier, puis maire intérimaire suite au décès de ce dernier, le 13 novembre 1812 - premier adjoint sous la municipalité Gaspard Clemaron, puis maire intérimaire au décès de ce dernier le 8 septembre 1814, est enfin installé maire le 21 janvier 1815 par ordonnance royale du 3 décembre 1814, il restera en fonctions jusqu’au 23 août 1819.

15 février 1815

Un « état de répartition entre les parties prenantes ci-après dénommées de la somme de quinze mille cinq cent cinquante sept francs quatre vingt sept centimes allouée par la commission de liquidation à la commune de Saint-Chamond pour fournitures diverses faites dans le département par réquisition aux armées coalisées » nous renseigne sur l’identité des fournisseurs, la nature, la quantité et les sommes demandées par nature de « denrées et autres objets ».

Genevey Pierre, pour 2907kg de pain, demande 2039,15 francs
Jacques Revol, pour 810kg de viande, demande 567 francs
Antoine Flachat, pour 1600 litres de vin, demande 480 francs
Antoine Fillon, pour 310 litres d’eau de vie, demande 465 francs
J.M. Rozet fournit du fromage pour 41,35 francs André Dumoulin livre du tabac à fumer pour 97 francs
Jean Marie Granjon, pour 18 quintaux de foin, demande 180 francs et 125 francs pour 25 quintaux de paille et 682,50 francs pour de l’avoine
Antoine Flachat, pour 8500kg de foin, demande 85francs, 75francs pour 1500kg de paille et 93 francs pour l’avoine
Charles Montagnier, pour 233 litres de vin bouché, demande 291,25 francs
Antoine Fillon, pour 200 litres d’eau de vie, demande 340 francs
Joseph Condamin, pour 9 paires de bottes, demande 270 francs
Gabriel Faure, pour 14 paires de souliers, demande 91francs
Jean Louis Thevenon, 960 francs pour 30 aunes de drap et 3000 francs pour 100 aunes de drap,
Joseph Boyer, pour 600 aunes de toile, demande 1650 francs
Glas, pour 400 aunes de toile, demande 2000 francs (certainement du premier choix)
Antoine Neyrand, pour 100 aunes de drap, demande 3200 francs
Jean Marie Dugas « argent pour l’exécution M... ? » 550 francs
Pierre Paul L. Vinson, pour 21 milliers de clous à ferrer les chevaux, demande 210 francs et 150 francs pour façon de 1000 fers à ferrer,
Etienne Maillon, pour voitures, demande 935 francs
Jean Baptiste Rossillol, 75fcs « pieton » (pitons)
Julien Coignet, 47,20 francs pour pitons
Charles Montagnier, 228,60 francs pour le charbon de bois
Jean Brossard, 36,10fcs pour chandelles.
« A divers maréchaux sous la conduite de Jean Bonneval, maréchal, la somme 250,15 francs (la maison du maréchal ferrand et son enseigne existent toujours place Ferreol à St Chamond),
Mathieu Verney, pour chaussures 275,75 francs
Jacques (Vellerut) 6 francs pour façon d’un pantalon
Jean Baptiste (Vellerut) 42 francs pour façon et fourniture d’habit.
Jean Rossillol demande 325 francs pour avoir bottelé le foin, Jean Boissonna réclame 39 francs pour une barrière destinée à attacher les chevaux.

Et l’énumération se termine par la somme de 350francs demandée par F. Mayersieck, l’indispensable interprète.

23 février 1815

L’épizootie déclarée en août 1814 n’est pas éradiquée. A la demande du préfet du département de la Loire, le nouveau maire de Saint-Chamond « délégué pour la surveillance et l’exécution dans le canton et communes limitrophes des mesures de polices relatives à l’épizootie » rend un arrêté « pour prévenir le retour de l’épizootie qui a ravagé les communes de cet arrondissement et qui sévit de nouveau dans les départements du Rhône et de l’Ain... il convient que toute communication soit interdite avec ces départements et notamment celui du Rhône. »

Ainsi : « aucune voiture à bœufs ou vaches ne pourra sous aucun prétexte être dirigée sur le département du Rhône...Pour circuler dans le canton le conducteur sera muni « d’un certificat du maire de la commune qui constate qu’il n’y existe aucune bête atteinte de la maladie ; ce certificat ne sera valable que pour le jour qui y sera indiqué, toute contravention sera punie par une amende de 15 fr....Les foires ou marchés sont interdits pour l’introduction de la vente des bêtes étrangères à l’arrondissement de la sous préfecture... » etc....

Ces décisions furent suspendues « dès le mois de mars en raison des événements politiques (retour de Napoléon de l’île d’Elbe). L’épizootie déclinera d’elle même » (in Vallat François « les épizooties en Francs de 1700 à 1850 » précité).

Et revient le temps des occupations et réquisitions

1er mai 1815

Le sous-préfet demande à Ardisson qu’il lui soit présenté dans les dix jours « pour la remonte de la cavalerie légère...un cheval de 4 pieds 7 pouces à 4 pieds 8 pouces ½, il ne doit pas être âgé de moins de 5 ans et de plus de 9 ans, il sera payé le prix de 360 francs... » avec possibilité d’un petit excédent du prix. Le cheval fourni sera refusé.

28 juin 1815

Le sous-préfet n’apprécie pas l’initiative de couramiauds après le désastre de Waterloo (18 juin 1815) et l’abdication de Napoléon (22 juin 1815). Il le fait savoir au maire de la ville en ces termes :

« ...on dit qu’un commissaire extraordinaire est arrivé cette nuit à St Chamond, et que la garde nationale a pris les Armes. Je vous prie de vouloir bien m’instruire de ce qui s’est passé. Personne, sans doute, ne sait mieux que vous que dans les circonstances actuelles, c’est à Paris que se décideront les destins de la France, et que tout mouvement partiel serait un attentat inutile contre la tranquillité publique, et pourrait avoir les plus funestes suites. Je ne compte sur personne plus que sur vous pour le maintien de l’ordre... ».

Le maire a failli à son devoir de maintien de l’ordre, le 67e régiment de ligne va le rétablir sans difficultés.

14 juillet 1815

Le maire de St-Chamond reçoit de Baradère, ordonnateur en chef de l’Armée des Alpes dont le quartier général est à Saint-Rambert, de bien mauvaises nouvelles pour un 14 juillet :

« J’ai l’honneur de vous prévenir que d’après les ordres de M. le Maréchal Duc d’Albufera [1] et de la convention militaire conclue le 11 juillet avec le général en chef de l’armée autrichienne Piémontaise d’Italie.

Le 67e de ligne, va le 14 à Brignay, le 15 à St Chamond, où il s’établit jusqu’à nouvel ordre.
Le 53e de ligne, le 14 à Millery, le 15 à St Chamond et le 16 à St Etienne où il s’établit.
Le 20e de ligne passe le 16 à St Chamond pour aller s’établir à Montbrison.

150 chasseurs à cheval détachés avec le 20e passeront à St Chamond pour se rendre à St Etienne ainsi que les troupes du génie.

Je vous prie de faire assurer en ce qui vous concerne les vivres de campagne et les fourrages à ces troupes par la voie des réquisitions avec les formes voulues par la loi afin qu’il soit tenu compte de ces fournitures aux contribuables de votre commune... ».

17 juillet 1815

>Le sous-préfet écrit à Ardisson « par suite de l’évacuation de l’armée de Lyon, divers détachements de troupes françaises vont être cantonnés dans les principales villes de ce département et les vivres devront lui être fournis sur le pied de guerre...L’urgence des circonstances exige que toutes les fois qu’un propriétaire ou une commune n’effectueront pas dans le délai déterminé, le versement d’une denrée dont ils auraient été frappés de réquisition, vous leur envoyez immédiatement, sans aucun autre avis, des détachements de troupe à leurs frais personnels, dans une force proportionnée à l’importance de la fourniture....Vos réquisitions pourront provisoirement porter sur toutes les communes de votre canton...Vous prendrez également les mesures nécessaires pour faire assurer le logement d’une manière convenable et dans une juste répartition entre les habitants d’une même commune...Le 67e de ligne devant être cantonné à St Chamond, vous aurez à vous occupez sur le champ des mesures nécessaires pour ce qui le concerne... ».

>Herpin, commissaire des guerres de la 23e division, exige que la commune de Saint-Chamond fournisse 4 quintaux de sel et 15 quintaux de légumes et verse dans les magasins de St Chamond, le quart, le 18 mai, la moitié, le 19 mai et le quart restant le 20 mai. « Faute par ladite commune de faire les versements aux jours dit, il sera envoyés des garnisaires pour le comité des subsistances de cette ville de St Chamond ».

La ville pourra remplacer les quintaux de sel et de légumes pour 7,5 quintaux de riz. (ce qu’elle ne fera pas).

Ardisson est tenu de réclamer à ses confrères des autres communes du canton, de verser selon la périodicité sus-mentionnée, savoir :

Saint Martin en Coailleux, 18,5 quintaux de froment et 2 bœufs de 250kg « chaque viande net »,
Izieux, 40 quintaux de froment, 5 bœufs de 250 kg et 50 quintaux de foin,
La Valla, 4 bœufs de 250kg, 20 quintaux de foin et 1500 litres d’avoine,
Farnay, 2 bœufs de 250kg, et 3000 litres de vin,
Lachal et Valfleury, 2 bœufs (même poids) et 7000 litres d’avoine,
Saint Julien, 60 quintaux de froment, 5 bœufs (même poids) et 60 quintaux de foin,
Doizieu, 39,5 quintaux de seigle, 4 bœufs (même poids) et 20 quintaux de foin.
Toutes ces réquisitions semblent ne pas avoir été honorées du moins en quantité. Ainsi Bonnard, maire de Farnay fera livrer dans les magasins de St-Chamond le 21 juillet 5,5 anés de vin, fournies à concurrence de : 2 anés par Jean Vaganay, 2 anés par Jean François Font, 1 ané par Mathieu Gay, et ½ ané par Claude Badoud, soit ensemble « 620 litres ».

22 juillet 1815

L’inspecteur aux revues chargé du service de la 23e division (Armée des Alpes) fait connaître au maire « pour vous mettre à régler les fournitures de vivre et fourrage à faire aux troupes qui se trouvent cantonnées dans la commune que vous administrez... le nombre d’hommes et de chevaux ayant droit à la subsistance d’après la revue que j’en ai passée aujourd’hui » : le détachement du 6e Régiment d’Infanterie comprend 12 officiers et 84 hommes de troupes, le 67e Régime de ligne se compose de 63 officiers, 230 hommes de troupes et 24 chevaux.

Le casernement des soldats est réglementé de la manière suivante :

« Les caporaux, soldats et tambours doivent coucher de deux en deux.
Les adjudants, sergents majors, sergents et fourriers couchent seul. (Le nombre est d’environ 100 plus les militaires mariés).
Chaque lit doit être composé d’une paillasse, un matelas, un traversin, une paire de draps et une couverture.
Les draps doivent être changés tous les 20 jours en été et tous les mois en hiver.
Pour la propreté il est nécessaire que l’on fournisse des bois de lits.
Le règlement prescrit que les sous officiers dans chaque compagnie aient une chambre particulière, mais cela est indispensable pour le sergent major et le fourrier qui sont chargés de la comptabilité (il y 18 compagnies).
Pour la subsistance, il doit être fourni une marmite pour 14 à 16 hommes ; 2 gamelles, 1 cruche et des pots pour porter à manger aux hommes en service. Plus une table et deux bancs avec un ou deux balais par chambre.
S’il ne peut être fourni de bois pour la cuisson des aliments, il doit être monté des grilles pour brûler le charbon ainsi qu’une crémaillère par marmite.
Pour pouvoir maintenir l’ordre et la discipline il est aussi nécessaire qu’il n’y ait qu’une issue c’est-à-dire une porte au bâtiment destiné pour caserne pour que la sentinelle empêche les hommes de sortir après l’appel du soir et dans la nuit, excepté ceux qui en obtiennent la permission.
Il doit avoir dans une caserne deux chambres fermant bien avec des lits complets excepté les draps (nommées salles de police) une pour punir les sous officiers et l’autre pour les soldats. »

Chaque soldat outre son armement avait dans son équipement divers objets de tenue et menu entretien, comprenant : « une trousse garnie d’une brosse pour cuivre, d’une vergette pour habit, d’une brosse pour souliers, de curettes, d’une boîte à graisse, d’une pièce grasse – une autre trousse contenant une alène, un D, des ciseaux, un étui et des aiguilles, un carlet, du lignent, deux paires de sous pied de guêtres, des boutons pour guêtres, habit et culotte, une épinglette de rechange, un fond de peau pour entre jambe de pantalon, deux rabats de col, un tire bouton et une peigne à décrasser ». (in Règlement sur l’habillement source internet memoire des hommes sga defense).

Le 31 juillet 1815

L’exigeant Herpin réclamera pour les 2 et 3 août, les fournitures par les communes de :

Saint-Martin-en-Coailleux, de 30 quintaux de foin et 10 de paille,
Izieux, de 2000 litres d’avoine,
La Valla, de 30 quintaux de foin, 20 quintaux de paille et 2000 litres d’avoine,
Saint-Julien, de 40 quintaux de foin et 2000 litres d’avoine,
Doizieu, de 20 quintaux de foin et 2000 litres d’avoine.

Le 9 août 1815

Après, le foin, la paille, l’avoine et le seigle vient le temps du blé qui devra être fourni « dans les journées des 11 et 22 août 1815 » par les communes, de :
Saint-Martin en Coailleux (8,5 quintaux) – La Valla (14 quintaux) – St Jullien (6 quintaux) et Doizieu (4,5 quintaux).

Ces réquisitions seront faites par Bertholon, adjoint au maire, Ardisson étant indisposé.

Le logement des troupes

Nous avons dit qu’un registre destiné à l’inscription des personnes sujettes au logement de la troupe est créé à la date du 1er janvier 1814.
Accueillir l’occupant dans sa maison n’est pas facile à accepter et à vivre au quotidien. Ces autrichiens que l’Empire avait pillé depuis 1804 n’étaient pas animés de sentiments amicaux envers les saint-chamonais qui avaient peur d’eux et qui leur donnaient tout ce qu’ils demandaient. Nous avons trouvé deux lettres pour justifier notre propos.

La première émane d’un dénommé Royer, il s’adresse à ces termes à Ardisson « M. Clemaron ne m’a jamais envoyé plus de 30 à 40 hommes. Je logerai donc pareille quantité... Il ne peut en loger un plus grand nombre parce qu’il « n’a point de garde national et par conséquent aucun moyen de maintenir l’ordre » et que « le militaire fatigué à son arrivée et d’assez mauvaise humeur...j’ai donc l’honneur de vous prévenir que je vais faire 40 billets de logement.... ».

La seconde datée du 18 juillet est adressée par Antoine Neyrand dont nous vous laissons apprécier le style « d’après la publication de vos ordres, je vous remets ci-joint les noms de Mrs les officiers qui sont logés chez moi dans ce moment. On dit qu’un général doit arriver ici aujourd’hui, vous aurez sûrement pourvu à son logement et à celui de M.M. ses aides de camp, s’il en était autrement, vous m’obligerez de ne m’y point comprendre, à cause de mon âge qui ne me permet point de veiller à une maison qui serait ouverte nuit et jour à tous ceux qui auraient des rapports avec eux, ne me refusant pas d’ailleurs à ma part des charges de mes concitoyens... ». Antoine Neyrand logeait les dénommés Assol, major au 67e de ligne, avec un domestique et deux chevaux, et Marmier, capitaine commandant le cadre du 6e régiment d’infanterie légère, avec un domestique.

En outre, les officiers recevaient de la ville une indemnité journalière de logement s’élevant, pour :

un général, à 15 francs - un colonel, à 10 francs - un commandant, à 8 francs – un capitaine, à 5 francs – un aide de camp, à 5 francs, autres officiers, à 3 francs.

Les remerciements du baron Desalons

19 août 1815

Léonard Desalons (1771-1837) baron de l’Empire, membre de la Légion d’honneur (1809), officier de la Légion d’honneur (1813), chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis (19 octobre 1814), colonel du 67e Régiment de ligne [2] en garnison à Saint-Chamond du 16 juillet au 20 août 1815. Très satisfait de son séjour dans notre belle ville, il le fait savoir en ces termes aux membres du conseil municipal :

« Messieurs,
Qu’il me soit permis, avant de quitter votre ville, de vous témoigner, au nom de mon régiment, toute sa reconnaissance pour les bontés que vous avez eues pour lui, pendant son séjour ici.
Permettez moi d’y joindre aussi particulièrement ma reconnaissance bien sincère.
La bonne harmonie qui a toujours régné entre les habitants de St Chamond et la troupe que j’ai l’honneur de commander, nous est un pur garant du caractère doux et affable qui distingue les habitants de cette ville (la présence de 293 soldats n’est pas à négliger).
En nous éloignant de vous, nous éprouvons bien des regrets et nous conserverons toujours un souvenir précieux du séjour que nous avons eu le bonheur de faire parmi vous.
Si les circonstances m’étaient assez favorables pour me fournir l’occasion de faire quelque chose d’agréable pour vous ou pour quelque habitant de votre ville, je le saisirai avec empressement et je mettrai toujours au nombre de mes plus grandes jouissances, celle de vous fournir une preuve de ma gratitude.
Daignez Messieurs... ».

Ce régiment a participé à de grandes batailles comme Wagram (1809) ou bien Lützen (1813) pour n’effectuer de 1815 à 1848 qu’un simple rôle dans le maintien de l’ordre, comme pour les grèves de Saint-Etienne en 1846, mais c’est une autre histoire.

11 septembre 1815

Le sous-préfet fait savoir au maire de Saint-Chamond que le commissaire extérieur de sa majesté Impériale autrichienne a informé le préfet « ...Monsieur vous ne devez obtempérer à aucune réquisition qui pourraient vous être faites par des militaires sans m’en prévenir à moins que vous ne fussiez forcé d’effectuer la totalité ou partie des demandes de cette nature avant d’avoir pu obtenir une réponse de moi... ».

Les remerciements du major Watteck

15 septembre 1815

Le major Watteck en son nom et au nom de son bataillon (Régiment Koenig Frédéric Willem) adresse lors de son départ de Saint-Chamond, ses remerciements « ...de l’accueil gracieux qu’elle a bien daigné me faire, ainsi qu’à mon bataillon le jour de notre arrivée, et des marques d’estime qu’elle n’a discontinué de me témoigner jusqu’au moment de mon départ. Je me souviendrai souvent et avec plaisir du séjour agréable que j’ai fait au milieu de ces braves habitants, qui sont tout dévoués à leur bon roi... ».
La présence de ce régiment est à nouveau signaler le 19 octobre 1815.

La ville va retrouver une vie normale, mais pour une courte, très courte durée

17 septembre 1815

Ardisson est informé par le sous-préfet que « le 19 de ce mois doit arriver et coucher à votre ville un bataillon de chasseurs de fusiliers partis le même jour de St Héand. Ils seront au nombre de 20 officiers, 851 soldats et 450 chevaux. Ils doivent le lendemain 20 se rendre à Givors. Je vous prie de faire toutes les dispositions nécessaires pour assurer les fournitures dues à la troupe....  ».

Et le

19 octobre 1815

Le capitaine chargé du logement du régiment des hussards Koenig Frederick Willem prévient Ardisson « ...que deux divisions composées de deux majors, 8 capitaines, 16 officiers et 300 hussards arriveront dans votre ville le 22 du courant pour repartir le 23. Là encore la municipalité doit assurer le gîte et le couvert, « fourrages et voitures nécessaires ».

La ville nourrira « suite aux ordres supérieurs », « des militaires isolés appartenant aux armées alliées », savoir : le 26 juillet, 17 autrichiens - le 30 juillet, 8 génois - les premiers jours d’août : 15 prussiens, 24 autrichiens dont 5 déserteurs, soit 64 rations de pain, de vin, de viande, de légume et de sel.

Puis arrive le temps des additions

23 octobre 1815

Une lettre de la commission exécutive des subsistances pour les troupes alliées dans l’arrondissement de St Etienne, informe le maire de Saint-Chamond : « L’évacuation totale de l’arrondissement par les troupes alliées permet de s’occuper de la liquidation de toutes les dépenses auxquelles leur séjour ou leur passage ont donné lieu... » et qu’il aura à transmettre toutes les pièces constatant ses dépenses « pour former les états généraux nécessaires à la liquidation définitive confiée à une commission centrale. »

Tableaux des tarifs

Ces tableaux contiennent le nombre de rations distribuées aux militaires et celles fournies pour les chevaux.

15 566 rations de pain sont fournies aux troupes stationnées dans le canton de Saint-Chamond au cours du 3e trimestre 1815 et plus exactement du 16 au 23 juillet pour le 6e régime d’infanterie légère, et pour les régiments d’infanterie de ligne, savoir : le 20e du 13 au 17 juillet, le 35e, du 7 au 16 juillet, le 53e, le 15 juillet, et le 67e du 16 juillet au 20 août 1815.
A noter un document portant le titre « Tarif des prix à payer pour les fournitures de convois militaires qui ont été faites aux corps et détachements de troupes en marche dans l’étendue de la commune de St Chamond pendant l’année 1815 » mentionne le 13 juillet 1815 le loyer d’un cheval de trait destiné à un détachement « Mouton Duvernay »4 pour se rendre de Saint-Chamond à Roanne soit une distance de « 80 kilomètres ou 20 lieues ».

1816

L’article VII stipule « ...sont exclus à perpétuité du royaume, et sont tenus d’en sortir dans le délai d’un mois, sous la peine portée par l’article 33 du Code pénal... », lequel article 33 du Code Pénal mentionne « Si le banni durant le temps de son bannissement, rentre sur le territoire du Royaume, il sera sur la seule preuve de son identité, condamné à la peine de la déportation. »

On entend à nouveau parler du capitaine Fanget

Depuis le 15 janvier 1814, date de sa nomination de courte durée comme capitaine de la Garde Nationale, Pierre Simon Fanget n’avait pas fait parlé de lui, bien qu’il soit omniprésent lors [3] des événements hostiles à la monarchie (30 mars 1814, 7 juillet 1814 et 28 juin 1815).

Clemaron n’est plus là pour protéger le soldat de la Révolution et de l’Empire, les délateurs s’en donnent à cœur joie.

Dans la « Gazette de France » du 8 septembre 1816 on peut lire :

« La Ville de Lyon et les départements circonvoisins ont été livrés pendant les mois de décembre 1815 et de janvier 1816 a des inquiétudes sourdes et à des craintes universelles ». Des conspirateurs, au nombre desquels le dénommé Didier, ancien avocat à Grenoble, « conçurent l’horrible dessein de renverser le gouvernement royal, d’allumer la guerre civile, et d’armer les citoyens les uns contre les autres... ». Plusieurs représentants de cette conjuration « furent chargés de parcourir les départements pour en connaître l’esprit et y entretenir un germe d’insurrection » dont le département de la Loire.

15 mars 1816

Durosier sous-préfet de Saint-Etienne, écrit au maire Ardisson :

« Il résulte de quelques renseignements qui m’ont été fournis qu’il se tiendrait dans la ville de St Chamond des réunions nocturnes chez le nommé Guyon horloger ; que les personnes qui en font ordinairement partie sont les nommés Berne, chirurgien, Pitiot, ex facteur de la Poste, Mosiroue marchand de fayence, Fanget capitaine en retraite ; qu’on y reçoit des écrits d’un sens opposé au gouvernement, enfin que ces réunions pourraient être un des foyers d’où partent les bruits absurdes qui circulent dans les campagnes, et qui sembleraient aujourd’hui vouloir se renouveler.

Je vous prie, monsieur, de vouloir bien faire tout ce qui dépendra de vous pour prendre des informations à cet égard et de m’en faire connaître le résultat. Je n’ai pas besoin de vous recommander la plus grande circonspection, il est essentiel que la police parvienne dans le plus grand silence aux résultats qu’elle peut espérer. Ce n’est que de cette manière que l’on pourra assurer le succès des mesures que l’on sera dans le cas de prendre par la suite. Agréez.... ».

Dans le « Journal de Paris » du 11 mai 1816, au sujet de l’insurrection de Grenoble que nous évoquerons plus loin, un journaliste écrit « suivant la tactique ordinaire de la malveillance, c’est en répandant les bruits les plus absurdes, en persuadant à des hommes simples, à des villageois crédules, que le Languedoc et d’autres provinces étaient en insurrection, que Paris était dans la plus grande agitation, qu’on est parvenu à les égarer au point de leur faire arborer l’étendard de la révolte ».

Les opposants au nouveau régime ne semblent pas très virulents à Saint-Chamond, contrairement aux villes de Condrieu, Givors et Rive-de-Gier traitées dès les premiers jours de février, de séditieuses puis désarmées, et où plusieurs personnes sont arrêtées.
La délation encouragée par les autorités frappe des notables.

Deux exemples de délations

19 avril 1816

Le secrétaire de la chambre des notaires de l’arrondissement de Saint-Etienne, écrit au maire de Saint-Chamond « ... M. le procureur du roi, par sa lettre d’hier, et d’après les ordres qu’il a reçu de monsieur le garde des Sceaux, nous charge de prendre les informations les plus exactes sur la conduite de M. Vincent fils notaire à La Valla. On lui attribue particulièrement de professer des principes contraires au gouvernement, de mener une vie errante et scandaleuse etc. Désirant nous procurer à cet égard les plus grands éclaircissements nous vous prions, Monsieur, de nous fournir tous ceux que vous pourrez avoir, et de nous les faire parvenir de suite. Nous comptons autant sur votre complaisance que sur votre rectitude et votre discrétion. » et le président de la chambre des notaires ajoute « vous voudrez bien aussi nous dire tout ce que vous savez relativement à M. Vincent père notaire à St Paul en Jarret également accusé. »

Maître Joseph Etienne Vincent exerça son ministère jusqu’en 1829. Les archives départementales de la Loire détiennent ses minutes dont certaines sont revêtues, lorsque la loi l’exigeait, de la signature d’un autre notaire impérial dont Gaspard Clemaron. Quant à Maître Vincent père, ses minutes également conservées auxdites archives concernent les années 1782 à 1816.

Cette double délation ressemble fort à un règlement de compte peut être ourdi par le très royaliste comte de Pulvaud fils cadet du dernier seigneur de Saint-Chamond, hébergé lors de ses fréquents séjours en cette ville chez le notaire Finaz.

Insurrection de Grenoble de mai 1816

On peut lire dans le « Journal de Paris » :

>du 10 mai « On parlait vaguement, depuis deux jours, d’une dépêche télégraphique de Lyon, annonçant une entreprise criminelle dirigée contre Grenoble. En effet, avant-hier, des dépêches arrivées de cette dernière ville ont confirmé la nouvelle d’une tentative insensée, formée par quelques séditieux (1000 à 1200 hommes), et aussitôt réprimée par l’énergie des autorités, le courage et la fidélité des soldats et des braves gardes nationales... Un certain nombre de militaires retraités avaient ameuté des paysans dans les communes de Vizille et de Lamure, et voulait essayer un coup de main sur Grenoble... La malveillance, qui se nourrit de mensonges, n’a pas manqué de dénaturer l’événement de Grenoble, et de le supposé lié à d’autres événements semblables. Nous pouvons assurer que l’insurrection, dont nous venons d’annoncer la fin en même temps que le commencement, a été purement locale... ».

>11 mai « ...Le général Donnadieu se porta en avant, dès qu’il apprit qu’on marchait contre lui ; il rencontra les rebelles à une lieue de Grenoble, les battit complètement et les dispersa. Toute la nuit (du 4 au 5 mai) fut employée à les poursuivre, et quelques uns n’échappèrent qu’en se jetant dans les montagnes. Leur perte a été considérable ; celles de nos braves ne s’élève pas, dit-on, à plus de 15 hommes... On assure que tous ceux qui ont été pris les armes à la main, ont sur-le-champ été jugés militairement et exécutés... »

>12 mai « ...Les prévenus, contre lesquels il existe les charges les plus fortes, sont pour la plupart des hommes de la dernière classe du peuple, d’anciens artisans de la révolution... ».

>13 mai « ...nous avons reçu hier le Journal de l’Isère, du 7 mai. Voici les détails qu’il ajoute...Près de soixante individus, qui étaient au nombre des factieux, ont été amenés dans la matinée du dimanche...De suite la cour prévôtale s’est assemblée, et a commencé le procès... ».

>14 mai « La vigueur des mesures a entièrement dissipé l’insurrection, et il ne reste plus dans le département de l’Isère un seul rebelle armé...Le 8 et 9 mai, vingt-trois rebelles ont été condamnés à mort... ».

Le Journal de Paris publie un arrêté du préfet du département de l’Isère « ...Toute personne convaincue de donner asile aux rebelles qui ont marché contre Grenoble, dans la nuit du 4 au 5 mai, sera considérée comme complice, et poursuivie criminellement comme telle. 5-Une récompense depuis 100 fr jusqu’à 3000fr est promise à tous ceux qui livreront les auteurs, chefs ou fauteurs de la sédition... ».

>21 mai, des dépêches arrivées de Grenoble informent le Journal de Paris « ...les six individus condamnés par le conseil de guerre et la cour prévôtale, et qui s’étaient pourvus en grâce, ont été exécutés le 15 et le 16....Didier, le moteur de l’insurrection, vient d’être arrêté près de Saint­Jean-de-Maurienne par des carabiniers piémontais...Les braves gardes nationales de Lyon, dont la présence était devenue inutile à Grenoble par l’entier rétablissement de l’ordre, sont retournées sur Lyon... ».

L’insurrection de Grenoble n’est pas sans conséquence pour le capitaine Fanget

18 mai 1816

Par ordre du Préfet, le sous-préfet informe le maire de Saint-Chamond « Les brigands qui ont tenté de surprendre Grenoble, comptaient dans leurs rangs plusieurs officiers en demi-solde. Il est possible que les sourdes menées de ceux-ci se soient étendues jusque dans ce département et qu’il devient nécessaires d’exercer à l’égard des officiers en demi-solde ou en retraite qui y résident une surveillance sévère. Je vous remets ci-annexée la liste de ces militaires pour votre Commune. »

Le document annexé est un « état nominatif des officiers retraités et à demi-solde de la Ville de St-Chamond. »

Les officiers en retraite, sont les capitaines Montfouillout Ennemond, Montagnier Marc Antoine et Fanget Pierre.
Les sous-officiers à la demi-solde, sont le capitaine Grangier Jean Baptiste – les lieutenants Hylaire Joseph, Drevet Pierre et Chappart Jean Claude – les sous-lieutenants Plasson Paul et Fond Blaise.
« Par ordre de M. le Préfet je vous recommande dès la réception de la présente, de me faire connaître si quelqu’un de ses officiers s’est absenté de votre commune vers la fin du mois dernier ou le commencement de celui-ci ; du lieu où il est allé, si son absence dure encore, et s’il est parti muni d’un passeport.
A l’avenir dès qu’un officier en retraite ou en demi-solde désirera s’absenter de son domicile, vous devrez en même temps que vous délivrerez ou viserez un passeport me donner avis de son départ et du lieu de sa destination et l’astreindre à faire viser cette pièce à la Préfecture. Vous aurez soin de mentionner sur ce passeport que le porteur est officier en retraite ou en demi-solde, les avis du départ des officiers qui me seront transmis par M.M. les Maires seront adressés par moi à
M. le Préfet, d’après les dispositions de la présente dont vous apprécierez l’importance dans les circonstances actuelles..... »

Capitaine Fanget : un individu très suspect

20 mai 1816

Le sous-préfet informe Ardisson du résultat de son enquête :

« Le Sieur Fanget officier en retraite dans votre commune m’est signalé comme un individu très suspect et qui doit être surveillé avec le plus grand soin. Suivant les rapports qui m’ont été adressés, cet ex-militaire, aurait découché de son domicile, le jour ou la nouvelle des événements de l’Isère, se répandit à St Chamond, l’on observe que la veille il avait réuni chez lui à un dîner tout les officiers en retraite ou à demi-solde du canton de St Chamond (le Sieur Font excepté).
On m’assure que dans le temps de l’inter règne (les Cent Jours) il nous déclara qu’il avait des armes pour en fournir à dix-huit hommes. Si les choses sont ainsi, il doit rendre cette quantité d’armes ou justifier de leur emploi.
On m’annonce que les nommés Saignoret marchands colporteurs de la ville de Vienne doivent être aussi surveillés avec soin. On a remarqué que lors des voyages fréquents qu’ils font à St Chamond et ailleurs, une activité et même de l’agitation chez les individus dont l’opinion est suspecte, que presques toujours des bruits se répandent lors de leur arrivée.
Ils fréquentent principalement le sieur Fanget.
Je vous prie, Monsieur, de me faire part du résultat de vos observations à cet égard. Je vous recommande de surtout de ne pas perdre de vue le dépôt d’armes qui doit exister chez le sieur Fanget et qu’il est très instant de saisir.
On m’indique aussi les sieurs Rozet, épicier, rue du fort [A cette époque Fanget est domicilié dans cette rue],
Grangier rue du sépulcre,
Desgranges tanneur,
Roux ancien directeur de la poste,
comme des individus très dangereux sur lesquels j’appelle toute votre surveillance... »

Point de bruit

17 juin 1816

Le sous-préfet adresse une note « confidentielle » au maire de St Chamond :
« Grande surveillance sur les officiers en retraite et les individus mal notés à la plus légère imprudence, au moindre propos coupable, les arrêter et les envoyer à St Etienne. Redoubler de vigilance sur les voyageurs. Avis rapide de toute irrégularité que l’on apercevrait dans la conduite des hommes ou la disposition des choses.
Point de bruit... »

Sources :
Archives Municipales de Lyon Archives Municipales de Saint-Chamond Archives Départementales de la Loire (AD42) Archives Départementales du Rhône (AD69)

Bibliographie Indicative :
Les ouvrages, revues et sites internet sont indiqués dans le corps du texte. Les journaux ont été consultés sur RetroNews site de presse de la Bnf.

Iconographie :
Portrait du capitaine Fanget (à remarquer, en grossissant l’image, le chiffre 25 sur chaque bouton de son uniforme, chiffre de son Régiment) et son sabre d’honneur in « Histoire de Saint-Chamond » par James Condamin.

Remerciements :
A monsieur Jéremy Brunon du service des archives à la Mairie de Saint-Chamond et à monsieur Jacques Michel des archives départementales de la Loire.


[1Il s’agit de Louis Gabriel Suchet (1770-1826). En 1814 il se rallie à Louis XVIII. En 1815 revient à Napoléon et est placé à la tête de l’Armée des Alpes mais ne peut empêcher que Lyon soit à nouveau occupé par les autrichiens – source : Frédéric Hulot – le Maréchal Suchet – Pygmalion 2009

[2Dictionnaire des anoblis 1270-1868 suivi du Dictionnaire des familles par Henri Gourdon de Genouillac Louis Paris édité en 1875 source : Internet Archive.

[3Régis Barthélemy Mouton-Duvernet (1770-1816) général français de l’Empire. Il se rallie à Napoléon lors des Cent Jours. Il s’oppose au retour des Bourbons, même après Waterloo. Il est nommé gouverneur de Lyon le 2 juillet 1815, fusillé le 27 juillet 1816. C’est à Lyon, boulevard Mouton-Duvernet qui se trouve le bâtiment des Archives Départementales du Rhône.

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