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Pierre Simon FANGET capitaine sous la Révolution et l’Empire (3/3)

Le vendredi 18 mars 2022, par Philippe Leymarie

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Pierre Simon Fanget naît à Saint-Chamond (paroisse Saint-Pierre) le 17 décembre 1769 (Napoléon Bonaparte est né le 15 août 1769), fils de Claude Fanget, maître boulanger et d’Antoinette Duchesne.

1830

Un grand silence emprisonne l’histoire du capitaine Fanget tout au long de la seconde Restauration et ce n’est que quelques mois avant le début de la Monarchie de Juillet qu’on peut lire dans le numéro 955 du « Journal du commerce de la ville de Lyon et du département du Rhône » daté du 27 janvier 1830 :

« Un événement déplorable a eu lieu, le 14 de ce mois, vers neuf heures du matin, dans la carrière de charbon ouverte dans le clos (voir plan en annexe) de M. Fanget, capitaine en retraite et chevalier de la Légion d’honneur, situé au territoire de Rigodin (le chemin de Rigaudin existe toujours, on y accède par la place de l’Egalité), commune de Saint-Julien-en-Jarez (Loire). Une rompue d’un immense volume d’eau a fait tout-à-coup irruption d’un puits voisin : 12 hommes ont été entraînés par ce torrent et amenés jusqu’au puits, d’où ils n’ont été retirés qu’avec beaucoup de peine, couverts de sang et horriblement mutilés. Deux autres ouvriers plus avancés, se trouvant au-dessus de la chute d’eau, sont restés enfermés. Ce n’est que le 18 au matin, malgré l’activité des travaux, que l’un d’eux a été trouvé presque sans force ; après avoir reçu les premiers soins, il a annoncé que son camarade avait été écrasé par un pan de rocher. Ce malheureux [1] laisse une veuve et deux enfants dans la plus extrême détresse.
Il paraît que cet événement ne saurait être attribué ni aux entrepreneurs, ni au gouverneur, ni a aucun des ouvriers ; qu’il était en dehors de toute prévoyance, et l’effet d’une cause entièrement étrangère à l’exploitation de la carrière Fanget. »

C’est à Lyon à la fin de la Monarchie de Juillet que nous retrouvons le capitaine Fanget. Il demeure rue Ecorche-Boeuf, impasse Pazzi, 18 où il vit de sa pension de militaire et du revenu de ses rentes.

Quelques mois avant son décès, le capitaine Fanget bataille pour récupérer 8000 francs auprès de l’un de ses débiteurs, ancien négociant, certainement victime de la crise agricole, industrielle, monétaire et commerciale responsable de la multiplication des troubles et faillites des années 1846 et 1847. Le 3 janvier 1846 Pierre Simon Fanget obtiendra du tribunal de Lyon la vente par voie d’expropriation forcée de la maison des époux Boucherin-Debarme, sise à Lyon au numéro 53 du chemin Neuf.

1846

Le 16 octobre 1846

Pierre Simon Fanget décède à Lyon le 16 octobre 1846 à l’âge de 76 ans malgré ses blessures de guerre.
Son décès est déclaré le lendemain par un voisin et son ami François Faure né à Saint-Chamond le 6 juin 1777 paroisse Saint-Pierre Sainte Barbe, ancien maréchal des logis de hussard, Chevalier de la Légion d’honneur, certainement un intrépide cavalier et un fameux sabreur, demeurant à Lyon, rue Saint-Jean numéro 5.
Sa nécrologie parue dans « L’Avenir » journal du progrès social du 13 novembre 1846, n° 6, se termine par ses mots :
« M. Fanget est mort comme il avait vécu, avec de brillants souvenirs, et entouré de quelques-uns de ses frères d’armes, et de nombreux amis qui l’ont accompagné à sa dernière demeure ».

Il laisse pour recueillir sa succession :
Hiacinthe Joseph Deharveng, son épouse, légataire universelle en preuve de l’affection que je lui porte suivant testament fait à ma demeure à Lyon le seize avril mil huit cent trente cinq.

Extrait de son testament :

Et pour seul héritier à réserve et de droit son fils unique issu de son union avec Hiacinthe Joseph Deharveng :

Joseph Désiré Agapit Fanget, son fils né à Limon-Fontaine, canton de Maubeuge, département du Nord, le 28 juillet 1813, sans profession, demeurant au domicile de ses parents.

Ces faits et qualités sont constatés en un acte de notoriété dressé par Me Antoine Boiron, notaire à Lyon, le 22 octobre 1846 ( cote AD69 cote 3E28602).

François Faure signera cet acte en qualité de témoin.
Le défunt laisse en valeurs mobilières, argent, rentes et créances, la somme de 23 647,80 francs. (AD69 table des successions).
Le mobilier meublant n’a pas fait l’objet d’un inventaire, donc nous ne savons rien, à ce stade de nos recherches, du sabre d’honneur évoqué par James Condamin.

1848

Hiacinthe Joseph Deharveng, pensionnaire de l’état, décède en son domicile à Saint-Etienne, rue St Roch, le 6 septembre 1848, laissant pour seul héritier d’un faible actif mobilier, son fils Désiré Fanget demeurant à Saint-Chamond sans plus de précision. (AD42 – table des successions 3Q8518 vue 64/195).

Une fois encore l’absence d’inventaire rend impossible la découverte du fameux sabre d’honneur et sa donation à la ville de Saint-Chamond.

1867

Sollicité par nos soins, monsieur Jérémy Brunon, l’un des archivistes de Saint-Chamond, nous informe qu’une délibération du Conseil municipal du 12 novembre 1867 concerne l’approbation d’un traité intervenu entre Désiré Fanget et les hospices de la ville de Saint-Chamond.
L’acte est reçu par maître Victor Louis Finaz, notaire à Saint-Chamond, le 1er octobre 1867.6
Interviennent à l’acte :

Julien dit Jules Duclos (dont une rue de St-Chamond porte son nom), maire de la ville de Saint-Chamond - Pierre Jacques Thomas, adjoint au maire de la ville - Philibert Antoine Montagnier - Guillaume Louis William Neyrand - Claude Baptiste Alexis Chaland et Claude Roch de Boissieu, tous propriétaires demeurant à Saint-Chamond, agissant le premier comme président et les autres comme membres de la commission administrative des hospices de St-Chamond. Et Joseph Désiré Agapit Fanget, rentier, demeurant à Sainte-Croix, commune de Pavezin, actuellement à Saint-Chamond.

Aux termes de ce traité Désiré Fanget abandonne aux hospices un joli capital de 17 500 francs placés en créances et obligations hypothécaires au taux de 5% l’an, et « tous les meubles meublants, linge, habillement, objets et ustensiles qu’il possède actuellement... Toutefois M. Fanget se réserve de disposer au profit de qui bon lui semblera les deux portraits de son père et de sa mère... ».

« En retour les hospices s’engage à le loger, le vêtir, le nourrir, le blanchir, le chauffer, l’éclairer, en un mot, à subvenir à tous ses besoins sa vie durant. »

Ainsi, il est stipulé « Il aura pour lui seul dans l’hospice une chambre particulière où il mangera et sera servi à part (mais il se contentera pour ses repas des mets ordinaires de la maison et d’un litre de vin par chaque jour). Il occupera jusqu’à nouvel ordre celle où son mobilier est déjà installé et qui a été préparée et restaurée (les travaux ont coûté 1000 francs) exprès pour lui.

Désiré Fanget accepte ce traité en raison de son état de santé « comme il a besoin d’être assisté surtout à son lever et à son coucher et pendant la nuit, un des frères hospitaliers de l’hospice couchera dans sa chambre autant que cela sera possible... ».

Il est également stipulé « qu’il devra conserver et garder dans sa chambre les objets mobiliers qu’il a cédés à l’hospice et dont il s’est réservé l’usage personnel, sans pouvoir les faire transporter ailleurs.... ».

L’acte contient en annexe un « Etat estimatif des objets mobiliers de M. Fanget » allons-nous y trouver le sabre d’honneur du capitaine Fanget ? [2].

Les meubles sont « vieux » et de faible valeur (l’estimation total des objets mobiliers est de 507 francs). Il y a une armoire, un garde manger, un lit garni, 3 tables et 3 chaises, du linge de maison, « six couverts en argent deux petites cuillères, deux gobelets, estimés ensemble deux cent vingt-cinq francs...un petit coffre et deux bagues...Six tableaux (nous savons que deux d’entre eux sont les portraits du capitaine Fanget et de son épouse)... quatre vieux pistolets et deux sabres » estimés 2 francs y compris un nécessaire de cheminée.
Si l’un de ces sabres est le fameux sabre d’honneur il avait bien peu de valeur à la fin du Second Empire.

Ce traité impose à Désiré Fanget de respecter le règlement des hospices (horaire, politesse), l’autorise sous diverses conditions à mettre fin à ses engagements et « si M. Fanget meure à l’hospice, sans que les présentes aient été résiliées tous les meubles, habillements et linges qu’il laissera seront la propriété exclusive de l’hospice de St Chamond ».

1871

20 avril 1871

Alors qu’à Paris se poursuivent les combats entre Versaillais et Communards, à Saint-Chamond François Marie Butavand, receveur et économe des hospices civils et le frère Benoît Martin, frère hospitalier, demeurant à l’hospice, déclarent au maire (Jules Duclos) que « Joseph Désiré Agapit Fanget natif de Limont Fontaine, canton de Maubeuge (Nord), fils de défunt, Pierre Simon Fanget et Hyacinthe Josephe Deharvengt, célibataire, pensionné de l’hospice y demeurant âgé de 57 ans et 9 mois, est décédé le jeudi 20 avril à onze du soir, dans sa chambre à l’hospice. »

Avec ce décès s’éteint la descendance du capitaine Pierre Simon Fanget et les hospices civils de Saint-Chamond deviennent les seuls bénéficiaires du patrimoine de Désiré Fanget et des sabres du capitaine Fanget. Bien entendu les tables des successions ne mentionnent pas celle de Désiré Fanget puisque par le traité de 1867 il se dépossédait de tous ses biens au profit des hospices Civils de Saint-Chamond.

Dans les documents consultés, pour la période concernée, aux Archives Municipales de Saint-Chamond nous n’avons pas trouvé de délibération portant sur le don éventuel du sabre d’honneur par les hospices civils à la municipalité.

Pierre Simon Fanget, « ce brave soldat est une de nos gloires Saint-Chamonaises » comme l’a écrit James Condamin dans son ouvrage précité, mérite que son nom ne soit pas oublié dans cette ville qu’il a tant aimé et défendu malgré « ses blessures de guerre ».

Sources :
Archives Municipales de Lyon Archives Municipales de Saint-Chamond Archives Départementales de la Loire (AD42) Archives Départementales du Rhône (AD69)

Bibliographie Indicative :
Les ouvrages, revues et sites internet sont indiqués dans le corps du texte. Les journaux ont été consultés sur RetroNews site de presse de la Bnf.

Iconographie :
Portrait du capitaine Fanget (à remarquer, en grossissant l’image, le chiffre 25 sur chaque bouton de son uniforme, chiffre de son Régiment) et son sabre d’honneur in « Histoire de Saint-Chamond » par James Condamin.

Remerciements :
A monsieur Jéremy Brunon du service des archives à la Mairie de Saint-Chamond et à monsieur Jacques Michel des archives départementales de la Loire.


[1Il s’agit de François Durieu, âgé de 32 ans, né à Izieux, ouvrier aux mines, habitant à St-Chamond « place fort vieux »époux de Claudine Celerie, « retiré mort par accident, du Puits Fanget au lieu de Rigaudin, commune de St-Julienen-Jarez, aujourd’hui (20 janvier 1830) à onze heures du matin ». Le décès est déclaré par Jean Baptiste Chavanne, Directeur de la compagnie de Rigaudin et du Faye.

[2la copie de cet acte nous a été transmise par l’office notarial détenteur des minutes de ce notaire.

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