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Un prêtre, joueur et pas très consciencieux, dénoncé par son confrère

Le jeudi 23 février 2012, par Thierry Sabot, Valérie Bahuaud

Voici une double mention insolite, au détour d’un acte de sépulture et d’un acte de baptême, qui nous dévoile un prêtre qui n’en peut plus de l’attitude désabusée de son "confrère" qui joue à la boule pendant les cérémonies religieuses.

L’orthographe des textes est respectée.

Ce jour trezième de septembre 1735 a esté inhumé dans le cymetiere de cette paroisse le corps de Jean Michaud fils de Jacques Michaud et de Françoise Praude. On assister au convoi Jacques Tulleau qui m’a assister tandis que missire Esnot jouoit à la boule avec Mr le Curé de Talmon, Mr Duparty et autres que je n’ay pas le tems d’inscrire parcequ’ils sont en trop grand nombre. Guill. Ollivier, p[rê]tre curé.
Le même jour que cy dessus tandis que Missire Esnot p[rê]tre jouoit à la boule, ledit vicaire Normand de Nation, j’ay baptisé Jacques Nicolas, fils né d’aujourd’huy du légitime mariage de Jean Picard et de Catherine Dupond, parrain a esté Jacques Audoire et marraine Margueritte Biron qui ne signent. Guill. Ollivier p[rê]tre curé.
  • Source : Registre de Touvois (44), paroisse St-Jacques, BMS 1735, p. 8/11.

Note : La passion pour les jeux d’adresse ou d’exercice comme le jeu de boules est très vive dans les campagnes. Élisabeth Belmas, dans son ouvrage Jouer autrefois, [1], nous apprend que des « gentilshommes campagnards, tels Nicolas du Fail, Nicolas Rapin ou le sire de Gouberville, ne dédaignaient pas de jouer avec leurs domestiques ou avec des paysans du village aux boules, aux palets, aux quilles, à la balle c’est-à-dire au ballon ».

Les jeux de boules se pratiquent à la main. Dans les exemples ci-dessous, il s’agit peut-être du jeu de la courte boule, où le projectile est lancé à la main afin d’être placé soit au plus près du cochonnet, comme dans notre actuel jeu de boules, soit en direction d’un bâton fiché en terre.

Lire l’avis des premiers lecteurs

Cet ouvrage, étude inédite, se propose de vous faire découvrir quelques-unes de ces mentions insolites et de vous en montrer la richesse historique et généalogique. Il répond à bien des questions au sujet de ces textes insolites qui parsèment les registres paroissiaux : Pourquoi certains curés notent des mentions insolites ? Que nous apprennent-elles sur la vie quotidienne de nos ancêtres ? Comment repérer, déchiffrer, transcrire et commenter ces témoignages du passé ? Comment les utiliser pour compléter notre généalogie et l’histoire de notre famille ou de notre village ?

Il s’agit du premier numéro de Théma, la nouvelle collection d’histoire et de généalogie.


[1Élisabeth Belmas Jouer autrefois, essai sur le jeu dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècle), Seyssel, Champ Vallon, 2006.

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12 Messages

  • Très amusant mais également très intéressant, on voit que le clergé ne s’est jamais trop embarrassé de préjugés, laisser faire, dénoncer, et d’autres choses parfois plus glauques ! Mais attention je le respecte malgré tout, j’avais un oncle prêtre dans ma famille, mais à part le fait qu’on l’appelait le happand (je ne sais pas ce que cela veut dire) et que l’on nous racontait des histoires grivoises en nous précisant qu’elles étaient de lui, je n’en sais pas davantage à son sujet et je le regrette !
    J’ai mis une photo sur le site spécialisé mais je ne suis même pas certaine que ce soit lui et personne ne m’a jamais répondu.
    Bernadette CHAMOIS

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  • Il est amusant de voir le comportement cafeteur de ce prêtre... mais à l’époque, il y avait au moins un autre prêtre pour remplacer le joueur.
    Quant à l’orthographe du prêtre, elle était à peu près équivalente chez tous ses collègues que l’on venait chercher dans des familles très modestes et nombreuses en disant aux mères que ceux-ci feraient une bouche de moins à nourrir... Bonne journée !

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    • pas du tout ! les prêtres, même du bas clergé, avaient une certaine éducation (ils connaissaient quand même le latin, certes latin d’Eglise qui n’est pas du Cicéron) et avaient quelques connaissances en théologie ; mais à cette époque l’orthographe n’était pas fixée et assez libre. Si vous êtes féru de généalogie, vous devez lire des actes de notaires de cette époque dans une orthographe tout aussi fantaisiste. On a vu un académicien écrire "je suis de la cadémie"...

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  • Un prêtre, joueur et pas très consciencieux, dénoncé par son confrère 25 février 2012 09:32, par Jean-Marie Meillier

    Bonjour,

    On jouait à la ’pilota’ ou pelote dans la cathédrale d’Auxerre, à l’époque de Jacques Amyot. Ce jeu y est succintement décrit sur mon site http://www.orguesauxerre.net dans les pages réservées à l’Histoire des orgues de la cathédrale.
    Références : Archives départementales de l’Yonne.
    On peut y voir également la demande de la suppression de ce jeu et comment il était considéré à l’époque, puisque c’est allé jusqu’au roi...
    J’espère être resté dans le thème des messages

    Voir en ligne : http://www.orguesauxerre.net

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  • Intéressant car témoignage quasiment pris sur le vif, constatant les manières de faire, ici tout de même considérées abusives par celui sur qui devait reposer une bonne partie de l’activité, et qui en avait un peu assez de subir. il eût "les mots pour le dire" laisser une trace plus durable qu’il ne pouvait le supposer. Imaginons un peu l’étonnement et les autres sentiments ( fierté , honte d’avoir dénoncé ? reconnaissance de l’histoire ? panique devant l’impensable déjà ? signes de croix, etc...) de cet homme qui nous entendrait lire à haute voix ses notes de 1735, là, devant un ordinateur !
    A supposer qu’il vienne d’un milieu modeste, la prêtrise lui permit d’apprendre à écrire des phrases et des paragraphes construits, donc devenir plus savant. Ce fut alors en ce cas une vraie opportunité pour lui, qui sut aussi dénoncer en signant et pas seulement en pestant dans sa barbe.

    Merci pour cette anecdote très vivante

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  • Vu la région on peut penser qu’il s’agit du jeu de la "boule de fort" ; on peut noter la pique du curé concernant l’origine du vicaire "Normand de nation" ; ledit vicaire se trouvait sans doute conforté dans sa désinvolture par la présence d’un autre curé, celui de Talmont -en Vendée actuellement-, dont l’attitude cautionnait la sienne

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  • Bonjour,
    Au mois d’août dernier, c’était le baptême de ma petite-fille.Sur le parvis de l’église, nous attendions que les familles des enfants à baptiser soient toutes présentes. Ainsi que Monsieur le curé, qui semblait avoir mauvaise mine.
    Dialogue :

    • Bonjour, Monsieur le curé, vous semblez un peu fatigué. Seriez vous souffrant ?
    • Non pas du tout, mais j’ai joué au poker toute la nuit.
    • Mais, de mémoire, les jeux d’argents ne sont ils pas proscrits par la religion ?
    • Vous avez raison, mais je ne joue pas beaucoup. Je m’en arrangerai avec mon "patron" !

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    • Quel bel exemple ! Ne sait-il pas que pour jouer au poker il faut avoir les reins solides sinon on y perd tout, également sa liberté car on ne peut pas s’arrêter, même au bord de la faillite, et ça devient vite une addiction (comme avec l’alcool) !
      Lors de ma communion, le prêtre qui officiait était saoul ! Ce sont des hommes comme les autres... et en plus, seuls ! Ça doit être dur, surtout que dans la Genèse Dieu dit : "Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable à lui." (Gen. 2:18)

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  • En 1958,un prêtre d’une paroisse de Toulouse,très fatigué par une surcharge de travail,avait été nommé aumônier de l’hôpital de ma ville (dans le sud ouest).Il passait quelques heures de l’après midi à jouer à la pétanque avec nous en soutane à l’époque.Si besoin était,une religieuse venait le chercher :"Mr l’aumônier venez vite pour une extrême onction"
    (c’est ce qui m’avait le plus amusée) ;il partait,nous l’attendions et la partie continuait.
    Il a été plus efficace dans son sacerdoce ,au milieu de nous que du haut de sa chaire.Pourquoi ces hommes n’auraient-ils pas droit à la distraction ?.

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  • J’ai bien aimé la pertinence de certains commentaires.La charité cela existe et d’un banal fait divers (j’occulte la dénonciation !) on retrouve tout de suite un jugement. La question que je me pose, pourquoi un ecclésiastique ne pourrait-il pas participer à un jeu alors que dans d’autres confessions tout est permis ?
    Mon oncle Chanoine, très à cheval sur les principes, jouait quelques fois avec nous au tarot et fort bien d’ailleurs.

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