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Un procès en sorcellerie

l’affaire du procès de Louis Gauffridy

Le vendredi 1er juillet 2005, par Géraldine Surian

Au sortir des guerres de religions, la grande majorité des êtres humains croyait au diable. Les individus se suspectaient les uns et les autres. Il était dangereux de ne pas être tout à fait comme tout le monde.

Voici le climat de l’époque lorsque éclata l’affaire Gauffridy "le curé des Accoules".

Louis Gauffridy est né en 1572 à Beauvezer (Alpes de Hautes Provence), il est fils de berger. Christobal Gauffredy, l’oncle de Pourrière de Louis, se rendait de temps en temps dans sa famille à Beauvezer, il trouva à son neveu une grande vivacité d’esprit et un appétit de savoir surprenant pour un garçon de ce milieu. Christol Gaufridi parvint à convaincre les parents de Louis d’en faire un prêtre.

Il demeura à Pourrières jusqu’à ses 18 ans, où là, dans le vaste presbytère, il était entouré de livres pieux, apprit de son oncle la lecture, l’écriture, des rudiments de latin, la liturgie ainsi que l’administration des sacrements.

Sa soif d’apprendre le poussait à consulter tous les livres à sa disposition... et un autre, bien moins catholique, un vieux traité de cabale. Ce document contenait des dessins, des symboles et des figures qui passionnèrent le jeune homme qui en fit un de ses sujets d’étude favori. Ensuite, il partit à Arles poursuivre des études de théologie, perfectionner son latin. Il continuera jusqu’à la prêtrise.

Il fut ordonné prêtre à Marseille et célébra sa première messe à Beauvezer, entouré de sa famille et de ses compatriotes.

Il se fixa à Marseille en 1595. Il desservit plusieurs paroisses dont celle de Saint-Loup et devint curé des Accoules. On peut supposer que cette charge fort lucrative fut obtenue grâce à l’appui de la famille Demandolx de la Palud, famille noble et fort influente, originaire comme lui de Beauvezer.

Louis Gauffridy tissa d’importante relation avec ses protecteurs, il devint le directeur spirituel de la mère et de ses trois filles. Tout au long de son instruction religieuse, il suivit particulièrement la plus jeune, Madeleine, qu’il avait vu bébé, dans son berceau. Quand elle eut grandi, il lui fit faire la première communion, et plus tard quand jeune fille, il pensa qu’elle était en danger, car psychologiquement fragile, il influença la famille Demandolx de la Palud, pour que Madeleine fut placée chez les Ursulines d’Aix.

Dans ce couvent règne alors une atmosphère très spéciale...

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La paroisse des Accoules
Photo Géraldine Surian

L’église des Accoules (à Marseille) était toujours pleine, rayonnante de son élocution. Louis Gauffridy jouissait de l’estime de ses pairs et de l’amitié de son évêque.

Ce jeune curé plaisait, il était bien fait, doué parait il des dons de la nature, et son charme opéra auprès de certaines de ses pénitentes. Mais ce qui surprit, c’est qu’il était toujours passionné par l’ésotérisme et la sorcellerie, disait-on.

La mère supérieure du couvent se rendit compte que la jeune fille avait un attachement démesuré pour le plus beau curé de Marseille. Et celui-ci dans sa défense, victime ou complice, accusa la mère supérieure d’avoir perverti la jeune fille. Quoi qu’il en soit, un jour après la communion, Madeleine se jeta dans les comportements exacerbés de la crise hystérique. Ses mouvements sont convulsifs et des contorsions horribles agitent tout son corps. Au fil des jours les crises augmentent d’intensité. Elle hurle, aboie, se tord par terre dans des mimiques obscènes. Trois sœurs sont nécessaires pour la contenir. Dix novices ne pouvant vivre dans le tintamarre quittent le couvent.

Crise d’hystérie, de folie ou d’épilepsie... Plusieurs siècles, il est difficile de ce faire une opinion sur l’état des relations du curé et de sa paroissienne Madeleine de Demandolx...

Madeleine fut envoyé à la Sainte Baume et exorcisée par le vicaire général des frères prêcheurs de Sainte Maximin.

Elle fut ensuite conduite à l’archevêché d’Aix en Provence, et y fut interrogée. Mais pendant son interrogatoire, elle se livra à des folies érotiques.

Gauffridy fut lui arrêté et conduit à Aix, il se défendit mal et sous la torture, il finit par se reconnaître sorcier.

De nombreux provençaux témoignèrent qu’il était un homme de bien. Mais il se trouva un homme pour dire que le curé était souvent visité par un gros chat gris, et que ce chat devait être le diable.

Madeleine sans doute consciente du mal qu’elle avait fait tenta de se suicider. Elle voulut se poignarder, s’étrangler avec un cordon, et elle alla même jusqu’à s’enfoncer une longue épingle dans l’oreille (qu’on dut extraire à l’aide d’une pince). L’emprisonnement de l’homme qui la troublait profondément n’arrêta pas pour autant ses crises hystériques, et les yeux révulsés, elle continua ses contorsions.

On le déclara coupable de sorcellerie, rapt, séduction, impiété et magie. On le condamna à être brûlé vif le 30 avril 1611 sur la place des prêcheurs à Aix. Quant à Madeleine de Demandolx, elle fut exilée loin de Marseille et fut assignée à résidence à Châteauvieux dans le Haut-Var, près de Castellane.

Sources :

  • André Bouyala D’Arnaud, Evocation du vieux Marseille, Paris, Les éditions de minuit, 1959.
  • Pierre échinard, L’Almanach de la provence, Paris, Larousse, 2003.
  • Le magazine "La provence d’hier à aujoud’hui", Quand la provence croyait au malin ou l’affaire du curé Gauffridy.

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10 Messages

  • > Un procès en sorcellerie 19 août 2005 21:54

    bonsoir

    bravo pour le ton de votre récit, set sa concicion

    Cordialement
    M VARIN

    Répondre à ce message

  • > Un procès en sorcellerie 12 septembre 2005 11:18

    article stupéfiant je pense que le curé est un sorcier et vous ?

    Répondre à ce message

    • > Un procès en sorcellerie 4 octobre 2005 10:32, par Géraldine Surian

      ou une histoire d’amour qui en tourné au vinaigre...

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    • > Un procès en sorcellerie 7 janvier 2006 19:27, par THIERS Jean-Marie

      Il n’y a pas de sorcier, il n’é que l’exploitation de facultés peu connues.

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      • > Un procès en sorcellerie 3 août 2006 18:28, par priem

        Je suis très heureux que vous pensiez ainsi de la Magie et de la Sorcellerie ; vous êtes un brave. Mais il me semble que vous faites une toute petite erreur. Non point que la Science officielle et objective a tout résolu concernant tous ces problèmes en parapsychologie - loin de là ! Toutefois mon très cher Scribe... si vous aviez travaillez ou oeuvrer pour "désinfecter" une maison hantée, être "contacté" par ce que je nomme "Ceux du Dehors" ou "Ceux qui marchent au dehors"... vous seriez peut-être moins sûr de vous. Je suis un vieux praticien en ce domaine et je suis muni de la faculté de clairvoyance ; de plus je suis médium. JE N’EN FAIT PAS MON METIER ! Que Dieu m’en garde. Je suis aussi Qabaliste chrétien. Alors mon très cher Scribe, ne soyez pas trop sûr de vous ; il y a toujours des exceptions qui "INFIRMENT" la règle.Ne soyez donc pas trop péremptoire si j’ose me permettre. Ne voyez en ces mots que je viens de tracer que courtoisie et aussi "Matière à réflexion". J’ai beaucoup trop de respect pour mon prochain. Je vous remercie de votre compréhension. Votre serviteur.
        NB : quant au texte présenté, bravo pour la narration et puis, quel vécu pour le protagoniste de cette histoire qui me semble authentique. Chapeau ! Au revoir. Priem

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  • > Un procès en sorcellerie 7 janvier 2006 19:34, par THIERS Jean-Marie

    L’affaire est, je crois, plus compliquée qu’on ne le pense.

    Des personnages plus étranges que Gauffridy surgissent dans le procès. D’abord, l’extraordinaire Père Barret, inquisiteur, exorciste, à moitié fou, ensuite, plus ennuyeux, Guillaume du Vair, Chancelier de France, présidant le Parlement d’Aix et co auteur de la Satire Ménippée, pesonnage pondéré, ouvert et caustique.
    Cette affaire est contemporaine de celle du Curé de Loudun à quelques années près, puisqu’elle s’est déroulée sous Louis XIII et y ressemble étrangement : la chair y domine, en même temps que la possession de celle-ci par esprits maléfiques, la fameuse affaire des possédées de Loudun.
    Deux ouvrages René JEAN, je crois, ou Raymond "La Fontaine Obscure", très bien écrit, romanesque, et René Mandrou "Magistrats et sorciers"
    Un film de Losey, me semble t’il, licencieux à l’excès et cynique mais très bien ficelé.
    Il me semble que la sorcellerie a pâti de sluttes pour le pouvoir, entre l’Eglise et le pouvoir central, et entre les Parlements et ce même pouvoir, l’affaire ne prenant fin qu’avec l’ordonnance de VIllers-Cotterets.
    Il y a encore beauocup à écrire, mais votre article est une contribution intéressante et élégante.

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  • > Un procès en sorcellerie 19 août 2006 18:52, par Ricordeau André

    Bonjour. Bravo pour votre narration de cette histoire de "Sorcellerie". Pour moi ce n’est pas une simple chronique, je suis à la fois un chercheur et un cherchant dans le domaine de l’Occultisme, de la Métaphysique et de l’Alchimie spirituelle. Cela fait un peu plus de 50 ans que je travail en ce domaine. Pratique du Raja Yoga et étude de la Qabal chrétienne depuis plus de 40 ans. Âgé de 65 ans -, j’ai commencé très jeune car le climat familial s’y prêtait de façon et de manière très positrive et constructive. - Je suis donc retraité depuis quelques années j’ai donc tout le loisir pour tenter de pénétrer certains "Trucs" étranges... Je n’appartiens à aucun mouvement quel qu’il soit ! Je suis un travail libre et indépendant. - Je ne suis qu’un Artisan non "salarié" ! Je désirerais savoir si ces gens dont vous nous décrivez avec talent leur portrait ont eu des descendants. De plus est-ce que ce phénomène se "reproduisit" - Tel un phénomène comme une sorte "d’épidémie" psychique et/ou psychologique. En occultisme on peut apparenter cela à l’intrusion d’un Egrégor malsain venu de telle ou telle dimension autre que la nôtre par exemple ? Est-ce que cette région où se déroula cette sombre histoire fut le témoin antérieurement et beaucoup plus tard de tels agissements à la fois criminels et étranges dans le sens large du terme. Je vous remercie. Mon forum : http://utopique.actifforum.com/ - Au revoir - Priem

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  • > Un procès en sorcellerie 6 avril 2007 11:28, par Patrick GEOFFROY du groupe Généalogie-calamités

    Très bon texte sur le vécu méconnu de nos ancêtres. Et oui, dans les siècles passés, et pas si loin que cela, des gens étaient en procès pour des pratiques classées dans la catégorie "sorcellerie". Cela fait aussi partie des fléaux et calamités ancestrales.

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  • Un procès en sorcellerie 3 janvier 2008 10:29

    (réaction bien tardive !) Je viens de lire "Un procès de sorcière" de Claude-Alain Sarre, où l’auteur se fait le défenseur de Madeleine de la Palud. Louis Gaufridi est peint des couleurs les plus noires : il aurait violé Madeleine alors qu’elle n’avait que onze ans et aurait, ce faisant, "introduit le diable en elle". Alors qui est la victime ? Louis ? Madeleine ? Sans doute les deux : les sorcières ont cessé d’exister quand on a renoncé à faire des procès en sorcellerie.

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