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Une bonne action à faire

Le jeudi 19 avril 2018, par Maryse Daudenet

Après la lecture d’un article paru dans la presse ancienne, je me suis intéressée à un fait divers émouvant qui relate l’état d’abandon dans lequel furent laissés deux jeunes enfants après le décès de leur maman. Puis, j’ai entrepris des recherches pour tenter de connaitre le devenir de ces pauvres enfants.

Après la lecture de cet article, j’ai voulu savoir ce qu’étaient devenus ces pauvres enfants. Aucune suite donnée dans toute la presse numérisée suite à cet appel, ni dans les rapports de séances des divers conseils municipaux que j’ai pu trouver sur Gallica.

Voici d’abord l’article en question publié dans journal le journal Le Stéphanois du 25 juin 1893 et qui s’ouvre par une lettre anonyme qui relate l’état d’abandon de jeunes enfants à la suite du décès de leur mère :

Puis vient la conclusion du journaliste qui interpelle le maire de la commune où se déroule ce triste épisode :

Enfin, quelques jours plus tard, la réponse du maire de la commune de La Ricamarie (journal "Le Stéphanois" du 28 juin 1893) :

Mais que sont devenus ces jeunes enfants ?

Alors, procédons par ordre : on a la chance d’avoir les relevés de Généal 42 en ce qui concerne l’état-civil de La Ricamarie (mariages). J’y ai recherché un mariage Cornut , puisqu’il s’agit de « la femme Cornut ». Il y a trois mariages, mais on sait que le grand-père se nomme Poinat (Poinas). Cela correspond au mariage du 6 novembre 1878 à La Ricamarie, entre Jacques-Marie Cornut et Antoinette Poinat.
Puis, le mariage Seux, avec qui elle s’est remariée, du 20 mai 1889, à La Ricamarie, (toujours grâce au relevé) nous apprend, sur le registre de l’état-civil, la date de décès du premier époux, profession de mineur : survenu le 20 février 1888 dans la même commune (coïncidence ou contagion, la mère de l’épouse y est décédée le 29). Tous les actes dans le même quartier de Bayon, zone minière.

Antoinette Poinas est décédée, elle, le 3 avril 1893, âgée de 36 ans (dans l’article, on la dit décédée depuis quelques mois, c’était aisé à retrouver, La Ricamarie étant une commune moyenne).
Avec la table décennale, j’ai recherché les naissances de ces enfants qui font l’évènement, sur dix naissances, j’ai celles qui nous intéressent :

7 juillet 1879, Auguste. Il a 14 ans au moment des faits, l’âge de travailler à la mine. C’est celui qui a dû rester avec le nouvel époux Seux, mineur. En marge, il se marie le 11 juillet 1903 à St-Genest-Malifaux avec Philomène Souvignet.

23 mai 1881, Joseph. Il a 12 ans au moment des faits. En marge, il se marie le 24 juin 1905 au Chambon-Feugerolles avec Louise Guichard, puis le 3 décembre 1927 au même endroit avec Marie Rochatin. Celui-ci a dû rester avec le grand-père Poinas, puisque l’article nous mentionne que ce sont les deux aînés qui ont été recueillis.

5 février 1883, François-Joseph. Il a bien 10 ans au moment des faits, l’un des deux petits vagabonds.

2 août 1885, Jean-Claude, 8 ans au moment des faits, deuxième petit vagabond. En marge, il se marie le 22 janvier 1909 à Noirétable avec Claudine Georges.

Ainsi, ils ont bien dû être pris en charge. Mais par qui ? La municipalité, les œuvres ? Je cherche des articles de presse en ligne sans rien trouver. Rien non plus dans les comptes-rendus du conseil municipal.

Le père Poinas (ou Poinat, c’est selon) est dit, dans l’ acte de mariage de sa fille avec le dénommé Seux, propriétaire rentier à Bayon, La Ricamarie. Pourquoi n’a-t-il pas pu recueillir aussi les deux plus jeunes ?

D’autre part, on apprend, sur l’acte de décès de la mère d’Antoinette, Anne Réocreux, citée plus haut, que ce décès est déclaré par un neveu et un gendre. Antoinette avait donc une sœur et un cousin germain. Aucun des deux n’a pris soin des enfants, au moins temporairement.

Toujours par Généal 42, on retrouve le mariage des parents d’Antoinette, Jean-Pierre Joseph Poinas (devenu Joseph tout court) et Anne Réocreux, ce qui nous donne leur âge et je recherche le décès de Joseph – né le 2 octobre 1834. Comme les tables décennales ne sont en lignes que jusqu’en 1892, je recherche dans les tables de successions. Je trouve le décès, du 22 février 1895. Chose curieuse, il est mentionné dans l’ acte du second mariage de sa fille propriétaire-rentier et pourtant il ne laisse absolument rien ! Cette mention voulait sans doute dire « retraité » car à son décès, sur le registre de l’état-civil, il est noté ex-mineur, logeant dans la maison de la Compagnie des Mines.

Quoiqu’il en soit, que devient alors Joseph, qu’il avait recueilli âgé de douze ans, et qui en a maintenant 14 ? Il a bien dû se débrouiller, puisqu’on le retrouvera marié, comme écrit plus haut.

Voyons donc si les registres matricules ne nous en apprendraient pas un peu plus.

Heureusement, ils sont tous restés dans le même canton (celui de Montbrison, pour le recrutement), ce qui a facilité les recherches :

Auguste (l’aîné) matricule 1406, classe 1899 : ajourné pour faiblesse (sans doute la taille, 1,50m). Forgeur, il restera travailler en usine. Il demeure au Chambon-Feugerolles, encore en 1955. Libéré définitivement en 1928.

Joseph (le second) matricule 882, classe 1901. Egalement ajourné pour faiblesse et reste affecté en usine. Taille 1,61m. Libéré définitivement en 1930.

François-Joseph (dont on n’avait aucune mention de mariage), matricule 1166, classe 1903. Elève des hospices civils, domicilié canton de Noirétable (où se mariera son frère cadet). Taille 1,64m. En juillet 1911, il habite chez Mr Brunet, fermier à Montbrison.
Tué à l’ennemi le 21 février 1915.
J’ai vérifié sur le site « Mémoire des Hommes » (Cornut François-Joseph, Loire). En effet, il est « mort à Sulzern, Alsace. Transcrit au Chambon Feugerolles le 24 avril 1915 ».

Jean-Claude, matricule 657, classe 1905. Habite le Chambon Feugerolles chez son tuteur (pas nommé). Profession charron.Taille 1,61m. Il se marie donc à Noirétable en 1909. Gravement blessé de guerre le 26 août 1914 en Meurthe et Moselle. Après son mariage, il était revenu s’installer à La Ricamarie, puis à Saint-Etienne. Réformé en mars 1918, libéré définitivement en 1930.

Nos deux « petits vagabonds » sont encore ceux qui ont le moins eu de chance !

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5 Messages

  • Une bonne action à faire 19 avril 2018 11:17, par martine hautot

    Bonjour Maryse
    Triste et courte vie de François Joseoh dont on retrouve le nom avec plusieurs centaines d’autres sur la monument aux morts de Chambon Fougerolles.
    On devrait pouvoir retrouver d’autres renseignements sur les registres de l’hospice De Sant-Etienne qui sont en ligne .
    Bonne continuation dans vos recherches.
    Martine

    Répondre à ce message

  • Une bonne action à faire 19 avril 2018 16:30, par DAUDENET MARYSE

    Merci Martine pour votre intérêt envers cette histoire. Vous avez raison, je vais effectivement poursuivre la recherche dans les registres en ligne de l’hospice de ST Etienne.

    Répondre à ce message

  • Une bonne action à faire 20 avril 2018 12:07, par Marlie Toussaint

    Merci pour l’intérêt que vous avez porté à ces petits délaissés qui ont, malgré tout, survécu à tant d’épreuves pour finalement devenir des hommes. C’est une chance qu’ils aient été pris en charge dans leur région contrairement à certains orphelins transférés au bout du monde où dans des colonies pénitentiaires agricoles comme celle de Belle-Ile-en-Mer dont les décès n’ont jamais été déclarés. Bravo à vous, j’attends la suite avec impatience
    Cordialement
    Marlie

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  • Une bonne action à faire 20 avril 2018 14:32, par Michèle DRIEU

    Une superbe histoire fort intéressante.
    Bravo pour vos recherches ;
    Michèle

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  • Une bonne action à faire 20 juin 2018 17:56, par CHATOUREL

    Situation poignante. J’ai trouvé dans mes recherches en Dordogne, un cas un peu semblable. 3 petits orphelins recueillis par un grand père très âgé et aveugle. Il semble que les voisins l’aidaient à faire son jardin pour nourrir ces petits. Je n’ai pas eu l’idée de noter la référence du texte et je le regrette. Souvent, j’y pense.

    Répondre à ce message

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