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Une histoire de cordonniers

Le jeudi 18 juin 2015, par Marcelle Schmit

Mon grand-père paternel, Marceau Philibert, né à Lumigny (Seine et Marne) le 1 juillet 1899, était cordonnier. Comment avait-il appris ce métier ? je ne sais pas. Son père ne l’était pas. Il avait dû être apprenti comme cela se faisait beaucoup à l’époque.
Il avait eu son certificat d’étude à l’âge de 12 ans. Je peux retracer son histoire professionnelle à partir du 1er juillet 1922 date à laquelle il a été procédé à la cession d’un fonds de commerce par un monsieur Grignac au profit de Monsieur Marceau Philibert, acte reçu par Maître Roger Gauthier, Notaire à Fontenay Tresigny (Seine et Marne).

Je possède cet acte qui relate la désignation de l’acquisition, notamment :

  • la clientèle et l’achalandage qui y sont attachés.
  • le droit au bail des lieux où il est exploité
  • le matériel et les objets mobiliers servant à son exploitation, lesquels sont entièrement désignés.
    Il y a également des marchandises garnissant ledit fonds, notamment des paires de chaussures femmes, fillettes et garçonnets, mais aussi 20 paires de galoches fillettes, 15 paires de galoches hommes, des chaussons, des pantoufles, des lacets etc…

Je fais la déduction suivante, qu’il n’était pas uniquement cordonnier, mais aussi vendeur de chaussures et de galoches (les galoches étaient des chaussures à semelles de bois).

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La cordonnerie à Fontenay Tresigny
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Photo prise en 2007 de la maison avec mon père installé devant. Cette maison était donc la cordonnerie et il y est né en 1923 dans la chambre où il y a le père noël à la fenêtre.

Mon grand-père a donc exercé son métier à Fontenay Tresigny, de juillet 1922 jusqu’en 1935-1936.

Pourquoi n’a-t-il pas continué à Fontenay Tresigny, on ne sait pas.
Mon père répétait souvent qu’il avait fait une sottise de « s’expatrier » pour Clichy la Garenne.

Le 11 février 1936, le cordonnier Marceau Philibert signe un acte de cession de droits par un monsieur Small à son profit, concernant un fonds de commerce alors rue du réservoir à Clichy, laquelle rue devenue ensuite rue Médéric au n°1.

Je me souviens très bien de cette cordonnerie puisque mon grand-père y exerçait toujours son métier en 1957 lors de son décès. Elle n’existe plus à présent, c’est devenu une maison de particulier.

Entre-temps, il avait fait établir un contrat de gérance au profit de son fils, André Philibert, mon père, suivant acte reçu par Me P. Fontaine-Descambres, notaire à CLICHY le 10 février 1947.
En effet, son épouse est décédée en 1946 et il avait du mal à remonter la pente, celle-ci s’étant pendue dans l’escalier de cette cordonnerie.
Il va donc rejoindre la maison familiale de Saint-Augustin (Seine et Marne) pour y vivre et s’y reposer.
Mon père est donc le nouveau cordonnier de Clichy.
Il n’avait jamais appris le métier, mais avait toujours aidé son père et pouvait fort bien le remplacer.
Ce qu’il fit, mais peu de temps.

Il faut dire que cette maison n’avait aucun confort, deux chambres à l’étage et une petite cuisine à côté de la cordonnerie du rez-de-chaussée.
Lorsque je dis pas de confort, je n’exagère pas, car il n’y avait pas de wc , même pas sur un palier comme cela était souvent le cas à Paris.
Il fallait passer par la rue pour aller au café du coin, chez « loulou », lequel était le propriétaire (ce qui peut être acceptable à la campagne avec une cabane au fond du jardin, l’est beaucoup moins à Clichy).

Je suis née en mai 1947, et ma mère avait bien du mal à vivre ainsi.
De plus mon père avait des soucis de santé et le métier était bien pénible.
Mon grand-père revient de Saint-Augustin en laissant cette maison à sa fille qui vient de se marier et reprend son activité de cordonnier à Clichy jusqu’en 1957 date de son décès.
Il fut retrouvé allongé à l’étage, asphyxié par un poêle à pétrole.
Ainsi mon père et sa sœur ont eu des parents décédés de façons tragiques.

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Maison actuelle au 1 rue Médéric à Clichy
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Cordonnerie au moment où mon père était cordonnier. Il est en photo avec son tablier avec sa sœur et un monsieur qui devait être un client.
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Marceau Philibert devant sa cordonnerie

Mon père a repris des études et est devenu mécanographe dans une compagnie d’assurances à Paris rue de Chateaudun mais dont le siège fut transféré à Clichy.
Ainsi il a retravaillé à Clichy jusqu’à sa retraite.

Comme j’ai repris la maison de Taverny qui appartenait à mes parents, je retrouve à la cave les traces du métier de cordonnier.
Il y a le banc à chaussures, les outils de cordonnier, les formes de toutes tailles pour les chaussures, etc…
Mon père a continué toute sa vie à réparer nos chaussures.
Ce sont les traces d’un passé dont je voulais témoigner par écrit.

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Les outils du cordonnier

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17 Messages

  • Une histoire de cordonniers 13 octobre 2019 20:01, par bodenan anne-marie

    Bonjour. Je cherche pourquoi ou comment un cordonnier, issu d une famille de cordonniers de Brandeville dans la Meuse, peut quitter son village et partir avec sa femme et ses deux enfants a Lumigny. 250 kms en 1775. Pour moi c est incompréhensible.
    La famille est revenue en 1781 au village pour repartir en 1782. Le père Pierre Charles Menu exercera jusqu en 1807 et le fils reprendra sa suite
    Si vous avez une idée .....il faut une raison pour partir si loin.
    Très cordialement

    Répondre à ce message

    • Une histoire de cordonniers 19 octobre 2019 11:45, par Marcelle Schmit

      A toutes fins utiles, je vous signale qu’il va y avoir une exposition les 8 9 10 et 11 novembre de 10 h à 18 h à la mairie de Lumigny salle Helvétius. Nos villages hier et aujourd’hui. http://histoireetpatrimoine.lno.asso-web.com
      Histoire et patrimoine Lumigny-Nesles - Ormeaux
      Thierry Fournier. L’association a regroupé des documents sur la vie des habitants de Lumigny.
      Peut être y a t’il quelque chose sur cette famille Menu ?
      Bonnes recherches

      Répondre à ce message

      • Une histoire de cordonniers partir si loin pour reussir 20 octobre 2019 09:22, par bodenan anne-marie

        Je vous laisse l histoire d un jeune Jean SIROT du village de Reville-au-bois en Meuse. Son père y était cordonnier et lui a décide de suivre son maitre de stage Pierre Charles MENU et partir s installer a Lumigny.
        Aux archives de Lumigny page 209 années : 1753-1789
        L an mil sept cent soixante dix neuf le deux du mois de juin.
        Pierre Sirot compagnon ferronnier,....âgé de vingt neuf ans, fils du defunt Jean SIROT cordonnier en la paroisse de Réveille, diocèse de Verdun .....
        Tous ses amis de son pays et environs qui résident en cette paroisse, témoins, présents de Lafitte inhumation, soussignés et Pierre Étienne Coquillard maitre d école en vcette paroisse.
        Signatures :
        Francois et Jean Dehan du village de Pillon
        Pierre Charles Menu maitre cordonnier, Gorges Louette(son 1/2 frere) de Brandeville
        François Hatier, Jean La plaine des environs de Brandeville
        C est emouvant, c était une grande famille, avec des valeurs, l amour de leurs métiers, et une volonté de réussir ,de réaliser de belles choses et d avoir une vie meilleure.
        Peu de chaussures dans les campagnes lorraines, des paysans, des sabots, aussi c est normal que ces maîtres cordonniers cherchent une reconnaissance de leurs capacités à faire du beau.

        Répondre à ce message

      • Une histoire de cordonniers 19 octobre 2019 14:50, par bodenan anne-marie

        Je vous contacte depuis Bordeaux et grâce au net nous pouvons parler de nos aïeul meusiens en 1770.
        Pierre Charles Menu a quitte Saint Laurent sur Othain en 1774, après son mariage pour s installer sur Lumigny. Maitre cordonnier il avait des apprentis.
        J ai retrouve un acte de décès d un jeune , date du 2 juin , Jean Sitôt, co ?pagnon ferronnier demeurant chez son maitre....
        Tous ses amis de son pays et environs qui résident en cette paroisse témoins et présents ...
        Les témoins compagnons du jeunes ont signe et c est émouvant.
        Un autre acte en date du 15 août 1776 concerne son neveu par alliance, Jean Dolard , tout jeune marie, cordonnier, qui l a rejoint avec sa femme pour s installer à Lumigny et qui est DCD ,c était la vraie vie ou les routes étaient parcourues par une population disparate, où les gens n avaient pas peur de s exiler si !oin de chez eux. A l époque 250 kms c était une longue distance.
        Je suis sur Geneanet à mehdikayis et aucun des pros n avaient trouve, grâce a vous , a l info sur facebook maintenant ils savent.
        Merci et tous mes voeux de réussite pour cette exposition.
        Aussi si un Menu c est distingue c est le mien

        Répondre à ce message

    • Une histoire de cordonniers 19 octobre 2019 11:34, par Marcelle Schmit

      C’est curieux que votre "ancètre" cordonnier soit parti pour Lumigny, lieu où mon grand père qui deviendra cordonnier, est né et a habité ? Quelle raison ? c’est vrai qu’à l’époque les personnes étaient beaucoup plus sédentaires. Vous dites que la famille est repartie en 1782. pour où ? toujours Lumigny ? Jusqu’en 1807 à Lumigny ?

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  • Une histoire de cordonniers 22 juin 2015 10:12, par GADET-DUMAS Ginette

    très fort et beau témoignage, j’aimerai avoir autant de sources et de preuves pour mes ancêtres.
    l’apprentissage des métiers n’est pas très connu.
    merci a vous.

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  • Une histoire de cordonniers 21 juin 2015 17:51, par marie

    Bonjour , merci de nous avoir donne a lire ce texte très émouvant d une
    époque a jamais révolue et ou l on constate que peu de citoyens sont
    attaches a ce respect de la mémoire. J ai et très touchée par ces objets
    du métier de cordonnier que vous avez garde car beaucoup de jeunes
    aujourd hui vous disent tu n as qu a jeter ou vendre ceci cela et il m est
    très difficile de faire cela. Récemment j ai découvert une plaque de bronze
    décernée au Dr Leon Salignat medecin de l hopital de Vichy ou la chapelle a donne lieu a association pour restauration et l on parlait de ce
    medecin qui a été tué a Fay dans la Somme alors qu il allait secourir
    des blessés il est décédé en 1917. J ai trouve un dr de ce nom dans sa région et j ai fait part de ma découverte ainisi qu a l hopital ou je pensais
    que la plaque de bronze honorerait dans cette chapelle la mémoire de
    ce dévoue et généreux medecin.???? Je n ai eu aucune réponse ni de
    descendants ni de responsables de la chapelle cela m a fait beaucoup
    de peine pour ce medecin car en l honorant c était aussi un devoir de
    memoire pour tous ceux qu il a soignés. Enfin c est ainsi ??!!!!

    Répondre à ce message

  • Une histoire de cordonniers 20 juin 2015 11:49, par Agnès HECTOR

    Merci Marcelle,
    C’est touchant et toutes vos photographies donnent à vivre cette existence humble, d’une époque pas si lointaine et pourtant révolue.
    Bien cordialement,
    Agnès HECTOR

    Répondre à ce message

  • Une histoire de cordonniers 19 juin 2015 17:42, par Michel Lebossé

    Bonjour,
    Ce récit me fait penser à mon beau père (1902-1962) qui avait monté une petit commerce de fournitures pour cordonnier. Son sous-sol regorgeait de plaques de cuir et de caoutchouc, de semelles en "WoodMilne" de lacets "Josette" et d’une grande variété de fers et semences. Quand sa fille devait le jeudi, depuis Antony, livrer par le métro une urgence, elle en ressentait le poids. Peut être a t-elle été Clichy ?
    Il réparait aussi les chaussures des parents et amis et c’était du robuste ! La fureur de ma fiancée, ayant acheté une jolie paire d’escarpins quand elle a découvert que son père avait refait semelle et talon en doublant les semelles d’origine et en ajoutant des fers. Les chaussures de Cendrillon, elle chaussait du 34, étaient devenues des brodequins !

    Répondre à ce message

  • Une histoire de cordonniers 19 juin 2015 11:21, par jeanpaul simon

    ne aussi en 1947 je trouve que le devoir de memoire est une chose noble ,auusi j’ai pris plaisir a vous lire.
    j’ai moi meme fait cela pour mon pere coule a dunkerque le 29/06/1940 sur le navire "la bourrasque" il figure maintenant sur le site alamer.fr alors qu’il n’avait pas connu l’internet
    cordialement
    jp simon

    Répondre à ce message

    • Une histoire de cordonniers 19 juin 2015 14:30, par Marcelle SCHMIT

      Bonjour,
      Si nos ancêtres avaient eu internet, nous aurions eu plus de facilité pour faire nos recherches. C’est important de transmettre des arbres généalogiques, mais aussi des histoires de famille qui y sont rattachées.
      Cordialement
      Marcelle SCHMIT

      Répondre à ce message

  • Une histoire de cordonniers 19 juin 2015 07:58, par Jean Bernard Duval

    Bonjour
    Je ne connais pas l’origine de la famille de votre grand père, mais il se trouve que de nombreux cordonniers en Seine et Marne étaient d’origine lorraine :
    http://chapellerablais.pagesperso-orange.fr/site%20archives/html_passeports/lieux-lorraine-et-othe.htm

    Cordialement. JB Duval

    Répondre à ce message

    • Une histoire de cordonniers 19 juin 2015 14:28, par Marcelle SCHMIT

      Bonjour,
      Effectivement, ma belle famille "SCHMIT. DIETSCH" d’origine lorraine et alsacienne, comprenait des cordonniers.
      Mais ma famille PHILIBERT est originaire de la marne et seine et marne.
      Je vais voir le lien que vous transmettez. Sait-on jamais ?
      cordialement
      Marcelle SCHMIT

      Répondre à ce message

  • Une histoire de cordonniers 18 juin 2015 13:38, par martine

    Une bien émouvante histoire que celle de vos grands-parents cordonniers .Merci de nous l’avoir confiée.
    Bien cordialement,
    Martine Hautot

    Répondre à ce message

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