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Comment échapper à la conscription sous l’Empire ?

Le vendredi 16 mars 2007, par Thierry Sabot

En 1798, sous le Directoire, la loi Jourdan institue la conscription militaire obligatoire pour les hommes de 20 à 25 ans. Le service militaire est alors de 5 ans, mais bien des stratagèmes permettent d’échapper pour un temps ou définitivement à la conscription... Voici quelques exemples :

  • Se marier : mariage précipité, mariage légal, mariage « blanc » ou faux mariage sont les principaux artifices utilisés par les jeunes gens n’ayant pas encore atteint l’âge de la conscription.
  • Avoir un enfant : recours possible lorsqu’après 1809 le mariage ne protège plus de la conscription... (Cf. les conséquences sur la natalité).
  • Tirer un bon numéro ou échanger son numéro : sachant que les numéros les plus bas sont synonymes de conscription.
  • Se faire remplacer : c’est-à-dire trouver un remplaçant qui moyennant finances accepte de prendre la place du conscrit... mais les prix vont vite décupler.
  • Changer d’identité : par exemple en entretenant volontairement une confusion d’identité, notamment de prénom, avec un frère ou une autre personne... d’autant que les nombreuses erreurs des registres paroissiaux ou d’état civil de la période facilitent les choses.
  • Changer de résidence : certaines familles profitent d’un changement de village pour dissimuler l’existence de certains fils... mais ceux-ci restent à la merci d’un contrôle des autorités.
  • Etre de petite taille : mais encore faut-il réellement être en dessous de la taille requise !
  • Etre inapte médicalement : les hernies, scolioses graves, les écrouelles, les ulcères, la teigne sont fréquents dans les campagnes.
  • Simuler une maladie ou une infirmité : par exemple, la folie, les rhumatismes, le bégaiement, la surdité et l’épilepsie...
  • Se mutiler : par exemple en surinfectant des plaies volontaires, en se coupant un ou plusieurs doigts à la hache pour ne pouvoir tirer sur la gâchette du fusil, ou se faire arracher des dents pour ne pouvoir déchirer les cartouches de poudre...
  • Exercer un métier jugé nécessaire à l’effort de guerre : par exemple, les boulangers, les charretiers et les convoyeurs, qui travaillent avec l’armée. Egalement le personnel des ateliers d’armement, ou encore les fonctionnaires (les « plumitifs ») ou les paysans au moment de la famine de l’an II...
  • Se faire embaucher : par un artisan ou un cultivateur qui se charge de protéger son nouveau travailleur clandestin... mais attention aux dénonciations.
  • Fuir avant l’incorporation : c’est-à-dire quitter le domicile familial d’abord et se cacher dans la campagne proche, puis fuir le « pays » d’origine, par exemple pour émigrer dans les départements ou pays étrangers en quête de main-d’œuvre saisonnière, et se faire ainsi oublier des autorités locales.
  • Déserter : mais les fuyards risquent la peine de mort...
Sources :

  • Alan Forrest, Déserteurs et insoumis sous la Révolution et l’Empire, Paris, Perrin, 1988.
  • Louis Bergès, Résister à la conscription 1798-1814, le cas des départements aquitains, Paris, Editions du CTHS, 2002.

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14 Messages

  • Bonjour,
    À ce que j’ai entendu dire, un autre moyen d’échapper à la conscription était d’incendier la maison commune ou au moins la partie abritant les registres paroissiaux et d’État-Civil, puisque, d’après ce que j’ai compris, les listes et le contrôle des conscrits étaient établis d’après ces registres.
    Cela aurait été le cas de la Maison Commune de Moulis (09), qui a brulé fin 18e, et il y aurait eu beaucoup d’autres cas dans cette région.
    Il va sans dire que c’est une grande catastrophe pour les généalogistes.
    Dommage que je n’habite pas cette région, j’aurais bien tenté de faire une petite enquête...
    Pourriez-vous confirmer ces faits ?

    Cordialement,

    Christian Bachère sartrech chez aol.com

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  • Comment échapper à la conscription sous l’Empire ? 2 novembre 2009 17:54, par valerie

    Bonjour,

    Sous le second empire, il y avait souvent le cas de "fils de veuve" ou de "septuagénaire" ou un "frère déjà sous les drapeaux".

    Cordialement.

    Valérie

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  • Comment échapper à la conscription sous l’Empire ? 2 juillet 2011 07:49, par Daniel Panier

    Il y a aussi le fils soutient de famille.

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  • Comment échapper à la conscription sous l’Empire ? 2 juillet 2011 08:34, par Plochad

    J’ai trouvé en Franche-Comté un contrat de remplacement (fin 1812), le remplaçant recevant 3000 francs (1500 au départ, 1500 au retour (à lui ou sa famille s’il était tué sur un champ de bataille).Sait-on ce que cette somme représente en euros 2011 ? A-t-on d’autres exemples de "tarifs de remplacement" dans d’autres régions ?

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    • Comment échapper à la conscription sous l’Empire ? 2 juillet 2011 09:03, par ljurgensen

      En pouvoir d’achat actuel, cela représente au moins 15 000€. (Cela s’est beaucoup pratiqué sous le second empire également)

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    • Pour un salarié parisien le salaire était d’environ 250 à 300 francs de l’époque, parfois un peu plus, pour les spécialistes. Une bonne en province touchait 100 à 150 francs par an, nourrie / logée en plus. un lieutenant touchait 2.000 francs, un juge de paix de 800 à 2000, un président de tribunal de 1000 à 4000, un colonel 7000, mais là l’on rentre dans la catégorie notables, qui eux mêmes avaient une ou deux personnes à leur service (bonne, cuisinier,.....). Un hectare de terre pouvait coûter 250 à 450 francs, suivant la région. Donc notre homme, qui touchait au total 3000 francs, c’était 10 ans de salaire, d’un ouvrier. Il pouvait aussi s’acheter 10 ha de terre, ce qui est important à cette époque ou les fermes / métairies ne dépassait pas en moyenne cette taille et pouvait donc faire vivre une famille.

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  • Comment échapper à la conscription sous l’Empire ? 2 juillet 2011 10:10, par Raphael Willaert

    Bonjour,

    En Flandres occidentale, durant l’occupation napoléonnienne : donner un prénom féminin aux enfants de sexe masculin.

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  • Comment échapper à la conscription sous l’Empire ? 2 juillet 2011 11:45, par benoît

    Je détiens un contrat d’assurance garantissant au fils d’un de mes ancêtres qu’il serait remplacé en cas de tirage au sort défavorable par les soins de l’assureur et qu’il perdrait sa mise en cas de tirage favorable.
    La prime était de 850 francs en 1848 en cas de remplacement l’assureur prenant à sa charge de fournir un remplaçant et de garantir contre les accusations de désertion
    Par ailleurs, une remise de 350 francs sera consentie dans le cas où le jeune homme serait impropre au service ou exempté pour quelque raison que ce soit.
    Encas de dècès avant le conseil de révision l’assureur gardera, pour avoir couru le risque, la somme de 500 francs.
    Il est prévu un dédit de 1000 francs en cas de non exécution

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  • Un autre livre sur le sujet : Michel Auvray, "Objecteurs, insoumis, déserteurs. - Histoire des réfractaires en France", Stock 2, 1983.

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    • Comment échapper à la conscription sous l’Empire ? 2 juillet 2011 17:25, par Tenor29

      Je dispose dans mes archives un exploit d’huissier concernant Augustin Samuel Martin (1784-1856) il semblerait qu’il ait été réfractaire à la conscription ce qui lui a valu une condamnation.
      Voici un résumé de l’acte (dont le pourrais fournir copie Tenor29 Geneanet)

      1806/08/25 Contrainte envers A S Martin de l’administration des l’Enregistrement et des Domaines
      Le 28 Floréal An XIII (8/05/1805) A S Martin a été condamné à payer 1650 francs en tant que conscrit réfractaire ?
      Le 18 Janvier 1806, M Courseulle receveur concrétise la demande de paiement à A S Martin, ou à ses parents solidaires.
      Le 18 juillet, M Langlois Juge de paix rend cette demande exécutoire.
      Le 25 Août, Louis Désiré Varin Huissier au tribunal de Louviers se rend à Montaure au domicile de A S Martin, où ils ne trouve que Marie Buhot, à qui il signifie que le paiement des 1650 francs qui seront exigibles dans 10 jours dernier délai auprès de M Courseulle Exclusivement.(Sinon ils pourraient payer 2 fois)
      Hors ce délai, contrainte par " les voies que la Justice autorise pour le recouvrement des deniers Nationaux"

      En marge : N° 19 du sommier ------

      Je ne connais pas la suite de cet avertissement

      Par contre A S Martin est entré au 12e---- du train d’artillerie le 26 janvier 1807 pour être libéré le 16 septembre 1814 ( certificat délivré par le minitère de la guerre le 27/05/1850 à la demande de l’intéressé)

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  • Comment échapper à la conscription sous l’Empire ? 3 juillet 2011 08:10, par jlpopineau

    Il était aussi possible d’échapper à la conscription ... en n’existant pas tout simplement,(sur le plan administratif, bien sûr !).
    Ainsi l’annotation du maire de Valbeleix (Puy de Dôme)en fin de registre de l’an XIII :
    "fin des registres des actes de naissances de la commune du Valbeleix pendant l’an XIII contenant dix-sept naissances tant garçons que filles dans le courant de l’année(...) il devrait y en avoir d’autres sept à huit mais personne n’en a fait la déclaration par rapport à la conscription"

    Cela allait aussi compliquer les recherches pour les généalogistes des générations suivantes !

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  • Comment échapper à la conscription sous l’Empire ? 3 juillet 2011 08:11, par pgachon

    Bonjour
    Je ne sais pas si cela est vrai que ,le mariage évitait de partir à l’armée,mais,j’ai un aieul qui,marié avec trois enfants,a bien été appellé pour partir avec l’armée de NAPOLEON en 1806. De plus,nous n’avons plus eu de nouvelles.
    Si quelqu’un peut me dire ou trouver des renseignements à ce sujet,je suis très intérressé Merci

    Répondre à ce message

  • Bonjour,
    Je dispose dans mes archives familiales d’un acte notarié daté du 27 décembre 1813 passé à l’étude de Maître GERARD à Blamont (54).
    Ce contrat concerne le remplacement de Alexis DUBOIS, fils de François DUBOIS, cultivateur et maire de IGNEY (54) par Nicolas OTTIN, manoeuvre, âgé de 25 ans, marié, habitant à ANCERVILLER (54).
    Il y est stipulé que F. Dubois versera 2 400 francs + intérêts au notaire en lieu de N. Ottin dans un délai de 2 ans, et que cette somme servirait à "acquiter les dettes" de N. Ottin.
    Pour la rédaction de cet acte, il en a coûté "28 francs 40 centimes compris".

    Répondre à ce message

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